Lettre À la rÉdaction

(couverture du vol. 16, nº 3

Lettre à la rédaction

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Monsieur,

L’article rédigé par Tremblay et Coombs (vol. 16, no 3, été 2016), intitulé Les réserves des Forces armées canadiennes – Quo Vadis, s’inscrit dans une excellente série d’articles faisant état de commentaires et d’études, dont la publication a sans doute commencé lorsque le Canada a fait passer la première Loi sur la Milice, en 1855. Si je me fie à mon expérience, nous ne sommes en réalité pas plus près qu’à ce moment-là de savoir ce que nous attendons des réservistes à titre individuel ou des unités de la Réserve. La difficulté pourrait en partie reposer sur le trop-plein d’histoire dont nous avons hérité relativement au cheminement de nos réserves. La réserve navale a été créée dans les années 1920 pour transmettre à la postérité l’empreinte navale laissée dans le pays, à un moment où nous n’étions pas disposés à établir une Marine régulière en bonne et due forme. La Milice, qui a compté de nombreux et honorables régiments partout au pays au cours de l’histoire, peine pourtant à remplir ses fonctions, même de nos jours, et bon nombre de ses unités sont tellement petites qu’elles ne pourraient même pas former une compagnie. Il faut dire que la Milice a connu des hauts et des bas et que chaque fois qu’on a fait appel à leurs services, notamment au cours de la Deuxième Guerre mondiale ou de la mission menée en Afghanistan, la Réserve et les réservistes se sont montrés à la hauteur de la situation.

Nous sommes peut-être incertains des tâches que nous souhaitons confier aux réservistes. Voulons-nous que la mosaïque des unités réparties dans le pays joue un rôle militaire plus ou moins grand au sein de la collectivité? Voulons-nous que les unités servent à la mise sur pied de forces capables de produire rapidement du personnel pour répondre aux besoins du moment? Dans une certaine mesure, notre propension à encourager l’emploi de réservistes à temps plein (afin de fournir le personnel requis pour les navires de défense côtière de la Marine ou des renforts aux groupements tactiques envoyés en Afghanistan, par exemple) a un peu embrouillé l’objectif initial de la Réserve. L’emploi de réservistes a toujours été limité par la durée des périodes qu’ils doivent consacrer à l’instruction et aux opérations de déploiement. Au fil des ans, la Réserve a été soumise à une réduction du temps alloué à l’instruction ainsi que de l’approvisionnement en équipement en raison de difficultés financières. Le concept des réservistes amateurs n’est peut-être plus viable.

À mon avis, promouvoir l’idée que les réservistes pourraient être en service actif à temps plein serait une façon d’éluder la question. Si les réservistes capables de consacrer autant d’heures au service actif sont en si grand nombre, et s’ils le font pour répondre aux besoins de la Force régulière, ne devraient-ils pas demander un transfert de catégorie de service lorsque leur période de service actif est de longue durée? (Je parle des réservistes qui participent à une mission pendant des années et non pas durant des semaines ou des mois.) Comment pourrions-nous promouvoir la santé des unités locales adéquatement, alors que nous semblons y puiser un si grand nombre de militaires qualifiés?

Nous avons sans doute besoin d’un nouveau modèle, et les auteurs proposent plusieurs voies, comme le recours à des spécialistes des domaines médical et juridique qui ne sont affectés à aucune unité particulière ou encore à des civils sélectionnés pour effectuer certaines tâches. Il y aurait lieu de porter une attention accrue à la possibilité de persuader d’anciens membres de la Force régulière de s’enrôler dans la Réserve après leur libération, dans un domaine où ils pourraient être utiles. Il est vrai que certains pourront « en avoir assez », mais d’autres pourraient être ouverts à l’idée de revenir au travail à temps partiel. L’essentiel, à mon avis, est de savoir que nous devons déterminer ce que nous souhaitons faire de nos réservistes : des employés à temps partiel qui peuvent répondre à des besoins d’une manière limitée ou des employés qui servent presque à temps plein et qui, dans les faits, font partie intégrante de la Force régulière.

Je crains que l’état de santé de la Force de réserve actuelle ne soit une indication qu’aucune de ces deux approches ne répond véritablement à nos attentes.

Salutations distinguées,

David B. Collins, ancien réserviste