LA PLANIFICATION DES OPÉRATIONS

Photo du MDN HS06-2017-0521-004, par le matelot de 1re classe Dan Bard

Le ministre de la Défense nationale, Harjit S. Sajjan, a rendu visite au NCSM Scotian à la Base des Forces canadiennes Halifax, le 12 juin 2017, pour faire une annonce.

La Marine royale canadienne et les opérations de paix

par Corey Bursey

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Le capitaine de frégate C.A. Bursey, CD, BAScM, MA, est, pour reprendre ses propres mots « fier d’appartenir à la Marine royale canadienne (MRC) depuis 1988 ». Il a servi à bord de plusieurs navires canadiens de Sa Majesté (NCSM) et pris part à de nombreux déploiements opérationnels. Il a aussi occupé plusieurs postes d’état-major, variés et pleins de défis, et il est actuellement conseiller naval adjoint de l’État-major de liaison des Forces canadiennes à Londres (Angleterre).

Introduction

Sous les auspices du premier ministre Justin Trudeau, le gouvernement du Canada s’est engagé à participer aux opérations internationales de paix par le truchement d’une collaboration avec les Nations Unies (NU). Notre gouvernement entend ainsi fournir des capacités spécialisées, des commandants et des états-majors pour les quartiers généraux, ainsi que des policiers civils; en outre, il contribuera davantage aux efforts des NU en matière de médiation, de prévention des conflits et de reconstruction après les conflits1. Plus précisément, le 8 septembre 2016, alors qu’il assistait à la Réunion des ministres de la Défense des pays participant aux missions de paix de l’ONU, à Londres, au Royaume-Uni, le ministre de la Défense Harjit Sajjan a mis en lumière l’engagement renouvelé du Canada en faveur des opérations de paix internationales, en réaffirmant que le Canada est prêt à déployer jusqu’à 600 membres des Forces armées canadiennes (FAC) dans la foulée des futures opérations de paix de l’ONU (OPNU)2. Les planificateurs des opérations des FAC s’affairent encore à préciser où un tel déploiement pourrait se produire, à arrêter les détails des missions qui pourraient lui être confiées, ou à définir la composition de la force de 600 militaires. Néanmoins, vu l’unité qui caractérise les FAC, composée de multiples armes – Armée canadienne, Marine, Force aérienne et Forces spéciales –, nous ne devons pas supposer que les contributions du Canada aux OPNU seront toujours fondées sur l’armée de terre. Elles pourraient fort bien toucher les autres armes, comme la Marine royale canadienne (MRC). D’ailleurs, le présent article décrira comment la MRC (ou tout autre marine) peut appuyer une OP terrestre et aérienne, même si les forces engagées se déploient dans une région sans littoral. De même, la MRC peut déployer des éléments de manière indépendante et entreprendre une OPNU sans devoir nécessairement assumer un rôle de soutien. La MRC peut déployer ses éléments rapidement, être autonome si elle le fait avec le bon soutien logistique, demeurer en dehors des eaux territoriales et remplir de multiples tâches en mer.

Intuitivement, on pourrait conclure hâtivement que les marines n’ont pas de rôle clair à jouer pendant les OP, du moins pas dans le sens traditionnel des missions exécutées par les « bérets bleus » que tant de Canadiens en sont venus à imaginer quand ils évoquent les missions de l’ONU. Or, dans le présent article, nous ferons valoir que les marines peuvent bel et bien assumer un rôle dans le cadre des OPNU, soit à titre d’éléments militaires habilitants et discrets, soit comme éléments de soutien auprès de forces terrestres et aériennes. Ce faisant, nous citerons des exemples d’OP maritimes que les NU ont exécutées depuis leur création et nous décrirons les capacités qu’est censée posséder une force opérationnelle maritime (FOM) de l’ONU. Enfin, nous examinerons les capacités que la MRC serait à même d’offrir à une telle FOM et les domaines où elle pourrait peut-être en faire davantage pour répondre pleinement aux besoins de l’ONU. L’intention est ici de jeter les bases d’une conversation plus vaste sur l’avenir de la MRC dans le contexte des OPNU, de manière que de nouvelles capacités puissent être définies et mises en œuvre, le cas échéant.

Perspective historique

L’idée de déployer des forces navales canadiennes dans le cadre d’opérations de l’ONU n’est pas nouvelle. L’histoire relativement courte de la MRC est truffée d’opérations maritimes menées à l’appui de missions de l’ONU et remontant aussi loin qu’aux origines mêmes de l’Organisation. Le 5 juillet 1950, l’amiral canadien commandant la côte du Pacifique a reçu l’ordre de dépêcher les NCSM Cayuga, Sioux et Athabaskan à Pearl Harbor, depuis Esquimalt, en leur demandant d’y attendre d’autres instructions en vue d’un déploiement de temps de guerre en Extrême-Orient3. Cet ordre est venu moins de deux semaines plus tard, quand le Groupe opérationnel canadien de trois navires est passé sous le contrôle opérationnel du général MacArthur, commandant des Forces de l’ONU en Corée, pour l’exécution d’opérations liées à l’invasion de la Corée du Sud4. De 1950 à 1953, le Commandement des forces navales de l’ONU a contribué à empêcher le renforcement des forces ennemies en Corée; les moyens utilisés ont été les suivants : tirs d’interdiction le long des côtes par des forces de surface imposant un blocus, tirs de harcèlement accompagnés des bombardements, tirs d’appui de « l’artillerie navale » et missions de dragage de mines5.

Pendant la crise des missiles de Cuba en octobre 1962, le Secrétaire général de l’ONU a servi de médiateur entre les présidents américain et russe, soit John Kennedy et Nikita Khrouchtchev; il voulait par là essayer de retarder l’envoi d’armes soviétiques à Cuba, de manière à réduire les tensions internationales suffisamment pour favoriser le rétablissement d’une paix relative6. Malgré diverses difficultés politiques, la MRC a reçu l’ordre d’augmenter son état de préparation et de déployer la quasi-totalité de sa Flotte de l’Atlantique pour exercer une surveillance anti-sous-marine (ASM). Le Commandement de l’Atlantique de la MRC possédait 29 navires de combat de surface en 1962, y compris le porte-avions NCSM Bonaventure7. Les activités militaires pendant la crise des missiles de Cuba ne constituaient pas une mission de l’ONU en tant que telle, mais elles ont démontré le rôle que celle-ci peut jouer dans le maintien de la paix, même entre des superpuissances, et celui que les marines ont assumé pour l’appuyer dans l’exercice de cette responsabilité.

Photo du CIIFC/MDN HS020786r47

NCSM Bonaventure.

Il y a un peu plus de vingt ans, soit en octobre 1993, l’ONU a assujetti Haïti à un embargo sur les livraisons de pétrole et d’armes. Des navires de guerre de plusieurs pays, dont le Canada dans le cadre de l’opération Forward Action, se sont rendus dans la région pour faire respecter l’embargo au sein d’une force multinationale. Au cours de l’année suivante, la MRC a envoyé huit navires de guerre à tour de rôle, dont plusieurs ont effectué plusieurs déploiements, pour appuyer la mission de l’ONU. Vers le milieu de 1994, alors que la stabilité politique en Haïti ne s’était toujours pas améliorée, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la Force multinationale à prendre toutes les mesures nécessaires pour rendre possible le retour de Jean-Bertrand Aristide, alors président du pays, et pour créer un environnement où la Mission des Nations Unies en Haïti (MINUHA) pourrait se charger de ramener le pays à la démocratie8.

Après la guerre du Golfe de 1991, l’ONU a créé la Commission spéciale des Nations Unies (CSNU) en lui donnant les pouvoirs voulus pour garantir la destruction de toutes les armes irakiennes de destruction massive. Après s’être conformé aux exigences de l’ONU pendant un certain temps, l’Irak a refusé de coopérer davantage. Cela a rapidement entraîné la constitution d’une coalition de forces de 11 pays au début de 1998 dans le cadre de l’opération Desert Thunder. Le NCSM Toronto, déjà en route depuis Halifax pour se joindre à la Force navale permanente de l’Atlantique (SNFL) de l’OTAN, a reçu l’ordre de se rendre le plus vite possible dans le golfe Persique. Le 26 février 1998, le NCSM Toronto est entré dans le théâtre opérationnel du golfe Persique et a commencé à prendre part à l’opération Determination (la contribution du Canada à l’opération Desert Thunder); il a procédé à des arraisonnements jusqu’à son retour cinq mois plus tard9.

De 1999 à 2001, le Canada a pris part à une importante mission de l’ONU au Timor oriental. En septembre 1999, le Conseil de sécurité de l’ONU a autorisé la Force internationale au Timor oriental (INTERFET) à rétablir la paix et la sécurité dans ce pays ainsi qu’à y protéger la Mission des Nations Unies (MINUTO), à l’aider à exécuter ses tâches et, dans les limites des capacités de la Force, à y faciliter les opérations d’aide humanitaire. Le NCSM Protecteur a quitté Esquimalt en septembre avec à son bord un hélicoptère Sea King. Le navire est arrivé au large du Timor oriental à la fin d’octobre et est resté dans le théâtre jusqu’en janvier 2000. Au cours de cette période, le NCSM Protecteur a servi de base de ravitaillement flottante aux forces coalisées à terre et de plate-forme de commandement et de contrôle de rechange au commandant de la Force interarmées du Canada. Le Sea King a été utilisé pour transporter des ravitaillements à terre. Les marins à bord du navire ont aussi participé à plusieurs projets humanitaires, notamment la reconstruction de plusieurs écoles10.

Au même moment où les FAC travaillaient au Timor oriental, les navires de la MRC ont amorcé une contribution prolongée dans le cadre d’une autre mission de l’ONU dans le golfe Persique. L’opération Augmentation a représenté la participation du Canada, entre 1999 et 2001, à la flotte de la coalition qui faisait respecter les sanctions de l’ONU contre l’Irak dans le golfe. Entre juin 1999 et octobre 2001, quatre frégates de la MRC ont pris part individuellement à cette opération, et chacune s’est intégrée dans un groupe de combat de la Marine américaine. Les groupes de combat s’étaient déployés pour faire observer la zone d’exclusion aérienne et les sanctions visant les importations et les exportations que le Conseil de sécurité des Nations Unies avait imposées à l’Irak au moyen d’une résolution11.

Photo du MDN HS2008-L006-030

L’équipage du NCSM St. John’s décharge une cargaison destinée à l’aide humanitaire à Port-au-Prince, en Haïti, le 13 septembre 2008.

La MRC est revenue à Haïti en 2008, puis en 2010, pour aider l’ONU à fournir une aide humanitaire et à porter secours aux sinistrés après que quatre ouragans successifs se fussent abattus sur l’île en 2008 et quand un tremblement de terre dévastateur a ravagé le pays en 2010 touchant plus de trois millions de personnes. Après les tempêtes de 2008, le NCSM St. John’s a reçu l’ordre de se retirer d’une mission antidrogue dans les Antilles pour aller aider à transporter des approvisionnements alimentaires au nom du Programme alimentaire mondial de l’ONU. Quand l’opération a pris fin, le NCSM St. John’s avait livré plus de 450 tonnes métriques d’aliments et d’autres fournitures de secours en 13 jours. L’hélicoptère Sea King du navire a effectué plus de 20 sorties et s’est rendu dans les collectivités côtières de la péninsule méridionale d’Haïti12. Après le séisme de 2010, les NCSM Athabaskan et Halifax, au sein de la Force opérationnelle interarmées en Haïti (FOIH), plus grande, ont fourni une vaste gamme de services tels que des services médicaux d’urgence, une expertise technique, le transport maritime et une aide à la défense et à la sécurité13.

Le dernier exemple historique ne concerne en fait pas du tout une FOM ou une OP de l’ONU. Néanmoins, il importe de le mentionner dans le contexte d’une contribution maritime à un effort continu de l’ONU au chapitre de la sécurité, en plus du fait qu’il justifierait tout déploiement éventuel d’éléments de la MRC à l’appui d’une mission de l’ONU. Depuis 2002, les FAC ont participé à des opérations de lutte contre le terrorisme et de sécurité maritime en mer Rouge, dans le golfe d’Aden, dans le golfe d’Oman et dans l’océan Indien, dans le cadre de l’opération globale Artemis14. La MRC a fait partie d’une force maritime multinationale (FMM) à laquelle ont contribué 30 marines dans le cadre de la campagne internationale de lutte contre le terrorisme, ce qui inclut les opérations de contre-piraterie. La MRC a régulièrement envoyé des navires et du personnel auprès de la CTF-150, un élément de la FMM, de 2001 à 2003, dans le cadre de l’opération Apollo et depuis le début de l’opération Altair en 2004 (de 2004 à 2008, sept navires de la MRC ont servi au sein de la CTF-150). À plusieurs occasions, le Canada a fourni des dirigeants à la FMM : ainsi, le commodore Girouard a commandé la CTF-151 en 2003; le commodore Santarpia a commandé le CTG 150 de décembre 2014 à avril 2015, et la CTF-150 a été commandée par le commodore Davidson, de juin à septembre 2008, et le par commodore Edmundson, de décembre 2016 à avril 2017.

Définitions

Afin d’aider les lecteurs à mieux comprendre ce que les forces armées peuvent être appelées à faire dans le contexte des opérations de paix (OP), il convient ici d’établir les définitions suivantes15 :

  • Opérations de paix : opérations exécutées sur le terrain pour prévenir, gérer ou régler des conflits violents, ou pour réduire le risque qu’ils reprennent;
  • Maintien de la paix : mesure prise pour préserver la paix, si fragile soit-elle, là où les combats se sont arrêtés, et pour aider à mettre en œuvre ou surveiller les accords conclus par les parties les ayant négociés. Reposant à la fin des années 1940 sur un modèle essentiellement militaire d’observation des cessez-le-feu et d’interposition entre des forces, les opérations de maintien de la paix ont évolué au point d’intégrer un ensemble plus complet d’éléments militaires, policiers et civils qui œuvrent main dans la main pour jeter les bases d’une paix durable. Aujourd’hui, le mandat et le fondement juridique des forces de maintien de la paix sont principalement, mais non exclusivement, définis dans le chapitre VI de la Charte des Nations Unies (document primordial régissant toutes les opérations de l’ONU) qui porte sur le « Règlement pacifique des différends »16;
  • Rétablissement de la paix : en général, l’effort comporte ici l’adoption de mesures pour gérer des conflits en cours et, d’habitude, une action diplomatique pour amener les adversaires à négocier un accord. Ces mesures proactives à prendre « en cas de menace contre la paix, de rupture de la paix et d’actes d’agression » sont définies dans le chapitre VII de la Charte de l’ONU. Le Secrétaire général de l’ONU, à la demande du Conseil de sécurité ou de l’Assemblée générale, ou encore de sa propre initiative, peut exercer ses « bons offices » pour faciliter le règlement du conflit. Les artisans de paix peuvent aussi être des envoyés, des gouvernements, des groupes ou des États, des organisations régionales ou l’ONU, ou encore des groupes non officiels et non gouvernementaux, ou une personnalité bien connue travaillant à titre indépendant;
  • Imposition de la paix : l’imposition de la paix repose sur l’application, avec l’autorisation du Conseil de sécurité, de diverses mesures coercitives, y compris le recours à la force militaire. Ces mesures sont autorisées pour rétablir la paix et la sécurité internationales dans toute situation qui, aux yeux du Conseil de sécurité, constitue une menace pour la paix, une violation de la paix ou un acte d’agression. Le Conseil de sécurité peut utiliser, quand cela convient, des organisations et des agences régionales pour faire appliquer les mesures.
  • Consolidation de la paix : il s’agit ici d’une intervention visant à prévenir le début ou la reprise d’un conflit violent en créant une paix durable. Les activités de consolidation de la paix s’attaquent aux causes premières ou éventuelles de la violence, elles engendrent chez les citoyens l’attente d’un règlement pacifique du conflit et elles stabilisent la société sur les plans politique et socioéconomique. Elles comprennent notamment le développement des capacités.

La FOM de l’ONU

Même en comprenant à fond ces définitions, on risque d’avoir du mal à voir où une marine aurait sa place dans les OP, étant donné la nature des fonctions qu’elle remplit. Cependant, les planificateurs de l’ONU n’ont aucune difficulté à cerner cette place, et les paragraphes suivants ont pour objet d’aider à décrire l’aspect maritime des OPNU. À la fin de 2015, l’ONU a publié l’ouvrage intitulé Peacekeeping Missions Military Maritime Task Force Manual17. Elle y reconnaît la nature évolutive des menaces qui dépassent maintenant le domaine terrestre traditionnel et en fonction desquelles sont définis les capacités essentielles nécessaires à une FOM de l’ONU et les rôles clés qui lui seront destinés.

Comme la plupart des marines, une FOM de l’ONU est à même de se rendre rapidement jusqu’à presque n’importe quel littoral du monde pour exécuter une intervention internationale opportune et possiblement significative (bien que cela n’ait pas encore été prouvé), et souvent pour le faire avant un déploiement important de forces terrestres ou aériennes. Elle est en théorie capable « d’apporter une contribution décisive […] en se chargeant de toute une gamme de fonctions, par exemple surveiller les cessez-le-feu, appliquer les sanctions de l’ONU et imposer des embargos (p. ex. un embargo sur les armes ou d’autres équipements militaires qui font perdurer les combats), ou en fournissant des secours humanitaires18 [TCO] ». La FOM peut, à terre, appuyer des forces terrestres et aériennes en fournissant une présence et des moyens de dissuasion, en contrôlant l’espace maritime, en projetant sa puissance et en assurant la sécurité maritime. Elle pourrait aussi fournir les systèmes de commandement, de contrôle et de communication (C3) nécessaires pour accroître la connaissance de la situation et la protection de la force. La FOM est aussi à même de patrouiller dans les eaux territoriales et dans la zone des ressources extracôtières d’un État ne possédant pas ses propres capacités maritimes, et de soutenir le renforcement des capacités des États émergents. Enfin, elle peut fournir des plates-formes de pointe à l’aviation militaire et un soutien médical aux forces à terre.

Afin d’accomplir ces missions, la FOM de l’ONU doit posséder certaines capacités fondamentales. Compte tenu des rôles éventuels évoqués plus haut, les capacités dont serait dotée la FOM, d’après le mandat défini par le Conseil de sécurité à l’égard de chaque mission, comprendraient ce qui suit :

  • C3 : Une structure de C3 efficace reposant sur une voie hiérarchique claire, sur un régime de responsabilisation transparent et sur une description limpide des responsabilités et utilisant des équipements modernes interopérables avec ceux des membres partenaires;
  • Puissance de feu : Des systèmes de détection et d’armes utilisables dans l’ensemble des opérations, y compris celles ayant pour objet de protéger les innocents ou de décourager et d’éliminer les menaces sur terre et en mer;
  • Manœuvrabilité et domination de secteur. La capacité de mener sans entraves des opérations maritimes de jour et de nuit : présence et dissuasion, surveillance et reconnaissance, contrôle (p. ex. supervision des accords de paix), communication des rapports et interdiction. Dans un contexte maritime, ce contrôle de l’espace maritime signifie que la FOM de l’ONU serait libre d’utiliser un secteur de la mer à ses propres fins et pendant une période déterminée et, au besoin, d’empêcher les forces adverses de s’en servir;
  • Information tactique : Connaissance de la situation qui intègre la technologie, la mise en réseau et les outils décisionnels nécessaires pour acquérir un avantage tactique et opérationnel sur des adversaires éventuels;
  • Maintien en puissance : Capacité d’être autonome en ce qui concerne l’approvisionnement, le logement, la mobilité, la maintenance, le soutien médical et le ravitaillement en mer pendant des opérations prolongées19;

Le manuel de la Force opérationnelle maritime (FOM) de l’ONU mentionne par ailleurs divers modèles de navires qui répondent à ces exigences20. Les navires de surface (porte-avions, destroyers, frégates, patrouilleurs) peuvent se charger de tâches telles que les opérations de sécurité maritime (p. ex. opérations de patrouille, d’interdiction, d’escorte et de protection), de surveillance et de contingence (p. ex. recherche et sauvetage). Les navires de transport peuvent acheminer les ressources logistiques, le personnel et le matériel, ce qui peut aller de l’aide humanitaire aux équipements de combat. Les navires auxiliaires et de ravitaillement peuvent réapprovisionner la FOM de l’ONU, surtout quand elle est en mer et loin des forces de combat. Les navires de lutte contre les mines voient au déminage et protègent ainsi la FOM et les lignes de communication maritimes (LCM)21. Selon les détecteurs ou les équipements dont ils sont dotés, ces mêmes navires peuvent aussi exécuter des opérations de surveillance et de plongée. Enfin, les hélicoptères (embarqués et basés à terre), les systèmes sans pilote et les aéronefs de patrouille maritime appuient la FOM en remplissant divers rôles : surveillance, protection de la force, évacuation sanitaire, acheminement de l’aide humanitaire, et recherche et sauvetage. Cette liste n’est pas exhaustive; elle donne une idée des capacités fournies par diverses plates-formes navales qui pourraient constituer une FOM équilibrée, efficace au combat et adaptable aux circonstances, soit en tant qu’entité autonome, soit à l’appui de forces à terre.

La FOM de la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) est à pied d’œuvre depuis 2006. Elle a été la première FOM créée dans le cadre d’une OPNU, et il lui incombe de surveiller le cessez-le-feu entre le Liban et Israël, d’aider la Marine libanaise à surveiller les eaux territoriales du pays, de protéger la côte libanaise et d’empêcher l’entrée non autorisée au Liban d’armes ou de matériel connexe par mer22. Elle remplit sa mission en exécutant des opérations maritimes d’interdiction et de surveillance. Par ailleurs, la FOM contribue à l’entraînement de la Marine libanaise, de manière que celle-ci puisse un jour assumer la responsabilité de sa propre sécurité. Pour cela, la FOM recourt à des exercices opérationnels, tactiques et interarmées et à un entraînement ciblé à quai et en mer23.

Photo du MDN HS2007-0589-010

Groupe opérationnel naval du Canada.

Capacités de la MRC

La MRC est actuellement capable de répondre à certains des besoins de la FOM de l’ONU, et sa flotte future devrait pouvoir exécuter un nombre encore plus grand des tâches décrites ci-dessus, d’ici le milieu des années 2020. Aujourd’hui, la flotte de la MRC comprend 12 frégates de la classe Halifax récemment modernisées, quatre sous-marins [diesels] de la classe Victoria (SMCV) et 12 navires de défense côtière (NDC) de la classe Kingston. Les navires de chacune de ces classes possèdent bon nombre des capacités nécessaires pour remplir les rôles dont ont besoin les FOM de l’ONU. En outre, la construction des navires de patrouille extracôtiers et de l’Arctique (NPEA) de la classe Harry DeWolf se poursuit, et le premier (le NCSM Harry DeWolf) est censé être livré en 2018. Quelques années plus tard, la Marine doit prendre livraison du premier navire de soutien interarmées (NSI) qui renouvellera ses capacités de ravitaillement en mer et de transport maritime. Enfin, les FAC attendent en 2017 des propositions de concepts pour le navire de combat canadien (NCC) qui remplacera les frégates de la classe Halifax et les destroyers de défense aérienne de zone de la classe Iroquois, récemment mis au rancart.

Les frégates de la classe Halifax sont communément connues comme les « chevaux de trait » de la flotte de surface de la MRC. Ces navires ont été conçus à l’origine pour lutter contre les sous-marins et pour la guerre anti-navires de surface, principalement en haute mer. Depuis leur livraison il y a 25 ans, leur rôle a changé à la faveur du récent programme de modernisation de leur classe (de 2010 à 2016). L’amélioration des capteurs et des armes et les innovations aux chapitres des procédures et des tactiques ont permis aux frégates de fonctionner plus efficacement dans l’environnement des menaces côtières, ce qui confirme que la MRC a jusqu’ici opéré dans un environnement essentiellement permissif. Les navires de la classe Halifax peuvent répondre aux besoins d’une FOM de l’ONU quant aux opérations de patrouille, d’interdiction, d’escorte et de protection et de contingence.

Le gouvernement du Canada perçoit les sous-marins de la classe VICTORIA (SMCV) comme un atout stratégique, car ils assument une vaste gamme de rôles : mentionnons la surveillance, le soutien fourni aux forces de l’ordre maritimes, et les opérations intérieures et internationales. Le Canada a acheté de la Royal Navy les SMCV à grande autonomie dans les années 1990 et ils constituent les forces spéciales de la Marine. Ils sont capables de mener des patrouilles sur de très longues distances à peu près sans être détectés, et leur souplesse leur permet d’exécuter tout un éventail de missions navales particulières. Les SMCV peuvent naviguer dans l’Arctique (dans les zones exemptes de glace) et dans les océans Pacifique et Atlantique et accroître ainsi considérablement la portée des capacités tactiques et stratégiques de la MRC (et, par extension, de celles de l’ONU s’ils étaient mis à son service).

Photo du MDN ET2016-0468-02, par le caporal Carbe Orellana

Le NCSM Chicoutimi attend les navires de la Marine de l’Armée de libération populaire en visite à Victoria au nom des forces militaires chinoises, le 13 décembre 2016.

Les navires de défense côtière (NDC) sont de petits navires de guerre dont la mission première consiste à surveiller les côtes et à patrouiller dans les eaux littorales, ce qui englobe des opérations navales générales, des missions de recherche et de sauvetage, l’application de la loi, la protection des ressources et la patrouille dans les zones de pêche. À l’origine, on les destinait au dragage de mines, mais les navires étaient construits d’après des spécifications et des normes non militaires (Lloyd’s A1). Par conséquent, ils ne pouvaient pas, compte tenu des technologies de l’époque, naviguer en toute sécurité dans un endroit risquant d’avoir été miné. L’arrivée de systèmes navals non embarqués de lutte contre les mines a grandement revalidé le rôle principal que l’on destinait au NDC en tant que plate-forme de contre-minage, compte tenu en particulier de leur autonomie et de leur endurance accrues et de la modernisation de leurs systèmes de communication et de démagnétisation active, pour ne nommer que quelques-unes de leurs capacités. Aujourd’hui, plusieurs types d’éléments propres à la mission peuvent être ajoutés et permettent un changement rapide de rôle entre deux missions : mentionnons, par exemple, un système mécanique de dragage de mines, un système de levés des fonds marins et un véhicule d’inspection des objets de fond. Pendant la modernisation de la classe Halifax, les NDC se sont chargés de la majeure partie des engagements opérationnels relatifs à la lutte contre la drogue dans le bassin des Caraïbes et dans le Pacifique occidental. Comme ils peuvent s’adapter à la mission, les navires de cette classe se prêtent bien aux opérations de sécurité maritime de l’ONU d’une intensité faible à moyenne dans les eaux littorales.

La MRC s’est aussi dotée d’équipes d’arraisonnement renforcées (EAR). Le Groupe d’opérations tactiques maritimes (GOTM), unité déployable à haut niveau de préparation, procure aux FAC et à la MRC la capacité d’exécuter des opérations d’interdiction maritimes dans un environnement à haut risque; de jouer, en déploiement, un rôle de protection des forces et d’appuyer directement une force opérationnelle d’opérations spéciales (FOOS). Comme le GOTM l’a montré au cours d’un exercice de l’OTAN au Maroc, en 2016, il peut se déployer très rapidement pour aller appuyer des opérations de l’OTAN ou de l’ONU24.

Au cours de la prochaine décennie, les navires de combat canadiens (NCC), qui remplaceront les frégates de la classe Halifax et les destroyers de la classe Iroquois, constitueront des capacités renforcées. La demande de propositions relatives à la conception de ces navires en est encore au stade des soumissions, mais ces navires permettront à la MRC de continuer à surveiller et à défendre les eaux canadiennes et nord-américaines; il n’y a pas à douter qu’ils pourront apporter beaucoup aux opérations navales internationales grâce à leur interopérabilité avec les bâtiments de nos alliés.

© Thyssen Krupp Marine Systems Canada Inc.

Conception générale du navire de soutien interarmées (NSI).

Les navires de soutien interarmées (NSI) remplaceront les pétroliers ravitailleurs d’escadre (AOR) de la classe Protecteur que la MRC vient de désarmer. Ils fourniront une capacité de ravitaillement fondamentale, une capacité limitée de transport et un soutien aux opérations à terre. Ils accroîtront la distance franchissable et l’autonomie des groupes opérationnels navals en leur permettant de rester en mer pendant de longues périodes sans devoir rallier un port pour se ravitailler et refaire le plein. On prévoit – soulignons que le projet n’en est encore qu’au stade de la conception – que les capacités clés des NSI comprendront sans doute les suivantes : l’approvisionnement en carburant, en munitions, en pièces de rechange, en nourriture, en eau et en d’autres fournitures; des installations médicales et dentaires modernes, dont une salle d’opération; des installations de réparation et l’expertise voulue pour assurer l’entretien des hélicoptères et d’autres équipements; des fonctions d’autodéfense de base. Qu’il s’agisse d’appuyer des opérations n’importe où dans les vastes eaux territoriales du Canada ou des déploiements à l’échelle mondiale, les capacités des NSI seront essentielles au Canada et elles répondront pleinement aux exigences logistiques et, dans une mesure limitée, aux besoins en transport maritime de l’ONU.

Les navires de patrouille extracôtiers et de l’Arctique (NPEA) de la classe Harry DeWolf seront résistants aux glaces et exécuteront des opérations de surveillance et d’affirmation de la souveraineté dans la zone économique exclusive (ZEE) du Canada, entre autres dans l’Arctique. Ils appuieront aussi, au besoin, d’autres unités des FAC dans l’exécution d’opérations à caractère maritime et d’autres ministères fédéraux remplissant leurs mandats respectifs. Les NPEA seront dotés des caractéristiques suivantes : capacité d’exécuter des patrouilles indépendantes en haute mer; répondre à la norme internationale des brise-glaces de la classe polaire 5; capacité de poursuivre des opérations pendant quatre mois au maximum; distance franchissable supérieure à 6 000 milles marins; capacités C3 suffisantes pour échanger des renseignements en temps réel; canon télécommandé de 25 mm; capacité d’embarquer et d’utiliser divers types d’hélicoptères; capacité d’embarquer et d’employer divers types d’embarcations pour appuyer des activités telles que des opérations d’arraisonnement et le transfert de marchandises et de personnel entre le navire et la terre ferme; possibilité d’entreposer des marchandises et des conteneurs. Ce sont là autant de capacités importantes et utiles au Canada aux chapitres de la surveillance du territoire et de l’expression de la souveraineté, capacités qu’il est tout aussi facile d’employer pour répondre à de nombreux besoins de l’ONU relatifs à la sécurité maritime, à la surveillance et aux opérations de contingence, y compris le transport maritime, mais ici encore, dans une mesure limitée.

© Irving Shipbuilding Inc. 2015.

Conception générale du navire de patrouille extracôtier et de l’Arctique (NPEA) au large de la côte de la Nouvelle-Écosse.

Les paragraphes précédents ont décrit la Marine canadienne d’aujourd’hui et de demain. Le Canada louera aussi provisoirement un pétrolier ravitailleur d’escadre (iAOR) au moyen d’un contrat établi avec la Project Resolve Inc. qui confiera au Chantier Davie Canada, à Québec, le soin de convertir un cargo en un AOR; ce bâtiment provisoire ne fait pas partie de l’arsenal maritime permanent de notre pays. Le navire sera exploité et entretenu par des intérêts privés et il prendra des spécialistes de mission des FAC et de la MRC à son bord quand il le faudra. Ce seront notamment des équipes de ravitaillement en mer (REM), des éléments de commandement, des détachements aériens maritimes et des équipes des services médicaux et dentaires. L’iAOR permettra à la MRC de satisfaire à ses besoins en matière de ravitaillement en mer jusqu’à la livraison des NSI25.

Écarts de capacité

Que la MRC mène des opérations dans le contexte continental ou qu’elle se déploie à l’étranger, elle peut apporter une contribution significative aux OP maritimes de l’ONU. Nonobstant ses capacités actuelles et futures, il existe dans la MRC des écarts de capacité qui l’empêchent de satisfaire à tous les besoins d’une FOM de l’ONU. En effet, la MRC envisagée au cours des prochaines décennies ne répondra pas pleinement aux besoins sur les plans suivants : transport maritime, positionnement de ressources en mer, éléments amphibies et hélicoptères maritimes.

Comme nous l’avons déjà mentionné, les NPEA et les NSI seront livrés avec une capacité de transport maritime limitée. Les navires de ces classes sont loin de posséder la capacité de navires de types ou de tailles semblables et ils n’ont jamais été conçus dans ce but. Cela signifie, par exemple, qu’une FOM de l’ONU qui se déploierait avec pour seule capacité de transport aérien un NPEA ou un NSI ne pourrait emporter qu’une quantité très limitée de matériel dans une région où une aide humanitaire considérable serait nécessaire.

Le positionnement de ressources en mer ne se rapporte pas directement à un type de plate-forme ou à une classe de navires de guerre, mais plutôt à la capacité d’utiliser la mer pour pratiquer la dissuasion, appuyer une alliance, veiller à la sécurité coopérative, projeter la puissance et mener d’autres opérations à l’avant26. Un groupe opérationnel canadien robuste formé de navires de combat de surface, de sous-marins et de pétroliers ravitailleurs pourrait être considéré comme étant une base en mer, car il fournirait à la MRC la latitude et la liberté d’action voulues pour appuyer ses opérations indépendamment, ou au sein d’une FOM plus grande de l’ONU. Cependant, tant que les NSI n’auront pas été livrés, que la MRC ne disposera jamais de plus qu’un ou deux SMCV opérationnels et qu’elle risquera de se retrouver avec des réserves insuffisantes dans sa flotte de surface, il faudra qu’une mission de l’ONU revête un intérêt stratégique vital pour le Canada pour justifier le déploiement d’un tel groupe opérationnel.

Le Canada, qui n’a aucune ressource amphibie, n’a pas l’intention d’en acquérir. Tel n’était pas le cas il y a plus d’une décennie, quand le général Hillier, alors Chef d’état-major de la Défense, militait pour que le Canada se dote de bâtiments de transport amphibie tels que les navires de la classe San Antonio de la Marine américaine27. Une occasion stratégique sans précédent s’est présentée au Canada en 2014 quand la France a arrêté la livraison de deux navires de la classe Mistral à la Russie28. Les capacités de ces navires étaient considérables : projection de la puissance maritime, systèmes C3, nombre d’hélicoptères embarqués plus grand qu’à bord de n’importe quelle classe de navires de la MRC, acheminement d’aide humanitaire, y compris des installations médicales de bord, pour n’en nommer que quelques-unes. Malgré les capacités que les navires de la classe Mistral auraient injectées dans la MRC et les FAC, le Canada n’en a acheté aucun, et ce genre de capacité n’est pas envisagé dans le cadre de la Stratégie nationale actuelle de construction navale.

L’hélicoptère maritime Cyclone ne parviendra au stade de la capacité opérationnelle totale que dans plusieurs années. Cela signifie qu’avec les vieux hélicoptères Sea King, la capacité de la MRC d’assurer la liaison aérienne entre un navire et la terre ferme est limitée malgré les vaillants efforts que les équipages aériens et les préposés à l’entretien des aéronefs déploient pour que la flotte aérienne maritime actuelle poursuive ses opérations.

Les futures OP maritimes de l’ONU

Tous les exemples historiques décrits plus haut et les capacités inhérentes à une FOM de l’ONU, y compris celles fournies éventuellement par la MRC, illustrent la polyvalence des forces maritimes lorsqu’il s’agit de répondre aux besoins de l’ONU. Bien que l’histoire ne soit pas nécessairement représentative des besoins d’aujourd’hui, l’actuel environnement de sécurité mondial est truffé de points chauds qui pourraient dégénérer en des situations qui obligeraient l’ONU à intervenir, et dans bien cas, ce serait en des endroits situés dans des régions côtières ou près des côtes. Citons, par exemple, le golfe de Guinée. La piraterie dans le golfe de Guinée constitue un problème régional de taille. Le Bureau des Nations Unies pour l’Afrique occidentale et le Sahel (UNOWAS) a enregistré 62 attaques contre des navires en Afrique occidentale et centrale en 2011, et 60 en 2012. En fait, depuis 2002, le nombre d’attaques enregistrées dans cette région a continué de se multiplier par un facteur de dix29. En outre, on s’inquiète de plus en plus de l’environnement de sécurité existant en Afrique occidentale et dans les environs, en particulier à cause des activités terroristes et criminelles toujours plus nombreuses dans le centre et le sud du Mali; le Conseil de sécurité de l’ONU se préoccupe beaucoup de l’intensification continue des tensions politiques en Guinée-Bissau, du crime organisé transnational et du trafic de drogue dans toute l’Afrique occidentale et centrale, et du mépris grandissant pour les droits de la personne en général30. Afin de combattre la piraterie et les activités des organisations criminelles transnationales, on reconnaît qu’il faut une stratégie maritime régionale coopérative. Cela pourrait offrir au Canada l’occasion dont il a besoin pour fournir une contribution maritime complète aux OPNU. La résolution 2018 (2011) du Conseil de sécurité des Nations Unies (CSNU) porte sur « […] la menace que les actes de piraterie et les vols à main armée commis en mer dans le golfe de Guinée font peser sur la navigation internationale, la sécurité et le développement économique des États de la région »31. La résolution souligne en outre la nécessité d’une aide internationale qui serait apportée à une stratégie globale destinée à faire échec à la piraterie et aux vols à main armée en mer, et elle encourage la collectivité internationale à appuyer les États de la région et les organisations et agences concernées qui le demandent, et ce, afin d’étayer les efforts qu’ils font pour enrayer ces fléaux dans le golfe de Guinée32.

Si une force maritime telle que celle décrite ci-dessus était chargée d’une mission dans le golfe de Guinée, elle pourrait aussi appuyer des forces terrestres éventuelles qui se déploieraient dans la région (en fonction de leur emplacement), dans le cadre de l’engagement susmentionné pris par le Canada d’appuyer les opérations de paix internationales. Cet appui peut comprendre une vaste gamme d’activités, depuis le soutien indirect pour assurer la surveillance et transmettre des renseignements jusqu’à un soutien direct pendant l’évacuation de personnel. Les navires de guerre circulant dans les régions littorales peuvent contribuer à la sécurité de l’espace de combat des forces terrestres en assurant la surveillance et en transmettant des renseignements au moyen de ressources organiques, telles qu’un hélicoptère Sea King embarqué ou un système sans pilote. Pareille surveillance pourrait fournir des indications vitales et donner l’alerte en cas de nouvelles menaces qui proviendraient de la côte. Par exemple, si un contingent canadien prenant part à une OPNU est déployé dans les environs du Mali occidental et qu’il fait de la Côte d’Ivoire, de la Guinée ou du Sénégal d’éventuels carrefours de soutien opérationnel, la MRC peut fournir la protection nécessaire aux forces empruntant les LCS qui mènent à ces carrefours. En outre, et tout dépendant de la distance séparant les forces amies de la côte, des navires de guerre peuvent exécuter des opérations d’évacuation de non-combattants pour aider le personnel militaire, les citoyens canadiens ou des personnes désignées à échapper au danger et à se réinstaller dans un endroit sûr approprié.

Carte de l’Afrique de l’Ouest.

Carte remaniée par Accurate, produite à l’origine par l’UNOWAS/CNMC, Dakar, en mars 2015.

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La MRC pourrait aussi mener des opérations maritimes en Afrique occidentale, au Mali, sur le fleuve Niger. La traite de personnes et le trafic de drogues et d’autres produits de contrebande ont augmenté depuis 2006, dans le Sahel et au nord jusque dans des pays tels que l’Algérie33. Les trafiquants empruntent souvent le fleuve Niger comme voie de transport passant par les carrefours de Gao, Mopti et même Bamako. Le trafic est devenu plus qu’un simple crime contre lequel les forces policières doivent lutter : il risque aussi de faciliter les opérations terroristes qui ont pris de l’ampleur dans la région au cours des dernières années. L’ONU s’intéresse particulièrement à la lutte contre le terrorisme et à la protection des droits de la personne, ce qui comprend, en partie, le mandat donné au Comité de la lutte contre le terrorisme, en 2001 et la résolution 1456 (2003) du Conseil de sécurité ainsi que les résolutions adoptées ultérieurement34. La lutte contre le terrorisme et les efforts visant à aider les pays de la région à rétablir l’autorité de l’État, la primauté du droit et la saine gouvernance pourraient constituer une mission possible pour une OPNU dont l’exécution s’impose au Mali. Comme contribution hypothétique policière et militaire interarmées du Canada à une telle OPNU, la MRC pourrait exécuter des opérations d’interdiction maritimes, bien que dans un environnement fluvial plus restreint et seulement avec le soutien opérationnel de forces terrestres à l’intérieur du pays. Plus précisément, le déploiement du GOTM pourrait permettre de renforcer les capacités du ministère de la Sécurité intérieure et de la Protection civile du Mali, dont relèvent la Police nationale et la Gendarmerie, lorsqu’il s’agit de faire échec aux activités illicites le long du Niger35.

L’Afrique occidentale offre au Canada un certain nombre de possibilités de contribuer aux OPNU. Toutefois, il ne faut pas conclure que l’exécution d’une mission en Afrique est un fait accompli. En effet, les FAC pourraient aussi appuyer une OP en Colombie. Malgré le rejet par les Colombiens d’un accord de paix avec les Forces armées révolutionnaires de la Colombie (FARC), des pourparlers auraient eu lieu parmi les hauts dirigeants du gouvernement avant le référendum, pourparlers qui donnaient à penser que le Canada et le Mexique pourraient combiner leurs forces et exécuter une opération interarmées « […] une fois que le gouvernement colombien et les FARC auraient signé un traité de paix36 [TCO] ». Les relations du Canada avec la Colombie se renforcent. Le Canada a signé un protocole d’entente (PE) sur la coopération en matière de défense avec elle en 2012 pour orienter leurs relations bilatérales à venir. En outre, la Colombie a été désignée comme une région qui bénéficierait en priorité des programmes de soutien de la paix intégrés dans le Programme d’instruction et de coopération militaires (PICM) des FAC, et ce, jusqu’à la fin de 201737. Toutes ces initiatives pourraient offrir au Canada une occasion de jouer un rôle important dans les OPNU, tout en favorisant la mise en œuvre de sa politique étrangère et de la Stratégie d’engagement mondial de la Défense nationale. Comme ce pourrait être le cas d’une mission maritime en Afrique occidentale, la MRC serait à même d’appuyer des forces terrestres qui se déploieraient dans la région. Le noyau des opérations ne se situerait pas nécessairement dans une zone côtière. Par ailleurs, une FOM de l’ONU aurait un rôle à jouer dans le nord-est du Pacifique et dans la mer des Antilles. En fait, le Canada participe grandement aux missions antidrogues dans cette région depuis dix ans, et ce, dans la foulée de l’opération Caribbe, lui fournissant navires et aéronefs. L’opération Caribbe constitue la contribution des FAC à l’opération Martillo, un effort interarmées, multinational et interagences déployé par le Canada, les États-Unis, la France, les Pays-Bas, l’Espagne et le Royaume-Uni pour prévenir le trafic de drogues illicites dans la mer des Antilles, l’est du Pacifique et les eaux côtières de l’Amérique centrale38. Le lien entre une mission antidrogue et une FOM de l’ONU réside dans la Convention des Nations Unies sur le crime organisé transnational adoptée en 2000 et dans la Convention des NU sur la corruption, adoptée en 2003, deux instruments qui ont établi le lien juridique entre le trafic illicite, le crime organisé et la corruption39. Avec le déploiement hypothétique de frégates, de NDC et d’aéronefs intégrés et avec l’appui éventuel de l’iAOR, le Canada pourrait assumer un rôle de chef de file dans le cadre d’une mission antidrogue sanctionnée par l’ONU dans un effort pour aider la Colombie à supprimer la corruption et à favoriser la progression du processus de paix.

Enfin, il existe une école de pensée selon laquelle le Canada devrait s’intéresser aux OP dans les régions plus proches de lui40. La Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (MINUSTAH) a été mise sur pied en 2004 afin d’aider « le pays à se relever, à se reconstruire et à retrouver le chemin de la stabilité »41. Toutefois, dans sa résolution 2243, le CSNU envisage le « retrait possible de la MINUSTAH et la transition à la mise en place d’une autre présence des Nations Unies à compter du 15 octobre 2016 »42. Par ailleurs, et vu la lenteur de la reprise après le tremblement de terre de 2010, la dévastation récente causée par l’ouragan Matthew en octobre 2016 et les inquiétudes qui persistent au sujet des droits de la personne (en particulier la violence sexuelle et la violence en fonction du sexe), le Canada aurait là une occasion de faire preuve de leadership avec des forces de soutien qui aideraient Haïti à se rétablir, tout en maintenant la paix au cours du processus43. (Comme on l’a vu récemment, le mandat de la MINUSTAH a été prolongé de six mois, une dernière fois, en avril 2017. Viendra ensuite un exercice de suivi de plus petite envergure. NDLR) Il ne s’agirait pas d’une nouvelle mission pour le Canada et les FAC. Nous avons manifesté notre leadership tout au long de la MINUSTAH et de diverses missions d’aide humanitaire et de secours aux sinistrés (AHSS). Dans le cadre d’une mission plus grande d’AHSS et de reconstruction en Haïti, la MRC pourrait sans doute aligner des navires pour transporter le matériel et les travailleurs humanitaires depuis le continent, ou pour escorter de plus gros cargos. Elle pourrait fournir du personnel et une expertise pour appuyer un effort plus grand des FAC qui viserait à reconstruire l’infrastructure d’Haïti. Si on le jugeait nécessaire, la MRC pourrait aussi appuyer la présence future de l’ONU qui s’imposerait pour favoriser la mise en place pacifique d’un processus constitutionnel dans ce pays, ou pour montrer la voie à suivre à cet égard.

Photo du MDN ET2015-5121-006, par le matelot de 1re classe Ogle Henry.

L’Équipe d’arraisonnement de navires renforcée du NCSM Winnipeg se dirige vers le NCSM Athabaskan pour effectuer un exercice d’arraisonnement, dans le cadre de l’exercice de l’OTAN Trident Juncture, dans les eaux côtières de l’Espagne, lors de l’opération Reassurance, le 24 octobre 2015.

Conclusion

Vu l’engagement que le Canada a pris de contribuer aux OPNU, nous avons proposé ici diverses possibilités qu’il conviendrait d’examiner. Quelle que soit la contribution que le Canada choisira de faire, la force qu’il déploiera devra pouvoir remplir des rôles et des tâches dans toute la gamme des conflits, depuis une intervention mineure jusqu’à des opérations de combat. Dans ce contexte, il existe un rôle pour la MRC, soit à l’appui de forces terrestres et aériennes basées sur la terre ferme, soit en tant que FOM autonome. La MRC a montré ses capacités particulières en de nombreuses occasions tout au long de l’histoire de l’ONU et elle continue de prendre en considération les exigences d’une FOM de l’ONU dans la conception de ses futurs navires. Si la FOM de l’ONU est considérée comme la norme quant aux exigences à satisfaire, il manque alors des capacités à la MRC, à n’en point douter. Toutefois, compte tenu des capacités globales que fournit une FOM multinationale de l’ONU, la plupart des lacunes peuvent être atténuées par l’organisation collective des NU, sinon par des pays individuels.

Quiconque organise une OPNU à exécuter n’importe où dans le monde doit prendre en compte les capacités interarmées – forces aériennes, maritimes et terrestres et forces spéciales – au cours des divers stades de la planification. Chacune de ces composantes peut apporter à l’opération des capacités particulières qui, une fois combinées, produisent une force plus puissante et plus influente lorsqu’il s’agit de préserver ou d’imposer la paix. Cependant, les capacités maritimes ne sont pas souvent perçues comme ayant leur place dans le paradigme traditionnel du maintien de la paix et, par conséquent, elles risquent d’être oubliées. Néanmoins, comme nous l’avons décrit dans le présent article, il faudrait toujours prendre les forces navales en compte quand on présente au gouvernement du Canada des options au sujet d’une participation à une OPNU.

Notes

  1. Parti libéral du Canada, sd, Promotion de la paix et de la sécurité mondiales. Site consulté : https://www.liberal.ca/fr/realchange/promotion-de-la-paix-et-de-la-securite-mondiales/.
  2. Gouvernement du Canada, communiqué de presse, 8 septembre 2016. Le ministre Sajjan réitère sa promesse à l’égard des opérations de paix lors de la réunion des ministres de la Défense de l’ONU. Voir le site https://www.canada.ca/fr/ministere-defense-nationale/nouvelles/2016/09/ministre-sajjan-reitere-promesse-egard-operations-paix-reunion-ministres-defense.html).
  3. T. Thorgrimsson et E.C. Russell, 1965, Les opérations navales du Canada dans les eaux coréennes : 1950-1955. Ottawa, Droits de la Couronne. Voir le site http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/his/docs/naval_ops_korea_f.pdf.
  4. Ibid.
  5. Conseil de sécurité des Nations Unies, 6 mars 1952. Le trente-septième rapport du commandement des Nations Unies en Corée. Voir le site http://repository.un.org/bitstream/handle/11176/85133/S_2550-EN.pdf?sequence=3&isAllowed=y.
  6. Ceasefire.ca Blog, 16 octobre 2012, UN Played Critical Role in Diffusing Cuban Missile Crisis, Voir le site https://www.ceasefire.ca/?p=13206.
  7. Peter Haydon, automne 2012. « The Cuban Missile Crisis: 50 Years Later », dans Canadian Naval Review, volume 8, numéro 3, automne 2012. Voir le site  http://www.navalreview.ca/wp-content/uploads/public/vol8num3/vol8num3art3.pdf.
  8. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Renseignements/information pour l’opération des Forces canadiennes Forward Action. Voir le site http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/od-bdo/ca-ac/forward-action-fra.asp.
  9. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Renseignements/information pour l’opération des Forces canadiennes Determination. Voir le site  http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/od-bdo/di-ri-fra.asp?intlopid=159&cdnopid=191.
  10. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Renseignements/information pour l’opération des Forces canadiennes Toucan. Voir le site http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/dhh-dhp/od-bdo/asia/toucan-fra.asp.
  11. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Archivée - Opération Augmentation. Voir le site http://www.forces.gc.ca/fr/operations-etranger-passees/op-augmentation.page.
  12. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Archivée - Opération Horatio. Voir le site http://www.forces.gc.ca/fr/operations-etranger-passees/op-horatio.page.
  13. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Archivée - Opération Hestia. Voir le site http://www.forces.gc.ca/fr/operations-etranger-passees/op-hestia.page.
  14. Défense nationale et Forces canadiennes, sd, Opération Artemis. Voir le site http://www.forces.gc.ca/fr/operations-etranger-actuelles/op-artemis.page.
  15. Nations Unies, 2008, Opérations de maintien de la paix des Nations Unies : principes et orientations. Voir le site http://www.un.org/fr/peacekeeping/documents/capstone_doctrine_fr.pdf.
  16. Nations Unies, sd, Mandats et fondements juridiques des opérations. Voir le site http://www.un.org/fr/peacekeeping/operations/pkmandates.shtml.
  17. Nations Unies, septembre 2015, United Nations Peacekeeping Missions Military Maritime Task Force Manual. Voir le site http://dag.un.org/handle/11176/387297.
  18. Ibid.
  19. Ibid.
  20. Ibid.
  21. Le sigle LCM désigne les principales voies maritimes qui relient les ports entre eux et qui sont utilisées par la marine marchande, les navires de guerre et les bâtiments privés. Ce sont les autoroutes invisibles de la mer qu’empruntent les navires de commerce, bateaux de tourisme, cargos, bâtiments scientifiques et de recherche et navires de guerre partout dans le monde.
  22. Nations Unies, 2016, UNIFIL MTF, Voir le site https://unifil.unmissions.org/unifil-maritime-task-force.
  23. Adriana Erthal Abdenur, 2016, « Rising Powers in Stormy Seas: Brazil and the UNIFIL Maritime Task Force », dans International Peacekeeping, 23:3, p. 389-415. DOI : 10.1080/13533312.2016.1155413.
  24. Darlene Blakeley, 18 juillet 2016, « Prêts pour la tempête », dans La Vigie – Été 2016. Voir le site http://www.navy-marine.forces.gc.ca/fr/nouvelles-lavigie/lavigie-voir.page?doc=prets-pour-la-tempete/iq3da0ja.
  25. MRC, 2016, Le Canada dans un nouveau monde maritime : point de mire 2050. Voir le site http://navy-marine.forces.gc.ca/assets/NAVY_Internet/docs/fr/analyses/mrc-point-de-mire-2050_mars-2017.pdf; présentement disponible à l’adresse : http://navy-marine.forces.gc.ca/assets/NAVY_Internet/docs/fr/analyses/mrc-point-de-mire-2050_mars-2017.pdf
  26. Sam J. Tangredi, 2011, « Sea Basing: Concept, Issues, and Recommendations », dans Naval War College Review, automne 2011, vol. 64, no 4. Voir le site https://www.usnwc.edu/getattachment/d49d4281-7790-435d-9b3f-c7df59fb1544/Sea-Basing--Concept,-Issues,-and-Recommendations.aspx; présentement disponible à l’adresse : http://technokontrol.com/pdf/bases/NWC_2011AutumnReview_Tangredi.pdf
  27. C. Cowan, 26 juillet 2014, A New ‘Big Honking Ship’: Why Canada Should Procure an Amphibious Assault Ship (Part I/V), Association canadienne pour l’OTAN. Voir le site http://natoassociation.ca/a-new-big-honking-ship-why-canada-should-procure-an-amphibious-assault-ship-part-iv/.
  28. K. Kelkar, novembre 2014, Putting the Cart Before the Horse: Why Canada Should Not Purchase the Mistral-Class Ships, For Now, Institut canadien des affaires mondiales. Voir le site http://www.cgai.ca/putting_the_cart_before_the_horse.
  29. Nations Unies, sd, Sécurité maritime dans le golfe de Guinée. Voir le site https://unowas.unmissions.org/fr/s%C3%A9curit%C3%A9-maritime-dans-le-golfe-de-guin%C3%A9e.
  30. Nations Unies, 11 mai 2016, Rapport de la mission du Conseil de sécurité au Mali, en Guinée-Bissau et au Sénégal. Voir le site http://www.un.org/fr/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/2016/511.
  31. Nations Unies, 31 octobre 2011, Résolution 2018 (2011). Voir le site http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/2018(2011)&referer=/english/&Lang=F.
  32. Nations Unies, 31 octobre 2011, Résolution 2018 (2011). Voir le site http://www.un.org/en/ga/search/view_doc.asp?symbol=S/RES/2018(2011)&referer=/english/&Lang=F.
  33. Morten Bøås, 2015, « Crime, Coping, and Resistance in the Mali-Sahel », dans Periphery, African Security, 8:4, p. 299-319, DOI : 10.1080/19392206.2015.1100506. Voir le site http://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/19392206.2015.1100506?needAccess=true.
  34. Conseil de sécurité des Nations Unies, 10 septembre 2015, Protéger les droits de l’homme tout en luttant contre le terrorisme. Voir le site http://www.un.org/fr/sc/ctc/rights.html.
  35. Le GOTM n’est pas une unité autonome telle que l’unité de lutte contre le terrorisme de la Force opérationnelle interarmées II, qui peut se déployer partout dans le monde et fonctionner en autonomie pendant longtemps. Le GOTM a besoin d’un soutien administratif et logistique pendant qu’il est en déploiement.
  36. Robert Fife, 22 mai 2016, « Canada, Mexico join UN peacekeeping operation in Colombia », dans The Globe and Mail. Voir le site http://www.theglobeandmail.com/news/politics/canada-mexico-join-un-peacekeeping-operation-in-colombia/article30117284/.
  37. Défense nationale et Forces armées canadiennes, 10 octobre 2014, Engagement des Forces canadiennes dans les Amériques : Documentation / Le 10 octobre 2014 / Numéro de projet : BG-13.067. Voir le site http://www.forces.gc.ca/fr/nouvelles/article.page?doc=engagement-des-forces-canadiennes-dans-les-ameriques/hie8w7sf.
  38. Défense nationale et Forces canadiennes, 2016, Opération Caribbe. Voir le site http://www.forces.gc.ca/fr/operations-canada-amerique-du-nord-recurrentes/op-caribbe.page.
  39. Ibid.
  40. David T. Jones, 18 septembre 2016, « Canada belongs in Haiti; Africa is the wrong place to go if the Trudeau government wants to perform a meaningful role in UN peacekeeping », dans le Toronto Sun. Voir le site http://media.mil.ca/se-re-result-fra.asp?Lang=&cmd=getdoc&maxSize=200000&DocId=147532&Index=e%3a%5cWebsite%5
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    ; présentement disponible à l’adresse : http://www.torontosun.com/2016/09/17/canada-belongs-in-haiti
  41. Nations Unies, sd, MINUSTAH : Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti. Voir le site http://www.un.org/fr/peacekeeping/missions/minustah/.
  42. Conseil de sécurité des Nations Unies. (14 octobre 2015). Résolution 2243 (2015). Voir le site http://www.un.org/fr/documents/view_doc.asp?symbol=S/RES/2243(2015).
  43. David T. Jones, 18 septembre 2016.