Revue militaire canadienne Vol. 11, No. 4

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Galen Perras, Ph.D., est professeur agrégé d’histoire à l’Université d’Ottawa et membre de la Faculté des études supérieures et postdoctorales Entre autres, ses champs d’intérêt sont l’histoire militaire et diplomatique américaine du XXe siècle, les relations canado-américaines, les relations internationales dans le Pacifique au XXe siècle et les relations militaires au sein du Commonwealth

Contexte       

En 1992, quand je me suis inscrit en faux contre l’historiographie de la cession de Hong Kong en 1941, j’ai affirmé qu’il nous fallait un bon livre qui passerait outre à toute rancune nationaliste1. Nathan M. Greenfield s’est appliqué à relever le défi dans sa monographie The Damned: The Canadians at the Battle of Hong Kong and the POW Experience 1941-45 (les damnés : les Canadiens à la bataille de Hong Kong et leur expérience de prisonniers de guerre, 1941-1945), « compte rendu populaire » publié en 2010 qui a reçu un accueil favorable2. Hélas, Greenfield y déclare à tort que l’histoire de la « force C » est « peu connue »3. et il s’abstient de citer des documents britanniques et des études révisionnistes canadiennes qui auraient mis dans son contexte stratégique l’envoi de renforts à Hong Kong. Même le point fort du livre, en l’occurrence le récit émouvant des souffrances que les membres de la force C ont endurées au combat et dans les camps de prisonniers de guerre du Japon, pose problème. En effet, en insistant sur les souffrances en question, Greenfield perpétue le sentiment que la force C a consenti de tels sacrifices en raison d’un tragique asservissement colonial. Bref, nous n’en sommes pas encore à cette monographie qui présenterait une interprétation novatrice fondée sur des trésors d’archives multinationales et dépourvue d’accusations et de revanches nationalistes.

Le Général H.D.G. Crerar (à gauche) et le Lieutenant­général E.L.M. Burns, en Italie, en 1944.

MDN, photo CFJIC ZK-703

Le Général H.D.G. Crerar (à gauche) et le Lieutenant‑général E.L.M. Burns, en Italie, en 1944.

La controverse est partie de trois sources « officielles ». D’abord, le premier ministre W.L.M. King a mis sur pied en 1942 une commission royale qui a absous son gouvernement de toute responsabilité, alors même que le juge en chef de la Cour suprême du Canada, Lyman P. Duff, acceptait les arguments du Général Harry Crerar et du ministre de la Défense J.L. Ralston selon lesquels le Canada était tenu d’intervenir à Hong Kong en raison de la demande que lui avait présenté la Grande-Bretagne en septembre 1941, quand la guerre avec le Japon ne semblait pas encore imminente. L’armée a alors été fustigée pour n’avoir dépêché dans la colonie aucun véhicule et que 120 hommes insuffisamment entraînés de la force C, mais le juge Duff a soutenu dans son rapport que l’efficacité de la force C n’avait pas grandement souffert d’un tel manque de ressources4. Les Conservateurs ont eu beau accuser Duff de tenter d’étouffer l’affaire, la discorde s’est atténuée jusqu’en 1948, année où le rapport du Major-General C.M. Maltby sur la chute de Hong Kong a été rendu public. Rédigé en 1945 et révisé après que le Canada eut fait valoir que le sort de Hong Kong « n’aurait pas vraiment été différent » même si la force C avait été à la hauteur des unités qui combattaient en 19445. , ce rapport n’en affirmait pas moins que les régiments Royal Rifles of Canada et Winnipeg Grenadiers s’étaient avérés « inadéquatement entraînés à la guerre moderne » et que la défense de Hong Kong avait été « un risque qui en valait la peine ». King aurait voulu divulguer des documents secrets qui étayaient les décisions prises à Londres et à Ottawa à l’égard de Hong Kong en 1941. Londres a cependant décliné, et King a été fustigé par les Conservateurs pro-impérialistes du pays d’en avoir appelé à « son maître, de Londres ». Le journal The Globe and Mail a en outre allégué que, comme la Grande-Bretagne n’avait pas consulté King avant de publier le rapport de Maltby, King n’avait aucunement besoin de l’approbation de la Grande-Bretagne pour agir, accusant King d’avoir, « en se réfugiant dans les jupons de la Grande-Bretagne, replongé la nation en plein colonialisme6. . »

Des considérations d’ordre politique ont également influé sur C.P. Stacey, historien officiel de l’Armée du Canada. Ainsi, dans un mémoire publié en 1983, il soutient que la question de Hong Kong a représenté son plus grand défi comme historien, vu la pénurie de documentation sur les combats, la mort des commandants de la force C et les campagnes menées par des gens influents pour sauver certaines réputations. Se disant « gêné », Stacey avait exigé que le rapport de Maltby soit modifié puisque Maltby avait « faussé les faits » et donc « reporté une part déraisonnable du blâme sur la force C ». Stacey a fait valoir dans un compte-rendu préliminaire rédigé en 1948 qu’Ottawa ne s’attendait pas à une guerre imminente, sans toutefois préciser que le Major-General A.E. Grasett, ancien commandant britannique à Hong Kong et Canadien de naissance, avait déclaré au Major-général Crerar et aux chefs d’état-major britanniques en août ou septembre 1941 que la défense de la colonie pourrait être améliorée. Stacey a de plus omis de signaler que les commandants britanniques avaient décidé en août 1940 que Hong Kong constituait un avant-poste impossible à relever et ne devrait pas recevoir de renforts. Il a plutôt cité Winston Churchill, qui, expliquant son refus en février 1941 de renforcer Hong Kong, a admis s’être laissé convaincre et avoir abandonné son point de vue7. . 

Le volume premier de l’histoire officielle de l’Armée publiée en 1955 a donné lieu à la critique nationaliste discrète qui a dominé au Canada pendant 25 ans. Stacey aurait durci le ton lorsqu’il a déclaré à un historien britannique que les Canadiens revenus de Hong Kong « s’entendent assez unanimement pour affirmer [que Maltby et le Brigadier-General Cedric Wallis], en quête de boucs émissaires pour justifier l’échec de leur défense, ont porté leur choix sur les bataillons canadiens. » Comme le Canada, à la lumière de données de renseignement britanniques, adhérait à l’avis de Londres selon lequel un renfort minime suffirait à empêcher la guerre, il ressort que le revirement de Churchill « semblerait l’un de ces cas où l’on ne fait pas bien de réfléchir à deux fois. » Surtout, l’idée que deux bataillons canadiens auraient pu dissuader le Japon était « absolument absurde. » Pour en revenir à Grasett, Stacey n’a pas précisé que Crerar avait accepté sa demande de renforcer Hong Kong pour ensuite nier les faits devant le juge en chef Duff. Maltby avait pour sa part causé un « grave désavantage » en scindant la force C, car les membres du Royal Rifles n’avait pas très confiance en Wallis. Quant au commandant de la force C, peu convaincu des capacités de la garnison, il avait demandé un troisième bataillon à Ottawa8. Stacey a cependant fait preuve de retenue, avançant « je suis d’avis qu’il ne sert à rien de trop s’attarder à la question par écrit, d’autant plus que bon nombre des controverses [au sujet de l’aptitude au combat] n’ont heureusement pas été étalées dans les médias9. . » Cela dit, Stacey et ses homologues historiens officiels, grâce à leur accès exclusif à certains documents, « ont amorcé le travail d’analyse10. . »

Musée canadien de la guerre, photo 1970036-024

Analyses ultérieures

Certaines déclarations émises après coup par des Britanniques ont cependant créé un malaise. En 1957, l’historien officiel S. Woodburn Kirby a prétendu que le Canada avait cru à tort que la demande d’aide de la Grande-Bretagne signifiait le changement du statut d’avant-poste de Hong Kong. Un autre historien officiel, J.M.A. Gwyer, a pour sa part affirmé qu’il aurait fallu défendre Hong Kong, même si tous savaient que « la défense avait évidemment ses limites11. . » Dans un livre publié en 1960, l’ancien combattant de l’armée britannique Tim Carew qualifie la conviction de Grasett que Hong Kong résisterait « d’optimisme simpliste12. . » Carew a traité Lawson de soldat amateur, car ce dernier avait été instituteur entre les deux guerres, et a déclaré que la force C, entraînée à exercer des tâches de sécurité de routine, n’avait rien de « la rigoureuse libre pensée » des Britanniques13. Dépourvu de notes et de sources canadiennes, le livre de Carew défend deux thèmes : l’empathie pour « la pauvre infanterie si mal en point » et le mépris de la stupidité chez les hautes instances.

King avait noté dans son journal de guerre, publié après sa mort, qu’il hésitait à venir en aide à Hong Kong, de crainte qu’une telle intervention « serve plus tard de munitions aux adeptes de la conscription14. , » mais que le ministre de la Défense nationale pour l’aviation, C.G. Power, dont le fils servait au sein du Royal Rifles, réclamait avec véhémence le déploiement de la force C. King reconnaissait que c’était une erreur de « précipiter indûment les choses15.  » et de laisser les militaires outrepasser « la charge à laquelle ils seraient en droit de s’attendre16. . »  En 1961, le journaliste Ralph Allan a vivement critiqué la demande de Londres comme illustrant l’attitude bien ancrée consistant à considérer les forces de ses dominions comme « de vulgaires automates. » Aux yeux du professeur James Eayrs, les analyses stratégiques des Britanniques en 1941 s’assimilaient à « une appréciation de la situation déplorablement carencée. » J.L. Granatstein, également ancien historien officiel, a déclaré que le Canada « n’y avait vu que du feu dans son empressement à accepter les appréciations de la situation des Britanniques. » Pourtant, les conclusions auxquelles Duff en était venu « étaient les seules plausibles dans les circonstances, » car malgré le manque évident d’entraînement de la force C, la guerre ne semblait pas imminente, et King aurait été mal venu de rejeter la demande de Londres17. De l’avis de l’ancien historien militaire George Stanley, la décision de renforcer Hong Kong était de nature politique et « témoignait d’une naïveté politique inconcevable. » Donald Creighton, auteur d’un ouvrage virulent où il accuse King d’avoir vendu le Canada aux États-Unis, a affirmé que Londres avait écarté le Canada des discussions sur Hong Kong et que sa « demande » d’aide de la force C était en fait un ordre18. .

À l’exception du Général Maurice Pope, qui a soutenu que la décision d’envoyer la force C en renfort « exigeait du courage19. , » aucun auteur canadien n’a contredit Stacey, et Kenneth Taylor, historien de l’Université de l’Alberta, l’avait sur le cœur. Alléguant que les récits historiques militaires officiels, de par leur accent « qui porte davantage sur la célébration et l’héroïsme que sur l’exactitude, » pasteurisent, homogénéisent et nettoient la guerre, il a accusé les historiens universitaires d’avoir assimilé les opinions de Stacey à un « véritable culte qu’il valait mieux observer dans le silence le plus respectueux20. . » Les premiers révisionnistes se sont contentés de peu. Ainsi, les historiens officiels W.A.B. Douglas et Brereton Greenhous ont avancé que King « n’avait pas exercé son acuité politique habituelle » du fait que sa connaissance du domaine militaire était limitée, motif que ni Crerar ni Ralston n’auraient su invoquer21. Puis, le journaliste Ted Ferguson a reproché à Ottawa, dans un livre émotif publié en 1980, de ne pas avoir « bien saisi toute l’ampleur de la tâche qui attendait les troupes22. . »

Les troupes de la Force « C » en route vers les casernes de Sham Shul Po, à Hong Kong, 16 novembre 1941.

Bibliothèque et Archives Canada C-049742

Les troupes de la Force « C » en route vers les casernes de Sham Shul Po, à Hong Kong, 16 novembre 1941.

Deux livres correspondent de plus près aux attentes révisionnistes de Taylor. Le premier, publié par Oliver Lindsay en 1978 après qu’il eut obtenu l’accès à de nouveaux dossiers britanniques et canadiens, fait valoir que même si la défaite était inévitable, Hong Kong devait être défendue car la détermination des Sino-Américains à résister au Japon aurait pu fléchir. Lindsay ajoute que malgré tout, les troupes canadiennes n’auraient pas dû avoir été mises à contribution du simple fait que l’optimisme aveugle de Grasett le portait à croire qu’elles pourraient dissuader l’ennemi d’attaquer, et la décision de Crerar de faire appel à des soldats sous-entraînés illustre bien à quel point l’urgence de la situation lui échappait. Il affirme en outre que le commandant du Royal Rifles, le Lieutenant-Colonel William Home, ayant constaté la futilité de résister, s’était enquis de la possibilité d’un cessez-le-feu et que Wallis lui avait répondu de poursuivre le combat ou de se préparer à quitter la ligne de front sous la protection d’un drapeau blanc23.

Grant Garneau a vaillamment défendu le Royal Rifles en 1980. Admettant que la force C n’était pas l’élite, il a soutenu qu’elle n’était pas non plus « sans préparation aucune pour le service actif dans lequel elle se trouverait plongée, tous grades confondus, deux mois après son départ. » En rétrospective, Crerar avait eu tort de croire naïvement que la présence de soldats pourrait remédier à de quelconques lacunes, mais ce qui a été consigné dans les dossiers historiques est que « de toute évidence, la possibilité que les troupes se retrouvent immédiatement dans le feu de l’action semble ne jamais avoir été prise en considération. » Ottawa avait pris sa décision en « toute bonne foi », sans toutefois « en calculer les risques ni en assumer la responsabilité après le coup24. . » Mécontent de la défense locale, Lawson avait demandé un autre bataillon en plus d’éléments d’artillerie et de génie, pendant que le Régiment subissait « l’ineptie apparente d’un officier britannique habitué aux troupes indiennes et incapable de saisir les traits vitaux de la personnalité des Canadiens. » Malgré l’inévitabilité de la défaite, plus de soldats auraient survécu si Wallis n’avait pas ordonné de futiles contre-attaques qui ont entraîné 37 pour 100 de pertes et poussé Home à exiger, le 24 décembre, que son unité soit relevée25. .

Des fantassins de la Compagnie « C » du Royal Rifles of Canada débarquent du NCSM Prince Robert, à Hong Kong, le 16 novembre 1941.

Bibliothèque et Archives Canada/PA-037419

Des fantassins de la Compagnie « C » du Royal Rifles of Canada débarquent du NCSM Prince Robert, à Hong Kong, le 16 novembre 1941.

Dans No Reason Why: The Canadian Hong Kong Tragedy (sans motif valable : la tragédie canadienne de Hong Kong), Carl Vincent déplore que les membres de la force C aient été les seuls soldats du Commonwealth, pendant cette guerre, à être « envoyés délibérément à une position qui n’offrait absolument aucun espoir de victoire, d’évacuation ni de relève. » Il s’agissait d’une bévue qui déconcerterait subséquemment bien des analystes, car « il n’y avait aucun motif valable26. . » Grasett était le seul Britannique à croire que l’ajout de deux bataillons serait utile, en raison de « son mépris pour la capacité militaire des Japonais, son entêtement à ‘faire bonne figure’ et ses lacunes flagrantes en appréciation militaire. » Il a obtenu gain de cause en affirmant que les troupes proviendraient d’une source non exploitée, et Churchill avait oublié « les risques que courrait la garnison, ou alors avait décidé qu’ils en valaient la peine27. . » Le télégramme du Dominions Office envoyé le 19 septembre 1941 pour demander des soldats précisait que la Grande-Bretagne « avait eu » pour politique de considérer Hong Kong comme un avant-poste, ce qui laissait supposer – à tort ‑ un changement de politique. Les ministres canadiens de l’époque, des hommes affairés « qui n’avaient ni l’esprit ni le réflexe de lire entre les lignes ou de s’interroger quant aux motivations », ont acquiescé comme ils le faisaient toujours, à moins d’avoir de bonnes raisons militaires de refuser28. .  Or, ils auraient eu de bonnes raisons de refuser, mais lorsqu’ils ont consulté Crerar en sa qualité d’expert, ce dernier a invoqué « des principes politiques et moraux plutôt que d’ordre militaire. » L’explication de Crerar – que d’aucuns ont assimilée à la scène où Ponce Pilate se lave les mains par deux fois pour se disculper – montre bien que Crerar avait oublié que son mandat était de conseiller ses maîtres politiques, pas d’usurper leur pouvoir « en omettant de leur exposer clairement les risques militaires très concrets29. . »

Réticent à puiser les renforts parmi les formations destinées à la Grande-Bretagne, Crerar a donc décidé que le Grenadiers et le Royal Rifles étaient prêts. Selon Vincent, le Major J.H. Price, commandant adjoint du Rifles, avait demandé à Power, en septembre 1941, d’attacher son unité à une plus grande pour qu’elle puisse bénéficier d’entraînement avancé, et Power avait répondu que les événements outre-mer atteindraient « bientôt un point tel que votre unité aura l’occasion qui lui revient ». Ce n’était donc pas le fruit du hasard que l’unité de Price ait été détachée à la force C30. Le débarquement du Japon, le 18 décembre, ayant décimé les régiments royaux de l’Écosse et des Rajputs, et ayant bloqué les régiments de Middlesex et du Punjab, la charge du combat est tombée sur le Rifles. Ce dernier a lancé plus de contre-attaques du niveau de la compagnie que toutes les unités impériales combinées, jalon que le Grenadiers est venu près d’égaler. Les Japonais ont essuyé leurs pires pertes au contact de la force C31. Vincent réprouvait l’enquête menée par Duff, mais il reconnaissait que Duff, en toute impartialité, ne pouvait pas remettre en question le mode de gestion de la guerre de King puisque la tâche en revenait au Parlement32. Duff a donc accepté sans réserves le témoignage des officiers supérieurs quant aux normes d’entraînement de la force C comme venant « d’hommes dont la réputation professionnelle aurait été entachée si leur choix de bataillons avait été infirmé. » D’après Vincent, 250 hommes n’avaient suivi aucun entraînement, tandis que 20 pour 100 des membres du Grenadiers et 40 pour 100 de ceux du Rifles n’avaient pas la qualification élémentaire en maniement des armes33. La question du transport a toutefois prouvé que les conclusions de Duff faisaient dans l’absolution. En effet, alors que trois témoins qui s’étaient trouvés sur les quais en octobre 1941 ont déclaré que les troupes auraient pu emporter des véhicules, Duff a accepté un témoignage contradictoire d’un fonctionnaire qui n’était pas allé à Vancouver, en plus de passer sous silence des comptes rendus faisant état du criant besoin de moyens de transport à Hong Kong34. .

Vincent a fondé son ouvrage, anglophobe, sur à peine 14 dossiers du bureau des archives publiques de Grande-Bretagne. Il n’en a obtenu aucun des fonds d’archives du ministère de la guerre, du ministère des affaires étrangères, de l’amirauté ni du cabinet, omission qui a terni son explication plutôt faible de la situation avant la guerre35. Kenneth Taylor a d’ailleurs dénoncé dans le quotidien Globe and Mail « l’hystérie émotive anti-libéraux et anti-churchillienne » de Vincent et l’implication que la force C avait combattu en vain. Comment savoir, a demandé Taylor, à quel point le Japon était venu près de changer ses plans à la fin de 194136. ? Les historiens universitaires ont toutefois mis plusieurs années à se prononcer. En 1994, l’historien de l’Université de Calgary, John Ferris, a soutenu que l’argumentation de Vincent « n’a l’aval d’aucune autorité reconnue. » Tony Banham, auteur établi à Hong Kong, a pour sa part rejeté No Reason Why comme étant « faussé par un nationalisme si éhonté qu’il en est pénible pour les non-Canadiens (et, souhaitons-le, la plupart des Canadiens aussi), » et n’ajoutant « rien qui vaille pour faire avancer la connaissance du sujet37. . » Par ailleurs, l’historien canadien Gregory A. Johnson a dit de l’analyse « virulente » de Vincent qu’elle « a essentiellement lancé un nouveau mythe de base sur l’expérience vécue par les Canadiens à Hong Kong, mythe qui gagnerait beaucoup d’adeptes plus d’une dizaine d’années plus tard, » à la diffusion du controversé documentaire télévisé La Bravoure et le mépris38.

Le lieu d'où les Royal Rifles of Canada ont monté la garde sur le col Lemun et ont repoussé deux tentatives d'atterrissage des Japonais.

MDN, photo 17_08_2001-2

Le lieu d'où les Royal Rifles of Canada ont monté la garde sur le col Lemun et ont repoussé deux tentatives d'atterrissage des Japonais.

Brereton Greenhous, pour sa part, a répliqué que tout historien militaire digne de ce nom confirmerait qu’il n’existe « aucune preuve que la décision ait joué sur les plans des Japonais » et a plus tard qualifié l’ouvrage de Vincent de « meilleure monographie canadienne sur le sujet39. . » Quand l’association des anciens combattants canadiens ayant servi à Hong Kong a fait campagne en 1987 pour obtenir que le Japon verse une indemnisation aux survivants de la force C, elle s’est appuyée sur No Reason Why, et les médias ont cité Vincent40. Stacey, que Taylor et Vincent avaient démoli, est étrangement resté muet. L’analyse de la politique étrangère de King qu’il avait publiée en 1984 ne faisait « étonnamment » aucune allusion à Hong Kong41 , sans doute parce que Stacey estimait, comme il l’avait indiqué dans son dernier récit historique officiel, en 1970, que l’histoire « désastreuse » de Hong Kong « a été relatée ailleurs42. . » Granatstein, lui, a déclaré que Vincent n’avait pas « saisi les réalités politiques » de 1941, mais en simple annotation dans un ouvrage de 200243.

Deux études passées inaperçues nous ont permis d’approfondir la question. David Ricardo Williams révèle, dans sa biographie de Duff, publiée en 1984, que King et Duff avaient tenu à préserver la gouvernement de tout blâme44. En 1989, Gregory A. Johnson a quant à lui livré une solide thèse de doctorat intitulée North Pacific Triangle? The Impact of the Far East on Canada and Its Relations with the United States and Great Britain, 1937-1948 (triangle du Pacifique Nord? effet de l’Extrême-Orient sur le Canada et sur ses relations avec les États-Unis et la Grande-Bretagne, 1937-1948). Puisant habilement dans des dossiers canadiens, britanniques et américains, Johnson a recadré la participation du Canada aux questions du Pacifique dans le contexte du moment et a nuancé le rôle de King. Ainsi, craignant de prêter le flanc aux pro-impérialistes, King « a dû laisser le Canada accompagner la Grande-Bretagne, encore une fois. » En outre, King avait dissimulé l’observation suivante dans son journal : « Que le Canada ait envoyé des troupes en Orient, combattre au nom de la liberté, marque un tournant de notre histoire et passera à la postérité45. . » Il n’en a pas moins prétendu, en 1948, s’être « opposé avec véhémence à l’envoi de troupes de l’autre côté de l’océan Pacifique en 194146. . »

En janvier 1992, le documentaire susmentionné, La Bravoure et le mépris, des journalistes Brian et Terence McKenna, en a choqué plus d’un. Il prétendait en effet que l’incompétence chez les militaires canadiens et britanniques avait coûté la vie à des Canadiens et que les autorités et historiens avaient étouffé l’affaire. Brian McKenna s’était donc attendu à ce qu’il suscite de la « controverse47. . » Malgré les prix de télédiffusion nationale que le documentaire a remportés, notamment celui pour le meilleur documentaire, l’ombudsman de la CBC – pendant  anglais de Radio-Canada – a conclu, à la fin de 1992, que la série avait « erré » et ne respectait pas les « politiques et normes » du réseau48. Les McKenna n’ont pas aidé à atténuer la critique, Brian allant jusqu’à affirmer que la question « a trait à l’histoire et au regard de celui qui la raconte49. , » que sa recherche était « inattaquable » et que les audiences du Sénat n’étaient qu’une « campagne de salissage50. . » Les McKenna ont soutenu que l’ombudsman n’avait pas relevé « la moindre erreur grave dans les six heures de diffusion » et ajouté que « notre travail fait l’objet d’un jugement sévère, non pas sur la base de ce qui nous y avons dit, mais sur celle de ce que M. Morgan et d’autres auraient voulu que nous y disions51. . » Le débat enflammé qui s’est ensuivi s’est articulé autour des « droits » sur l’histoire, de l’identité d’une génération, de la liberté d’expression, de l’objectivité, de l’interprétation et de la dissension par rapport à des points de vue hégémoniques52. Reconnaissant que les McKenna « avaient droit à leur point de vue, » les sénateurs ont quand même voulu imposer un avertissement pour préciser que la série était un « drame documentaire basé en partie seulement sur des faits », demandé à la CBC de remiser la série non corrigée et invité l’Office national du film du Canada à produire un documentaire qui « remettrait les pendules à l’heure et corrigerait les inexactitudes propagées dans La Bravoure et le mépris53. »Le professeur Michael Bliss a fait remarquer que l’hostilité envers les McKenna n’était pas « très canadienne54. . » Quand Granatstein a pour sa part affirmé que la « véritable question » portait sur « qui écrit l’histoire » et que l’histoire télédiffusée « compterait beaucoup plus, pour les gens qui n’y connaissent rien à la guerre, que tout ce que je pourrais écrire, » Bliss a répliqué que Granatstein pensait que l’histoire « appartient tout bonnement à la profession des historiens. » Le professeur Terry Copp a asséné à l’endroit des baby-boomers qu’étaient les McKenna qu’il n’y avait « de pire regard contemporain sur le passé des années 1940 que celui de jeunes hommes armés de diplômes universitaires des années 1960 et du début des années 197055. . »

Sau Ki Wan, où le régiment de Tanaka a atterri la nuit du 18 au 19 décembre 1941. Le Général Tanaka à l'avant­plan, le 19 mars 1947, juste avant son procès pour crimes de guerre.

MDN, photo 17_08_2001-01.

Sau Ki Wan, où le régiment de Tanaka a atterri la nuit du 18 au 19 décembre 1941. Le Général Tanaka à l'avant‑plan, le 19 mars 1947, juste avant son procès pour crimes de guerre.

 

Le troisième volet, La Bataille de Hong Kong, porte sur deux anciens combattants canadiens qui retournent à Hong Kong et au Japon. Une rencontre entre l’un des Canadiens et d’anciens combattants japonais est captivante : les Japonais figent lorsqu’ils apprennent que l’autre Canadien, témoin du meurtre de prisonniers à Hong Kong, refuse de les rencontrer. Cela dit, faute de contexte essentiel quant à la situation stratégique de Hong Kong et étant donné le net parti pris contre les Britanniques, l’émission faussait la réalité. En outre, l’accusation selon laquelle les autorités britanniques et canadiennes avaient « sciemment » envoyé la force C à sa perte était si grotesque que même Vincent, interrogé par l’ombudsman, s’est refusé à utiliser le terme « sciemment »56. . 

Pour David Bercuson, co-directeur de la rédaction d’un ouvrage publié en 1994 sur la version anglaise de la série La Bravoure et le mépris :

La nette impression qui se dégage est que le Canada, valet de la Grande-Bretagne, a délibérément ou sciemment envoyé au massacre des jeunes hommes qu’il n’avait pas entraînés à la guerre dans le but d’être bien vu de la Grande-Bretagne, ou qu’il aurait dû savoir qu’il les envoyait à leur perte. Or, il s’agit là de pure fiction. Ainsi, même si la majeure partie du film présente un compte rendu équilibré de la bataille de Hong Kong et de ses conséquences, le thème central est développé sans égard à la multitude d’éléments de preuve à portée de la main qui minent la crédibilité de la théorie défendue par les réalisateurs au point d’en faire une chimère. Absolument aucun de ces nombreux éléments de preuve contradictoires n’est présenté au spectateur57. . 

John Ferris, expert du renseignement, ne mâche pas non plus ses mots.

De fait, pendant 101 des 104 minutes que dure la présentation, La Bataille de Hong Kong ne montre rien qui puisse soulever d’objections chez une personne raisonnable. Par contre, c’est précisément dans les trois minutes restantes que les réalisateurs font deux de leurs allégations les plus controversées. Les McKenna y vont alors de leur interprétation des motifs qui ont mené les Canadiens à Hong Kong et critiquent la décision du gouvernement du Canada, affirmant que l’envoi à la guerre de soldats pour ainsi dire non entraînés relevait de la monstruosité58. .

Car te du MDN HK 462e

Leurs affirmations que les commandants britanniques savaient la guerre « inévitable et imminente » mais ont néanmoins induit le Canada en erreur ou encore qu’Ottawa avait « sciemment » envoyé des troupes « à l’abattoir comme des agneaux » pour « avoir l’occasion de brandir le drapeau » sont sans fondement. Si les autorités britanniques ont mal évalué les intentions du Japon ou la capacité de défense de Hong Kong, « ils ont été bêtes, mais ce ne sont pas des traîtres pour autant. Ils n’ont pas décidé en toute connaissance de cause et pour gagner en prestige de sacrifier des vies canadiennes plutôt que britanniques59. . » Comme l’a précisé Ferris :

Quiconque veut absolument trouver des coupables pour les déboires de Hong Kong n’a qu’à regarder dans le miroir. La faute revient à une société et à un gouvernement canadiens qui ont affamé leurs militaires pendant des années pour ensuite les lancer du jour au lendemain à l’assaut d’ennemis bien équipés, pour défendre non pas des intérêts nationaux nettement définis par des politiciens canadiens mais des intérêts internationaux définis par des autorités étrangères. Hong Kong n’est pas la première manifestation d’un tel phénomène et ne sera pas la dernière. La même chose s’est produite pendant la Première Guerre mondiale, la Deuxième Guerre mondiale, la guerre de Corée et la guerre du Golfe. Le risque existe au sein de l’OTAN et dans toutes les missions de maintien de la paix de l’ONU. C’est la façon qu’a le Canada de faire la guerre60. .

MDN, photos 17_08_2001-04 et 17_08_2001_05 respectivement (de gauche à dro i te).

Deux feuillets de propagande japonais mettant en garde contre les troupes du Commonwealth en provenance de l'Inde.

La série La Bravoure et le mépris a toutefois eu un effet catalyseur. En janvier 1993, le cabinet de la Grande-Bretagne a réagi, aiguillonné par les accusations de perfidie britannique formulées par des Canadiens et par la dénonciation publique de 1992 du premier ministre de l’Australie, Paul Keating, quant à l’abandon de Singapour par les Britanniques en 1942, catastrophe qui avait pris 20 000 Australiens au piège. Il a donc rendu public le rapport non retouché de Maltby et le rapport de Wavell sur Singapour, qui blâmait la lâcheté et la mutinerie chez les Australiens pour la chute de Singapour, révélations largement couvertes par la presse en Grande-Bretagne et à Hong Kong61. Par ailleurs, le Calgary Herald a traité Maltby de stratège incompétent et menteur, Vincent a confié au Edmonton Journal que les Canadiens servaient de « boucs émissaires pratiques » pour justifier la « chute précipitée de Hong Kong » et le Vancouver Sun a qualifié la mission de la force C de « suicidaire. » Un ancien membre de la force C, Sid Vale, a accusé les troupes britanniques de s’être « lâchement » réfugiées « à l’hôtel » pendant que les Canadiens menaient le combat. Le chroniqueur Michael Valpy, du Globe and Mail, a lancé « qu’il faudrait tirer à pile ou face pour déterminer la pire menace pour les troupes canadiennes : les généraux et politiciens britanniques et canadiens qui les avaient envoyés à la guerre, ou les Japonais62. . » La série a également marqué l’avènement du révisionnisme dans l’histoire canadienne. Comme Crerar avait étudié Hong Kong à l’Imperial Defence College (IDC) dans les années 1930, Paul Dickson a soutenu que les décisions du général découlaient « d’une analyse raisonnée de la situation stratégique contemporaine en Extrême-Orient, de ses objectifs à long terme pour l’armée, du niveau d’entraînement réel de l’armée à l’époque » et de la conviction que le Japon tomberait dès que les États-Unis s’allieraient à la Grande-Bretagne. N’empêche, « Crerar est à blâmer pour sa négligence d’exposer très clairement à son gouvernement les risques inhérents à l’établissement d’une garnison à Hong Kong. La responsabilité lui en revenait63. . » Deux articles, l’un de moi et l’autre de Christopher M. Bell, étayés par le contenu de dossiers britanniques, ont avancé deux points importants : la défense de Hong Kong faisait depuis longtemps l’objet de discussions, et le renforcement de Hong Kong doit être vu comme faisant partie de l’effort général de l’Occident d’éviter la guerre en établissant des remparts dans les bases de l’Asie du Pacifique. Comme l’a signalé Bell : « La nature du débat relatif à la défense de Hong Kong pendant la période charnière de 1934-1938 était généralement mal interprétée. La difficulté de défendre Hong Kong était évidente, mais la tâche n’était pas toujours considérée impossible. » Les commandants sur place sous-estimaient la probabilité d’une attaque par le Japon et surestimaient les dispositifs de défense, tandis que Londres comptait échapper à la guerre ou alors jouir du soutien des États-Unis64.

Greenhous ne s’est cependant pas encombré d’un révisionnisme si rafraîchissant dans son livre de 1997, “C” Force to Hong Kong : A Canadian Catastrophe, 1941-1945 (la force C à Hong Kong : récit d’une catastrophe canadienne, 1941-1945) que Banham a affublé du titre « Les graves erreurs de Maltby65. . » Il a plutôt puisé dans les comptes rendus d’anciens membres de la force C et dans un petit nombre de dossiers conservés à Ottawa. Il a accusé Crerar d’agir en « flagorneur impitoyable, calculateur et ambitieux », car son affirmation que Grasett n’avait demandé aucune aide devrait être mise en doute, même si le général pourrait s’être exprimé « de manière indirecte. » De plus, le Dominions Office était « la perfide Albion », Maltby une vulgaire caricature, et Stacey s’était abstenu de blâmer Crerar parce qu’il « jouissait de la protection de ce dernier depuis 1940, qu’il lui devait sa nomination au poste d’historien officiel et que Crerar vivait encore66. . » L’Oxford Companion of Canadian Military History a beau n’énumérer que le livre de Greenhous comme lecture recommandée en ce qui a trait à Hong Kong67. , l’auteur n’a pas échappé au révisionnisme. Terry Copp, après avoir soutenu en 1996 qu’il y avait « une explication valable » à la mobilisation de la force C ‑ le Canada cherchait, avec ses alliés, « pour les meilleurs des motifs », à renforcer Hong Kong afin « de repousser ou d’empêcher la guerre68.  » – a consacré le numéro d’automne 2001 de la revue Canadian Military History à la force C. Il y a affirmé que l’histoire du sacrifice qu’elle avait consenti était tombé dans l’oubli « parce que, nous dit-on, la cause était perdue d’avance et la force n’aurait tout simplement pas dû se trouver là » et que nous, Canadiens, devions « nous défaire de cette perception déformée qui se développe avec le recul » pour bien comprendre le sort de la force C69. Cette dernière a été très mal servie par un gouvernement canadien si avare qu’il a laissé ses troupes « gravement vulnérables en les privant d’entraînement, d’équipement convenable et de munitions. » En outre, Churchill avait sacrifié « des troupes de la Grande-Bretagne et du Commonwealth en Extrême-Orient pour éviter de compromettre les possibilités d’une victoire écrasante en Afrique du Nord70. . »

Caricature politique du Winnipeg Free Press au sujet du déploiement des Forces canadiennes à Hong Kong, en novembre 1941. Comme on l'a vu par la suite, l'optimisme n'était pas justifié.

Winnipeg Free Press/caricatur i s te Archie Dale

Caricature politique du Winnipeg Free Press au sujet du déploiement des Forces canadiennes à Hong Kong, en novembre 1941. Comme on l'a vu par la suite, l'optimisme n'était pas justifié.

Granatstein en est venu à durcir le ton. En 1993, il a qualifié le maniérisme de Grasett de « quasi-caricatural de celui des hautes classes britanniques, » et affirmé que Crerar avait échappé au blâme « comme il s’en tirait presque toujours. » Dans son histoire de l’armée du Canada publiée en 2002, il déclare sans ambages que le cabinet du Canada avait été « piégé » par la demande d’aide de la Grande-Bretagne. Le fait que la force C ait été privée de ses véhicules était une « catastrophe » et la décision de Maltby de laisser le terrain surélevé vital aux Japonais était bizarre. En 1941, l’administration de l’armée du Canada manquait d’efficacité et Ottawa n’avait pas « la capacité de déterminer si elle devait affecter des troupes aux opérations. De fait, le Canada aurait dû se comporter en pays, pas en colonie71. . » Plus tard, dans Who Killed Canadian History? (qui a tué l’histoire du Canada?), alléguant que la méta-narration de l’histoire du Canada était menacée par les racoleurs propageant des distorsions fondées sur la classe, le sexe et la race, Jack Granatstein a dénoncé les McKenna pour s’être « efforcés de se montrer ‘justes’ » envers les nazis tandis qu’ils déclaraient que « les généraux et officiers étaient motivés par leur gloire personnelle quand ils ont sacrifié leurs troupes à Hong Kong et lors de futiles attaques en Normandie72. . »

Trois ouvrages se sont démarqués, pour différentes raisons. Le premier est de Tim Cook, qui, malgré les difficultés que posait l’accès aux dossiers canadiens, britanniques et japonais dans les années 1950, a affirmé que Stacey, conscient des contraintes, avait choisi « le juste milieu » en ne blâmant ni les généraux ni les politiciens pour le déploiement de la force C73. Ensuite, dans Not the Slightest Chance: The Defence of Hong Kong, 1941 (pas la moindre chance : la défense de Hong Kong, 1941), Tony Banham raconte dans le menu détail le siège de Hong Kong. Il a dénoncé les Vincent, Greenhous et La Bravoure et le mépris, a dit de Ferguson qu’il avait produit « l’un des livres les plus équilibrés à provenir de source canadienne » et a qualifié la monographie « savante » de Garneau « d’incontournable pour quiconque étudie sérieusement la brigade de l’Est ou la bataille dans son ensemble74. . » Enfin, Kent Fedorowich a écrit en 2003 un article dans lequel, en plus d’attribuer à La Bravoure et le mépris le mérite d’avoir relancé le débat, il avance que trois tendances nuisaient au débat : la perception que la chute de Hong Kong était accessoire à celle de Singapour; la dissociation des volets militaires et politiques au détriment de l’échiquier diplomatique en Asie, et le recours arbitraire à l’accusation lourde de sens que les Britanniques ont sacrifié des Canadiens. Fedorowich s’est appliqué à décrire le renforcement de Hong Kong dans un cadre temporel et thématique complexe, tout en reconnaissant que « la controverse entourant Hong Kong est loin d’être réglée. » Selon lui, la Grande-Bretagne avait grand besoin de tenir Hong Kong pour empêcher une éventuelle paix entre la Chine et le Japon, tandis que le Canada « tenait vraiment à montrer au peuple canadien, à ses partenaires du Commonwealth et surtout à son voisin du Sud que sa contribution à l’effort de guerre allait au-delà de son apport en blé, navires de guerre et avions. » Il est « superficiel et inexact » d’affirmer que le Canada a été « mené en bateau » au sujet de Hong Kong « sur la seule base des appréciations britanniques. Ottawa n’a fait que suivre une voie déjà bien tracée75. . »

Revenons donc au livre de Greenfield. L’auteur se percevait nettement, à l’instar de Vincent, comme le défenseur des membres de la force C. Expliquant qu’il était le premier auteur à s’inspirer de l’histoire officielle du Japon et de mémoires japonais, il s’est dit « incapable de départager la moralité »; c’aurait été « frôler le blasphème. » Il a bien reconnu qu’une partie du journal de la brigade de l’Est de Wallis « était effectivement exacte », mais a maintenu que dans l’ensemble, c’était de la « calomnie76. . » Pourtant, malgré l’ampleur de la bibliographie de son ouvrage, Greenfield ne cite pas la majeure partie des ouvrages qu’il y a énumérés, notamment ceux de Bell et de Fedorowich, et la plupart des notes de son introduction renvoient à No Reason Why. Bref, un plaidoyer ne rend pas nécessairement justice à l’histoire.

Pourquoi un bref épisode d’une immense conflagration qui a fait 60 millions de morts soulève-t-il tant de passions? Le Canada a perdu cinq fois plus de soldats dans la bataille de la crête de Vimy en 1917, quoi que d’aucuns affirmeraient que cette bataille a donné naissance au Canada moderne. Plus de 10 000 Canadiens sont morts au service du commandement de bombardiers britannique pendant la Seconde Guerre mondiale, et pourtant, le Canada n’est pas déchiré par la critique et la défense de sa puissance aérienne. Tout au plus, les McKenna y ont fait allusion dans leur épisode sur le bombardement, le Musée canadien de la guerre a essuyé un bref contretemps concernant la formulation d’un commentaire sur l’offensive de bombardement, et les anciens combattants s’inquiètent de ce que l’histoire officielle de l’Aviation décrive cette offensive comme meurtrière, coûteuse et inefficace77. Cela dit, comme l’a judicieusement fait remarquer l’Admiral Alfred Thayer Mahan, « la défaite entraîne un besoin criant d’explications, alors que la réussite, comme la charité, fait oublier bien des péchés78. . » Tant les précis exhaustifs de littérature historique portant sur la défaite des Américains à Pearl Harbor que l’obsession soutenue des Australiens relativement à la chute de Singapour illustrent que le Canada n’a pas le monopole des récriminations sur les batailles perdues79. Hong Kong a de quoi alimenter bien des discussions : allégations d’incompétence, inconduite politique, blâme, asservissement colonial. David Ricardo Williams a pour sa part proposé une autre interprétation : les troupes dépêchées à Hong Kong étaient les premières que le Canada envoyait en Orient « et il se peut que le manque de repères et la méconnaissance du terrain contribuent à soutenir l’intérêt80. . »

L’armée du Canada a essuyé deux grandes défaites pendant la Deuxième Guerre mondiale : celle de Hong Kong, et celle de Dieppe, en août 1942. La bataille de Dieppe a fait 3 400 pertes au sein de la Deuxième division, dont 907 morts. Elle a, elle aussi, donné lieu à une historiographie controversée, notamment un livre de Brian Loring Villa, publié en 1991, selon lequel lord Mountbatten, chef des opérations combinées en Grande-Bretagne, aurait lancé le raid sans autorisation81. Terry Copp, qui considérait Villa comme un « historien sérieux qui a consacré des années à étudier les archives », n’a cependant pas adhéré à sa thèse82. , mais a pris soin d’en débattre de manière civilisée. Peut-être l’horreur de la liste des pertes subies à Dieppe a-t-elle été tempérée du fait que les chefs alliés ont affirmé en avoir tiré des leçons qui ont mené à la victoire le Jour J, en 194483. , ou alors peut-être que le sort réservé aux prisonniers de guerre canadiens a eu une incidence, car 72 des 1946 Canadiens faits prisonniers à Dieppe sont morts dans des camps allemands, pour un taux de décès de 4 pour 100, tandis que 281 membres de la force C sont morts en captivité, pour un taux de 17 pour 10084. . 

Les Canadiens en route vers Hong Kong à bord du NCSM Prince Robert. Notez les sourires.

MDN, photo 17_08_2001_3.

Les Canadiens en route vers Hong Kong à bord du NCSM Prince Robert. Notez les sourires.

Conclusions

Nous disposons donc d’une collection d’ouvrages de différentes longueurs et qualités, mais d’aucun qui combine tous les volets abordés ici – politique et militaire, national et international – pour brosser un tableau cohésif et exhaustif. Ce n’est pas tout d’affirmer que Grasett, en soutenant qu’une garnison dotée de renforts modestes résisterait à un assaut des Japonais, a influé sur la décision des chefs d’état-major britanniques, voire de Churchill même. Encore faut-il se pencher sur le rôle de Churchill dans cette affaire. Grasett a-t-il su se faire si convaincant? Churchill a-t-il gravement manqué de jugement ou a-t-il préféré rassurer ses alliés quant à l’engagement de la Grande-Bretagne à défendre ses lucratives possessions asiatiques? De même, peu de gens ont approfondi le rôle de Grasett. S’il a plaidé ardemment pour faire renforcer la garnison dont il avait été commandant à la fin de 1941, Lindsay prétend que l’énergie dont il a fait preuve aurait surpris ses anciens subalternes, car Grasett s’était peu préoccupé de protéger Hong Kong pendant son commandement85. Fedorowich a quant à lui insisté sur l’éloquence de Grasett dans son plaidoyer aux dirigeants britanniques en septembre 1941, d’autant plus que son pronostic optimiste cadrait bien avec la situation diplomatique du moment, qui semblait en voie de se détendre86. N’empêche, le tout s’est-il vraiment joué sur une formulation inspirée ou sur l’adresse de Grasett? Enfin, malgré que Dickson se soit porté à la défense de Crerar, le rôle de ce dernier mérite aussi une attention soutenue. Que connaissait-il et ignorait-il de la situation stratégique en Asie quand il a affirmé au cabinet du Canada à l’automne 1941 que la décision de dépêcher la force C était de nature politique, et non militaire? Comment a-t-il échappé au blâme en 1942?

Des prisonniers de guerre canadiens et britanniques libérés par l'équipe d'abordage du NCSM Prince Robert, à Hong Kong, en août 1945. Encore une fois, notez les sourires.

Bibliothèque et Archives Canada/PA-145983.

Des prisonniers de guerre canadiens et britanniques libérés par l'équipe d'abordage du NCSM Prince Robert, à Hong Kong, en août 1945. Encore une fois, notez les sourires.

Un autre point à approfondir est celui de la collaboration militaire canado-britannique avant 1941. Comme Jack Granatstein l’a signalé, dix officiers canadiens, dont Crerar, avaient étudié à l’IDC avant 1939 et avaient analysé différents scénarios militaro-politiques, y compris la situation à Hong Kong87. Nous en savons bien peu sur ce que ces officiers ont appris à l’IDC, leurs homologues et instructeurs britanniques et leur façon d’intégrer les grands concepts de défense impériaux à leur ligne de pensée canadienne. Nous devons pousser plus avant les propos tenus par Norman Hillmer dans un article publié en 1978 au sujet de la collaboration entre officiers canadiens et britanniques avant 193988. La plupart des analystes canadiens ont considéré que la décision de dépêcher la force C reposait sur des motifs purement politiques, sans égard aux liens tangibles et sentimentaux qui existaient entre la Grande-Bretagne et le Canada. Or, faute de prendre en compte l’effet de telles influences sur les décideurs canadiens en 1941, nous nous privons d’un pan vital de l’histoire de la force C.

Pour « aller au fond des choses », il pourrait y avoir lieu d’envisager la question sous un autre angle et de consulter d’autres sources. En 2008, Gregory A. Johnson a cité d’anciens membres de la force C qui doutaient d’avoir été mis en péril en toute connaissance de cause. Ils croyaient plutôt qu’en raison de la présence en leurs rangs du fils de Power et d’autres jeunes de familles nanties du Québec anglophone, le Rifles, appelé le « régiment d’un million de dollars », avait été dépêché à Hong Kong pour lui épargner les combats en Europe89. Lawrence Lai Wai‑Chung a dressé, en 1999, un parallèle entre le sort de la garnison de Hong Kong et les défaites des Britanniques à Crète et à Malaya/Singapour. Ainsi, si les défenseurs de Hong Kong étaient trois fois moins nombreux que leurs attaquants, la garnison de Crète était pour sa part deux fois plus nombreuse que son attaquant allemand et les forces impériales de Malaya étaient trois fois plus nombreuses que celles des Japonais. La défense de Hong Kong a tenu pendant 18 jours malgré un taux de mortalité deux fois plus élevé que les Japonais – 2,11 pour 1. À Crète, les forces alliées ont subi deux fois plus de morts que les Allemands – 2,39 pour 1 ‑ en 11 jours. Il n’y a qu’à Singapour que les Britanniques ont perdu moins d’hommes que l’ennemi – 0,73 pour 1, sauf que 120 000 soldats alliés y ont rendu les armes. Après pondération du taux de pertes relatif des alliés en fonction du rapport de l’effectif relatif attaquants-défenseurs, le taux de pertes des alliés s’établit à 4,6 pour 100 à Crète, 1,74 pour 100 à Malaya/Singapour et seulement 0,68 pour 10 à Hong Kong. Bref, la garnison de Hong Kong, « malgré son manque de préparation et son piètre équipement, s’est très bien défendue, » grâce au terrain accidenté, à « la façon ordonnée dont elle a mené le combat selon un plan prédéterminé et des structures de défense bien établies, » l’incapacité des Japonais à détruire les forces britanniques qui se retiraient du continent et la panoplie de mitrailleuses et de pièces d’artillerie de toutes sortes dont disposait la défense90. Robert Ward, consul des États-Unis à Hong Kong au moment de la chute de la colonie, y est allé de sa propre explication de la défaite. Non convaincu que le Japon avait fait déferler plus de 12 000 hommes sur 9000 soldats impériaux réguliers et 3000 soldats volontaires, Ward a déclaré que la force de défense possédait suffisamment de provisions essentielles pour soutenir un siège de six mois, mais qu’elle s’état rendue au bout de 18 jours parce que la collectivité britannique, complaisante, avait négligé de préparer psychologiquement ses effectifs et la population chinoise à la guerre. Les dirigeants britanniques à Hong Kong tenaient à ce point à éviter la destruction d’une colonie qu’ils s’attendaient à récupérer une fois la guerre finie qu’ils se sont refusés à appliquer la politique de la terre brûlée et que leur défaitisme « a fini par s’étendre jusqu’au gouverneur puis jusqu’aux hommes91. . »

Pour conclure, nous devons en finir avec la présomption que la décision de venir en aide à Hong Kong était condamnable du point de vue moral. Avec le recul, il faut bien convenir que l’envoi de la force C était peu judicieuse et n’a fait qu’ajouter à l’ampleur de la défaite. Cela dit, l’erreur stratégique est inévitable dans le brouillard de la guerre, car bien peu de chefs disposent de tous les faits au moment de trancher. Ils ne peuvent pas non plus faire facilement abstraction de leurs convictions profondes et idées préconçues en ce qui les concerne et en ce qui a trait à leurs alliés et à leurs ennemis, surtout en situation d’urgence réelle ou perçue où ils doivent prendre rapidement une décision. Or, une mauvaise décision n’est pas nécessairement une décision immorale. La décision de venir en renfort à Hong Kong a été dénaturée de la sorte à force de manœuvres politiques de mauvais goût, d’évocation des souffrances infligées aux prisonniers de guerre et d’accusations nationalistes. Ce ne sera pas facile d’évacuer la souffrance du discours dominant, car nous sommes conditionnés à craindre que les décideurs habiles puissent se soustraire aux conséquences de leurs mauvaises décisions pendant que leurs « victimes », elles, en pâtissent horriblement. Une nouvelle version factuelle de l’histoire pourrait ne pas plaire à tous. Comme l’a déclaré un journaliste en 1994 durant l’affaire McKenna, « seuls les doyens d’universités reconnues ont le droit de se prononcer sur les grands moments de l’histoire du monde92. . » Pourtant, l’exercice s’avère nécessaire, et les ouvrages révisionnistes canadiens constituent une base idéale sur laquelle édifier une étude qui permettra l’analyse critique du contexte embrouillé de l’avant-guerre, de la bataille même ainsi que des joutes politiques et historiques qui n’ont pas fini de se jouer à ce sujet.

NOTES

  1. Galen Roger Perras. « ‘Defeat Cries Aloud For Explanation’: An Examination of the Historical Literature on the Battle of Hong Kong », conférence sur le rôle du Canada et de la Deuxième Guerre mondiale dans le Pacifique, Victoria, C.-B., 27 au 29 février 1992.

  2. .J.L. Granatstein. « A Dieppe in the Far East », The Globe and Mail, le 6 novembre 2010; et Jim Blanchard. « Ottawa historian honours Battle of Hong Kong vets », The Winnipeg Free Press, le 16 octobre 2010.

  3. Nathan M. Greenfieeld. The Damned: The Canadians at the Battle of Hong Kong & the POW Experience 1941-45, Toronto, HarperCollins, 2010, p. xxv.

  4. Lyman P. Duff. Rapport concernant le corps expéditionnaire canadien envoyé dans la colonie de la couronne de Hong Kong, Ottawa, Imprimeur du Roi, 1942, p. 3-9.

  5. Lieutenant-général Charles Foulkes au ministre de la Défense nationale, le 9 février 1948, fichier d’enregistrement 111.13 (D66), Direction de l’histoire et du patrimoine, ministère de la Défense nationale, Ottawa.

  6. Major-General C.M. Maltby. Operations in Hong Kong from 8th to 25th December, 1941, dans Supplement to the London Gazette of 27 January 1948; « Mr. King waits reply from ‘his master’s London voice’ to release Drew letter », The Globe and Mail, le 7 février 1948; et « From Nation to Colony », The Globe and Mail, le 2 février 1948.

  7. C.P. Stacey. L’Armée canadienne, 1939-1945 : résumé historique officiel, Ottawa, Imprimeur du Roi, 1949, p. 297-311; et Winston S. Churchill. Mémoires sur la deuxième guerre mondiale, vol. III-I : La grande alliance, Paris, Plon, 1950, p. 183.

  8. Stacey à J.R.M. Butler, le 13 mars 1953, RG25, volume 12753, Fichier 308/10, Bibliothèque et Archives Canada; et C.P. Stacey. Six années de guerre : L’Armée au Canada, en Grande-Bretagne et dans le Pacifique, Ottawa, Imprimeur de la Reine, 1957, p. 457, p. 509, p. 487.

  9. Stacey à Butler, le 13 mars 1953, secrétariat du Cabinet, section Historiques, histoires sur la guerre, CAB101/153, TNA.

  10. Tim Cook. Clio’s Warriors: Canadian Historians and the Writing of the World War,Vancouver, UBC Press, 2006, p. 6.

  11. S. Woodburn Kirby. The War Against Japan. Volume One: The Loss of Singapore, Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1957, p. 81-82; et J.M.A. Gwyer. Grand Strategy: Volume III: June 1941-August 1942, Part One, Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1964. p. 311.

  12. Tim Carew. The Fall of Hong Kong: The Lasting Honour of a Desperate Resistance, Londres, A. Blond, 1960, p. 11, 28 et 134.

  13. Ibidem, p. 22 et 200.

  14. J.W. Pickersgill (dir.). The Mackenzie King Record, I: 1939-1944, Toronto, University of Toronto Press, 1960.

  15. Ibidem

  16. Ibidem, p. 316 et 352.

  17. Ralph Allen. Ordeal by Fire: Canada, 1940-1945, Toronto, Doubleday, 1961, p. 396; James Eayrs. The Art of the Possible: Government and Foreign Policy in Canada, Toronto, University of Toronto Press, 1961, p. 139; et J.L. Granatstein. Conscription in the Second World War 1939-1945: A Study in Political Management, Toronto, Ryerson Press, 1969, p. 50-51.  

  18. George F.G. Stanley. Canada’s Soldiers: The Military History of an Unmilitary People, Toronto, Macmillan, 1974, p. 380-381; et Donald Creighton. The Forked Road: Canada 1939-1957, Toronto, McClelland & Stewart, 1976, p. 61.

  19. Maurice A. Pope. Soldiers and Politicians: The Memoirs of Lt. General Maurice A. Pope, Toronto, University of Toronto Press, 1962, p. 173.

  20. Kenneth Taylor. « The Challenge of the Eighties: World War II from a New Perspective – The Hong Kong Case », dans Timothy Travers et  Christon Archer (dir.). Men at War: Politics, Technology and Innovation in the Twentieth Century, Chicago, Precedent, 1982, p. 201.

  21. W.A.B. Douglas et Brereton Greenhous. Out of the Shadows: Canada in the Second World War, Toronto, Oxford University Press, 1977, p. 105-106.

  22. Ted Ferguson. Desperate Siege: The Battle of Hong Kong, Toronto, 1981, p. 7.

  23. Oliver Lindsay. The Lasting Honour: The Fall of Hong Kong, 1941, London, 1978, p. 111, 114, 147-148 et 197-200.

  24. Grant S. Garneau. The Royal Rifles of Canada in Hong Kong - 1941-1945, Sherbrooke, Qc, Hong Kong Veterans Commemorative Association, 1980, p. 12-13 et 148.

  25. Ibidem, p. 41-42, 80-90.

  26. Carl Vincent. No Reason Why: The Canadian Hong Kong Tragedy – An Examination, Stittsville, Ont., Canada’s Wings, 1981, p. 35 et 249.

  27. Ibidem, p. 35-37.

  28. Ibidem, p. 30 et 42.

  29. Ibidem, p. 39-40.

  30. Ibidem, p. 46-47.

  31. Ibidem, p. 201-203.

  32. Ibidem, p. 223.

  33. Ibidem, p. 66, 77 et 92.

  34. Ibidem, p. 85-86.

  35. Ibidem

  36. K.C. Taylor. Lettre à la rédaction parue dans le Globe and Mail, le 1er mars 1982.

  37. John Ferris. « Savage Christmas: The Canadians at Hong Kong », dans David J. Bercuson et S.F. Wise (dir.). The Valour and the Horror Revisited, Montreal et Kingston, McGill-Queen’s University Press, 1994, p. 112; et Tony Banham. Not the Slightest Chance: The Defence of Hong Kong, 1941, Vancouver, UBC Press, 2003, p. 396.

  38. Gregory A. Johnson. « The Canadian Experience of the Pacific War: Betrayal and Forgotten Captivity », dans Karl Hack et Kevin Blackburn (dir.). Forgotten Captives in Japanese-Occupied Asia, London, Routledge, 2008, p. 128.

  39. Brereton Greenhous. Lettre à la rédaction parue dans le Globe and Mail, le 9 mars 1982; et Brereton Greenhous. “C” Force to Hong Kong: A Canadian Catastrophe, 1941-1945, Toronto, Dundurn Press, 1997, p. 19.  

  40. Brian N. Forbes et H. Clifford Chadderton. Compensation to Canadian Hong Kong Prisoners of War by the Government of Japan, Submission to the United Nations Commission of Human Rights, ECOSOC Resolution 1503, mai 1987; et Terry Johnson et al. « The Forgotten WWII Heroes ». Western Report, 31 août 1987.

  41. C.P. Stacey. Canada and the Age of Conflict. Volume 2: 1921-1948: The Mackenzie King Era, Toronto, University of Toronto Press, 1984; et Johnson, p. 130. 

  42. C.P. Stacey. Armes, hommes et gouvernements : les politiques de guerre du Canada, 1939-1945, Ottawa, ministère de la Défense nationale, 1970, p. 173.

  43. J.L. Granatstein. Canada’s Army: Waging War and Keeping the Peace, Toronto, University of Toronto Press, 2002, p. 451, n 63.

  44. David Ricardo Williams. Duff: A Life in the Law, Vancouver, UBC Press, 1984, p. 223-235.

  45. Gregory A. Johnson. North Pacific Triangle? The Impact of the Far East on Canada and Its Relations with the United States and Great Britain, 1937-1948, thèse de doctorat, York University, 1989, p. 202. Un historien estime que King aurait camouflé l’inscription parce qu’il s’attendait à ce que la décision d’envoyer la force C entraîne « des répercussions », John D. Meehan. The Dominion and the Rising Sun: Canada Encounters Japan, 1929-1941, Vancouver, UBC Press, 2004, p. 192.

  46. Inscription au journal, 25 février 1948, documents de King, Bibliothèque et Archives Canada.

  47. Graham Carr. « Rules of Engagement: Public History and the Drama of Legitimation », dans Canadian Historical Review, vol. 86, juin 2005, p. 318.

  48. William Morgan. « Report of the Ombudsman », 6 novembre 1992, dans Bercuson et Wise, p. 61-72.

  49. Brian McKenna, cité dans Carr, p. 323.

  50. John Ward. « Panned War Film Called Bullet-Proof », dans The Vancouver Sun, 26 juin 1992.

  51. Brian et Terence McKenna. « Response to the CBC Ombudsman Report », dans Bercuson et Wise, p. 80-81.

  52. Carr. « Rules of Engagement », passim; et David Taras. « The Struggle Over ‘The Valour and the Horror’: Media Power and the Portrayal of War », dans la Revue de science politique, vol. 28, décembre 1995, p. 725-748.

  53. Rapport du sous-comité du Sénat, cité dans Taras, p. 736-737.

  54. Michael Bliss, cité dans Ward.

  55. Granatstein et Bliss, cités dans Carr, p. 323-324; et Terry Copp, cité dans Graham Carr. « War, History and the Education of (Canadian) Memory », dans Katharine Hodgkin et Susannah Radstone (dir.) Contested Paths: The Politics of Memory, Londres, Routledge, 2003, p. 59.

  56. Vincent, cité dans Morgan, p. 70.

  57. David J. Bercuson. « The Valour and the Horror: An Historical Analysis », dans Bercuson et Wise, p. 38.

  58. Ferris, p. 111.  

  59. Ibidem, p. 113.

  60. Ibidem, p. 122.

  61. John Crossland. « Canadians branded cowards in Hong Kong battle », dans The Sunday Times, 31 janvier 1993; et John Crossland. « Canadian Courage and Cowardice? », dans South China Morning Post, 1er février 1993. La critique de Keating a renforcé le républicanisme australien; James Curran. « The ‘Thin Dividing Line’: Prime Ministers and the Problem of Australian Nationalism, 1972-1996 », dans Australian Journal of Politics and History, vol. 48, no 4, 2002, p. 483. 

  62. « Dead General Lied », dans The Calgary Herald, 2 février 1993; « Hong Kong, Canadians and the Charge of ‘Cowardice’ », dans The Edmonton Journal, 2 février 1993; « Canadian Troops Were Doomed As Soon As They Landed », dans The Vancouver Sun, 5 février 1993; Sid Vale, cité dans « Hong Kong Vets Stung By Charge of Cowardice », dans The Edmonton Journal, 2 février 1993; et Michael Valpy, « Why the Canadians Were in Hong Kong in 1941 », dans The Globe and Mail, 3 février 1993.

  63. Paul Dickson. « Crerar and the Decision to Garrison Hong Kong », dans Canadian Military History, vol. 3, printemps 1994, p. 99-102 et 107.

  64. Galen Roger Perras. « ‘Our position in the Far East would be stronger without this unsatisfactory commitment’: Britain and the Reinforcement of Honk Kong, 1941 », dans Annales canadiennes d’histoire, vol. 30, août 1995, p. 232-259; et Christopher M. Bell. « ‘Our most exposed outpost’: Hong Kong and British Far Eastern Strategy, 1921-1941 », dans The Journal of Military History, vol. 60, janvier 1996, p. 61 et 87.

  65. Banham, p. 387.

  66. Greenhous, p. 15, 19 et37.

  67. J.L. Granatstein et Dean F. Oliver. The Oxford Companion of Canadian Military History, Toronto, Oxford University Press, 2010, p. 200-203.

  68. Terry Copp. « Hong Kong: There Was a Reason », dans Legion Magazine, 1er mars 1996, édition en ligne.

  69. Terry Copp. « From the Editor », dans Canadian Military History, vol. 10, automne 2001, p. 3.

  70. Terry Copp. « The Defence of Hong Kong December 1941 », dans Canadian Military History, vol. 10, automne 2001, p. 5, 7 et 17-19.

  71. J.L. Granatstein. The Generals: The Canadian Army’s Senior Commanders in the Second World War, Toronto, Stoddart, 1993, p. 98-99; et J.L. Granatstein. Canada’s Army: Waging War and Keeping the Peace, Toronto, University of Toronto Press, 2002, p. 196-201.

  72. J.L. Granatstein. Who Killed Canadian History?, Toronto, HarperCollins, 1998, p. 117.

  73. Cook, p. 155, 181 et 186.

  74. Banham, p. 389 et 402.

  75. Kent Fedorowich. « ‘Cocked Hats and Swords and Small, Little Garrisons’: Britain, Canada and the Fall of Hong Kong, 1941 », dans Modern Asian Studies, vol. 37, février 2003, p. 115-116 et 157.

  76. Greenfield, p. xxvii.

  77. Brereton Greenhous et al. Histoire officielle de l’Aviation royale du Canada, vol. III – Le creuset de la guerre, 1939-1945, Ottawa, ministère de la Défense nationale du Canada, 1994.

  78. Alfred Thayer Mahan, cité dans l’ouvrage principal de Kirby.

  79. Voir Brian Farrell et Sandy Hunter (dir.). Sixty Years On: The Fall of Singapore Revisited, Singapore, Eastern Universities Press, 2002.

  80. Williams, p. 237.

  81. Brian Loring Villa. Unauthorized Action: Mountbatten and the Dieppe Raid, Toronto, Oxford University Press, 1991.

  82. Terry Copp. Review of Unauthorized Action, dans Canadian Historical Review, vol. 72, mars 1991, p. 123-124.

  83. Stacey. Six années de guerre, p. 414-417.

  84. Charles G. Roland. « On the Beach and In the Bag: The Fate of Dieppe Casualties Left Behind », dans Canadian Military History, vol. 9, automne 2000, p. 23.

  85. Lindsay, p. 6.

  86. Fedorowich, p. 155.

  87. Granatstein. The Generals, p. 17.

  88. Norman Hillmer. « Defence and Ideology: The Anglo-Canadian Military ‘Alliance’ in the 1930s », dans International Journal, vol. 3, été 1978, p. 588-612.

  89. Johnson. « The Canadian Experience », p. 30.

  90. Lawrence Lai Wai-Chung. « The Battle of Hong Kong: A Note on the Literature and the Effectiveness of Defence », dans Journal of the Royal Asiatic Society Hong Kong Branch, vol. 39, 1999, p. 123-127.

  91. Consul Robert S. Ward. « The Japanese attack on and Capture of the British Crown Colony of Hong Kong ». 18 août 1942, boîte 412, dossier 6910, opérations à Hong Kong, dossiers du département de la guerre, RG165, entrée 77, division du renseignement militaire, 1922-44, archives nationales et administration des dossiers.

  92. Bob Blakey. « Valor and the Horror Faces Firing Squad Again », dans The Calgary Herald, 6 octobre 1994.

 

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