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Critiques de livres

Déserteurs et insoumis : les canadiens français et la justice militaire, 1914-1918

par Patrick Bouvier
Collection Histoire militaire, éditions Athéna, Outremont
149 pages, 14,95 $

Compte-rendu du major Michel Litalien

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Couverture de livreDepuis 1994, année du premier colloque d’histoire militaire sur le Canada français et les conflits contemporains, une pléthore de mémoires de maîtrise, de thèses de doctorat et de publications sur le sujet ont vu le jour, contribuant ainsi à combler ce « trou noir » de la mémoire collective des Québécois. S’inscrivant dans cette vague, Patrick Bouvier, jeune titulaire d’une maîtrise en histoire de l’Université du Québec à Montréal, se propose d’analyser les militaires canadiens-français du Corps expéditionnaire canadien sous un angle nouveau.

Voulant mettre fin aux idées préconçues et aux légendes qui perdurent depuis la Première Guerre mondiale, selon lesquelles les militaires canadiens-français ont été nombreux à se soustraire à l’enrôlement et à rompre les rangs une fois enrôlés, Patrick Bouvier s’est intéressé aux déserteurs et aux tribunaux militaires devant lesquels ces derniers ont été traduits. Pour beaucoup de Canadiens, le déserteur ou l’insoumis n’était ni plus ni moins qu’un peureux, voire un lâche. Au Québec, au contraire, le déserteur a été longtemps valorisé, et nombreux sont ceux qui ont fait de lui le symbole du héros bravant l’autorité fédérale anglophone. Cette image du déserteur et le souvenir de la conscription ont complètement occulté l’effort de guerre des autres soldats.

L’intérêt de Bouvier pour ce sujet a d’abord fait l’objet d’un mémoire de maîtrise, qu’il a par la suite remanié et étoffé afin de publier le présent ouvrage. Celui-ci comporte quatre volets. L’auteur commence par faire un survol de l’historiographie sur le sujet, tant au Canada, où elle est trop rare, qu’en Europe, où elle est plus abondante. Dans la deuxième partie, il étudie en détail les règles de discipline britannique, la Army Act, à laquelle étaient assujettis les soldats canadiens au cours de la Première Guerre mondiale. Le troisième volet définit clairement ce qu’est un déserteur et le différencie du réfractaire (objecteur de conscience ou insoumis). Le dernier volet aborde le cas des déserteurs canadiens-français proprement dit : ce qu’ils ont fait et ce qu’ils étaient.

Cet ouvrage est une étude sociologique. Étant donné le peu d’études approfondies sur le sujet, Bouvier a dû surtout se contenter de consulter les dossiers personnels des « criminels » (environ 148 déserteurs présumés) pour en faire une analyse détaillée. Bien que ces dossiers personnels constituent le cœur de l’étude, il aurait peut-être été pertinent de consulter d’autres sources, par exemple, les journaux. Nous aurions ainsi pu connaître davantage la perception des problèmes liés à la désertion et à l’insoumission au Canada français pendant et après la guerre. Cette lacune n’enlève toutefois rien à la qualité de cet ouvrage.

Ce petit livre est bien fait et fort agréable à lire. Bouvier connaît bien son sujet et traite habilement l’information qu’il a tirée des fonds d’archives déjà largement exploités. Dans sa conclusion, il infirme avec force l’idée largement répandue que les militaires francophones désertaient en grand nombre; seuls 61 Canadiens français ont été reconnus coupables de désertion! Il reste à souhaiter que soit un jour publiée une étude aussi approfondie portant sur l’ensemble du Corps expéditionnaire canadien.

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Le major Michel Litalien est employé à la Direction de l’histoire et du patrimoine, où il exerce les fonctions d’officier d’état-major pour les musées des Forces canadiennes et des collections historiques.