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Histoire

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Musée canadien de la guerre, 19710261-5376

Ce tableau évocateur de George Pepper, intitulé Tanks Moving Up for the Breakthrough, illustre l’avancée nocturne des forces durant la première phase de l’opération Totalize. 

Un nouveau regard sur les opérations offensives canadiennes en Normandie

par Gregory Liedtke

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Introduction

De tous les épisodes dominants de la Seconde Guerre mondiale, la bataille de Normandie, de juin à août 1944, reste un des plus populaires de l’historiographie occidentale. Comme l’ont amplement souligné les historiens, la victoire chèrement acquise des Alliés contre les forces allemandes a marqué le début de la libération finale de l’Europe de l’Ouest tout en anéantissant tout espoir qu’auraient encore pu nourrir les Allemands quant à l’issue finale de la guerre. L’intérêt manifesté tant par les historiens que par le grand public a fait en sorte qu’à peu près tous les éléments de cette campagne ont été étudiés en détail. Un de ces événements les mieux connus est sans contredit l’échappée, à partir de « l’enclave de Falaise » en août 1944, des troupes allemandes ravagées et presque encerclées par les forces terrestres et aériennes apparemment écrasantes des Alliés. Les efforts des historiens visant à établir avec certitude les circonstances qui ont permis aux Allemands de se replier ont suscité bien des controverses autour de la performance d’ensemble des troupes alliées et de leurs commandants aux différentes étapes de la bataille1.

Par la suite, on a injustement fait porter à l’armée canadienne une bonne part du blâme pour l’incapacité des Alliés à anéantir complètement les armées allemandes à Falaise. Étant donné qu’elles combattaient le long du secteur est de la tête de pont alliée, la Première Armée canadienne et les troupes sous son commandement avaient pour responsabilité de former la mâchoire nord de la tenaille et de se précipiter vers le sud, à la rencontre des forces américaines qui, après avoir percé le périmètre allemand dans le secteur ouest, s’étaient tournées vers l’est avant de remonter vers le nord2. Les Américains et les Canadiens devaient se rejoindre entre Argentan et Falaise, et ainsi enfermer le gros des forces allemandes, la plupart de celles-ci étant alors fortement engagées à l’ouest de la région, dans une sorte de vaste poche. Une fois réduits à merci leurs meilleurs effectifs en Europe de l’Ouest, y compris leurs formidables divisions blindées (Panzerdivisionen), les Allemands seraient incapables de construire une nouvelle ligne de défense assez forte pour bloquer l’avance des Alliés déferlant à travers la France et en Allemagne. Dans le cadre de leur participation à cette stratégie de tenaille, les Canadiens entreprirent coup sur coup trois opérations offensives destinées à percer rapidement une brèche dans les lignes de défense allemandes : l’opération Spring (25 juillet), l’opération Totalize (7 au 10 août) et l’opération Tractable (14 au 16 août)3. Chacune de ces opérations a échoué, soit totalement, soit en ne réussissant pas à atteindre ses objectifs précis dans les délais prescrits, et a plus tard servi d’exemple aux historiens qui ont remis en question les compétences et les capacités de l’armée canadienne durant cette campagne.

Dans l’historiographie d’après-guerre, les observations qui ont peut-être le plus entaché la réputation des forces canadiennes durant cette campagne sont celles de C. P. Stacey dans son Histoire officielle de la participation de l’Armée canadienne à la Seconde Guerre mondiale, des propos qui méritent d’être cités ici intégralement :

« Il n’est pas difficile de mettre le doigt sur les fois où, durant la bataille de Normandie, les formations canadiennes n’ont pas réussi à tirer pleinement avantage des occasions qui se présentaient. La capture de Falaise, en particulier, a longtemps été retardée, et on a dû mettre sur pied non pas une, mais bien deux opérations montées de toutes pièces à cette fin, alors qu’une fermeture rapide de la trouée de Falaise aurait infligé à l’ennemi de très sérieuses pertes et peut-être même, c’est concevable, que cela nous aurait permis de mettre fin à la guerre plus tôt que ce ne fut le cas4. »

Stacey étant l’historien chargé de rédiger le compte rendu officiel de l’armée canadienne pendant la Seconde Guerre mondiale, ses observations ont apporté de l’eau au moulin de nombreux historiens qui critiquaient la performance de notre armée en Normandie5. Ceux-ci insistent généralement dans leurs écrits sur les manquements et les erreurs des militaires canadiens durant cette campagne, tout en n’appréciant pas à leur juste valeur, semble-t-il, les réalisations des Canadiens et les obstacles auxquels ils étaient confrontés. En effet, dans la plupart de ces textes, on sous-estime considérablement la puissance réelle des forces allemandes en face des Canadiens, et l’incidence que cela a eue sur l’issue des opérations6. L’héritage de cette historiographie continue de s’imposer, même si les études plus récentes ont amorcé une remise en question de ces idées reçues7.

Dans le présent article, nous examinons de plus près un obstacle couramment sous-estimé qu’eut à affronter l’offensive canadienne en Normandie, soit la puissance des forces d’opposition allemandes. Même si, à la fin de juillet 1944, la puissance et la capacité de combattre de nombreuses unités allemandes se trouvaient sérieusement dégradées, dans l’ensemble, les unités faisant face aux Canadiens étaient celles qui avaient gardé la plus grande proportion de leur effectif autorisé. Bien qu’une bonne part de l’historiographie de la bataille de Normandie mette l’accent sur la faiblesse des forces allemandes à ce stade de la campagne, en réalité, comme nous le verrons plus loin, cette perception s’avère en général loin de la réalité. Et c’est cela que les historiens doivent garder à l’esprit, surtout quand ils jugent l’échec des opérations offensives canadiennes en Normandie.

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Version agrandie

Disposition des forces allemandes
24-25 juillet 1944

Délimitations

xxxx

Armée de terre

xxx

Corps expéditionnaire

xx

Division

III

Régiment

Unités allemandes

  1. - 326e Division d’infanterie
  2. - 276e Division d’infanterie
  3. - 277e Division d’infanterie
  4. - Régiment blindé de la 10e Division Panzer SS
    - Régiment de la 271e Division d’infanterie
    - 271e Bataillon de génie
  5. - 272e Division d’infanterie, avec des éléments de la 2e Division blindée et des 9e et 10e Divisions blindées SS
  6. - 1ère Division blindée SS
  7. - 12e Division blindée SS
  8. - 21e Division d’infanterie (avec le reste des éléments de la 16e Division
  9. - 346e Division d’infanterie (avec des éléments de la 711e Division d’infanterie)
  10. - 711e Division d’infanterie (moins certains éléments)
  11. - Régiment blindé de la 10e Division Panzer SS
    - Régiment de la 271e Division d’infanterie
    - 271e Bataillon de génie

Carte de Christopher Johnson

Carte no 1 – Disposition des forces allemandes face au front britannique, 24-25 juillet 1944. 

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Version agrandie

Crête de Verrières – Tilly-la-Campagne
25 juillet 1944

- - - -

Ligne de front canadienne, 24 juillet 1944

– – – –

Ligne de front allemande, matin du 25 juillet 1944

Carte de Christopher Johnson

Carte no 2 – Crête de Verrières – Tilly-la-Campagne, 25 juillet 1944

L’opération Spring

Quelques historiens ont qualifié l’opération Spring de quasi-désastre, mais ce qu’ils ont généralement omis de considérer dans toute son importance est le fait que l’attaque du Deuxième Corps d’armée canadien a dû se mesurer aux plus puissants dispositifs de défense allemands qu’eut à affronter une armée alliée tout au long de la bataille de Normandie. Pourtant, on fait depuis longtemps référence à la force des positions tenues par les Allemands durant l’opération Goodwood pour en expliquer l’échec car, sur un front d’environ 13 kilomètres, les attaquants britanniques et canadiens faisaient face à une division blindée (Panzer) et deux divisions d’infanterie qui pouvaient compter sur une réserve de deux divisions Panzer supplémentaires8. Pour leur part, les 2e et 3e Divisions d’infanterie du Deuxième Corps d’armée canadien mènent l’assaut sur un front d’environ sept kilomètres, avec en réserve les blindés britanniques de la 7e Division et des Guards pour exploiter toute brèche dans les lignes allemandes. Face aux Canadiens, les Allemands possèdent en première ligne une division d’infanterie et une division blindée, et en réserve deux divisions blindées. En outre, deux autres divisions Panzer se trouvent également à proximité du champ de bataille9.

Cette concentration de ressources allemandes constitue un extraordinaire système de défense. La 272e Division d’infanterie est répartie le long du front allant de l’Orne, dans le village de Saint-Martin, à un point situé juste à l’ouest de Verrières. Bien qu’elle ait fait amplement sa part pour contenir l’avancée des Canadiens au sud de Caen durant l’opération Goodwood, cette division est relativement intacte et son effectif est presque complet10. Maintenant affectée à un front étroit de quatre kilomètres, la division dispose d’au moins deux de ses bataillons d’infanterie en réserve, ses autres unités étant déployées en profondeur le long du front11. De plus, outre ses propres ressources organiques d’artillerie, soit l’équivalent de quatre bataillons, un bataillon d’artillerie de la 12e Division Panzer SS y est peut-être encore attaché.

De Verrières à un point situé immédiatement à l’est de La Hogue se trouvait la 1re Division Panzer SS. Quatre de ses bataillons d’infanterie motorisée, les Panzergrenadiere, tiennent le front, appuyés par deux compagnies de blindés, deux batteries de canons d’assaut, une compagnie de sapeurs et une batterie de canons de 88 mm appartenant au bataillon de défense antiaérienne de la division12. Une compagnie de reconnaissance occupe en outre une position d’avant-poste au sud de la ferme Troteval. Et pour appuyer cette formidable ligne de défense en tant que forces de réserve immédiates, il reste deux bataillons divisionnaires d’infanterie motorisée ainsi que le gros du régiment de blindés et des bataillons de sapeurs, de reconnaissance, de défense antiaérienne13. Bien qu’elle ait été engagée dans d’intenses combats depuis la fin de juin, la 1re Division Panzer SS garde toujours la majeure partie de ses capacités14. On rapporte qu’au 25 juillet, sa force blindée opérationnelle est de 79 chars et 32 canons d’assaut, avec 25 autres chars et canons en réparation de courte durée15. La division est toutefois faible en artillerie car un de ses trois bataillons d’artillerie se trouve encore dans la zone initiale de déploiement (celle d’avant le débarquement), c’est-à-dire en Belgique, tout comme la majeure partie de son bataillon lance-roquettes.

Le premier corps blindé allemand, le I.SS-Panzerkorps, auquel sont subordonnées les divisions décrites précédemment, est aussi en mesure de renforcer cette ligne déjà puissante car il possède des effectifs additionnels qui lui sont affectés à titre de réserves opérationnelles. C’est ainsi que derrière l’aile gauche de la 272e Division d’infanterie, entre les villages de Laize et Bretteville, la 9e Division Panzer SS est organisée en deux groupements tactiques : l’un se compose du régiment de blindés et d’un bataillon d’infanterie motorisée16, ainsi que des compagnies de sapeurs et de défense antiaérienne; l’autre regroupe les trois derniers bataillons d’infanterie motorisée et le bataillon de canons d’assaut . Le régiment d’artillerie et le bataillon de défense antiaérienne assurent un appui à ces unités17. Durant les derniers jours de juin et au cours du mois de juillet, la 9e Division Panzer SS subit environ 2 000 pertes parmi les effectifs, surtout chez les fusiliers, ce qui oblige au démantèlement de deux bataillons d’infanterie motorisée dans le but de renforcer les autres unités. Bien peu de matériel est toutefois perdu et les unités restantes disposent ainsi d’une plus grande puissance de feu qu’auparavant18.

En plus de la 9e Division Panzer SS, un groupement tactique de la 2e Division Panzer se trouve au sud de Rocquancourt, à cheval entre le secteur de la 272e Division d’infanterie et celui de la 1re Division Panzer. Il semble que ce groupement tactique est constitué du régiment de blindés de la division et de deux bataillons d’infanterie motorisée dont un est mécanisé. Les autres unités de la 2e Division Panzer sont à ce moment-là en train de se regrouper plus au sud, autour de Tournebu. Cette division se bat en Normandie depuis la mi-juin, mais elle est encore en assez bon état, étant donné qu’elle a tenu jusque-là des secteurs relativement tranquilles19. Le I.SS-Panzerkorps dispose aussi d’importants effectifs de soutien car un bataillon d’artillerie lourde et la 7e Brigade lance-roquettes se trouvent dans sa zone le 25 juillet, de même que le 101e Bataillon de blindés lourds Panzer SS qui possède ce jour-là 14 chars Tigre en état de marche. Un peu plus loin, d’autres puissantes réserves allemandes se trouvent dans les environs immédiats du trajet que projettent d’emprunter les Canadiens. Le régiment blindé de la 10e division Panzer SS se tient en réserve à l’ouest de l’Orne, comme partie intégrante du II.SS-Panzerkorps, tandis que la 12e Division Panzer (l’autre division du I.SS-Panzerkorps) garde également un puissant groupe blindé en réserve20. De plus, la 116e Division Panzer, toute fraîche, se tient en réserve de l’armée aux environs de Saint-Sylvain.

Divisions

Chars

Canons
d’assaut

Total

 

disponibles
immédia-
tement :

opéra-
tionnels

en
répa-
ration21

opéra-
tionnels

en
répa-
ration

opéra-
tionnels

en
répa-
ration

1re Panzer SS

79

22

32

3

111

25

2e Panzer22

60

?

15

?

75

?

9e Panzer SS

44

?

14

?

58

?

Total
immédiat :

183

22

61

3

244

25

Divisions à proximité :

116e Panzer

63

?

25

?

88

?

10e Panzer SS

20

?

11

?

31

?

12e Panzer SS

58

?

58

?

Total à
proximité :

141

?

36

?

177

?

Tableau 1 : Forces blindées allemandes durant l’opération Spring, 25 juillet 1944.

Face à cette formidable armée, les six bataillons que le Deuxième Corps d’armée canadien engage au départ dans cette opération sont complètement dépassés23. Les puissants avant-postes de la 272e Division d’infanterie allemande, situés à Saint-André-sur-Orne et Saint-Martin-de-Fontenay, entravent sérieusement la prochaine avancée des Canadiens car ces deux villages doivent marquer la ligne de départ de l’attaque de la 2e Division canadienne. Le seul bataillon affecté à la libération de ces villages, le Queen’s Own Cameron Highlanders of Canada, n’y parviendra pas avant la fin des combats ni sans les renforts du Régiment de Maisonneuve24. D’autres unités poussent plus loin l’avancée canadienne, mais le temps qu’elles mettent à déblayer le terrain entre Saint-André et leur premier objectif, May-sur-Orne, permet aux Allemands de regrouper leurs forces afin de défendre cette dernière ville. Les tentatives subséquentes de conquête de May par les Calgary Highlanders échouent, bien que certains bâtiments des faubourgs nord soient temporairement capturés.

Plus à l’est, les North Nova Scotia Highlanders attaquent Tilly mais sont écrasés par les tirs défensifs intenses de la 1re Division Panzer SS qui réussit à arrêter leur avance et les oblige même à battre en retraite après avoir subi de lourdes pertes. La seule victoire des Canadiens ce jour-là survient lorsque le Royal Hamilton Light Infantry se rend maître de Verrières. La profondeur du dispositif de défense allemand, conjuguée à la proximité d’importantes réserves de blindés, empêche toutefois les Canadiens d’exploiter leur réussite, aussi maigre soit-elle. En effet, lorsque le Régiment royal du Canada tente de pousser au-delà de Verrières vers Rocquancourt, il est rapidement bloqué par les tirs très nourris des Allemands et une des compagnies avancées du régiment est presque entièrement décimée25. De même, les Black Watch du Canada sont quasiment anéantis en tentant de percer à travers les positions allemandes au nord de Fontenay :

« En progressant, les soldats du Black Watch se trouvèrent exposés au feu intense de mitrailleuses et de tireurs isolés, provenant des côtés, de l’avant et même de l’arrière. Les chars allemands (...) avancèrent pour les précipiter vers leur perte. Encerclés, ils ont persévéré et sont morts en grand nombre26. »

Deux divisions de blindés allemands de réserve, la 9e Division Panzer SS et la 2e Division Panzer, mettent un terme décisif à l’opération Spring dans l’après-midi du 25 juillet en lançant une puissante contre-attaque qui déloge les Canadiens de leurs prises à May et les oblige à se concentrer exclusivement sur le maintien de leurs positions précaires autour de Verrières27. Les bataillons engagés ayant subi d’énormes pertes, le Deuxième Corps d’armée canadien n’est plus en mesure de poursuivre le combat28. Si l’on compare la répartition et la puissance de feu des forces allemandes immédiatement disponibles, soit 19 bataillons d’infanterie et six de blindés, aux forces déployées par les Canadiens, on ne peut s’étonner que l’opération Spring n’ait pas réussi à réaliser son objectif de percer le front allemand en vue d’une offensive sur Falaise.

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Version agrandie

Opération Totalize
Phase 2 : 8 au 10 août 1944

Carte de Christopher Johnson

Carte no 3 – Opération Totalize 

L’opération Totalize

De la même manière, les historiens ont en général sous-estimé la solidité de la position allemande durant l’opération Totalize, le point de vue traditionnel voulant que les Canadiens, « malgré leur écrasante supériorité aérienne et d’artillerie, leurs cinq divisions et deux brigades blindées comptant plus de 600 chars, ne sont pas venus à bout de deux divisions allemandes décimées » n’est pas tout à fait exact29. En réalité, entre le 7 et le 10 août, le Deuxième Corps d’armée canadien se retrouvera face aux effectifs partiels ou complets de cinq divisions allemandes accompagnées de leurs puissantes unités de soutien. Le 6 août, la 89e Division d’infanterie, qui se révélera le principal adversaire des Canadiens, prend la relève de la 1re Division Panzer SS et a le temps d’occuper solidement la position soigneusement préparée par cette dernière. Les deux régiments d’infanterie de la division tiennent environ six kilomètres de front avec quatre bataillons en première ligne et deux en deuxième, tandis que les bataillons divisionnaires de fusiliers (reconnaissance) et de sapeurs restent en réserve. En plus de son effectif autorisé de 8 500 hommes, la division dispose d’unités de soutien relativement faibles, soit trois bataillons d’artillerie et une seule compagnie antichar30. À l’appui de la division s’ajoutent toutefois au moins une compagnie du 217e Bataillon de canons d’assaut possédant onze canons d’assaut opérationnels et au moins un régiment de la 7e Brigade lance-roquettes31. Un bataillon indépendant d’artillerie lourde se trouve également dans le secteur du I.SS-Panzerkorps.

Au cours de l’opération Totalize, et plus particulièrement dans la journée du 8 août, la 89e Division d’infanterie fait en général bonne figure32. Alors que les colonnes de blindés alliés foncent vers le sud après avoir rapidement percé les positions de la 89e Division durant la nuit, ses tirs d’artillerie et de mortier ainsi que des tireurs isolés sèment la confusion chez les Canadiens et ralentissent à coup sûr la progression des unités qui se dirigeaient vers le sud. Autre entrave pour les Canadiens : les garnisons allemandes des villes et villages contournés ne se rendent pas, même si elles se trouvent encerclées par une marée de troupes alliées en marche. C’est ainsi que May-sur-Orne n’est capturée qu’à 16 h 30, après que deux assauts des Fusiliers Mont-Royal aient été repoussés33. Plus loin, d’autres effectifs de la 89e Division continuent de tenir Fontenay jusqu’à ce qu’on leur donne l’ordre de battre en retraite vers le sud à la fin de l’après-midi du 8 août. Même si le South Saskatchewan Regiment prend Rocquancourt assez rapidement, les derniers tireurs embusqués ne seront chassés des ruines que six heures plus tard. À gauche des Canadiens, la 51e Division d’infanterie britannique sera elle aussi incapable de capturer Tilly rapidement. En effet, il faudra un assaut d’envergure, mené par deux bataillons d’infanterie appuyés par des blindés et des tirs d’artillerie, pour finalement venir à bout de la garnison allemande le matin du 9 août34.

Bien que les forces de pénétration alliées responsables de la première phase (percée de la brèche) de l’opération Totalize aient réussi à se rendre rapidement maîtres de leurs objectifs assez loin au cœur des positions allemandes sans subir de pertes majeures, la résistance que les Alliés continuent de rencontrer dans les endroits mentionnés ci-dessus resserre sérieusement leurs voies de progression. Cela a pour conséquence de provoquer des embouteillages qui ralentissent la deuxième phase (déploiement des unités d’exploitation), dont la 4e Division blindée canadienne qui ne se présentera à sa ligne de départ que très peu de temps avant le début de l’opération35. Même si la 86e Division d’infanterie allemande subit de lourdes pertes le 8 août, la plupart des survivants réussissent à se replier au sud pour reconstituer, tôt le lendemain, une ligne de front le long de la Laize jusqu’à Bretteville-le-Rabet. D’autres rescapés iront se joindre aux effectifs de la 12e Division Panzer SS et de la 84e Division d’infanterie qui arrive justement, afin de poursuivre les combats plus à l’est.

La 272e Division d’infanterie allemande, déployée le long du flanc gauche du Deuxième Corps d’armée canadien, est encore relativement forte et dispose en outre de la réserve tactique d’un régiment d’infanterie36. Lorsqu’ils se rendent compte que les lignes de défense de la 89e Division ont été percées, les Allemands déploient rapidement ce régiment de réserve autour de la forêt de Secqueville. À la fin de l’après-midi du 8 août, la 272e Division a déplacé d’autres unités de manière à étendre le front jusqu’à Saint-Sylvain, village qu’elle tiendra jusqu’au soir du 9 août. De l’autre côté de la Laize, sur le flanc droit des Canadiens qui les attaquent, les Allemands ont déployé leur 271e Division d’infanterie. Même si elle est sous la forte pression des Britanniques depuis la rive opposée de l’Orne, quand s’amorce l’opération Totalize, cette division recule lentement sa ligne de front de manière à se conformer à l’avancée des Canadiens. Tard dans la soirée du 8 août, un de ses régiments d’infanterie se libère et forme une nouvelle ligne le long de la Laize37. Les actions des divisions d’infanterie allemandes qui le flanquent de part et d’autre entravent la manœuvre de pénétration du Deuxième Corps d’armée canadien et ajoutent ainsi, dans une certaine mesure, aux difficultés qu’ont les Canadiens à faire avancer les réserves, l’artillerie et les approvisionnements nécessaires à une exploitation rapide des gains réalisés. Plus important encore : la vitesse avec laquelle ces divisions réagissent permet aux Allemands de recréer rapidement une ligne de front ininterrompue.

La plus forte opposition que les Canadiens rencontrent en cette journée du 8 août provient de la 12e Division Panzer SS car, contrairement à ce qu’on a pu lire dans bien des écrits à ce sujet, sa puissance était encore redoutable. Bien qu’on ait été obligé de réduire trois de ses bataillons d’infanterie motorisée aux seuls cadres, les trois autres bataillons comptent entre 500 et 600 hommes chacun38. Le régiment d’artillerie de la division ainsi que son bataillon de défense antiaérienne sont encore pour une bonne part intacts, et la division lance également, estime-t-on, de 76 à 113 chars et canons d’assaut sur le champ de bataille39.

Lorsque débute l’opération Totalize, il ne se trouve qu’un seul groupement tactique de la 12e Division Panzer SS dans les environs immédiats, et il est surtout déployé autour de Bretteville-sur-Laize40. Dès le début de l’après-midi du 8 août, ses unités contre-attaquent la 1re Division blindée polonaise juste au sud de la ligne de départ de cette dernière aux alentours de Saint-Aignan-de-Cramesnil, et parviennent à en arrêter pile l’avance41. De même, la mise en place rapide des batteries de 88 mm du bataillon de défense antiaérienne de la 12e Division Panzer SS autour de Bretteville-le-Rabet ajoute à la puissance de feu des avant-postes d’infanterie allemands de Cintheaux et Hautmesnil pour ralentir la progression de la 4e Division blindée canadienne le long de la route nationale qui va de Caen à Falaise. Deux autres groupements tactiques, formés des autres unités de la 12e Division Panzer SS, arrivent sur les lieux dans la nuit du 8 au 9 août pour renforcer le front allemand, et c’est l’un d’eux qui anéantira le British Columbia Regiment quand celui-ci poussera vers le sud le 9 août.

D’autres importants renforts allemands se présentent tout au long de l’opération Totalize afin de briser l’offensive canadienne. Dans l’après-midi du 9 août, des éléments de la 85e Division d’infanterie, encore fraîche, commencent à arriver et participent à la destruction du British Columbia Regiment. Le lendemain matin, un groupement tactique constitué d’un régiment d’infanterie comportant trois bataillons d’infanterie, une compagnie de sapeurs, une compagnie antichar et un bataillon d’artillerie se joint à la ligne de défense; deux jours plus tard, la division aura terminé l’assemblage de tous ses effectifs42. Le 102e Bataillon de blindés lourds Panzer SS arrive aussi sur les lieux le 9 août, de même qu’une autre compagnie du 217e Bataillon de canons de combat. Des éléments du Troisième Corps de défense antiaérienne étaient aussi montés au front dans l’après-midi du 8 août pour bloquer l’avance canadienne, mais l’importance de leur participation aux combats demeure incertaine43.

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Version agrandie

Opération Tractable
14 au 16 août 1944

Carte de Christopher Johnson

Carte no 4 – Opération Tractable

L’opération Tractable

Au terme de l’opération Totalize, le 10 août, le front allemand est sûrement étiré à l’extrême limite et a perdu une bonne part de sa cohésion initiale. Les Canadiens qui s’y mesurent pendant l’opération Tractable (14 au 16 août) sont néanmoins confrontés à un formidable obstacle. La 85e Division d’infanterie se trouve en plein sur la route de cette nouvelle offensive. Or comme nous l’avons souligné plus haut, cette division vient tout juste d’arriver au front44. Ses deux régiments d’infanterie, déployés au nord de la rivière Laison, occupent des positions en contre-pente. En outre, deux bataillons d’infanterie, ainsi que le bataillon de fusiliers de la division et son régiment d’artillerie, campent au sud de la rivière, créant ainsi un solide front en profondeur qui semble également renforcé par d’autres unités du Troisième corps de défense antiaérienne45. Sur la gauche de la 85e Division, la 89e Division d’infanterie allemande, même si elle a été réduite à la moitié de sa force de combat, continue d’occuper de solides positions défensives gravitant autour d’une série de villages, de boisés et de collines, à l’instar de la 272e Division, au nord-est. Conjugués à toutes ces petites unités en tous genres, les derniers effectifs de la 12e Division Panzer SS, encore dangereux, soutiennent ce front. Ils sont maintenant organisés en groupements tactiques servant de réserves de proximité et fournissent aux divisions d’infanterie un appui antichar supplémentaire46.

Dans les premières heures de l’opération Tractable, le 14 août, les Canadiens se rendent rapidement maîtres des avant-postes de la 89e Division, mais la deuxième ligne au sud de la Laison leur inflige de nombreuses pertes quand ils essaient de traverser la rivière à gué47. Même si les Canadiens parviennent à assurer leurs objectifs immédiats de cette première journée, la profondeur du système de défense allemand ralentira leur avance au cours des jours suivants, les obligeant à des combats aussi violents que coûteux à mesure qu’ils progresseront. À la suite des affrontements du 14 août aux abords de la Laison, le 1er Régiment de hussards se trouve réduit à 24 chars en état de marche48; le Canadian Scottish Regiment, de son côté, subit le 15 août ses plus lourdes pertes pour une journée de la guerre en capturant la colline 168, et l’expérience vécue par ses soldats sera plus tard décrite comme un combat dans une « boule de feu fondu »49. Les Allemands sont incapables d’arrêter l’avancée du Deuxième Corps d’armée canadien pendant l’opération Tractable, mais les pertes qu’ils infligent aux Canadiens témoignent du degré de résistance que ces derniers continuent de rencontrer50.

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Archives nationales du Canada, PA111565

L’issue finale des trois opérations... Le major David Currie (troisième à partir de la gauche, pistolet au poing) surveille la reddition des troupes allemandes à Saint-Lambert-sur-Dives, le 19 août 1944. On a souvent dit que ce cliché est ce qui s’approche le plus d’une photo où l’on voit vraiment un soldat (Currie) en train de mériter la Victoria Cross. 

Loin d’être aussi décimées et affaiblies que certaines sources l’indiquent, les formations qu’ont affrontées les Canadiens tout au long de leurs efforts pour percer les lignes allemandes conservaient une bonne part de leurs forces initiales et même, dans certains cas, elles déployaient des troupes tout à fait fraîches. Tout reproche à l’égard de l’incapacité des Canadiens, et plus particulièrement celle de leurs unités blindées, à réaliser une percée plus profonde durant l’opération Totalize, par exemple, doit tenir compte du fait que le 9 août, les Allemands avaient déployé entre 110 et 150 véhicules blindés pour les arrêter51. Par ailleurs, on ne peut soutenir que la 89e Division était une formation faible, comme d’aucuns le prétendent, quand on voit la résistance qu’elle a offerte aux Canadiens le 8 août52 et comment elle « est restée pour se battre et s’est montrée très coriace »53. En effet, si l’on étudie les trois offensives canadiennes, il paraît évident que les forces allemandes étaient considérablement plus puissantes et nombreuses que bien des descriptions ne le laissent croire, et qu’elles ont joué un rôle important, peut-être même décisif, dans l’issue de ces opérations.

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Gregory Liedtke est un historien militaire spécialisé dans l’étude de l’armée allemande de 1933 à 1945 et de la guerre russo-allemande de 1941 à 1945. Détenteur d’une maîtrise en études de la guerre du Collège militaire royal, il y est présentement inscrit au programme de troisième cycle.

Notes

  1. Un excellent résumé des faits d’armes alliés en Normandie, dans une perspective qui met en évidence les principaux enjeux et les débats historiographiques connexes, est proposé par Stephen Powers dans son article « The Battle of Normandy: The Lingering Controversy », The Journal of Military History, vol. 56, no 3, juillet 1992, p. 455-471.
  2. Les intentions, l’élaboration et les objectifs exacts d’une bonne part de la planification alliée à la suite des débarquements de Normandie continuent de faire l’objet de nombreuses discussions. Le plan précis d’encerclement des forces allemandes dans la région comprise entre Argentan et Falaise n’a émergé qu’aux premiers jours d’août, lorsque les Américains ont percé en Bretagne avant de se tourner vers l’est. Le principal plan des Alliés, tel qu’il se présentait au début de juillet, s’appuyait sur des opérations de brèche visant à déstabiliser et à faire reculer le front allemand, plutôt que sur un encerclement des armées ennemies. Carlo D’Este, Decision in Normandy, New York, HarperCollins, 1983, p. 331-334.
  3. Bien que l’on n’associe généralement pas cette opération aux efforts canadiens visant à percer les lignes ennemies vers Falaise, nous avons inclus ici l’opération Spring car celle-ci visait, en fait, précisément cet objectif.
  4. Stacey, C.P., Histoire officielle de la participation de l’armée canadienne à la Seconde Guerre mondiale. Volume III, La campagne de la victoire : les opérations dans le Nord-Ouest de l’Europe. 1944-1945. Ottawa. Imprimeur de la Reine, 1960, [citation tirée de la version anglaise, p. 275-276].
  5. Pour ne nommer que deux ouvrages, voir David J. Bercuson, Maple Leaf Against the Axis: Canada’s Second World War, Toronto, Stoddart, 1995, et John English, The Canadian Army and the Normandy Campaign: A Study of Failure in High Command, Westport (Connecticut), Praeger, 1991. Voir aussi D’Este.
  6. Les lecteurs sont invités à consulter le travail exhaustif d’examen et d’évaluation de l’armée allemande en Normandie, que propose Niklas Zetterling en s’appuyant sur les documents d’archives, dans Normandy 1944: German Military Organisation, Combat Power and Organisational Effectiveness, Winnipeg (Manitoba), J.J. Fedorowicz, 2000.
  7. Pour de plus récents ouvrages au sujet des Canadiens en Normandie, voir Terry Copp, Fields of Fire: The Canadians in Normandy, Toronto, University of Toronto Press, 2003, et Ken Tout, The Bloody Battle for Tilly: Normandy 1944, Stroud (Royaume-Uni), Sutton, 2000. Il est intéressant de noter que Tout va jusqu’à affirmer que « c’est nul autre que C. P. Stacey, l’historien officiel, qui a planté le couteau dans la plaie et l’a tourné. Les autres se sont rangés en file derrière Brutus, armés de couteaux encore plus aiguisés. » Tout, p. 234.
  8. D’Este, p. 377 et L.F. Ellis, Victory in the West: Volume One-The Battle of Normandy, Londres, Her Majesty’s Stationery Office, 1962, p. 332-333.
  9. Voir la disposition des unités allemandes sur la carte no 1.
  10. Bien que l’on n’ait trouvé aucun dénombrement exact des pertes subies par cette division, certains renseignements tendent à indiquer qu’elle avait subi environ mille pertes au cours de l’opération Goodwood, un de ses bataillons se trouvant ainsi réduit à deux compagnies seulement. Cette division était toutefois arrivée en Normandie avec un effectif de 12 725 hommes, dont les deux tiers étaient des troupes de combat. On peut donc en déduire que la majorité de ses bataillons d’infanterie étaient encore en assez bon état le 25 juillet. Zetterling, p. 252-254.
  11. Les comptes rendus de cette division rapportent que les Allemands avaient remarqué les préparatifs de l’offensive. Jugeant que cela annonçait un autre effort important de la part des Alliés pour percer sur le front est de la tête de pont, ils ont resserré le front de la division afin de former une position défensive en profondeur. Voir Martin Jenner, Die 216./272. Niedersachsische Infanterie Division, 1939-1945, Bad Nauheim, Podzun Verlag, 1964, p. 159.
  12. La plupart des compagnies de soutien régimentaire sont aussi aux premières lignes, ce qui accroît d’autant la puissance de feu que peuvent déployer les bataillons du front.
  13. Lehmann, Rudolf et Tiemann, Ralf, Die Leibstandarte, Band IV/1, Osnabruck, Munin Verlag, 1986, p. 182-183.
  14. La division a peut-être transporté 16 000 membres de son effectif en Normandie au moment où l’opération Spring est lancée, même si le 1er juillet, elle aura assez de vivres pour nourrir 21 262 hommes. Du 1er juin au 18 juillet, la division a déclaré 1 441 pertes. Zetterling, p. 307.
  15. Voir la figure 1 pour un aperçu des forces blindées allemandes durant l’opération Spring.
  16. Les bataillons d’infanterie motorisée sont équipés de véhicules blindés semi-chenillés; les autres bataillons n’ont que des camions.
  17. Les bataillons divisionnaires de sapeurs et de reconnaissance restent sous le commandement du II.SS-Panzerkorps voisin.
  18. Tieke, Wilhelm, Im Feuersturm Letzter Kriegsjahre: II. SS-Panzerkorps mit 9. und 10. SS-Division “Hohenstaufen” und “Frundsberg”, Osnabruck, Munin Verlag, 1965, p. 183.
  19. Dotée à l’origine d’une force de 15 900 hommes, la 2e Division Panzer a subi 1 391 pertes en juin, et n’est relevée que par une division d’infanterie entre le 21 et le 23 juillet. Le 11 août, même après avoir participé à la contre-offensive de Mortain, ses régiments d’infanterie motorisée disposeront encore d’environ 50 p. 100 de leurs effectifs initiaux. Zetterling, p. 314.
  20. Le groupement tactique de la 12e Division Panzer SS est constitué du régiment de blindés de la division, d’un fort bataillon d’infanterie motorisée et d’un bataillon d’artillerie automotrice.
  21. Il s’agit des véhicules en réparation de courte durée (c’est-à-dire pouvant être réparés dans les deux semaines).
  22. Les capacités exactes de cette division sont inconnues. Les chiffres fournis ici datent du 5 août et ne servent qu’à donner une idée approximative de l’état des blindés de la division. Une liste incomplète, datée du 25 juillet, indique que 13 chars Panthère sont à ce moment-là opérationnels, tandis que 26 autres sont en réparation de courte durée. Zetterling, p. 314.
  23. Les autres bataillons sont soit gardés en réserve, soit affectés au maintien de sections de première ligne, ou encore s’avèrent trop affaiblis à la suite des combats des jours précédents pour s’engager à nouveau.
  24. Copp, Terry, The Brigade: The Fifth Canadian Infantry Brigade, 1939-194(?), Stoney Creek, Fortress, 1992, p. 72.
  25. Reynolds, Michael, Steel Inferno: I SS Panzer Corps in Normandy, Staplehurst, Spellmount, 1997, p. 195.
  26. Bercuson, David J., Battalion of Heroes: The Calgary Highlanders in World War II, Calgary, Calgary Highlanders Regimental Funds Foundation, 1994, p. 77.
  27. Reynolds, Sons of the Reich: History of the II SS Panzer Corps in Normandy, Arnhem, the Ardennes and on the Eastern Front, Havertown (Pennsylvanie), Casemate, 2002, p. 56. Pour un excellent compte rendu des actions allemandes durant cette bataille, voir Roman Jarymowycz, « Der Gegenangriff vor Verrieres: German Counterattacks during Operation ‘Spring’, 25-26 July 1944. » Canadian Military History Journal, vol. 2, no 1, printemps 1993, p. 75-89.
  28. Au nombre des bataillons ayant participé à l’assaut, les North Novas déplorent 139 morts et blessés, les Black Watch en comptent 307, les Calgary Highlanders, 177, et le Royal Hamilton Light Infantry, 210. Les pertes totales des Canadiens en ce 25 juillet 1944 atteignent près de 450 morts et 1 050 blessés. Reynolds, Steel Inferno, p.193-196.
  29. English, p. 289.
  30. Zetterling, p. 237.
  31. Il se peut aussi qu’une deuxième compagnie du 217e Bataillon de canons de combat ait été présente. La position exacte de l’autre régiment de la 7e brigade de lance-roquettes ne peut être précisée, mais on croit qu’il se trouvait dans le secteur du I.SS-Panzerkorps. Ibid., p. 185.
  32. Ceci contredit la plupart des ouvrages de référence qui présentent cette division comme étant de piètre qualité à cause, surtout, des remarques du commandant de la 12e Division Panzer SS à l’effet qu’il a dû lui-même rattraper des fuyards. Tout n’a que des éloges à formuler au sujet des hommes de la 89e Division quand il écrit : « Plusieurs centaines d’entre eux attendaient au fond des tranchées et des fossés, derrière les haies et les murets, en rase campagne, le long des routes bordées de peupliers, parmi les maisons et au fond des puits de mine, des recrues sans expérience mais impatientes de faire leurs preuves dès leur première sortie. » Tout, p. 197.
  33. Au cours de la troisième attaque, celle qui réussit finalement à capturer le village, les quatre compagnies constituant le régiment se voient réduites à 150 combattants. Tout., p. 185.
  34. Copp, Fields of Fire, p. 202.
  35. Roy, Reginald, 1944: The Canadians in Normandy, Canada, Macmillan of Canada, 1984, p. 191 et Stacey, p. 223.
  36. Au début du mois d’août, cette division reçoit 600 hommes de relève et un certain nombre de canons antichars de la part de la 16e Division de campagne de la Luftwaffe, démantelée après avoir été presque entièrement détruite durant l’opération Goodwood. Zetterling, p. 254. Pendant l’opération Totalize, cette division reçoit peut-être aussi l’appui de la 8e Brigade de lance-roquettes et de deux bataillons d’artillerie lourde antichar.
  37. Le 9 août, une compagnie du 217e Bataillon de canons ainsi que des éléments du 102e Bataillon Panzer SS de blindés lourds se sont joints à la division pour défendre ce secteur. La 2e Division canadienne se battra du 11 au 14 août pour les déloger et nettoyer cette zone afin de protéger le flanc droit du Deuxième Corps d’armée. Stacey, p. 236.
  38. Les unités restantes ont absorbé les fusiliers des bataillons démembrés, de même qu’un nombre limité de remplaçants.
  39. Ces chiffres sont tirés de Zetterling, p. 178 et 361, et Reynolds, Steel Inferno, p. 230 et 238, respectivement. La différence entre les deux estimations tient peut-être au fait que Zetterling donne probablement le nombre de véhicules que possédait le premier groupement tactique à atteindre le champ de bataille, étant donné que ses décomptes ne précisent pas s’ils reflètent l’ensemble ou seulement une partie de la division.
  40. Cette force se compose d’un bataillon de blindés et d’un autre d’infanterie motorisée, ainsi que du régiment d’artillerie et des bataillons antichars et de défense antiaérienne de la division.
  41. Les Polonais ont alors perdu environ 40 chars et les Britanniques, 20. Reynolds, Steel Inferno, p. 237.
  42. Zetterling, p. 236.
  43. De nombreux comptes rendus historiques mentionnent l’importance du Troisième Corps de défense antiaérienne, mais dans son ensemble, le régiment lui-même ne semble pas avoir été engagé dans des combats au sol durant l’opération Totalize. Ce corps possédait des groupements tactiques constitués précisément pour affronter les percées de blindés et chacun était armé de huit canons de 88 mm pour la défense antiaérienne. Selon les sources disponibles, au moins un de ces groupements, et peut-être deux ont été dépêchés en renfort de la ligne de front allemande dans la nuit du 8 au 9 août, tandis qu’un ou deux bataillons réguliers de défense antiaérienne ont combattu les blindés canadiens le 8 août. Stacey, p. 224. On peut se demander toutefois si le Troisième Corps de défense antiaérienne a joué un rôle de défense au sol en Normandie aussi important que l’ont affirmé de nombreux livres d’histoire, étant donné que les rapports de l’unité elle-même ne revendiquent que 92 chars détruits durant la campagne, dont douze grâce au tir d’armes antichars à l’épaule. Horst-Adalbert Koch, Flak-Die Geschichte der Deutschen Flakartillerie und der Einsatz der Luftwaffenhelfer, Bad Nauheim, Podzun Verlag, 1965, p. 141; voir aussi Zetterling, p. 152-157.
  44. Son effectif est de 8 725 hommes et 14 canons lourds antichars. Un de ses bataillons d’artillerie est peut-être encore armé de canons antichars de 88 mm à ce moment-là. Zetterling, p. 235.
  45. Il est fort probable que les Allemands aient organisé leurs défenses de cette façon parce qu’ils avaient mis la main sur une copie de l’ordre d’opération des Canadiens. Stacey, p. 238
  46. À ce moment-là, la 12e Division Panzer SS possède encore de 34 à 42 chars et canons d’assaut en état de marche; ses bataillons d’infanterie motorisée ont probablement près de mille fusiliers. Reynolds, Steel Inferno, p. 251. Les deux bataillons de Tigre disposent encore de 48 chars, mais seulement 13 de ceux-ci sont peut-être encore opérationnels quand est lancée l’opération Tractable. Kleine, Egon et Kuhn, Volkmar, Tiger: The History of a Legendary Weapon, Winnipeg, J.J. Fedorowicz, 2004, p. 260 et 331.
  47. Selon un des récits du régiment Fort Garry Horse, « toute la zone était hérissée de canons antichars de 88, 75 et 50 mm... malheureusement, nos pertes en chars furent nombreuses et la vision d’horreur des chars dévorés par les flammes n’était pas rare... ». Marteinson, John et McNorgan, Michael, The Royal Canadian Armoured Corps: An Illustrated History, Kitchener (Ontario), The Royal Canadian Armoured Corps Association, 2000, p. 277.
  48. McNorgan, The Gallant Hussars: A History of the 1st Hussar Regiment, 1856-2004, Aylmer (Ontario). The 1st Hussars Cavalry Fund, 2004, p. 181.
  49. Copp, Fields of Fire, p. 231. Le régiment déplore ce jour-là 37 morts et 93 blessés. Stacey, p. 249.
  50. Durant la bataille de Normandie, les Canadiens ont subi 18 444 pertes, dont 7 415 entre le 1er et le 23 août. Si l’on y ajoute les morts et les blessés de l’opération Spring, on se rend compte que près de la moitié des pertes canadiennes sont survenues pendant les tentatives de percée du front allemand. Stacey, p. 271.
  51. Ces chiffres correspondent au nombre total de véhicules blindés que les Allemands auraient pu amener ou avoir déjà dans la zone où s’est déroulée l’opération Totalize. Encore une fois, l’écart entre les deux chiffres témoigne des divergences entre les renseignements fournis par Reynolds dans Steel Inferno et ceux de Zetterling.
  52. Copp, The Brigade, p. 98.
  53. Tout, p. 213. Ceci contredit une perception soutenue par certains écrits allemands et très répandue à l’effet que la 89e Division aurait fui d’un seul bloc. Voir Meyer, Hubert, Kriegsgeschichte der 12. SS-Panzerdivision “Hitlerjugend”, Osnabruck, Munin Verlag, 1982, p. 302.