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Opérations militaires

Police militaire s’adressant à un shura afghan

photo AR2008-T125-66 des FC

Le capitaine Ghislain Leroux du 5e peloton de police militaire basé à Valcartier s’adressant à un shura afghan dans le district de Zharey pour expliquer le fonctionnement du Centre conjoint de coordination du district, une sorte de service 911 comme on le connaît en Amérique du Nord.

Une nouvelle approche globale des opérations des Forces canadiennes

par le lieutenant-général Andrew Leslie, Peter Gizewski et le lieutenant-colonel Michael Rostek

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Introduction

Dans le contexte de sécurité actuel, la force brute ne peut à elle seule garantir le succès des opérations militaires. Dans un monde où les conflits mettent souvent en jeu une foule de facteurs d’ordre ethnique, religieux, idéologique et matériel, la capacité d’exploiter toutes les sources de puissance et d’influence (diplomatiques, économiques, militaires, informationnelles, etc.) nationales et coalisées pour régler un problème d’une manière efficace et coordonnée est de plus en plus essentielle si l’on souhaite des résultats concrets. Il en va de même en ce qui concerne la capacité de répondre aux perceptions et aux réactions du public, au pays comme à l’étranger et aux médias et, si possible, d’en tirer parti pour soutenir les opérations en cours.

Le besoin d’adopter une approche mieux coordonnée et plus holistique à l’égard des opérations des Forces canadiennes n’a jamais été aussi évident et pressant. En conséquence, la direction civile et militaire1 du ministère de la Défense nationale réclame de plus en plus la mise sur pied d’une force qui repose sur une approche globale aux opérations. Cette force comprendrait des ressources diplomatiques, commerciales, de défense et de développement s’alignant sur celles de nombreux autres organismes, coordonnées grâce à un plan de campagne intégré et utilisées dans les zones d’opérations suivant les besoins. Dans une telle approche, les activités militaires traditionnelles et non traditionnelles se dérouleraient dans un contexte de collaboration élargi appelé « approche des opérations basées sur les effets2 (AOBE) » de manière à accroître l’efficacité des missions.

Que signifie exactement une approche globale? Pourquoi est-elle importante dans le contexte de sécurité actuel? Et comment peut-on obtenir une telle capacité?

Dans le présent article, nous examinerons la signification d’une approche globale et les raisons sous-jacentes à la création d’une armée capable d’adopter une telle approche. Nous explorerons à cette fin les efforts déployés par la force terrestre pour implanter une telle approche par l’entremise d’une capacité interarmées, interorganisationnelle, multinationale et publique (IIMP) et par la mise en place de diverses initiatives et mesures susceptibles de faciliter la transition vers une approche plus globale, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la force terrestre.

Nous conclurons en précisant que, même si l’adoption d’une telle approche soulève des défis, elle représente néanmoins une solution viable et nécessaire au nouveau contexte de sécurité et aux problèmes que celui-ci est susceptible de poser dans les années à venir.

Organisation traditionnelle basée sur les fonctions

Une approche globale des opérations militaires

L’intérêt que les Forces canadiennes portent à une approche plus globale des opérations est en quelque sorte le reflet de la philosophie « pangouvernementale » récemment formulée par le gouvernement du Canada3. Cette philosophie exige que les organismes qui œuvraient auparavant chacun de leur côté travaillent désormais en étroite collaboration à l’atteinte des objectifs. En fait, une approche globale regroupe un grand nombre des capacités définies par cette philosophie. Elle comprend en effet le renforcement de la capacité à interagir de manière constructive avec les divers acteurs dans un esprit de coopération. Elle peut, en tant que telle, être perçue comme une composante essentielle d’un effort pancanadien plus général.

Le concept d’approche globale n’est pas une invention canadienne. Une vision semblable s’est effectivement répandue dans les rangs de plusieurs de nos principaux alliés, tout particulièrement le Royaume-Uni et les États-Unis4. Toutes les solutions abordées commandent la création d’une compétence panministérielle décloisonnée. En fait, l’idée prend ses racines dans la théorie de restructuration émanant du secteur privé et elle a pour objectif de rationaliser les processus du début à la fin de manière à optimiser l’efficacité et à supprimer les chevauchements et les dédoublements. En théorie, la restructuration vise à créer un processus de bout en bout qui ne tient pas compte des cloisonnements habituels et qui permet à une organisation d’être plus efficace5.

Pour l’armée, une approche globale accroît les chances d’améliorer l’interopérabilité et la collaboration entre les principaux acteurs sur la scène opérationnelle et de développer les capacités et les techniques de réseautage qui sont indispensables à l’atteinte des objectifs poursuivis.

Facteur encore plus fondamental, la mise en œuvre d’une telle solution résulte du consensus croissant voulant que les approches orientées vers l’extérieur, intégrées et multidisciplinaires à l’égard des menaces et des défis en matière de sécurité doivent constituer la norme pour régler les problèmes et les défis complexes associés à un contexte de sécurité de plus en plus multidimensionnel.

Ce contexte est également de plus en plus dynamique, incertain et exigeant. Il est souvent le théâtre de conflits irréguliers et asymétriques contre un ennemi aux multiples visages, notamment des organisations terroristes ayant une capacité d’adaptation élevée, habiles à manipuler les médias et dont l’objectif est moins de vaincre des forces armées que de miner leur volonté de combattre; des seigneurs de la guerre cherchant à tout prix à conserver leur pouvoir et leur influence sur la population locale; ou des organisations criminelles transnationales disposées et aptes à acheter, vendre ou échanger n’importe quoi, de la drogue aux armes, pour encaisser des profits. On a aussi souvent affaire à des États défaillants ou en déroute qui, à cause de leur existence précaire et de leur incapacité à répondre aux demandes de la population, représentent un terrain propice à l’éclosion d’une rébellion et d’une guerre civile en plus d’offrir une base d’opérations sûre à l’ennemi. L’environnement humain et physique est complexe, et on y trouve de grandes villes dont la population est dense et hétérogène (par exemple, du point de vue ethnique, religieux, économique et culturel) et qui constituent souvent la toile de fond sur laquelle les opérations militaires se déroulent.

De plus en plus, les zones de conflit sont hautement fluides et multidimensionnelles. Les lignes de combat sont nébuleuses, le front ou la zone arrière ne sont pas clairement définis. L’ennemi est souvent dispersé sur un vaste territoire. Il est difficile de distinguer les éléments ennemis des éléments amis (ou neutres). Qui plus est, le conflit lui-même ne représente qu’une partie du problème, car le désordre civil, la famine et la maladie endémiques qui sévissent en arrière-plan font peser la menace d’un effondrement du tissu social et d’une accentuation du carnage.

Il est essentiel de contrer ces dangers pour garantir la paix et la stabilité. En fait, l’objectif poursuivi dans les conflits futurs consistera probablement autant à gagner la sympathie et l’adhésion (ou à tout le moins à ne pas les perdre) et à établir une légitimité auprès de la population locale qu’à livrer un combat armé et à détruire des adversaires. De plus, il y a de fortes chances que tous ces efforts se déroulent sur une toile de fond retenant de plus en plus l’attention des médias.

Un tel contexte soulève une myriade de besoins opérationnels. À l’externe, il exige non seulement des opérations de combat et des mesures anti-insurrectionnelles, mais aussi des missions complexes de stabilisation et de reconstruction dans les sociétés ravagées par les désastres dus à la nature ou à l’action de l’homme. En fait, la complexité des conflits modernes accentue le besoin pour les forces occidentales de livrer des « guerres à trois volets6 ». Les troupes doivent être en mesure de mener efficacement toute une série d’opérations (combats de haute intensité dans une région, opérations de stabilisation dans une autre, aide humanitaire et opérations de soutien), puis passer rapidement et efficacement d’une mission à l’autre. Étant donné que les missions peuvent se chevaucher, il est essentiel que les troupes puissent mener une variété d’opérations en même temps et, souvent, au sein d’équipes plus nombreuses et plus intégrées.

À l’intérieur du pays, ce contexte exige une surveillance et un contrôle constants des frontières et de l’espace aérien afin d’éviter toute infiltration ou attaque. Il nécessite aussi le renforcement de la capacité à gérer les conséquences afin d’appuyer le pouvoir civil en cas d’urgence nationale.

Un tel contexte rend plus complexes les causes de l’instabilité et les solutions pour y remédier. Il nous amène également à penser que, pour régler les problèmes futurs, nous aurons peut-être besoin de personnel, de compétences et de ressources plus vastes que jamais auparavant. Évidemment, le recours à la puissance militaire traditionnelle constituera souvent une partie de la solution. Le rôle éventuel et l’importance relative de l’armée et des autres organisations dans la mise en œuvre d’une solution durable varieront néanmoins d’une situation à une autre et à l’intérieur de chaque conflit. Il en ira de même de la nécessité de communiquer, de coopérer et de collaborer avec les différents acteurs.

Par le concept d’approche globale, les Forces canadiennes reconnaissent implicitement que ces réalités doivent être prises en compte. En fait, ce concept est crucial pour pouvoir à la fois combattre et gagner la guerre – ce qui constitue la fonction première des Forces canadiennes – et pour pouvoir entreprendre toute une gamme d’opérations autres que guerrières.

Cette approche nécessiterait les mesures suivantes :

  • L’élaboration collective d’un plan de campagne intégré pour atteindre les objectifs opérationnels poursuivis dans l’ensemble du spectre;
  • La capacité d’accéder immédiatement aux systèmes d’exploitation de l’espace de combat interarmées afin de faciliter l’interopérabilité;
  • La capacité d’établir une interopérabilité entre les organisations à l’aide de mécanismes et de protocoles de planification communs;
  • La volonté de tenir compte des effets secondaires et tertiaires durant le processus de planification;
  • La capacité de créer des liens entre les organismes concernés et l’architecture opérationnelle des Forces canadiennes afin d’aider ces organismes dans l’exécution de la mission;
  • La capacité d’établir une communication efficace avec les organismes interarmées et les autres organismes multinationaux;
  • La capacité de fournir une interaction efficace entre les forces traditionnelles et les forces spéciales;
  • La capacité d’accéder rapidement et efficacement à l’information clé afin de cerner les objectifs à attaquer et à influencer et de déterminer les ressources nécessaires aux opérations;
  • La capacité de communiquer clairement et efficacement les objectifs de la mission et les mesures à prendre, selon les besoins.

Réaliser ces objectifs ne sera pas une tâche facile. Les organisations présentes dans le contexte opérationnel possèdent une culture, une mentalité, des préjugés et des capacités qui leur sont propres, et une telle diversité risque fort de créer des goulots d’étranglement et de générer une résistance. L’échange d’information entre les acteurs organisationnels posera sans aucun doute des problèmes, particulièrement en ce qui concerne les renseignements sensibles. De même, la mise en place d’une procédure de coordination et de coopération efficace entre des groupes disparates, certains ayant indubitablement des objectifs différents et quelque peu divergents, demandera beaucoup de négociation et la capacité à faire des compromis difficiles. En fait, tout laisse présager que les gouvernements devront modifier considérablement leurs façons de formuler, d’implanter et d’appliquer leurs politiques, compte tenu de la vaste diversité des problèmes qui risquent d’être soulevés.

Cependant, si l’approche globale est soigneusement développée comme une composante clé de l’approche pangouvernementale du Gouvernement du Canada, elle peut générer des retombées justifiant les efforts investis. La constitution d’une telle approche pourrait en effet augmenter les interactions entre les Forces canadiennes et d’autres organismes, mais garantirait également des échanges plus coopératifs, constructifs et utiles pour l’armée comme pour toutes les parties concernées.

COCIM et ÉRP avec des Afghans

photo AR2008-T142-28 des FC

Le major Bruno St-Jean (au centre) de l’Équipe de coordination civilo-militaire et le capitaine François Caron de l’Équipe de Reconstruction Provinciale (ÉRP) remettent 5,000 ballons de soccer offerts par les professionnels de la région de Toronto et le Mosaic Institute à des représentants des Ministères des sports et de l’éducation de l’Afghanistan.

Le concept IIMP : une initiative de l’armée de terre

Malgré l’intérêt porté à l’approche globale des opérations, les Forces canadiennes n’ont jusqu’à présent formulé aucune politique. Cela dit, des efforts ont toutefois été déployés en ce sens. Citons tout particulièrement le projet de création d’une force dotée d’une capacité IIMP7 (interarmées, interorganisationnelle, multinationale et publique). Le passage à une armée de terre dotée d’une telle capacité constitue une façon de mettre en œuvre une approche globale des opérations8. En fait, l’objectif d’une force terrestre dotée d’une capacité IIMP est d’intégrer l’approche globale et, par extension, les approches pangouvernementales.

Le terme IIMP est en fait un descripteur des différentes catégories d’acteurs (c’est-à-dire des organisations, des groupes d’intérêt et des établissements) qui évoluent dans l’environnement général où les opérations militaires se déroulent. La capacité IIMP exige, à l’égard des opérations nationales et internationales, l’adoption d’une approche permettant aux acteurs d’interagir de manière efficace. Mais surtout, elle suppose qu’on soit convaincu de la nécessité d’adopter une approche exhaustive à la résolution des problèmes, qui repose sur un examen holistique et, idéalement, sur la coordination de toutes les parties intéressées.

Quelques définitions

Pour obtenir une capacité IIMP, il faut à la fois élaborer un cadre définissant les principaux acteurs et développer des capacités permettant de collaborer efficacement avec eux.

Une force dotée d’une capacité IIMP peut interagir avec d’autres acteurs dans quatre domaines :

  • Interarmées – met à contribution d’autres éléments militaires et des organismes de soutien nationaux;
  • Interorganisationnel – met à contribution d’autres ministères ou d’autres organismes gouvernementaux, tant au Canada qu’à l’étranger (notamment les ministères du pays hôte, y compris les forces de sécurité, les ministères et les organismes gouvernementaux des pays qui fournissent un soutien de même que les organismes internationaux comme ceux de l’ONU);
  • Multinational – met à contribution un ou plusieurs alliés ou partenaires d’une coalition internationale;
  • Public – met à contribution différents éléments, notamment, le public du pays et international, y compris la population du pays hôte, les médias, les organisations non gouvernementales (ONG), les organisations de bénévoles, les organisations internationales, les intérêts commerciaux qui participent aux programmes de reconstruction ou de développement ainsi que les agences privées de sécurité recrutées pour appuyer le gouvernement.

Toutefois, une organisation dotée d’une capacité IIMP est également caractérisée par la volonté d’établir activement, avec les acteurs de chacune de ces catégories, une relation de collaboration et de coopération afin de réaliser l’état final souhaité. Elle est consciente et au fait des répercussions possibles de ses actions sur les autres parties et sur la probabilité d’atteindre les objectifs stratégiques.

Le concept de force terrestre, tout comme l’approche pangouvernementale et l’approche globale qu’il essaie de reproduire et d’appliquer, s’appuie fortement sur une évaluation de l’expérience actuelle et des tendances futures. Par contre, il se fonde sur une perspective distincte des opérations terrestres et exige en fait le développement d’une capacité d’interagir avec un éventail particulièrement large d’organisations et de groupes en vue d’atteindre les objectifs poursuivis. Cela signifie que les forces armées devront communiquer avec les organismes gouvernementaux, mais également avec des groupes privés et publics ainsi qu’avec des organisations non gouvernementales. Compte tenu du contexte dans lequel se déroulent désormais les opérations terrestres, ce type d’interaction est d’autant plus essentiel, même si cela rend plus ardue la création d’une force dotée d’une capacité IIMP. En effet, les interventions non officielles constituent souvent une composante importante de l’environnement terrestre, comme le démontre l’expérience en Bosnie, au Kosovo et en Afghanistan. À une époque marquée par l’émergence de menaces irrégulières et où les médias internationaux permettent à un large public d’assister au déroulement des opérations, il est plus important que jamais de porter attention aux civils sur le terrain ainsi qu’aux aspects informationnels et moraux des opérations. D’où l’importance d’améliorer les aspects sensibilisation, communication et, si possible, coordination coopération et coordination avec ces groupes.

Vers une force terrestre dotée d’une capacité IIMP

Le développement d’une telle capacité est sans nul doute un projet en constante évolution. Une analyse récente, menée par la section Perspectives de l’armée de terre de la Direction des concepts et de la doctrine, a fait ressortir un certain nombre d’idées et de suggestions concernant un programme d’implantation réalisable.

En fait, lorsqu’on le scinde en ses différentes composantes, on se rend compte que le concept n’est pas particulièrement nouveau. Les volets interarmées et multinational sont déjà bien ancrés dans le système d’état-major continental et dans la pratique canadienne des responsabilités d’état-major9. Bien que les volets interorganisationnel et public représentent un plus grand défi – surtout en ce qui concerne les relations avec des organisations essentiellement non militaires qui possèdent une culture établie –, la force terrestre en a cependant une certaine expérience sous forme de coopération civilo-militaire (COCIM)10. Depuis que l’armée américaine a créé les unités d’affaires civiles durant la Seconde Guerre mondiale, les commandants ont appris à considérer la coordination civilo-militaire comme un multiplicateur de force11. La coopération civilo-militaire, qui est une fonction exclusive de la Réserve au sein de la Force terrestre, offre un fondement institutionnel à partir duquel le concept IIMP peut évoluer, en particulier les volets interorganisationnel et public.

L’approche IIMP pouvant déjà compter sur certaines assises (c’est-à-dire le système d’état-major continental et la coopération civilo-militaire), son développement en tant que concept porteur peut donc se poursuivre.

Au sein de la force terrestre, cela s’exprime par le processus de développement des capacités de la Force terrestre12 et l’utilisation du continuum de développement des capacités de la Force terrestre. Le continuum repose sur quatre piliers, à savoir définir, concevoir, réaliser et gérer. Un organisme chargé de systématiser, d’analyser et d’enregistrer la documentation nécessaire afin de guider la capacité jusqu’à l’étape de sa réalisation est assigné à chacun des piliers. En outre, le travail accompli sous chaque pilier crée les conditions voulues pour la poursuite des activités, qu’elles soient répétitives ou en spirale.

Les activités de la section Perspectives de l’armée de terre, l’organisme responsable de l’armée de demain et du concept habilitant le concept IIMP, se concentrent sous le pilier « définir ». La recherche effectuée pour instaurer les conditions nécessaires aux travaux ultérieurs prend la forme d’une analyse systématique13, qui fournit une marche à suivre pour l’élaboration de schémas conceptuels et qui propose une méthode structurée afin de cerner les lacunes de la Force terrestre et de définir les nouvelles capacités à acquérir.

Plus spécifiquement, cette analyse systématique mène à une série de réflexions dans plusieurs domaines clés, à savoir :

  • Le capital humain est essentiel à l’acquisition d’une capacité IIMP au sein de la force terrestre.
  • Pour que la mise en application du concept IIMP réussisse, le soutien actif des dirigeants des Forces canadiennes et de l’armée de terre ainsi que des autres ministères du gouvernement du Canada sera nécessaire.
  • D’un point de vue philosophique, un grand nombre d’articles et de travaux de recherche concluent que les soldats, en réponse à ce qu’on appelle les « nouvelles guerres14 », assument davantage de fonctions qui sont non liées à la guerre et qui semblent peu compatibles avec leurs fonctions de combat traditionnelles (par exemple, la participation au maintien de l’ordre et au développement). Cela nécessitera des changements au programme de formation individuelle.
  • Considérée principalement comme une approche holistique des opérations, la capacité IIMP vise avant tout à inculquer une nouvelle approche des opérations, principalement à de nouveaux organismes et à de nouveaux publics, tout en maintenant et même en améliorant la collaboration et la coopération interarmées et multinationales dans les opérations de guerre comme dans les opérations de stabilisation et de reconstruction.
  • Les équipes provinciales de reconstruction15, les nouvelles formes d’organisation actuellement à l’œuvre en Afghanistan, contribuent à l’approche IIMP en rassemblant dans une zone de conflit des militaires, des ministères et des membres du public sous une seule structure. Bien qu’il reste encore beaucoup de leçons à tirer de cette nouvelle forme d’organisation, on peut considérer l’équipe provinciale de reconstruction comme étant la prochaine étape à franchir pour les structures de brigade et de groupement tactique qui intégreront de manière permanente ou temporaire des responsables politiques, des agents du développement et d’autres acteurs IIMP (p. ex., la Gendarmerie royale du Canada, CORCAN, les ONG, etc.).
  • L’instruction collective doit intégrer d’autres ministères, des organisations internationales, des ONG et des organisations de bénévoles afin de faire assimiler les aspects du concept IIMP qui concernent la coordination, notamment la planification commune. La capacité d’intégrer les organismes susmentionnés dans l’architecture opérationnelle et de leur fournir le soutien voulu est essentielle au succès des opérations IIMP.

L’analyse fait également ressortir la nécessité de procéder à d’autres travaux, notamment des projets de recherche et de développement par des groupes consultatifs d’orientation, de recherche opérationnelle sur les questions clés relatives aux exigences du concept IIMP, de recherche ciblée afin de dresser un inventaire des capacités IIMP (qui sont les acteurs, par exemple), de recherche historique sur les antécédents du concept IIMP, ainsi qu’à la création d’une base de données des leçons tirées des opérations actuelles. Tous ces travaux sont d’ailleurs en cours de réalisation.

Les retombées potentielles

En favorisant la collaboration et la coopération entre l’armée et les autres organisations et groupes intéressés, l’approche IIMP promet d’accroître les chances d’acquérir les compétences et les ressources informationnelles nécessaires et de pouvoir les utiliser efficacement pour s’attaquer aux problèmes et aux défis que soulève un environnement de sécurité complexe. Cette interaction laisse entrevoir un accroissement de la quantité, de la qualité et de la diversité des informations transmises aux commandants et, par conséquent, une meilleure connaissance de la situation. Elle contribue de plus à sensibiliser les acteurs aux différents points de vue et variables en présence durant une opération ainsi qu’à un certain nombre d’effets secondaires et tertiaires que leurs actions peuvent avoir. Elle permet également de s’assurer que les actions de l’armée et des autres parties intéressées sont mieux coordonnées en vue de réaliser les buts et les objectifs plus généraux de la mission. En fait, l’approche IIMP confère un caractère plus « stratégique » aux décisions et aux interventions.

Par dessus-tout, une capacité IIMP pourrait, avec le temps, permettre à l’armée et aux autres organisations concernées de se familiariser avec les exigences du contexte de sécurité et de reconnaître l’importante contribution que chacun peut et devrait apporter à la résolution des problèmes. Une telle capacité permettrait de découvrir, respecter et apprécier davantage les ressources que les différents acteurs fournissent pour régler les problèmes de sécurité, elle favoriserait la coopération entre ces acteurs quand la situation s’y prête et elle leur donnerait la possibilité de s’en remettre aux autres, lorsque les circonstances le justifient. Bref, la capacité IIMP permettrait l’émergence d’une vision plus holistique de la sécurité et de la manière de l’établir. Elle permettrait également de s’assurer que sa mise en œuvre reflète clairement et efficacement la philosophie sur laquelle repose l’approche pangouvernementale.

Les approches globales : objections et réponses

Il ne fait pas de doute que l’approche IIMP et l’approche globale dont elle tente de s’inspirer soulèveront des inquiétudes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur des cercles militaires.

Certains pourraient être surpris par le fait que de telles approches offrent peu d’éléments vraiment nouveaux, surtout si on tient compte de la participation de longue date des Forces canadiennes au sein de coalitions interarmées et multinationales et de leur vaste expérience en matière de coopération civilo-militaire. Il est toutefois souvent difficile d’évaluer et de discerner ce qu’elles promettent au chapitre des résultats et des avantages mesurables. Quelle que soit la valeur de ces approches, leur nature holistique laisse fortement présager que les efforts entrepris par l’armée pour les façonner pourraient être voués à l’échec et même être malavisés.

Même si ces objections sont légitimes, elles ne constituent toutefois pas à elles seules une raison valable d’abandonner cette idée ou les efforts déployés par les Forces canadiennes pour définir, élaborer et appliquer l’approche IIMP.

Certains aspects de l’approche IIMP et de l’approche globale s’observent déjà dans la capacité et la doctrine de la coopération civilo-militaire. Pourtant, toutes deux représentent une capacité plus large et plus universelle, pour l’instant sous-représentée. Même si la doctrine de la coopération civilo-militaire englobe le renforcement de la coopération et de la collaboration interorganisationnelles et publiques, tout semble indiquer que la façon actuelle d’opérer présente des failles et que des ressources additionnelles sont nécessaires. Des discussions menées avec des officiers d’état-major, par exemple, révèlent la présence d’obstacles au renforcement des capacités actuelles, notamment le sous-développement des procédures et de la doctrine de coopération civilo-militaire ainsi que l’absence d’une marche à suivre pour le développement et l’élaboration des politiques. En fait, la coopération civilo-militaire et, par extension, l’approche IIMP et l’approche globale demeurent une considération secondaire du processus de développement des capacités, et cela, malgré le nombre croissant d’indications suggérant qu’elles devraient en réalité être au centre du processus en raison de la nature même des défis en matière de sécurité et des demandes du gouvernement canadien en faveur d’une approche plus multidimensionnelle.

Les préoccupations que soulève la difficulté d’évaluer l’efficacité réelle de telles approches sont justifiées. Cela est particulièrement vrai à la lumière du fait que, de façon générale, les avantages présumés d’une approche globale sont avant tout qualitatifs, permettant, par exemple, de définir la nature des relations internes et interorganisationnelles, la qualité de l’information, les modes de gestion et d’échange d’information ainsi que les extrants opérationnels. Il est par conséquent difficile d’en mesurer les progrès. Le fait que l’information obtenue au cours d’une opération ne puisse être utilisée pleinement qu’après un délai considérable met également en évidence la difficulté de profiter immédiatement de certains des avantages liés à ces approches, voire de les discerner.

Même s’il peut sembler difficile de juger de la « valeur ajoutée » de ces concepts, cela ne constitue certainement pas une raison en soi de les écarter d’emblée. N’oublions pas que la coopération civilo-militaire a longtemps été confrontée à des dilemmes du même ordre. Comme le confirment de nombreuses preuves empiriques, cette capacité a cependant généré suffisamment d’avantages pour être considérée comme une composante utile de la trousse d’outils des Forces canadiennes.

Il en va de même de l’approche globale. N’oublions pas que l’élaboration et la mise en œuvre de l’approche n’en sont qu’à la phase initiale et que les efforts consentis pour appliquer sa logique montrent déjà des signes positifs. Par exemple, depuis le début de l’intervention occidentale en Afghanistan, les membres de la coalition ont combiné les opérations anti-insurrectionnelles exécutées par l’infanterie et par les forces spéciales à des activités plus larges de stabilisation et de reconstruction du pays. Certains membres du personnel militaire et diplomatique et des organismes de développement et d’application de la loi travaillent ensemble dans un cadre de collaboration et de coopération suffisamment soutenu pour aider à réaliser la stratégie nationale de l’Afghanistan et instaurer la stabilité, la prospérité et la saine gouvernance dans le pays. L’engagement du Canada envers sa mission en Afghanistan n’est pas passé inaperçu. Il a en effet reçu des coups de chapeau aussi bien au sein de l’OTAN que sur la scène internationale. Qu’il s’agisse de soutien aux élections, de construction d’écoles, de désarmement ou de médiation entre factions rivales, le travail accompli par le Canada en Afghanistan contribue à bâtir une approche globale plus robuste.

Évaluer de façon plus systématique l’approche globale des opérations n’est pas non plus une tâche insurmontable. En fait, il est fort probable que certains des avantages découlant de tels efforts pourront en réalité être mesurés. À cet égard, des indicateurs, comme le nombre et la qualité générale des interactions attribuables à une approche globale, la variété des renseignements mis à la disposition des décideurs et la mesure dans laquelle ces renseignements sont utiles, devraient, en principe, être accessibles. Qui plus est, dans les domaines où mesures et évaluation sont particulièrement difficiles à réaliser, il est toujours possible de mettre au point des tests, à condition d’y consacrer le capital intellectuel nécessaire. En fait, au lieu d’écarter le concept en raison de ses lacunes, des efforts plus soutenus et conscients devraient être consacrés à l’élaboration d’outils et de mesures pratiques visant à optimiser la mise en œuvre et le rendement d’une approche globale.

Il ne fait pas de doute non plus que l’intégration de ce concept au sein des Forces canadiennes comporte des risques. Si aucun lien n’est établi avec le développement d’une approche pangouvernementale élargie, ces efforts risquent de ne pas déboucher sur la collaboration et la coopération qu’on espère instaurer. À cet effet, il faut souligner que les ONG ont trouvé particulièrement difficile d’équilibrer les interactions avec les organismes officiels et le maintien de l’indépendance qu’elles jugent nécessaire à l’atteinte de leurs objectifs.

Même si de tels problèmes peuvent se poser, ils ne sont pas exclusifs aux efforts militaires de développement d’une approche globale des opérations. En fait, les problèmes de coordination et de coopération entre les organismes et les ONG représentent un défi pour le développement plus généralisé d’une approche pangouvernementale. Et ces problèmes doivent être abordés par tous les ministères et organismes, et ce, à tous les échelons.

Alors seulement pourrons-nous espérer établir la confiance et la coopération indispensables entre les acteurs pour garantir l’efficacité d’une approche globale et d’une approche pangouvernementale. En fait, cette stratégie de développement d’une approche globale permettrait de s’assurer qu’un soutien aux opérations est disponible au besoin, à partir d’un large éventail de sources. Mais surtout, elle permettrait d’accroître les chances de mettre en œuvre une démarche globale plus efficace dans les années à venir.

Des villageois accueillent une ÉRP

photo AR2007-T109-042 des FC

Des villageois accueillent une Équipe de Reconstruction Provinciale (ÉRP) formée de membres de la force de protection de l’Équipe de coordination civilo-militaire.

Conclusion

Presque tous les dilemmes susmentionnés montrent qu’il est nécessaire de faire preuve de modération et de réalisme quand on se fixe des objectifs en vue de développer une approche globale. En particulier, il faut être conscient que la participation de certaines organisations et de certains acteurs dans le contexte de sécurité peut et va varier. Et ce constat s’applique également à la nature et à la qualité des relations et des interactions qui seront mises en place. Le fait que les Forces canadiennes possèdent la capacité de mettre en œuvre une telle approche ne signifie pas nécessairement qu’elle deviendra la norme. La capacité ainsi que la volonté des autres organisations et acteurs de s’engager dans une relation de coopération sont pour cela essentielles, et elles dépendront souvent du caractère des acteurs, de leurs ressources, de leurs intentions et de leurs objectifs.

Toutefois, il appert clairement que la nécessité d’adopter des approches multidisciplinaires à la sécurité gagne du terrain tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du gouvernement. Qui plus est, des concepts comme l’approche globale et le concept IIMP suscitent de plus en plus d’intérêt.

Si pendant longtemps les militaires ont accordé une importance secondaire à cette question, les temps ont changé. Parallèlement à la déclaration des États-Unis attribuant un caractère tout aussi décisif16 aux opérations de guerre classique qu’aux opérations de stabilisation et de reconstruction, le gouvernement du Canada a fait sienne la philosophie selon laquelle la sécurité ne relève plus uniquement des forces militaires. Les opérations présentes et futures tiendront de la « guerre à trois volets », un concept exigeant des soldats qu’ils interagissent avec un grand nombre d’acteurs différents, extérieurs à leurs forces, et qu’ils accomplissent des tâches non traditionnelles.

Par conséquent, il est temps d’adopter une nouvelle vision des opérations militaires, une vision qui intègre une perspective plus large de la sécurité et qui fournit les capacités nécessaires pour l’instaurer. La quête par les Forces canadiennes d’une approche globale, imbriquée dans une perspective pangouvernementale, répond justement à une telle vision. Il en résultera une nouvelle norme, qui s’harmonisera au contexte de sécurité actuel et futur. La sécurité, la coordination, le réseautage et la gestion des répercussions joueront un rôle de plus en plus important dans les activités des Forces canadiennes. À mesure que les forces militaires évolueront, elles devront non seulement s’engager dans des missions de sécurité, mais également prendre part à des activités de gouvernance et de développement mettant à profit les mécanismes militaires, politiques et économiques de l’État. L’importance relative de chacune de ces composantes dépendra largement de l’état du conflit. Les Forces canadiennes pourront jouer un rôle central et auxiliaire, selon les circonstances. Quel que soit le cas, la capacité de collaboration et de coopération d’une force dotée d’une approche globale des opérations représentera un moyen vraiment efficace de relever les défis de plus en plus complexes associés au contexte de sécurité des prochaines années.

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Le lieutenant-général Andrew Leslie, CMM, MSC, MSM, CD, a exercé plusieurs emplois de commandement et d’état-major et est actuellement commandant de l’armée de terre des Forces canadiennes.

Peter Gizewski est un scientifique de la défense et un analyste stratégique qui travaille à Ottawa au Centre d’analyse et de recherche opérationnelle à Recherche et développement pour la défense Canada.

Le lieutenant-colonel Michael Rostek, CD, est officier de l’armée blindée; il termine actuellement ses études de doctorat sur la conduite de la guerre au Collège militaire royal tout en travaillant comme officier d’état-major à la section Perspectives de l’armée de terre au sein de la Direction des concepts et de la doctrine.

Notes

  1. L’intérêt que le ministère de la Défense nationale porte aux opérations IIMP est évident dans les premières versions du concept d’action stratégique. Voir Canada, Défense nationale, Concept d’opération stratégique, version 4.4, Ottawa, le 21 mai 2004, p. 17-18.
  2. Selon la définition d’Edward R. Smith, les opérations basées sur les effets sont une série d’actions coordonnées qui ont pour but de modeler le comportement des objectifs en fonction des acteurs visés (p. ex., des pays amis, alliés, neutres ou ennemis en temps de paix, de crise ou de guerre). Voir Edward R. Smith fils, Effects Based Operations: Applying Network Centric Warfare in Peace, Crisis and War, Washington : Command and Control Research Program, juillet 2003, p. 108.
  3. Voir, par exemple, le discours prononcé le 3 décembre 2007 par l’honorable Peter MacKay, ministre de la Défense nationale, au Collège des Forces canadiennes, à Toronto (texte intégral accessible à l’adresse <http://www.canada-afghanistan.gc.ca/cip-pic/afghanistan/library/ sp_mnd_031207-fr.asp>. Voir aussi gouvernement du Canada, Énoncé de politique internationale du Canada. Fierté et influence : Notre rôle dans le monde, Ottawa, 2005, p. 28.
  4. Voir, par exemple, Royaume-Uni, ministère de la Défense, The Comprehensive Approach, Joint Discussion, note 4/05, Joint Doctrine and Concepts Centre, janvier 2006. Des appels semblables ont été lancés dans les cercles de l’OTAN. Voir le discours de John Leggat à l’adresse <http://www.act.nato.int/multimedia/speeches/2004/110304keynoteleggatcde04.htm>.
  5. Le milieu des années 1990 a été le témoin d’une foule de projets de restructuration motivés par les importantes réductions budgétaires qui ont caractérisé cette période. En particulier, le ministère de la Défense et les Forces canadiennes ont entrepris la restructuration de la gestion, du commandement et du contrôle, qui a donné des résultats tactiques morcelés. La cause n’est toutefois pas la même aujourd’hui; l’expérience et le savoir tirés des projets de reconstruction antérieurs (qu’ils aient réussi ou échoué) pourraient fournir aux Forces canadiennes des renseignements précieux sur la mise en place d’une approche globale.
  6. En effet, le concept de guerre à trois volets est un motif de plus en plus invoqué pour justifier les opérations militaires actuelles et futures. Dans la doctrine canadienne, le terme opérations dans l’ensemble du spectre est utilisé pour qualifier la capacité d’une force de mener des opérations simultanées sur tout l’éventail des conflits.
  7. Dans le présent article, le terme IIMP désigne un concept qui, en réalité, conduit à une capacité. Ce terme figure sous son acronyme anglais (JIMP) dans le glossaire du Centre d’expérimentation des Forces canadiennes, accessible à l’adresse <http://www.cfd-cdf.forces.gc.ca/sites/page-fra.asp?page=89>.
  8. La priorité des opérations militaires s’inspire d’une approche axée sur les effets terrestres. Les opérations de recherche et de sauvetage ou les opérations de patrouille maritime, entre autres, auront besoin d’atteindre un niveau semblable de leadership, de collaboration et de coordination avec les autres ministères et les ONG, d’où la nécessité de créer un processus central capable de franchir plusieurs cloisonnements organisationnels. En fait, des initiatives évoluant dans cette direction commencent à faire surface dans le domaine maritime, notamment par la création de centres d’information et de surveillance opérationnelle maritime, qui ont pour mission de moderniser les centres de renseignements, de surveillance et de reconnaissance sur les côtes est et ouest, et, plus récemment, par la mise sur pied de centres des opérations de la sûreté maritime (COSM), de centres de collecte d’information sur chaque côte, qui relèvent du Commandement maritime des Forces canadiennes et regroupent des représentants de la GRC, de l’AFSC, de Transport Canada et de la Garde côtière canadienne.
  9. Canada, Défense nationale, Le commandement, B-GL-300-003/FP-001, Ottawa, 1996, p. 75.
  10. Pour un examen complet de la doctrine de la COCIM, voir Canada, Défense nationale, Tactiques, techniques et procédures de coopération civilomilitaire, B-GL-355-001/ FP-002, Fort Frontenac : Bureau d’édition de l’armée de terre, 2006.
  11. Un multiplicateur de force est un terme militaire désignant un facteur qui augmente considérablement (et donc qui multiplie) l’efficacité au combat d’une force militaire.
  12. La méthodologie et la procédure sont exposées en détail dans le Manuel de prise de décisions stratégiques de l’Armée de terre. Pour connaître l’histoire du développement des capacités dans les Forces canadiennes, voir major Andrew B. Godefroy, Ph. D., « À la recherche de la “solution miracle” : L’évolution du développement des capacités au sein de l’armée canadienne », Revue militaire canadienne, vol. 8, no 1 (printemps 2007), p. 54.
  13. L’analyse systématique est réalisée à l’aide de l’outil PRICIE : personnel, leadership et instruction individuelle; recherche et développement et recherche opérationnelle (y compris expérimentation); infrastructure, environnement et organisation; concepts, doctrine et instruction collective; gestion de l’information et technologie de l’information; équipement et soutien.
  14. Mary Kaldor, New and Old Wars: Organized Violence in a Global Era, Stanford : Stanford University Press, 1999, p. 1-2.
  15. Pour en savoir plus sur les équipes provinciales de reconstruction, visiter l’adresse <www.canada-afghanistan.gc.ca/cip-pic/afghanistan/library/kprt-fr.asp>.
  16. États-Unis, Secrétariat de la Défense, présentation accessible à l’adresse <www.ndu.edu/ITEA/ storage/687/Army%20Support%20to%20SSTR>.

Soldats pendant une patrouille

photo AR2007-T072-115 du MDN

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