Spiritualité et le militaire

Vue panoramique du village de Lourdes.

Reuters RTXMMRM par Jean Philippe Arles

Vue panoramique du village de Lourdes.

Culture militaire, spiritualité et résilience :
l’exemple de la participation canadienne au pèlerinage militaire international de Lourdes1

par Claude Pigeon

L’aumônier (major) Claude Pigeon fait partie de l’équipe d’aumôniers du COMFOSCAN. Docteur en théologie (Université Laval) et en histoire et anthropologie religieuses (Paris-IV- Sorbonne), il s’enrôle dans la Force régulière en 2006, après avoir servi pendant quatre ans comme aumônier réserviste. Il est d’abord affecté au 3e  Bataillon, Royal 22e  Régiment (3 R22R), à Valcartier. Il est ensuite envoyé en Afghanistan au sein du groupement tactique du 3 R22R (ROTO 4, 2007-2008). Il est muté à la 14e  Escadre Greenwood, puis il est affecté à l’élément de soutien de mission de la 14e  Escadre, au Camp Mirage (ROTO 9, 2009-2010). L’aumônier Pigeon s’intéresse plus particulièrement au lien entre la spiritualité et la résilience militaire.

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Introduction

Les récents déploiements militaires en zones de combat ont suscité chez bon nombre de membres des Forces armées canadiennes (FAC) un renouveau d’intérêt pour les questions spirituelles, qui les a amenés à entreprendre un cheminement spirituel qui les aiderait à composer avec différents problèmes personnels. La quête personnelle de sens (qui peut être définie d’une manière très large par la spiritualité) est une expérience nécessaire dans une société où la liberté individuelle est privilégiée en lieu et place d’une vision commune du monde. Certains spécialistes des sciences humaines avancent que la spiritualité est un facteur qui contribue hautement à la résilience. Dans le contexte des FAC, les aumôniers sont chargés de proposer aux militaires des programmes et des occasions de formation spirituelle. À titre d’exemple, en mai 2012, une délégation de 65 Canadiens (militaires et membres de leur famille) a rejoint les 12 000 militaires, issus de 34 pays, qui participaient au 54e  Pèlerinage militaire international de Lourdes (France). L’auteur du présent article, qui comptait parmi les accompagnateurs, réfléchit sur la signification particulière de cet événement d’envergure, aussi bien dans le contexte de la culture militaire canadienne que dans le cadre d’un phénomène plus large qui touche le monde occidental. L’approche privilégiée par l’auteur est celle de la recherche-action, ou mieux encore, celle du récit objectivé. Le sujet est dans l’air du temps : en effet, les pèlerinages suscitent un intérêt grandissant en tant que lieux d’expérience religieuse et spirituelle forte, en marge des magistères, c’est-à-dire de l’enseignement de la vérité officielle dispensé par un évêque ou un pape. L’inédit de l’article réside sans doute dans le fait que la réflexion repose sur une information de première main concernant une expérience vécue par des militaires en service actif qui doivent composer de manière unique avec les questions existentielles soulevées dans des situations telles que les guerres, les conflits armés et le vécu de la terreur et de la violence.

Une délégation de soldats américains au pèlerinage de Lourdes le 8 juin 1964.

Getty Images 3422505

Une délégation de soldats américains au pèlerinage de Lourdes le 8 juin 1964.

Dans le prolongement des récents déploiements militaires en zones de combat, plusieurs membres des FC ont entrepris un cheminement spirituel personnalisé. Au nombre des motivations, on retrouve le besoin de composer avec différents problèmes personnels et éthiques : blessures physiques ou psychologiques, pertes, deuils, traumas, nécessité de gérer des situations de violence de manière éthique et intègre, problèmes familiaux, comme la séparation conjugale. La spiritualité en tant que processus a trait à la quête personnelle de sens, et cela est peut-être davantage le cas dans une société où la liberté individuelle paraît prédominer aux dépens de la vision commune du monde. La spiritualité circonscrite dans ces termes n’est-elle pas un facteur qui contribue hautement à la résilience? Empruntée au monde de la physique, la notion de résilience signifie la capacité d’un métal de retrouver son état initial à la suite d’un choc ou d’une pression continue. Dans le domaine des sciences humaines, la résilience désigne un processus plus complexe que la simple résilience mécanique. Elle permet de « rester soi-même quand le milieu nous cogne et de poursuivre, malgré les coups du sort, notre cheminement humain2 ». En corrélation, le discours et la pratique de guérison et de santé existent dans la plupart des groupes religieux, en lien avec le sens donné aux difficultés de la vie. Les pèlerinages constituent des lieux privilégiés d’expérience humaine et spirituelle, et apportent à ce titre un réconfort entier, au cours du cheminement spirituel. En ce qui concerne l’activité militaire, avec ce qu’elle comporte parfois d’intensité dramatique de par sa nature même, elle multiplie les occasions de faire face à des situations limites où la vie – la sienne ou celle des autres – est menacée et où, du coup, les questions de sens posées par l’existence requièrent une réponse : Pourquoi la vie? La violence? Les injustices? La souffrance? La mort? À les observer, nous en venons à nous demander si les militaires vraiment efficaces sur le terrain ne seraient pas ceux qui traitent les questions de sens avec la même saine attitude que celle qu’ils ont à l’égard du bien-être physique et mental.

Le pèlerinage militaire et le questionnement socioreligieux

Dans le contexte des FC, les aumôniers sont chargés de proposer aux militaires des programmes et d’autres modes de formation spirituelle. Les aumôniers canadiens collaborent donc depuis 1958 à l’organisation du Pèlerinage militaire international (PMI) de Lourdes, en France, placé sous la responsabilité du Diocèse aux Armées françaises3. En mai 2012, une délégation de 65 Canadiens (militaires et membres de leurs familles) a rejoint les 12 000 militaires, issus de 34 pays, qui participaient au 54e  Pèlerinage militaire international. Qu’en est-il de la signification de cet événement, aussi bien selon la perspective de la culture militaire canadienne que dans le cadre socioreligieux du monde occidental? Cette double question sous-tend le récit objectivé qui suit, fruit d’une démarche apparentée à celle de la recherche-action. Le récit et la réflexion, exploratoires, reposent sur une expérience vécue par l’auteur et par des militaires en service actif, qui doivent composer de manière singulière avec les questions de sens à la vie. Le point de vue sera celui d’un aumônier militaire.

Délégation canadienne traversant Lourdes.

Photo du MDN Lourdes 0264

Délégation canadienne traversant Lourdes.

L’expérience du PMI s’inscrit dans un phénomène observé à l’échelle du monde occidental, qui n’est ni exclusif ni univoque : le délaissement des lieux de culte traditionnels, souvent en faveur d’une expérience spirituelle qui prend la forme d’une quête personnelle de sens à la vie et d’une recherche de valeurs. L’expérience à la fois humaine, spirituelle et religieuse que constitue le pèlerinage est liée à certains éléments de la culture militaire. Or, comment interpréter l’intérêt encore marqué pour un événement religieux et spirituel d’envergure internationale où se côtoient des pèlerins de différentes confessions chrétiennes et de divers horizons religieux, aussi bien que des hommes et des femmes qui, sans appartenance religieuse particulière, poursuivent de manière autonome leur recherche spirituelle? De cette question centrale découlent deux sous-questions : L’expérience du pèlerinage offrirait-elle, dans le contexte militaire, un lieu pertinent pour l’expression de la quête spirituelle individuelle? S’agirait-il aussi d’un lieu fructueux d’accompagnement pour les aumôniers des FC appelés à proposer aux militaires et aux membres de leur famille de participer à de telles expériences sur une base volontaire?

En regard de ces questions, l’anthropologue Victor Turner a fait ressortir un certain nombre de caractéristiques que l’on retrouve dans les expériences de pèlerinage observées dans les différentes traditions, religieuses ou sociétales4. Il montre que tous les types de pèlerinages marquent, d’une manière ou d’une autre, un écart par rapport au statu quo spatial, social et psychologique. Le pèlerinage fait éclater les limites de l’univers social et individuel, permettant de libérer de nouvelles possibilités de sens et d’avenir. Il comporte également un passage dans un espace marginal ou liminal. Il réfère aussi à un ensemble de relations sociales au sein duquel se produit une forme de théophanie (apparition divine devant une personne – rédacteur en chef) aboutissant à un sens plus profond de la communauté. À la suite de cette expérience, les pèlerins sont généralement amenés à réintégrer la société, mais comme des personnes changées, renouvelées. Ils peuvent ainsi y prendre une nouvelle place et y jouer un nouveau rôle. Voilà autant d’éléments ou de facteurs qui ouvrent de nouvelles pistes à explorer lorsqu’il s’agit de considérer la démarche humaine et spirituelle des pèlerins dans un contexte de vie ou de carrière militaire.

Le pèlerinage en Occident : reviviscence et portée comparative

Au cœur de l’Occident moderne, alors que plusieurs lieux de culte traditionnels sont délaissés, les sites de pèlerinage se démarquent par une surprenante vitalité. La figure du pèlerin semble même être le nouvel archétype de l’être spirituel par rapport à l’être religieux5. À titre d’exemple, plus de 200 000 pèlerins ont emprunté le chemin de Compostelle en 2011, alors qu’en 1993, ils n’étaient que 70 000 à avoir parcouru au moins 100 kilomètres à pied sur la route médiévale des pèlerinages6. La plupart des traditions religieuses sont rattachées à des hauts lieux sacrés particuliers et à des formes précises de pèlerinage, même si la signification du pèlerinage, sa durée ou même son degré d’intensité sont très variables. Par exemple, le Hajj à La Mecque et l’Omra à Médine comptent parmi les cinq piliers de l’Islam, sans oublier les autres types de pèlerinage, comme la visite de sites chargés de sacralité ou de tombes de saints musulmans. Dans le judaïsme, le pèlerinage est également préconisé, le plus connu étant probablement celui au dernier mur du temple de Jérusalem. Du côté des traditions orientales, l’hindouisme connaît le Chardham Yatra, le pèlerinage des sources du Gange et de ses affluents. Quant au bouddhisme, il invite aussi au pèlerinage, notamment aux quatre lieux saints liés à la vie du Gautama Bouddha. Évoquons enfin les images sublimes de la ville de Lhassa où convergent les pèlerins agitant des moulins à prière et des chapelets de billes de bois. Au terme de leur périple, les pèlerins empruntent la rue de Barkhor qui entoure le Jokhang, le temple le plus vénéré du bouddhisme tibétain.

Des pèlerins musulmans tournent autour de la Kaaba à Al-Masjid al-Haram (la Mosquée sacrée) à La Mecque, le 31 octobre 2011, dans le cadre du Hajj.

Reuters RTR2TGLR par Ammar Awad

Des pèlerins musulmans tournent autour de la Kaaba à Al-Masjid al-Haram (la Mosquée sacrée) à La Mecque, le 31 octobre 2011, dans le cadre du Hajj.

Des personnes issues de tous les horizons, qui n’ont a priori rien pour se rapprocher dans leur environnement naturel, convergent dans ces hauts lieux de rencontre, où ils partagent une même réalité. Dans la foule des pèlerins, le néophyte côtoie l’initié à la recherche d’une plus grande maturité spirituelle. On trouve ensuite l’agnostique, en quête d’éventuelles réponses. Il y a aussi le fidèle qui nourrit l’espoir d’une guérison physique ou psychique, puis celui qui recherche plutôt une purification ou un renouvellement de tout l’être. Cela dit, tous semblent reconnaître la valeur d’une expérience personnelle qui puise une partie de sa force et de sa profondeur dans une tradition transmise et reçue, souvent en dehors des cadres institutionnels traditionnels. En effet, beaucoup de pèlerins désirent justement rester en marge des magistères qui, par leur nature même, sont tentés d’établir les règles et les limites de cette expérience et de la canaliser, voire de la récupérer. C’est peut-être comme lieu de liberté que le pèlerinage intéresse le contemporain à la recherche de sens à donner à sa vie et au monde. Dans l’expérience pèlerine, le « tout autre » peut surgir de manière inattendue. L’expérience pèlerine ne tient pas seulement à un discours ou à un dogme que l’on accueille; elle passe aussi par un cheminement personnel qui peut aussi bien se vivre au cœur d’un compagnonnage silencieux sur les routes de Compostelle que dans le flot continu des incantations répétées lors de la descente dans le Gange ou encore dans la rumeur constante qui s’élève du Mur occidental (aussi appelé « Mur des Lamentations »), à Jérusalem.

La cause de la permanence du pèlerinage dans la culture contemporaine, voire de sa reviviscence, n’est peut-être pas à rechercher en priorité, ou exclusivement, dans l’effort concerté que feraient les disciples de diverses religions, mais bien plutôt au cœur de la réalité et des aspirations des femmes et des hommes d’aujourd’hui7. Dans l’Occident chrétien, mais non exclusivement, au milieu d’une désacralisation croissante des institutions religieuses, du règne de la technique, de l’électronique et de la mobilisation instantanée sur Facebook ou Twitter, nos contemporains semblent chercher l’enracinement stable et immuable d’une terre sacrée. Dans un monde en constante mutation, la quête d’un sens personnel à donner à sa propre vie, en lien avec un système cohérent de valeurs, de même que l’enracinement dans une tradition, permettent à l’être l’humain de s’ancrer afin de reprendre son souffle. Ce besoin, anthropologiquement fondé, d’être en lien avec un espace sacré, une Terre mère, se manifeste par l’attrait pour un haut lieu sacré particulier et la soif d’un absolu qui ne porte pas toujours un nom. Cette quête refait surface de manière impromptue dans les lieux traditionnels d’expérience pèlerine, revisités et réinventés afin de répondre aux aspirations contemporaines. En outre, si la science fournit les connaissances et les moyens permettant de trouver une réponse aux questions posées par l’univers, chacun continue de faire face à la nécessité de rendre signifiante sa propre vie. En d’autres mots, dès que nous sommes en mesure de saisir le « comment » du fonctionnement de l’univers, émergent le « pourquoi » et le besoin pressant de préciser, pour soi, la place particulière revenant à chacun. Les questions suscitées par l’existence se posent aux humains d’aujourd’hui avec autant de force et d’urgence qu’autrefois. En outre, les réponses qui satisfont et mobilisent l’être sont généralement celles qui passent par un processus personnalisé. Les pèlerins d’aujourd’hui semblent bien partir à la recherche de ce que le monde n’a pu leur offrir, et ils espèrent le dénicher.

Le pèlerinage contribuerait-il à démocratiser la spiritualité tant parce que chacun y a accès librement, peu importe ses horizons, que parce que chaque participant est appelé à faire sien un exercice hors de l’ordinaire? La foule qui envahit les lieux sacrés est bigarrée : chercheurs d’absolu et touristes, dévots et curieux, vieux et jeunes, malades et athlètes, familles et personnes seules, esprits en paix et cœurs en crise, et ainsi de suite. La composition de la foule des pèlerins efface les divisions sociales établies et recrée un ordre de relations autre. L’expérience unificatrice du pèlerinage aux plans personnel et collectif replace l’humain devant une altérité qui le fascine, l’attire et le remet en doute tout à la fois. La nouvelle organisation sociale qui s’installe, l’espace d’un moment, est celle d’un monde plus juste et fraternel, dont la cohorte des pèlerins donne un avant-goût. Le mélange pacifique et harmonieux de gens de toutes classes, ethnies et races, qui se rassemblent autour d’un même lieu de pèlerinage, sur une terre sacrée unificatrice, permet d’amorcer la réalisation de cette humanité idéale rêvée, multiraciale et pluriculturelle. Ce qui cimente la cohorte en marche n’est pas encore la foi ou les croyances, mais bien la quête de sens, l’ouverture à une expérience qui va au-delà du connu et de l’ordre préétabli, la commune démarche de la descente en soi-même, ainsi que l’ouverture à l’autre et à l’inattendu. Le respect de l’expérience, unique et valable, de ce qui est différent, face à un absolu qu’aucun de nous ne peut ni posséder ni épuiser pleinement, devient rencontre, lieu de renouvellement et de relance vers un quotidien qui ne pourra plus être envisagé de la même manière qu’auparavant. Là émerge une nouvelle signification à donner au monde, à commencer par le sien.

L’affinité des pratiques de la culture militaire et de la culture pèlerine

Les traditions militaires canadiennes offrent déjà, dans une certaine mesure, certains lieux privilégiés d’expériences personnelles et collectives, de l’ordre de ceux que constitue tout pèlerinage : les défilés militaires organisés pour célébrer les exploits du passé et témoignant des valeurs de la société canadienne ou encore les rassemblements et les cérémonies commémoratives tenues sur les lieux mêmes d’événements qui ont marqué notre histoire et façonné notre mémoire collective, tels que la crête de Vimy et Beaumont-Hamel ou les plages du débarquement, en Normandie8. Quelques exemples récents de manifestations ayant donné lieu à de telles expériences pourraient être les cérémonies ayant marqué le 90e  anniversaire de la prise de la crête de Vimy, en 2007, les célébrations du 65e anniversaire du débarquement en Normandie, en 2009, ou bien la commémoration de la guerre de 18129. Pensons aussi aux rassemblements internationaux, comme la marche de Nimègue, aux Pays-Bas10, ou bien aux tattoo, qui regroupent des musiques militaires venues des quatre coins de la planète. Au même titre que les compétitions sportives internationales, ce sont autant d’occasions pour les militaires canadiens de vivre un temps fort de fraternité parmi leurs homologues et de cultiver des liens plus étroits avec des nations amies tout en offrant une vitrine de leur savoir-faire. Plus près de nous, les rarissimes (mais non moins importantes) cérémonies de consécration ou de dépôt dans un lieu protégé ou un sanctuaire des couleurs (drapeaux)11 font converger vers un même lieu tous les militaires, anciens et en service, appartenant à une même unité, contribuant ainsi à renforcer le lien social qui les unit.

Crête de Vimy.

Photo IMG_0627, de Pigeon

Crête de Vimy.

Dès lors, c’est toute la culture militaire qui baigne dans un univers de sens, où chaque individu est invité à trouver son unicité au sein d’une collectivité. Les écussons, les devises, les fanions et les drapeaux témoignent des valeurs communes. Celles-ci se matérialisent aussi dans des manifestations militaires, souvent hautes en couleur, et sont offertes en modèles. Ainsi exposées et reconnues, elles peuvent servir d’élément unificateur entre le passé, le présent et l’avenir pour chacun des membres qui y adhèrent. La décision personnelle de faire siens l’héritage commun et l’expérience de fierté, de loyauté et d’esprit de corps qui en découle paraît semblable à la démarche personnelle du pèlerin qui, partant à la découverte de soi-même, se voit projeter dans les profondeurs d’une vérité qui ne peut que le dépasser et lui donner accès à la réalité absolue et universelle qui le conduira à un mieux-être, voire à un surplus d’être.

La participation du Canada au 54e  Pèlerinage militaire international de Lourdes : ouverture et inclusion

Le PMI de Lourdes est sous la responsabilité du Diocèse aux Armées françaises et est soutenu par l’État français. Il s’inscrit dans une tradition à la fois anthropologique, spirituelle et militaire. Du 12 au 14 mai 2012, j’ai eu la chance d’y accompagner une délégation de dix militaires canadiens issus de différentes unités de la région de la capitale nationale12. Le spectre des motivations personnelles de notre groupe était large. Même si certains participants pouvaient se réclamer d’une tradition religieuse particulière, ni l’appartenance à un groupe ou à une institution, ni les habitudes liées à la pratique religieuse, ni même les croyances personnelles n’étaient un critère initial. Les deux seules conditions de participation étaient les suivantes : dans le cadre d’un rassemblement international, poursuivre une quête personnelle de sens et avoir un esprit d’ouverture au développement d’une spiritualité dont l’expression s’inscrit dans une réalité religieuse teintée par une forte culture militaire. Dans le contexte très précis du PMI, mon rôle d’aumônier militaire consistait à accompagner et à soutenir un groupe d’hommes et de femmes issus de différentes traditions religieuses et ayant vécu diverses expériences personnelles. Ils partageaient un même désir, soit celui d’approfondir leurs valeurs et leurs croyances par une rencontre vraie avec soi-même et les autres. Le prétexte fédérateur de leur démarche individuelle était fourni par un rassemblement d’envergure internationale de plus de 12 000 participants provenant de 34 pays, venus dans un même esprit universel de fraternité militaire et ayant entrepris une quête spirituelle correspondant à un cheminement particulier. L’intention de l’auteur n’est pas d’ignorer ou de diminuer la portée ou la valeur religieuse de l’événement.

Les motivations personnelles des pèlerins étaient donc diverses : la prise de recul par rapport au quotidien, le besoin d’un temps d’arrêt après avoir lutté contre un cancer, le désir de reconstruction personnelle après de nombreux déploiements ou la perte d’un être cher, la volonté de faire le point sur des situations de la vie personnelle et professionnelle, la soif de vivre une expérience de saine camaraderie en marge du quotidien, la recherche de contacts humains réels qui dépassent le réseautage social sur Internet, la relecture de leur histoire personnelle et professionnelle dans le but de donner un nouvel élan à une carrière militaire déjà bien remplie, et ainsi de suite. Aucune des motivations personnelles des militaires n’était étrangère à l’expérience humaine et spirituelle du pèlerin. Cela est d’autant plus vrai que la culture militaire n’est pas étrangère aux signes, symboles et rituels religieux : pensons aux défilés en uniformes, aux escortes de drapeaux, aux grands rassemblements, comme les cérémonies d’ouverture et d’accueil d’emblèmes nationaux ou encore les cérémonies tenues au cénotaphe local, à la présence de musiciens militaires durant les déplacements ou à l’accomplissement de gestes rituels, et ainsi de suite. L’environnement ordinaire du militaire lui permet d’accéder aisément à un plan d’ordre symbolique. Le passage à un tel plan s’est aussi réalisé dans le cadre de diverses activités proposées durant le pèlerinage : marches en montagne, temps de silence, échanges avec d’autres pèlerins venus d’ailleurs et ayant des horizons culturels différents, tenue d’un journal personnel, interaction à l’intérieur du groupe, et ainsi de suite. Au cœur de cette concentration d’activités diversifiées, aussi bien personnelles que collectives, peuvent émerger, de manière unique et propre à chaque pèlerin – c’est ma plus grande constatation –, des pistes de réponses aux questions du sens à la vie. Les lieux et modes d’expérience personnelle sont infinis, tout comme les possibilités de sens sont loin d’être univoques. Il est également difficile d’évaluer l’impact que peut produire, à elle seule, la rencontre de milliers de jeunes dans un endroit désigné comme étant une terre sacrée propice à la recherche spirituelle. Aurait-on oublié que l’espace religieux, lorsqu’il amène chacun à vivre dans un esprit d’ouverture et de respect de l’expérience de l’autre, demeure encore un lieu valide et privilégié pour la rencontre de soi, des autres et d’un absolu?

Délégation canadienne au 54e Pèlerinage militaire international de Lourdes.

Photo du MDN (DHTC) BED_3643

Délégation canadienne au 54e Pèlerinage militaire international de Lourdes.

En résumé : résilience, cheminement personnel des militaires et rôle de l’aumônerie

La cohérence existentielle, qui passe par l’élaboration d’un projet de vie personnel (sens donné à la vie, qui aide à surmonter les difficultés qui se présentent), compte généralement au nombre des facteurs principaux qui contribuent à favoriser la résilience militaire et l’amélioration de la santé mentale, de même que la recherche de valeurs et de croyances cohérentes par rapport au projet13. La mise en œuvre récente du programme En route vers la préparation mentale nous rappelle, à sa manière, que les valeurs et les croyances constituent des éléments essentiels à la préparation opérationnelle des militaires, dont l’importance est reconnue au sein des Forces armées canadiennes14. Boris Cyrulnik15 fait remarquer, à propos de la résilience humaine, qu’après les épisodes de grands drames collectifs (tueries, guerres, génocides), les éléments à la base de la reconstruction personnelle et sociale, plus faciles à observer chez les enfants, sont le sens à la vie et le sentiment d’affection perçu et ressenti. Qui plus est, au plan éthique, dans le contexte de libéralisme politique ambiant16, où toute vision commune du sens est exclue au bénéfice de l’exercice de la liberté individuelle, la quête de sens ne semble plus être seulement une option, mais bien une nécessité. Les valeurs et les croyances aident les individus à matérialiser le sens donné à leur vie et à trouver la place qu’ils occupent au sein de leur groupe sociétal.

Dans le contexte militaire canadien, c’est notamment aux aumôniers, à titre de spécialistes des questions de sens à la vie, qu’est confiée la responsabilité de trouver et d’offrir des lieux concrets et crédibles qui pourront faciliter l’émergence de ce sens personnel et l’enracinement de valeurs et de croyances. Le Pèlerinage militaire international de Lourdes constitue un lieu concret d’expression de la quête de sens, dans un contexte anthropologique large, œcuménique et interreligieux qui semble correspondre aux exigences des femmes et des hommes d’aujourd’hui. L’adhésion à des structures ou à des dogmes ne constitue ni un point de départ ni un passage obligé pour que l’expérience soit bénéfique sur les plans humain et spirituel. En outre, la présence de nombreux éléments de culture militaire, tels que les défilés, les marches au son de la musique militaire, les rassemblements, les cérémonies sur les terrains de parade, les commémorations, l’esprit de corps, ou encore la célébration de valeurs communes à l’aide de différents symboles sont autant d’aspects favorisant la reconnaissance du pèlerinage comme un lieu accessible, voire familier, chez les militaires qui y participent. Cette proximité par affinité facilite peut-être la démarche personnelle tout en favorisant la recherche d’éléments significatifs pouvant aider les pèlerins à enraciner une orientation ou à trouver un sens à leur vie.

La plupart d’entre nous, les aumôniers militaires, ont participé à des marches aussi bien qu’à de longs convois en zone de combat, aux côtés des militaires. Il s’agit de lieux privilégiés pour l’établissement de la confiance et de la crédibilité, et souvent pour l’accompagnement spirituel au cœur de la vie des militaires. Ma participation au 54e  Pèlerinage militaire international m’a convaincu que ce type d’expérience peut s’avérer, à certaines conditions, propice au développement personnel et au perfectionnement professionnel pour les militaires canadiens (et les membres de leur famille) intéressés par une telle démarche. Par ailleurs, l’expérience vécue à Lourdes et le récit fragmentaire proposé dans les lignes qui précèdent suscitent aussi des questions et posent des conditions concernant la fonction de résilience et la crédibilité sociospirituelle des groupements religieux actuels eu égard aux aspirations des contemporains. Questions complexes auxquelles je ne saurais encore répondre, sinon dans les mots résumant la relecture de l’expérience, soumise dans le présent article. C’est sur le terrain de l’expérience personnalisée et de la démarche individuelle de quête de sens, entreprise en lien avec les questions posées par l’existence, que s’est fait aux fins du présent article l’arrimage entre la culture militaire et celle du pèlerinage. Celui-ci a créé un espace crédible où les militaires se sont sentis bienvenus et invités à emprunter leur voie propre, tout en maintenant un lien avec un groupe de chercheurs de sens. Nous avons là l’une des conditions pour que soient crédibles et efficaces, voire revitalisés, le discours et la pratique de guérison et de santé existant dans la plupart des groupes religieux, en lien avec le défi de surmonter les difficultés de la vie. Une conviction demeure toutefois, au terme de ce récit : le pèlerinage relève de l’essence même de l’expertise et du mandat confié aux aumôniers militaires comme leaders religieux mandatés au sein des Forces armées canadiennes. Les différentes traditions religieuses et spirituelles desquelles relève chaque aumônier militaire canadien sont encore riches de possibilités que nous sommes loin d’avoir épuisées.

Cérémonie de clôture de la 54e Pèlerinage militaire international de Lourdes.

Photo de Pigeon

Cérémonie de clôture de la 54e Pèlerinage militaire international de Lourdes.

NOTES

  1. Une version remaniée de ce texte a été soumise, pour en donner l’accès à un public spécialisé francophone, à la revue Incursions, no 7, Paris, 2e  trimestre, 2012.

  2. Boris Cyrulnik, Ces enfants qui tiennent le coup. Marseille, Revigny-sur-Ornain, coll. Hommes et Perspectives, 2000, p. 9. Dans le cadre de ses travaux entourant la mise en place d’un programme d’entraînement à la résilience militaire en vue du déploiement de troupes canadiennes en Afghanistan, la psychologue Christiane Routhier propose la définition opérationnelle suivante : « la résilience militaire correspond au processus par lequel un soldat reste fonctionnel malgré le stress et les traumatismes éventuels en acquérant le recul psychologique nécessaire pour situer les événements ponctuels dans son parcours individuel de vie, relativiser leurs effets, accéder aux ressources de résistance générale aux effets du stress pour y faire face et poursuivre son chemin vers l’atteinte de ses objectifs personnels de vie ». Dans Programme d’entraînement à la résilience militaire (PERM), Manuel de l’entraîneur, Valcartier, Canada, Secteur Québec de la Force terrestre / Défense nationale du Canada, document non publié, p. 47. Dans sa thèse de doctorat, André Belzile propose un tour d’horizon du concept de résilience : Les constituants de la résilience chez la personne ayant été abusée dans son enfance, dans un contexte d’expérience religieuse. Thèse doctorale, Québec, Université Laval, 2008. Accessible en ligne à l’adresse www.theses.ulaval.ca/2008/25489/25489.pdf.

  3. C’est du 13 au 16 juin 1958 que s’est déroulé le premier PMI. Cette année-là, les catholiques du monde entier soulignaient le 100e anniversaire des apparitions de Notre-Dame dans le petit village français de Lourdes, en France. De nombreux pèlerins étrangers s’organisaient pour se rendre à la grotte de Lourdes et participer aux manifestations jubilaires proposées par les Sanctuaires. Profitant de cet engouement international, Mgr Badre, alors directeur de l’aumônerie catholique militaire française, a aussi invité à Lourdes les aumôneries des délégations étrangères présentes au sein de l’OTAN. Celles-ci avaient déjà participé aux pèlerinages nationaux organisés depuis 1944 par le père Besombes, prêtre toulousain et aumônier militaire. Par ailleurs, Mgr Badre a également proposé à Mgr Werthman, alors vicaire aux Armées allemandes, de se joindre au rassemblement. C’est ainsi que, de manière hautement significative, la Bundeswehr, l’Armée nationale de la République fédérale allemande créée en 1955, a participé au premier PMI. Ce rassemblement pour la « réconciliation des Peuples du monde » (discours du maréchal Juin au camp militaire) a précédé la grande rencontre des 14 et 15 septembre 1958 entre le général de Gaulle et le chancelier allemand Konrad Adenauer. Celle-ci scellera politiquement la réconciliation entre les deux pays. Le PMI tire donc ses origines à la fois de cette présence encore massive de militaires qui se côtoyaient en Europe dans les années de l’après-guerre et du processus de réconciliation qui était en cours entre la France, l’Allemagne et l’ensemble des pays alliés. Du coup, le rassemblement en un même lieu de ces armées, réunies afin de prier pour la paix, elles qui quelques années auparavant avaient combattu ou bien ensemble ou bien les unes contre les autres, revêtait un caractère fortement symbolique. Pour obtenir un récit historique plus détaillé, on pourra consulter la page qui se trouve à l’adresse http://dirpmi.free.fr/index.php/presentation-du-pelerinage-militaire-international.html, consultée le 30 juillet 2012. La source principale est l’ouvrage de René Dupuy, Le Pèlerinage militaire international à Lourdes, Commission historique du PMI, France, n.d., page consultée le 30 juillet 2012.

  4. Victor Turner, Dramas, Fields, and Metaphors: Symbolic Action in Human Society, Ithaca, Cornell University Press, 1974. On pourra également voir John Eade et Michael J. Sallnow, Contested the Sacred: The Anthropology of Christian Pilgrimage, Urbana, Chicago, University of Illinois Press, 2000.

  5. À ce propos, on pourra lire les travaux de deux sociologues des religions, Marcel Gauchet, Le désenchantement du monde, Paris, Flammarion, 1985, et Diane Hervieu-Léger, Le pèlerin et le converti. La religion en mouvement, Paris, éditions Champs-Flammarion, 1999. Du point de vue de la théologie, on pourra consulter le dossier consacré aux pèlerinages publié par CONCILIUM, Revue internationale de théologie, no 266, 1996, et COMMUNIO,Revue catholique internationale, vol. XII, 4, no 132, 1997. Enfin, on verra l’ouvrage de Michel Stavrou et de sœur Jean-Marie-Valmigère, Le pèlerinage comme démarche ecclésiale, Paris, Thélès, 2004.

  6. Site officiel de l’Association Les Chemins vers Compostelle, qui se trouve à l’adresse http://www.chemin-compostelle.info/informations-pratiques-pelerinage-compostelle/statistiques-sur-compostelle.html, page consultée le 30 juillet 2012.

  7. On pourra voir Reginald Bibby, Beyond the Gods & Back, religion’s Demise and Rise and Why it Matters, Toronto, Project Canada Books, 2011. L’auteur, sociologue et observateur du fait religieux au Canada depuis 1975, insiste sur la persistance du religieux au Canada plutôt que sur sa disparition. Il avance l’idée d’une restructuration et d’une polarisation du fait religieux, entretenue, entre autres, du côté des groupes religieux, par l’arrivée des Néo-Canadiens. Le chercheur note également le maintien d’un haut niveau d’intérêt pour la spiritualité lorsque celle-ci n’est pas perçue dans les termes institutionnels, comme l’appartenance à un groupe ou la participation régulière à des services religieux.

  8. Dans la plupart de ces emplacements, des monuments commémoratifs sont érigés afin de rappeler le sacrifice des soldats tombés au combat. À titre d’exemple, on trouvera un guide des monuments commémoratifs canadiens érigés dans le monde à l’adresse http://veterans.gc.ca/fra/memoriaux, page consultée le 30 juillet 2012.

  9. Il s’agit ici de la guerre qui oppose les États-Unis à la Grande-Bretagne entre 1812 et 1815. L’Amérique du Nord britannique, surtout le Haut-Canada (l’Ontario) et le Bas-Canada (le Québec), sera le principal objectif des opérations militaires américaines. On pourra consulter le site du gouvernement canadien à l’adresse www.1812.gc.ca, page consultée le 23 août 2012.

  10. Depuis 1952, le Canada participe à cet événement qui attire annuellement 40 000 marcheurs provenant de plus de 50 pays, qui parcourent 160 km en quatre jours. On pourra voir le site qui se trouve à l’adresse http://www.cmp-cpm.forces.gc.ca/nij-nim/index-far.asp, page consultée le 9 septembre 2012.

  11. Dans le respect d’une ancienne tradition militaire, Beechwood, le cimetière national du Canada, abrite aussi des drapeaux consacrés depuis peu. Ceux-ci sont suspendus dans la salle des drapeaux, de chaque côté d’un magnifique vitrail commémoratif illustrant le thème de l’espoir dans un monde fracturé, offert par l’Association canadienne des aumôniers militaires. La salle a déjà abrité l’étendard royal du Commandement maritime (Marine) et ceux de deux des plus célèbres régiments du Canada : le Royal Canadian Regiment et le Royal 22e  Régiment. Les drapeaux du Régiment Les Fusiliers du Saint-Laurent, de la Première réserve, sont les derniers à avoir été déposés dans cette salle, en mai 2012. Selon la tradition, ils y resteront suspendus à perpétuité ou jusqu’à ce qu’ils soient complètement désintégrés, avec le temps.

  12. Le programme proposé incluait la participation au Pèlerinage militaire international de Lourdes et une activité s’inscrivant dans le cadre du perfectionnement professionnel au Monument commémoratif national du Canada à Vimy. La majorité des participants canadiens qui ont effectué le PMI ont financé leur voyage.

  13. Christiane Routhier, Programme d’entraînement à la résilience militaire : relevé de la documentation et des programmes existants, 5e Ambulance de campagne, base militaire de Valcartier, 2 mars 2006.

  14. En route vers la préparation mentale est le nouveau programme d’entraînement national des Forces armées canadiennes; il vise à former les troupes avant, pendant et après les déploiements dans les zones opérationnelles, notamment les zones de combat. Le module 5 du programme d’entraînement préparatoire au déploiement est entièrement consacré à l’importance des valeurs et des croyances personnelles. Le lecteur intéressé par cette question pourra consulter le site qui se trouve à l’adresse www.forces.gc.ca/r2mr-rvpm, page consultée le 30 juillet 2012.

  15. L’auteur français Boris Cyrulnik, éthologue, psychanalyste, psychologue et neuropsychiatre, a popularisé, pour un usage en sciences humaines, le concept de résilience. On pourra notamment se référer aux ouvrages suivants : Un merveilleux malheur, Paris, Odile Jacob, 1999; Les vilains petits canards, Paris, Odile Jacob, 2001; Le murmure des fantômes, Paris, Odile Jacob, 2003; Psychanalyse et résilience, Paris, Odile Jacob, 2006; La résilience, Lormont, éditions du Bord de l’eau, 2009.

  16. John Locke (1632-1704) est généralement considéré comme le père du libéralisme politique. Dans ses deux traités sur le gouvernement civil (publiés en 1690), il évoque les idées fondatrices à la base du libéralisme. On y retrouve l’affirmation que l’humain possède des droits inaliénables (liberté, propriété, sécurité), que les instances qui gouvernent ont des pouvoirs limités et que la délégation d’autorité repose sur un contrat social provisoire qui peut être modifié. Pour une présentation plus large du libéralisme politique, on pourra consulter : James F. Chidress et John Maquarrie (dir.), « Liberalism », dans The Westminster Dictionary of Christian ethics, Philadelphie, The Westminster Press, 1967, 1986, éd. rév.