Le coin du rÉdacteur en chef

Imprimer PDF

Pour plus d'information sur comment accéder ce fichier, veuillez consulter notre page d'aide.

Bienvenue à l’édition du printemps 2016 de la Revue militaire canadienne. Comme d’habitud e, ces lignes sont écrites alors que nous sommes encore aux prises avec l’hiver, mais il tirera bientôt à sa fin…

Le présent numéro offre beaucoup de variété à nos lecteurs… Pour commencer, nous avons un rapport spécial qui porte sur un sujet brûlant d’actualité. Le major Lena Angell, l’officier des affaires publiques principal de l’opération Provision – la contribution des FAC à l’engagement du gouvernement du Canada à l’égard de la réinstallation de réfugiés syriens au Canada pour le début de 2016 – dresse un rapport sur l’état d’avancement de cette démarche pangouvernementale à la fin de l’année 2015. Bien que diverses circonstances aient imposé un rythme de mise en œuvre plus lent que ce qui avait été prévu, le rapport spécial jette un éclairage favorable sur cet exemple de collaboration interministérielle étroite dans le cadre de l’intervention du Canada par suite de cette grave crise humanitaire.

Les problèmes touchant les femmes militaires sont aussi, fondamentalement, un sujet d’une très grande actualité. Voilà pourquoi l’enseigne de vaisseau de 1re classe Kareem Negm, un récent diplômé du programme de sciences politiques de l’Université de Victoria qui fait partie de la Marine royale canadienne (Force régulière) depuis 15 ans, « … remet en question l’hypothèse selon laquelle les obstacles fondés sur le sexe n’existent plus. Mon but n’est pas d’ignorer les réalisations fantastiques des femmes qui ont fait carrière et qui continuent de servir dans les forces armées. Mon intention est plutôt d’inciter à la prudence et de se garder d’affirmer que tout va bien sur le plan de la représentation des sexes. Ma théorie est fondée sur le fait que le nombre de femmes dans les forces armées n’est pas représentatif de leur nombre dans la société. Après toutes ces années, la présence des femmes dans les forces armées est toujours symbolique, non seulement dans les Forces armées canadiennes, mais aussi dans les forces militaires du monde entier. Ainsi, les FAC demeurent un domaine essentiellement masculin, ce qui laisse entendre que les obstacles fondés sur le sexe, réels ou perçus, continuent de dissuader les femmes de s’enrôler. Bref, pourquoi les femmes sont-elles encore sous-représentées dans les forces armées? »

Passons maintenant à Ben Zweibelson, officier d’infanterie à la retraite de l’US Army qui a connu de multiples missions en Iraq et en Afghanistan, et l’actuel directeur du cours sur la conception de programmes à la Joint Special Operations University, US Special Operations Command à Tampa, en Florida, qui soutient qu’en ce qui concerne la planification militaire « … notre approche analytique exclusive et notre prise de décision de style linéaire ouvrent la porte aux vulnérabilités et créent des obstacles à une pratique réflexive plus critique. Notre mode de pensée établi met l’accent uniquement sur les modèles analytiques et linéaires, et ne cherche pas à savoir pourquoi nous pensons de cette façon et à explorer les autres façons de penser qui s’offrent à nous. Je propose ici une approche non linéaire de la “construction de sens”, appelée vision du monde holistique non linéaire, comme paradigme de remplacement à la vision du monde analytique-linéaire. »

Ensuite, le major Ryan Kastrukoff, un pilote de chasse chevronné qui sert actuellement comme pilote instructeur du CT155 Hawk du 419e Escadron d’entraînement à l’appui tactique à la BFC Cold Lake, examine le concept de l’intention du commandant par rapport à l’attribution de missions spécifiques, et il suggère que « [l]a transmission d’une intention au lieu de missions précises donne aux commandants subalternes et aux soldats la souplesse qu’il faut pour user d’initiative afin de réaliser l’objectif quand les conditions du champ de bataille changent. » Le major Kastrukoff soutient en outre que « [l]es progrès considérables de la technologie de l’information ont transformé l’espace de bataille et exigent désormais que nous adaptions notre structure organisationnelle pour donner plus de place à l’initiative individuelle et en tirer un meilleur parti, surtout dans l’espace de bataille de l’information. » Après avoir présenté trois études de cas faisant ressortir l’inefficacité de la structure organisationnelle actuelle, « [il propose] ensuite une structure organisationnelle renouvelée qui incorpore des caractéristiques de l’externalisation ouverte et des plateformes de travail en ligne collaboratives dans le but d’améliorer l’acquisition, le développement et la mise en œuvre des technologies complexes à évolution rapide qu’emploient les Forces armées canadiennes. »

Dans notre dernier article de fond, le professeur Jason Cooley de l’Université de Hartford examine l’évolution des organisations révolutionnaires transnationales, qui débute plus précisément avec le mouvement communiste international qui a pris le contrôle de la Russie au début du XXe siècle. Dans sa foulée, ses chefs se sont souciés « … d’amener au pouvoir dans d’autres pays des personnes qui se préoccuperaient aussi d’éradiquer l’injustice économique. » Ceci étant dit, si ces organisations révolutionnaires transnationales ont fréquemment tenté de fomenter des insurrections, aucune n’est parvenue à renverser les chefs qu’elles détestaient. « Les partisans du mouvement islamiste partageaient l’antipathie des communistes à l’égard de l’Occident, mais ils n’étaient pas déterminés à éliminer l’injustice économique. Ils voulaient plutôt stopper la propagation de la culture occidentale dans les pays musulmans… Pendant que le mouvement islamiste s’exprimait, de nombreuses organisations révolutionnaires transnationales naissaient. Au départ, ces entités étaient contrôlées par un État révolutionnaire semblable aux réseaux les plus formidables de l’époque communiste [NDLR le Komintern et le Kominform]. Par contre, au fil du temps, elles se sont mises à fonctionner indépendamment les unes des autres. » Le professeur Cooley poursuite en chroniquant précisément cette évolution « … en observant le Hezbollah, al-Qaïda et l’État islamique en Iraq et en Syrie. »

On trouve quatre textes d’opinion différents dans le présent numéro… Menant la charge, le major-général (à la retraite) Marc Terreau, un expert reconnu en éthique de la défense et ancien chef – Service d’examen, approuve vivement le Programme d’éthique de la Défense et la place qu’on y fait à l’aumônerie. Le général Terreau est suivi par le major Dan Doran, un sapeur de combat de la Force de réserve, qui pose un regard nouveau sur l’attrition et le maintien de l’effectif dans la Réserve; il affirme que la Force de réserve doit faire face à des problèmes d’attrition et à des enjeux uniques et il suggère « … des solutions de rechange qui pourraient aider grandement à atténuer au moins certaines de ces difficultés particulières. À notre avis, la solution passe à la fois par une approche plus stratégique de la gestion des ressources humaines dans la Réserve et par l’acceptation des faits tels qu’ils sont en ce qui concerne l’écart entre les capacités perçues ou souhaitées de la Réserve et ses capacités fonctionnelles. » Ensuite, Kara Leman, une coordonnatrice du projet de mieux-être au travail a et ancienne spécialiste de la promotion de la santé des Forces armées canadiennes, raconte le brave combat mené par un militaire subalterne des Forces armées canadiennes contre la dépression et les idées suicidaires, lutte qu’il a publiquement reconnue dans l’espoir d’encourager d’autres gens à aller chercher de l’aide. Enfin, Earl John Chapman et R. Paul Goodman, deux officiers associés au 78th Fraser Highlanders de Montréal, jettent un regard nouveau sur l’emplacement géographique réel de la bataille des Plaines d’Abraham, en 1759, en évoquant de récents développements en géoréférencement. Ils soutiennent que « … des descriptions imprécises ou erronées ont été offertes aux historiens, au public intéressé et aux touristes du champ de bataille au cours des 180 dernières années. »

Martin Shadwick, notre commentateur attitré sur les questions liées à la défense, se penche sur l’héritage de Stephen Harper en ce qui concerne la défense nationale. Au bout du compte, il affirme qu’il laisse une impression « … partagée, comme pour la plupart des premiers ministres canadiens. Vu les circonstances difficiles héritées des gouvernements précédents – que ce soit la guerre en Afghanistan ou l’accumulation des retards pour remplacer des équipements vieillissants et inadéquats –, on pourrait affirmer que le gouvernement Harper a, en comparaison, bien géré la défense durant ses premières années. Ceci étant dit, un certain nombre de mesures auraient pu renforcer l’héritage de Harper en matière de défense… »

Enfin, comme d’habitude, nous terminons avec un certain nombre de critiques de livres que nous recommandons à nos lecteurs.

Bonne lecture!

David L. Bashow
Rédacteur en chef
Revue militaire canadienne