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Assemblée générale au siège de l’Organisation des Nations Unies, à New York.

La construction sociale de la guerre

par Mitchell Binding

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Le sous-lieutenant Mitchell Binding attend actuellement d’entreprendre la phase III de l’instruction de pilote d’hélicoptère; il en profite pour terminer la première année de sa maîtrise ès arts en relations internationales et guerre contemporaine au King’s College à Londres.

Introduction

La résurgence actuelle du nationalisme et l’émergence de la politique « après le fait » offrent une intéressante occasion d’étudier les structures sociales de la guerre1. Dans l’esprit d’un cadre constructiviste, je soutiens que les acteurs sont appelés à agir en fonction d’une réalité établie sur le plan social; cette réalité est formée par des normes et des identités. La mesure dans laquelle la guerre est établie sur des bases sociales prend une grande importance lorsque l’on observe jusqu’à quel point les acteurs peuvent manœuvrer dans ce « contexte ». La réponse à cette question est simple : très peu! J’expliquerai tout d’abord pourquoi cette question est importante, puis je préciserai les concepts essentiels pour en arriver à comprendre à fond cette problématique. Je me pencherai ensuite sur le cœur du présent article : la façon dont la guerre est construite sur des fondements sociaux et la mesure dans laquelle il en est ainsi. Comme dans le cas de toute analyse honnête, la présentation des limites de mes arguments vient atténuer ces derniers. Enfin, j’étaierai mes conclusions en survolant une vaste gamme d’études de cas, car je préfère une approche large pour montrer l’omniprésence de mes constatations.

Et alors?

Que l’on soit un érudit, un praticien, un officier militaire, un activiste, un chef politique ou un citoyen engagé, il est formateur de réfléchir à la guerre en tant que construction sociale. Le dialogue sur les relations internationales (RI) est grandement axé sur des concepts réalistes et libéraux. Les deux paradigmes apportent de nombreuses contributions au domaine. Le réalisme présente une logique simple et plaisante et repose sur des exemples tirés des données historiques2. Le libéralisme et la théorie de la paix démocratique libérale en particulier ont en commun les mêmes fondements « rationalistes » que le réalisme, malgré certaines hypothèses fondamentalement différentes. Ils offrent toutefois un pronostic différent, plus optimiste, quant aux affaires mondiales3. En effet, le libéralisme moderne a été la base de l’ordre imposé par l’Occident pendant la majeure partie du dernier siècle, de sorte qu’il a joué un rôle de taille dans les RI. Cependant, les deux approches comportent d’importantes lacunes. On critique les réalistes sur le fait qu’ils passent outre bon nombre de facteurs primordiaux du système international4. De son côté, le libéralisme a contribué au déclenchement de nombreuses guerres « non libérales » en cherchant à propager la démocratie, ce qui, d’après de nombreux observateurs, a affaibli l’ordre normatif que l’Occident cherchait à maintenir5. Les deux doctrines sont critiquées pour avoir une vision du monde axée sur l’Occident, que l’on ne peut associer à d’autres perspectives.

En réfléchissant au fait que la théorie des RI est plutôt constitutive, nous comprenons que les conceptions des acteurs au sujet de la guerre et de la paix définissent l’environnement dans lequel ils agissent6. Cet élément est important, car cela modifie la façon dont nous comprenons pourquoi les choses arrivent dans le système international et la meilleure manière de les gérer – une intention qui semble pertinente, étant donné la mutation de l’environnement politique et normatif observée partout dans le monde aujourd’hui.

Concepts

La première tâche consiste à clarifier le sens de l’expression « constructions sociales ». Les acteurs ne peuvent pas se séparer du système dans lequel ils agissent. Du point de vue constructiviste, il existe une différence entre les facteurs matériels et les facteurs non matériels, ou encore entre les « faits bruts » et les « faits sociaux »7. Ce sont les facteurs non matériels, ou idéationnels, qui façonnent le système international et la manière dont les acteurs et les États interagissent.

Ce sont les idées, les normes et les cultures des acteurs qui engendrent la guerre. Soyons clairs : ce point de vue ne signifie pas que la guerre « n’est pas réelle », ou qu’il est possible de la faire disparaître en modifiant notre façon de penser8. Comme je le préciserai plus loin, l’anarchie, la guerre et d’autres éléments clés du système international sont issus des idées, des normes et des cultures qui constituent un « moyen intersubjectif » par lequel les actions de chaque acteur ou État influent sur celles de tous les autres9. Comme ces constructions normatives ont été appliquées, interprétées et renforcées d’innombrables fois au cours des siècles, elles sont à toutes fins utiles coulées dans le système international.

Alors, pourquoi ne pas simplement adopter une approche rationaliste? Voilà une excellente question. Pour y répondre brièvement, on peut dire que, ce faisant, les théoriciens et les praticiens excluent d’énormes nuances. Non seulement ils comprennent mal des aspects clés du système international (p. ex. ce qui a entraîné la fin de la Guerre froide), mais encore ils passent presque sous silence le terrorisme, la criminalité internationale, les crises des migrants, les problèmes environnementaux, les politiques liées aux genres, la politique nationale, ou, en fait, tout ce qui ne se situe pas au niveau interétatique10. Ces questions ont toutes joué des rôles grandissants dans les RI, et les rationalistes y passent outre à leur détriment.

Songquan Deng/Alamy/BXNJDJ

Le Capitole des États-Unis, à Washington, D.C.

Après avoir fait la critique des deux principaux paradigmes rationalistes dans les RI, il faut donc offrir une autre option. Ce sont les penseurs constructivistes et ceux de l’École anglaise qui répondent le mieux à de nombreuses questions formulées ci-dessus ainsi qu’à la question-thème du présent article. Ces deux groupes de penseurs partagent des similarités dans leur réflexion, mais il y existe des différences importantes11. La principale distinction entre les deux se rapporte à leurs approches respectives : les constructivistes adoptent un point de vue sociopolitique, et l’École anglaise opte plutôt pour un angle historique. En général, toutefois, les deux ont des vues semblables sur le rôle des idées et des normes dans les relations interétatiques. Certains érudits ont même tenté de fusionner les deux écoles.

Les concepts primordiaux de cette « troisième option » – le constructivisme, axé sur l’École anglaise – sont ceux qui sont liés aux normes, à l’identité et à la culture. Pour les constructivistes, ces éléments fondamentaux expliquent la construction de la société internationale et de ses parties constituantes, telles que l’anarchie, la paix, la diplomatie et la guerre12.

Irina Afonskaya/Alamy/EYN2HF

La cathédrale Saint-Basile, à Moscou.

La guerre en tant que construction sociale

Afin de comprendre la guerre comme étant une construction mentale sociale, nous devons aussi comprendre comment les États sont eux-mêmes des constructions sociales. Les aspects matériels d’un État sont apparents : son territoire, sa population, son économie et son matériel en sont tous des éléments incontestables13. Les États sont aussi créés et définis par des idées (capitalisme, démocratie, communisme), des cultures (religieuses, laïques, ethniques) et des normes (primauté du droit, revanchisme, conciliation)14. De plus, nous pouvons illustrer la construction sociale en examinant comment un État pourrait exister sans territoire, ou un territoire, sans État (les gouvernements peuvent fonctionner en exil ou pendant que le territoire est occupé)15. À mesure que le système international change, les frontières des États bougent et cessent parfois d’exister complètement, même si les aspects matériels demeurent intacts d’une certaine façon16. Nous pouvons aussi remettre en question les peuples en tant que groupe formant un État; les identités et les cultures qui constituent un État sont souvent hétéroclites et en conflit les unes avec les autres. Les cultures transcendent régulièrement les frontières étatiques, et il y en a souvent plusieurs à l’intérieur d’un même État17. En fait, l’État peut être perçu comme l’assemblage de trois parties distinctes mais essentielles : le territoire et les facteurs matériels n’en constituent qu’une partie, les deux autres étant « l’idée de l’État » et « l’expression institutionnelle de l’État »18. Cette trinité montre comment les facteurs matériels ne sont qu’un volet de ce qui constitue un État.

La perception de l’État comme une construction sociale influe sur la façon dont nous observons les relations entre les pays. Ces dernières sont, elles aussi, influencées et établies par des normes. Si les États sont eux-mêmes des constructions, alors la structure anarchique qu’ils constituent s’avère également une construction sociale19. Les normes sont à la fois régulatrices et constitutives; elles règlent la conduite de la guerre (songeons, par exemple, à la Charte des Nations Unies et aux traités des alliances), mais sans les règles et les normes qui constituent la guerre, celle-ci cesserait d’exister complètement20.

Ce lien est décrit par le concept d’agent-structure. Le politologue Alexander Wendt, un des principaux constructivistes sociaux dans le domaine des RI, explique que « des pratiques régulières produisent des identités souveraines mutuellement constituantes (agents) et leurs normes institutionnelles (structures) connexes21 » [TCO]. En d’autres mots, les agents dans un système créent ensemble la structure dans laquelle ils agissent. Le système influence ou règle donc les actions, qui se répercutent ensuite dans la structure. Cela nous permet de conclure que les États, par leurs pratiques, instaurent la guerre.

Nous pouvons appliquer ces constats afin de comprendre pourquoi les pensées libérales et réalistes sont omniprésentes. Le réalisme met l’accent sur l’anarchie et l’équilibre du pouvoir (ou de la menace) et sur les pressions systémiques exercées sur les acteurs; si la majorité des acteurs dans le monde comprennent cela comme étant de nature hobbésienne, ils agiront avec méfiance et suivront leur instinct de conservation22, et les efforts seront vains. Le libéralisme perçoit le même système, mais il accepte des normes de coopération entre des États semblables, normes qui permettent, grâce à une version itérative à long terme du dilemme du prisonnier, d’échapper à un conflit perpétuel23. Si chaque acteur croit que la coopération entre les États est non seulement possible, mais également très bénéfique, tous agiront en conséquence pour protéger les groupes et leurs propres intérêts. Ces deux perceptions distinctes du monde expliquent nécessairement les conflits et les guerres (ainsi que les périodes de paix) au cours de l’histoire, et elles en ont été les éléments constitutifs24.

Sergey Borisov/Alamy/HWDFG0

Big Ben et le pont Westminster, à Londres.

Questions de mesure

Faire valoir que la guerre est une construction sociale mène à la conclusion que ses structures sont pleinement sociales. J’essaierai de répondre à une question plus utile : dans quelle mesure les acteurs peuvent-ils agir au sein de cette construction (ou structure) sociale?

Comme nous l’avons mentionné brièvement plus haut, l’idée que la guerre est une structure sociale ne signifie pas qu’elle est illusoire ou intangible, ou encore que l’on peut l’abandonner à notre convenance. Les normes qui constituent la guerre sont omniprésentes et elles subissent l’influence de la rétroaction du système de l’agent-structure25. Cela signifie que la marge de manœuvre des acteurs est limitée.

La conséquence primordiale de cette conclusion est que les acteurs doivent essentiellement agir au sein d’un système réaliste, car c’est ce qui a été établi à maintes reprises26. Naturellement, le libéralisme ne cède pas de terrain, et la paix démocratique libérale demeure pertinente, mais la majeure partie de l’histoire favorise les réalistes – et nous semblons actuellement revenir à une mentalité axée sur l’équilibre du pouvoir. Par exemple, depuis des années, les réalistes prédisent la résurgence d’un ordre axé sur la concurrence entre de grandes puissances, dès que l’ordre « unipolaire » commencerait à s’effriter27. Nous voyons maintenant cette prédiction se réaliser entre la Russie, la Chine et les États-Unis. L’Union européenne se trouve aussi dans une situation précaire et risque sérieusement de se dissoudre, ce qui pourrait entraîner une concurrence moins amicale entre la Grande-Bretagne, la France, l’Allemagne et peut-être même l’Italie28. Cela résulte de la réification de la pensée réaliste dans la politique et la stratégie internationales, et c’est pourquoi les acteurs ont du mal à agir dans la structure sociale de la guerre.

Limites

Comme pour toute approche des RI, le constructivisme a ses limites. La plus pertinente se rapporte à la nature souvent complexe de l’argument constructiviste, à la difficulté d’établir des lignes directrices pour l’analyse des normes et au fait qu’il permet mal de prédire l’évolution des RI.

Beaucoup ont soutenu que la perception de la guerre comme une structure sociale est trop complexe, dénuée de la simplicité attrayante des approches rationalistes (en particulier du réalisme). Les spécialistes ont discuté de l’immense complexité des normes et des identités à chaque niveau de l’analyse, et de la façon dont elles influent les unes sur les autres, souvent de façon circulaire29. Ces relations normatives complexes peuvent rendre très difficiles l’analyse et la compréhension de la manière dont elles constituent un système.

L’étude des normes n’est pas plus aisée, vu les méthodologies complexes et difficiles qu’il faut adopter pour la réaliser. Des spécialistes ont fourni des méthodes d’analyse, mais il s’avère difficile d’évaluer des concepts subjectifs et mal définis tels que les normes, les identités et la culture30.

En outre, les adeptes du constructivisme tentent tant bien que mal de prévoir les orientations du changement, car il est impossible de prédire la nature ou la transmission des idées, tandis que les adeptes de l’approche rationaliste ou systémique pourraient prédire comment les pays vont agir en se fondant sur ce que dicte la structure31. Les praticiens du domaine de la sécurité doivent pouvoir appliquer dans une certaine mesure les concepts au monde réel pour arriver à concevoir des politiques prospectives. La complexité et l’imprévisibilité des normes et des idées risqueraient de rendre l’approche constructiviste moins attrayante.

Maintenant que nous avons reconnu l’existence de ces limites, il importe de souligner qu’aucune ne nie les raisons qui nous amènent à comprendre la guerre comme étant une construction sociale. Les approches rationalistes ne permettent toujours pas de comprendre les causes normatives des structures et des institutions observées sous leur angle, pas plus que leurs conséquences32. Ainsi, les constructivistes ne visent pas à supplanter les réalistes ou les libéralistes, mais à collaborer avec eux. Certains ont affirmé que le constructivisme n’est rien de plus qu’un complément du réalisme33, mais il semble plus juste de dire que le réalisme et le libéralisme pourraient tous deux faire partie intégrante du constructivisme.

Survol d’études de cas

Aux fins du présent article, il vaut mieux recourir à un vaste échantillon d’études de cas pour montrer l’application d’une approche constructiviste au monde réel. Pareille démarche nous oblige inévitablement à renoncer à la profondeur; je survole ici largement des exemples historiques et contemporains pour donner une idée des nombreuses façons possibles d’utiliser une structure sociale pour comprendre la guerre et les RI.

Des érudits ont écrit sur le rôle des normes, de l’identité et de la culture dans de nombreux cas observés au XXe siècle. Le professeur Jeffrey W. Legro, de l’Université de Virginie, un autre spécialiste des RI, a analysé les années ayant mené à la Seconde Guerre mondiale : il rejette les arguments classiques et met plutôt l’accent sur la façon dont les cultures organisationnelles en Grande-Bretagne et en Allemagne ont par inadvertance abouti à la guerre34. Elizabeth Kier, Ph. D. et professeure agrégée au Département de sciences politiques de l’Université de Washington, a étudié la doctrine de l’offensive par rapport à celle de la défensive dans le contexte de la culture militaire française de l’entre-deux-guerres et elle a constaté que les forces armées ne préfèrent pas nécessairement la première35. Le professeur Alastair Iain Johnston, Ph. D., de l’Université Harvard, a examiné la prédominance du réalisme culturel en Chine sous Mao Zedong, et il a conclu qu’au cours des siècles, les événements historiques ont donné lieu à l’adoption de la realpolitik offensive par les dirigeants chinois36. Le professeur de RI Thomas U. Berger, de l’Université de Boston, a évalué les tendances de l’Allemagne et du Japon à se rebiffer, depuis la Seconde Guerre mondiale, contre la vogue réaliste en hésitant fortement à recourir aux moyens militaires en raison de facteurs culturels et historiques37. Richard Price, Ph. D., de l’Université de la Colombie-Britannique, et Nina Tannenwald, Ph. D., de l’Université Brown, ont employé une approche normative pour expliquer le non-recours aux armes chimiques et nucléaires dans des cas où le modèle de la dissuasion ne tient pas la route38. Enfin, Robert G. Herman, Ph. D., s’est attaqué à l’effondrement de l’Union soviétique en montrant que ce sont des facteurs idéationnels qui ont entraîné la fin de la Guerre froide et non des facteurs matériels39.

De nombreuses études de cas ont également été effectuées depuis le début du siècle actuel. Nous avons assisté à la guerre contre le terrorisme et à la construction de son récit par toutes les parties40. Au moment où le Royaume-Uni se détache de l’Union européenne et accélère sa perte, et où les États-Unis, dans une démarche nationaliste, se replient sur eux-mêmes et s’éloignent de leurs alliés, le monde est témoin du déclin naissant de l’ordre dirigé par l’Occident41. Le vide est comblé par deux grandes puissances renaissantes : la Russie rejette l’hégémonie normative de l’Occident et passe à l’action offensive pour retrouver sa gloire d’autrefois, pendant que la Chine cherche à se rétablir en tant que puissant Empire du Milieu42.

World History Archive/Alamy/D96F4G

Le président Mao Zedong.

Une bonne partie des changements dont nous avons été témoins au cours des dernières années n’a rien à voir avec la transformation des capacités matérielles (bien que la Chine et la Russie se soient dotées et aient employé de nouveaux atouts matériels). Les changements sont provenus de facteurs idéationnels : le nationalisme et le populisme sont à la mode partout en Occident par suite du désenchantement éprouvé à l’égard de l’élite et de la mondialisation43. La perte du statut de superpuissance de la Russie et la mémoire culturelle de la Chine issue de son « siècle d’humiliation » constituent les motivations de ces deux pays44.

De nombreux cas ressembleront à des situations réalistes. Par exemple, les relations entre les États-Unis et la Chine vont probablement s’affaiblir et risquent de tomber dans le piège de Thucydide, où des puissances montantes et des hégémonies établies en viennent inévitablement au conflit45. Cependant, ce ne sera pas nécessairement le cas; il est tout aussi possible que des idées davantage axées sur la paix prennent racine. La gamme des études de cas survolées ici étaie l’argument selon lequel la guerre est une construction sociale, de sorte que les conceptions réalistes ne prévaudront pas nécessairement.

Conclusion

Le réalisme et le libéralisme dominent depuis longtemps la discussion dans le cadre des relations internationales, mais ils montrent tous deux des limites lorsqu’il s’agit de comprendre la guerre, car aucune des deux doctrines n’accorde toute l’attention voulue à l’importance des normes, des identités et des cultures. Ces facteurs représentent les acteurs, les États et la structure du système international et ils sont donc essentiels à quiconque veut acquérir une compréhension approfondie – cela est d’autant plus vrai quand on songe aux questions de sécurité primordiales qui se posent au Canada aujourd’hui. Cette approche constructiviste fournit une nuance essentielle quand nous examinons le terrorisme, la criminalité internationale, les crises des migrants, les questions environnementales et la multitude d’autres situations complexes au sujet desquelles nous proposerons nos meilleures solutions. Dans le contexte d’une approche constructiviste, il sera intéressant d’étudier l’environnement normatif mondial au cours des prochaines années, où le monde fera face à des changements fondamentaux.

Photo no 715035, United Nations Multimedia

Secrétariat au siège de l’Organisation des Nations Unies.

Notes

  1. « Word of the Year, 2016 », Oxford Dictionaries, consulté le 2 janvier 2016. Voir le site https://www.oxforddictionaries.com/press/news/2016/12/11/WOTY-16.
  2. John J. Mearsheimer, The Tragedy of Great Power Politics, New York, W.W. Norton & Company, 2001, Kobo ebook, chap. 6.
  3. Robert O. Keohane et Lisa L. Martin, « The Promise of Institutionalist Theory », International Security, vol. 20, no 1, 1995, p. 50.
  4. « The limitations of Realism », WSO Course Content. Voir le site https://keats.kcl.ac.uk/pluginfile.php/1938504/mod_resource/content/13/
    LO8_LimitationsOfRealism.html
    .
  5. John M. Owen, « How Liberalism Produces Democratic Peace », International Security, vol. 19, no 2, 1994, p. 88; Michael W. Doyle, « Liberalism and World Politics », The American Political Science Review, vol. 80, no 4, 1986, p. 1154.
  6. « Constitutive » par opposition à « explicative », « prescriptive » ou « émancipatrice »; « Module introduction », WSO Course Content. Voir le site https://keats.kcl.ac.uk/pluginfile.php/1938502/mod_resource/content/6/
    ModuleIntroduction.html
    .
  7. Alexander Wendt, « Anarchy is What States Make of It: The Social Construction of Power Politics », International Organization, vol. 46, no 2, 1992, p. 399.
  8. Ibid.
  9. Ibid, p. 401.
  10. a) Robert G. Herman, « Identity, Norms, and National Security: The Soviet Foreign Policy Revolution and the End of the Cold War », The Culture of National Security, Peter J. Katzenstein (sous la dir. de), New York, Columbia University Press, 1996, p. 278; b) John J. Mearsheimer, « Structural Realism », dans International Relations Theories: Discipline and Diversity, Tim Dunne, Milja Kurki et Steve Smith (sous la dir. de), 4e édition, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 65; c) Les libéraux se soucient du niveau national en ce qui concerne le type de gouvernement. Ils croient aux normes, mais à condition qu’elles soient fixes et rationnelles; d) Christopher Layne, « Kant or Cant: The Myth of the Democratic Peace », International Security, vol. 19, no 2, 1994, p. 6; Zeev Maoz et Bruce Russett, « Normative and Structural Causes of Democratic Peace, 1946-1986 », The American Political Science Review, vol. 87, no 3, 1993, p. 624.
  11. Cette différence n’est pas importante ici. Voir Kevork Oskanian, « The English School as Global Crossroads: From Methodological Eclecticism to Cultural Pluralism », E-International Relations, 3 août 2013. Voir le site http://www.e-ir.info/2013/08/03/the-english-school-as-global-crossroads-from-methodological-eclecticism-to-cultural-pluralism/.
  12. Comme étant distinctes du système international, si l’on s’en tient à la définition. Hedley Bull, The Anarchical Society: A Study of Order in World Politics, 4e édition, New York, Columbia University Press, 2002, p. 13.
  13. Barry Buzan, People, States & Fear: An Agenda for International Security Studies in the Post-Cold War Era, 2e édition, Colchester, European Consortium for Political Research, 2009, p. 69.
  14. Wendt, p. 413; Buzan, p. 74.
  15. Buzan, p. 69.
  16. Jaroslav Tir, Philip Schafer, Paul Diehl et Gary Goertz, « Territorial Changes, 1816-1996: Procedures and Data », Conflict Management and Peace Science, vol. 6, 1998, p. 89-97. Voir le site http://www.correlatesofwar.org/data-sets/territorial-change.
  17. Buzan, p. 76.
  18. Ibid, p. 67.
  19. Wendt, p. 395.
  20. Peter J. Katzenstein, introduction à l’ouvrage The Culture of National Security, Peter J. Katzenstein (sous la dir. de), New York, Columbia University Press, 1996, p. 22.
  21. Wendt, p. 413.
  22. « Conversations with History: Kenneth Waltz », University of California Television (UCTV), 15 février 2008. Voir le site https://www.youtube.com/watch?v=F9eV5gPlPZg.
  23. Arthur A. Stein, « Coordination and Collaboration: Regimes in an Anarchic World », International Organization, vol. 36, no 2, 1982, p. 304.
  24. David M. Edelstein, « Why Realists Don’t Go for Bombs and Bullets », Foreign Policy, 21 juillet 2010. Voir le site https://foreignpolicy.com/2010/07/21/why-realists-dont-go-for-bombs-and-bullets/; « Conversations with History: John Mearsheimer », 37:00, publiées par l’« University of California Television (UCTV) », le 7 février 2008. Voir le site https://www.youtube.com/watch?v=AKFamUu6dGw; Edward D. Mansfield et Jack Snyder, « Democratization and the Danger of War », International Security, vol. 20, no 1, 1995, p. 6; John M. Owen, « Iraq and the Democratic Peace: Who Says Democracies Don’t Fight? », examen de l’ouvrage Electing to Fight: Why Emerging Democracies Go to War, par Edward Mansfield et Jack Snyder, Foreign Affairs, vol. 84, no 6, 2005, p. 123.
  25. Wendt, p. 413.
  26. Ibid, p. 410.
  27. Mearsheimer, 2001, chap. 10; Marc M. Wall, « PacNet #52: The Great Eurasian Rebalancing Act », Center for Strategic and International Studies, 8 juillet 2014. Voir le site : https://www.csis.org/analysis/pacnet-52-great-eurasian-rebalancing-act.
  28. « 2017 Annual Forecast: Europe », Stratfor, 30 décembre 2016. Voir le site https://www.stratfor.com/forecast/2017-annual-forecast-europe/europe.
  29. Paul Kowert et Jeffrey Legro, « Norms, Identity, and Their Limits: A Theoretical Reprise », The Culture of National Security, Peter J. Katzenstein (sous la dir. de), New York, Columbia University Press, 1996, p. 465.
  30. Alastair Iain Johnston, « Thinking about Strategic Culture », International Security, vol. 19, no 4, 1995, p. 47; Theo Farrell, « Constructivist Security Studies: Portrait of a Research Program », dans International Studies Association, vol. 4, no 1, 2002, p. 61.
  31. Jack Snyder, « One World, Rival Theories », Foreign Policy, 26 octobre 2009. Voir le site https://foreignpolicy.com/2009/10/26/one-world-rival-theories/.
  32. Kowert, p. 455.
  33. Michael C. Desch, « Culture Clash: Assessing the Importance of Ideas in Security Studies », International Security, vol. 23, no 1, 1998, p. 166.
  34. Jeffrey W. Legro, « Military Culture and Inadvertent Escalation in World War II », International Security, vol. 18, no 4, 1994, p. 109.
  35. Elizabeth Kier, « Culture and Military Doctrine: France between the Wars », International Security, vol. 19, no 4, 1995, p. 66.
  36. Alastair Iain Johnston, « Cultural Realism and Strategy in Maoist China », The Culture of National Security, Peter J. Katzenstein (sous la dir. de), New York, Columbia University Press, 1996, p. 217.
  37. Thomas U. Berger, « Norms, Identity, and National Security in Germany and Japan », Katzenstein, p. 318.
  38. Richard Price et Nina Tannenwald, « Norms and Deterrence: The Nuclear and Chemical Weapons Taboos », Katzenstein, p. 115-116.
  39. Robert G. Herman, « Identity, Norms, and National Security: The Soviet Foreign Policy Revolution and the End of the Cold War », Katzenstein, p. 273; Nina Tannenwald et William Curti Wohlforth, « Introduction: The Role of Ideas and the End of the Cold War », Journal of Cold War Studies, vol. 7, no 2, 2005, p. 4.
  40. K. M. Fierke, « Contructivism », International Relations Theories: Discipline and Diversity, Tim Dunne, Milja Kurki et Steve Smith (sous la dir. de), 4édition, Oxford, Oxford University Press, 2016, p. 173; Philip Bump, « President Obama is Right That Guns Kill More Americans Than Terrorism. So Do Lots of Other Things », dans The Washington Post, 27 août 2015. Voir le site https://www.washingtonpost.com/news/the-fix/wp/2015/08/27/obama-is-right-that-guns-kill-more-americans-than-terrorism-so-do-lots-of-things/; Anup Shah, « War on Terror », Global Issues, 7 octobre 2013. Voir le site http://www.globalissues.org/issue/245/war-on-terror#ReactiontotheSeptember112001events; Rainer Hulsse et Alexander Spencer, « The Metaphor of Terror: Terrorism Studies and the Constructivist Turn », Security Dialogue, vol. 39, no 6, 2008, p. 572.
  41. « 2017 Annual Forecast », Stratfor, 30 décembre 2016. Voir le site https://www.stratfor.com/forecast/2017-annual-forecast.
  42. Conradin Weindl, « After Ukraine Part II – Russian Great Power vs. European Normative Hegemony: What is at Stake in Eastern Europe? », Strife, 6 mai 2015. Voir le site http://www.strifeblog.org/2015/05/06/after-ukraine-part-ii-russian-great-power-vs-eu-normative-hegemony-what-is-at-stake-in-eastern-europe/; Lilia Shevtsova, « Efforts to Contain Russia Are Failing », Chatham House, 4 janvier 2017. Voir le site https://www.chathamhouse.org/expert/comment/efforts-contain-russia-are-failing.
  43. « The Consensus Crumbles: The Economists Who Foresaw the Backlash Against Globalization », The Economist, 30 juin 2016. Voir le site http://www.economist.com/news/finance-and-economics/21701501-economists-who-foresaw-backlash-against-globalisation-consensus; « The New Nationalism », The Economist, 19 novembre 2016. Voir le site http://www.economist.com/news/leaders/21710249-his-call-put-america-first-donald-trump-latest-recruit-dangerous.
  44. Matt Schiavenza, « How Humiliation Drove Modern Chinese History », The Atlantic, 25 octobre 2013. Voir le site https://www.theatlantic.com/china/archive/2013/10/how-humiliation-drove-modern-chinese-history/280878/.
  45. Graham Allison, « Thucydides Trap Case File », Belfer Center for Science and International Affairs; 23 septembre 2015. Voir le site http://belfercenter.ksg.harvard.edu/publication/24928/thucydides_trap_case_file.html.