LE MONDE DANS LEQUEL NOUS VIVONS

Photo du MDN, par le matelot de 1re classe Dan Bard

Le NCSM Montréal passe non loin d’un iceberg dans l’Arctique pendant l’opération Nanook, été 2017.

L’intérêt de la Chine pour le Nord : une menace pour la souveraineté et la sécurité du Canada dans l’Arctique?

par Adam P. MacDonald

Imprimer PDF

Pour plus d'information sur comment accéder ce fichier, veuillez consulter notre page d'aide.

Adam P. MacDonald, B.A., M.A., s’est enrôlé dans les Forces armées canadiennes en 2004; il a terminé ses études au Collège militaire royal du Canada en 2008 et a ensuite servi six ans de plus à titre d’officier de marine. Adam est actuellement un chercheur indépendant basé à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et il contribue régulièrement à la Canadian Naval Review, à l’East Asia Forum et à Frontline Defence. Il est membre de l’Institut de la Conférence des associations de la défense, du Royal United Services Institute (RUSI) of Nova Scotia et du Conseil d’éthique en recherche de la Nova Scotia Health Authority. L’analyse de l’étude de la montée de la Chine dans la théorie des relations internationales, l’évolution de la situation militaire dans l’Arctique et la transition politique en cours au Myanmar sont actuellement les principaux domaines sur lesquels porte son travail universitaire.

Introduction

L’Arctique suscite de la part d’acteurs externes une attention et un intérêt qui ne cessent de croître. La Chine fait notamment au Canada l’objet d’un intérêt considérable dans les milieux universitaires et médiatiques1. Même si presque tous les observateurs s’entendent sur le fait que les activités actuelles de Pékin concernant l’Arctique respectent la pratique des États et les pratiques légales acceptées, il existe des divergences concernant ses motivations sous-jacentes, ses objectifs finals et l’impact sur l’ordre régional, ainsi que sur le rôle et la place du Canada à ce chapitre. Les personnes qui s’inquiètent le plus des capacités et des activités croissantes de la Chine dans le Nord prétendent que Pékin se place subtilement en position pour modifier l’architecture politique régionale ou pour l’entraver afin d’obtenir un accès illimité aux nouvelles routes de navigation qui s’ouvrent et aux richesses naturelles possibles, ce qui compromet les intérêts et la souveraineté des États de l’Arctique. De plus, l’arrivée de la Chine est présentée comme une des contraintes futures les plus importantes s’exerçant sur une région qui est déjà fragile sur le plan géopolitique, car des États qui sont à l’intérieur et de plus en plus à l’extérieur de la région se livrent une lutte d’influence et de pouvoir, ce qui opposera carrément Ottawa à Pékin2. Cette nouvelle réalité stratégique a poussé certaines personnes à demander à Ottawa de se préparer à ce genre d’éventualité en adoptant les règles politiques et les restrictions voulues aux niveaux national et régional et en se dotant de moyens militaires capables d’intervenir dans le Nord pour décourager les possibles penchants révisionnistes de la Chine3.

267

Wojciech Strozyk/Alamy Live News/Alamy/J5H03C

Le porte-conteneurs chinois CSCL Arctic Ocean, l’un des plus grands porte-conteneurs du monde, à Gdansk, en Pologne, le 17 mai 2017.

Les descriptions soulignant les défis que la Chine pose pour la souveraineté et la sécurité du Canada dans l’Arctique sont toutefois en grande partie éclairées par la documentation plus vaste relative à la montée de la Chine et à la stabilité de l’Arctique en général. Ces arguments, qui ne font absolument pas abstraction des préoccupations concernant la Chine dans l’Arctique, s’appuient sur ces cadres plus vastes pour mettre en contexte et expliquer la pensée et les actions de la Chine dans le Nord; ils ne constituent pas une analyse plus fine des engagements concrets actuels de la Chine à l’égard de l’Arctique. Il reste beaucoup d’incertitudes concernant les intérêts et les stratégies de la Chine relativement à l’Arctique, mais le Canada devrait éviter des caractérisations simples de ce phénomène (et de la question des acteurs externes en général). Il devrait plutôt se concentrer sur les moyens à prendre pour orienter et influencer les actions de Pékin dans l’Arctique en vue de soutenir l’ordre politique régional actuel, qui est de plus en plus axé sur les enjeux sociaux, économiques et environnementaux complexes et compliqués associés à l’accessibilité croissante de la région, dans laquelle la Chine et des entités chinoises jouent un rôle.

Dan Parrett/Design Pics Inc./Alamy/EA24TG

Le porte-conteneurs APL China dans la baie Unalaska, en Alaska, le 11 juillet 2012.

La Chine : un nouvel acteur dans l’Arctique

Au cours des trois dernières décennies, depuis le lancement, dans les années 1980, de son programme polaire, qui est en grande partie défini par la recherche scientifique, la Chine a élargi l’ampleur et la portée de ses engagements dans l’Arctique. Toutefois, Pékin n’a pas (et on ne s’attend pas à ce qu’elle le fasse bientôt) publié de politique sur l’Arctique étant donné l’absence relative d’importance de la région dans la politique étrangère de la Chine en comparaison avec d’autres régions telles que l’Afrique et le Moyen-Orient (qui contribuent de façon immédiate et importante à son développement économique soutenu et à son influence politique internationale). La stratégie de la Chine à l’égard de l’Arctique reste donc dans un « état de formulation embryonnaire » concernant sa vision de la région ainsi que le rôle et la place qu’elle y occupe4. Les commentaires officiels de la Chine sur l’Arctique sont rares, mais le discours que le vice-ministre des Affaires étrangères Zhang Ming a fait en octobre 2015 à l’occasion d’une conférence internationale en Islande a signalé le désir de la Chine de devenir un participant régional actif plutôt qu’un observateur passif5. L’Arctique est un centre d’intérêt à long terme pour Pékin en raison des recoupements de la région avec différents intérêts chinois, notamment les effets du climat sur l’Asie attribuables aux transformations du milieu dans le Nord, l’accroissement des perspectives d’extraction des ressources et de l’accès aux routes maritimes et aux zones de pêche et le fait que la région est un endroit où la Chine entend exercer une influence en tant que grande puissance. Malgré le manque de documents et de commentaires officiels, les chercheurs conviennent généralement que Pékin est active dans trois grands domaines pour établir des relations plus profondes dans l’Arctique : la recherche scientifique, les partenariats commerciaux et économiques et la participation à l’architecture politique régionale6.

La Chine étant une puissance montante dont les intentions, les opinions et les stratégies à l’égard de la région sont incertaines (ou à tout le moins non déclarées ou pas entièrement énoncées), il convient d’examiner son engagement dans l’Arctique. Les personnes qui s’inquiètent le plus des effets néfastes de ce phénomène sur la souveraineté et la sécurité du Canada dans l’Arctique ont raison de souligner que l’engagement régional de la Chine est une réalité et non plus une possibilité et qu’il ne s’agit pas d’une lubie passagère7. Cela dit, toutefois, les mentions des défis qui s’appliquent aux intérêts du Canada dans l’Arctique tendent en général à se concentrer de façon étroite sur les enjeux de souveraineté et de sécurité et à les combiner et, ce faisant, à insister sur les menaces d’origine étatique, dont la Chine est considérée comme la source la plus récente, ce qui fait craindre pour l’intégrité territoriale. Ces représentations déforment, grossissent et simplifient la présence et le rôle de la Chine dans le Nord et elles réduisent aussi la totalité des intérêts du Canada dans cette région en les regroupant dans un concept vaste, mal défini et très exagéré de souveraineté territoriale lorsque, en fait, une multitude d’intérêts diversifiés, mais étroitement liés les uns aux autres sous-tendent la politique régionale d’Ottawa, qui doit être la base de toute évaluation globale des impacts que Pékin a sur le Canada dans l’Arctique8. Nous allons toutefois, ici, nous concentrer sur trois grandes préoccupations associées à une Chine qui est davantage tournée vers l’Arctique et active pour ce qui est de leur impact sur la souveraineté du Canada et la stabilité régionale :

  • les contestations possibles de la souveraineté maritime par Pékin en ce qui concerne le passage du Nord-Ouest et les revendications associées à une zone économique exclusive élargie (ZEE);
  • les buts et l’impact des investissements et des activités croissants des sociétés d’État chinoises dans l’Arctique canadien;
  • les efforts de la Chine afin d’entraver ou encore de restructurer l’ordre politique régional.

Contestation de la souveraineté maritime?

La Chine n’a pas de revendication territoriale dans l’Arctique et elle a évité de commenter les revendications maritimes en souffrance entre les États côtiers de l’Arctique. Pékin a de plus accepté les critères de Nuuk à titre de condition préalable pour devenir membre du Conseil de l’Arctique, ce qui inclut le respect de la souveraineté et des droits souverains des États de l’Arctique et la reconnaissance de la Convention des Nations Unies sur le droit de la mer (UNCLOS) en tant que régime légal de la région9. Même les évaluations les plus pessimistes des intentions de la Chine à l’égard de l’Arctique reconnaissent que rien n’indique la mise en œuvre d’une stratégie révisionniste territoriale, mais on soupçonne que Pékin s’est gardée la possibilité d’utiliser des outils juridiques et politiques pour limiter et diluer les droits souverains des États côtiers de l’Arctique à l’égard des régions maritimes dans le futur10.

Wikimedia.org

Le passage du Nord-Ouest et ses couloirs d’approche, selon une image de la NASA.

L’utilisation du passage du Nord-Ouest est la principale préoccupation concernant la souveraineté du Canada dans l’Arctique. Le débat relatif au passage du Nord-Ouest ne concerne pas la propriété du passage – personne ne remet en question le fait qu’il appartient au Canada –, mais plutôt le fait que, ainsi que Washington l’affirme11, il s’agit d’un détroit international établissant un droit de passage pour les navires plutôt que des eaux intérieures, ainsi qu’Ottawa le prétend, ce qui obligerait les navires à obtenir une autorisation avant de passer. Washington et Ottawa ont conclu une entente qui respecte leurs positions juridiques contraires, mais qui signifie en réalité que les transporteurs américains aviseront les autorités canadiennes avant le début d’un passage12. Il n’est pas clair si la Chine, qui a dit souhaiter utiliser le passage13, serait disposée à négocier un protocole similaire ou à accepter que le Canada attribue au passage du Nord-Ouest la désignation d’eaux intérieures.

En sa qualité de plus grand État exportateur du monde, la Chine a intérêt à pouvoir faire circuler ses navires partout sans entrave et rapidement et elle peut être portée à se ranger à ce sujet du côté des Américains. David Curtis Wright suppose de plus que Pékin pourrait plus tard promouvoir à propos du passage du Nord-Ouest un protocole semblable au Traité concernant le Spitzberg, qui accepte la souveraineté du Canada, mais qui garantit aussi un accès et une circulation illimités des navires dans le passage14. Pékin n’a toutefois pas, jusqu’à maintenant, proposé cette idée (et n’y semble pas intéressée), car elle devrait, en penchant pour ce genre de position, préciser son point de vue relatif à la route maritime du Nord (que la Russie contrôle), qui suscite, pour les transporteurs chinois, beaucoup d’intérêt et où ils sont bien plus actifs comparativement au passage du Nord-Ouest15.

Pour les compagnies maritimes chinoises, les économies de coûts, qui pourraient être substantielles, puisque le passage du Nord-Ouest est plus court que les routes situées au sud, sont un facteur majeur dans la modification des routes suivies, mais il existe des risques considérables, notamment le manque de données hydrologiques et d’infrastructures de navigation, qui ont tempéré les évaluations chinoises des avantages qu’offre l’utilisation du passage16. Ces risques ne constituent pas un dissuasif permanent de l’intérêt de la Chine pour le passage du Nord-Ouest; ils poussent plutôt davantage Ottawa à investir dans un programme relatif à un corridor de navigation dans l’Arctique en mettant en place des moyens de navigation et de recherche et sauvetage et en donnant une information hydrographique et météorologique fiable le long de ces routes pour ainsi encourager les transporteurs à communiquer avec les autorités canadiennes17. Contrairement à la Russie et à sa route maritime du Nord, le Canada ne favorise toutefois pas le passage du Nord-Ouest en tant que route de navigation internationale et il peut être réticent à mettre en place des mesures qui permettraient et par conséquent encourageraient une utilisation plus poussée. Comme les passages annuels ont augmenté de 144 p. cent depuis 2004 (principalement en raison du tourisme)18, le Canada doit se préparer à une utilisation accrue du passage du Nord-Ouest et il doit donc être disposé à négocier des protocoles avec la Chine (et avec d’autres États qui exploitent des navires)19. Ces actions ne devraient pas avoir pour but de confirmer qu’ils acceptent juridiquement le fait que le Canada attribue la désignation d’eaux intérieures; le but devrait plutôt être d’élaborer la réglementation voulue – et d’avoir la capacité de la faire respecter – pour protéger la navigation, l’équilibre écologique de la région et ses habitants. Le Canada doit à cette fin continuer à travailler avec les États de l’Arctique et les pays qui exploitent un grand nombre de navires pour adopter une nouvelle réglementation en matière de navigation applicable à la région, comme dans le cas du travail récent accomplir par l’entremise de l’Organisation maritime internationale (dont la Chine est membre), qui a mené à l’élaboration du Code polaire entré en vigueur cette année.

Reuters/China Stringer Network/RTX1XNWY

Des conteneurs d’expédition à bord d’un navire à quai à Rizhao, dans la province de Shandong, en Chine, le 6 décembre 2015.

L’ambivalence de Pékin à l’égard des revendications du Canada (et d’autres États de l’Arctique) concernant une ZEE élargie indique un autre domaine où une contestation est possible, même si le document de présentation formelle d’Ottawa n’est pas encore prêt20. Il est compréhensible que la Chine préfère minimiser les revendications concernant une ZEE élargie (en effet, une acceptation des revendications par l’organe de réglementation de l’UNCLOS permet aux États de mettre les ressources en valeur dans cette zone maritime) pour qu’une plus grande portion de l’océan Arctique continue à faire partie de la « haute mer » et du « patrimoine commun de l’humanité », ainsi que l’UNCLOS définit ces notions. Cela ne signifie toutefois pas que la Chine est disposée à contester juridiquement ou d’une autre manière ces revendications, en particulier compte tenu de sa propre ambiguïté concernant l’envergure et les droits touchant les revendications relatives à sa ZEE élargie dans la mer de Chine méridionale, qui est une zone actuellement bien plus importante pour ses dirigeants. Est-ce que Pékin ferait connaître une position juridique précise à ce sujet dans l’Arctique, ce qui lui lierait juridiquement les mains dans la mer de Chine méridionale, puisque sa stratégie actuelle pour cette région consiste à demeurer équivoque sur le plan juridique en ce qui concerne la nature de ses revendications maritimes, tout en occupant effectivement des îlots contestés? Les comparaisons entre les différends maritimes existants dans l’Arctique et dans la mer de Chine méridionale, plus précisément les opinions et les stratégies de la Chine qui s’appliquent dans chaque cas, doivent reconnaître les facteurs géopolitiques importants qui les distinguent, notamment le fait que la Chine est dans le premier cas un État utilisateur et dans le second un État côtier, et la nature pacifique de ces différends dans l’Arctique, à la différence de l’accroissement du potentiel militaire qui définit les différends qui existent dans la mer de Chine méridionale. Comme plus de 75 p. cent des réserves pétrolières et gazières présumées non découvertes dans l’Arctique21 sont dans des zones souveraines territoriales et maritimes non contestées des États côtiers de l’Arctique, Pékin a peu à gagner en s’opposant aux revendications des États de l’Arctique concernant une ZEE élargie et aux mécanismes de détermination énoncés dans l’UNCLOS. La Chine a toutefois beaucoup à perdre du point de vue d’une détérioration des relations avec la région et de l’accroissement des doutes concernant son engagement envers la Convention sur le droit de la mer à titre d’un des régimes légaux fondamentaux du système international, ce qui profite énormément à Pékin en tant que plus grand État exportateur du monde.

Les activités économiques de la Chine dans l’Arctique : l’approche de l’acheteur stratégique

Certains commentateurs soutiennent que la Chine a adopté à l’égard de l’Arctique une approche d’« acheteur stratégique », car des sociétés chinoises, plus précisément des sociétés d’État, ont cherché à acquérir des actions de sociétés occidentales, à s’associer à des coentreprises et à acheter des richesses naturelles par l’entremise de partenariats spéciaux22. Comme il n’est pas réaliste de saisir du territoire ou des ressources dans l’Arctique, Pékin cherche à utiliser ses sociétés d’État pour obtenir accès aux zones nationales et aux systèmes de réglementation et pour agir dans ces zones afin qu’elles deviennent des intervenants importants qui influencent le processus gouvernemental de prise de décision. Les sociétés d’État ne cherchent donc pas simplement de nouveaux secteurs de croissance et de profit; elles agissent conformément à des directives explicites de Pékin et constituent un aspect important de sa diplomatie des ressources pour établir une prépondérance économique en tant qu’investisseur et partenaire commercial dans les économies de l’Arctique23. Dans ce genre de situation, la Chine pourrait profiter de liens économiques afin d’en tirer un gain politique, ce qui peut, en partie, expliquer le soutien de son statut d’observateur permanent au sein du Conseil de l’Arctique, en 2013, par les pays nordiques.

Aux préoccupations légitimes concernant les liens politiques entre Pékin et les sociétés d’État chinoises, s’ajoute la crainte que ces entités importent de mauvaises pratiques de travail et pratiques environnementales utilisées dans d’autres régions riches en ressources et peu réglementées où elles sont actives (c’est-à-dire l’Afrique), ce qui pourrait avoir des conséquences épouvantables pour l’Arctique canadien peu peuplé et fragile sur le plan écologique. Une autre crainte concerne les répercussions stratégiques de relations commerciales croissantes – que met en évidence le fait que la Chine soumet la poursuite de négociations de libre-échange à une restructuration, par Ottawa, des règles d’investissement et à la construction d’un pipeline jusqu’à la côte de la Colombie-Britannique, ce qui est controversé au pays24 – dont Pékin fait un outil de coercition économique dans tout différend diplomatique, ainsi que l’illustre sa suspension temporaire des relations avec la Norvège à la suite de l’attribution du prix Nobel de la paix à Liu Xiaobo.

Des liens économiques plus grands avec la Chine soulèvent des défis d’ordre régional aussi bien que stratégique, mais Ottawa a pris des mesures pour minimiser ces risques tout en trouvant des portails permettant des échanges plus poussés avec la deuxième économie du monde. Tout d’abord, Ottawa a édicté des lois plus sévères relatives aux sociétés d’État depuis que l’une des plus grandes sociétés d’État de la Chine – la China National Offshore Oil Corporation (CNOOC) – a acheté la société pétrolière canadienne Nexen en 2012. Cette mesure a à n’en pas douter été un coup pour Pékin, mais les sociétés chinoises se sont montrées disposées à se conformer à une réglementation plus sévère lorsqu’elles cherchent à investir dans des pays non seulement lucratifs, mais aussi politiquement stables tels que le Canada, même quand elles font entendre des récriminations selon lesquelles les règlements sont trop stricts et ne sont pas clairs25. Les sociétés d’État chinoises ont également commencé à changer leur image de marque, notamment en ce qui concerne la propriété et les relations de gestion, pour atténuer les préoccupations de l’Occident relatives à l’ingérence politique active de Pékin26. Ainsi que l’indique aussi la Stratégie pour le Nord, le Canada insiste sur le fait que les acteurs externes doivent respecter les peuples autochtones qui vivent dans l’Arctique – et la représentation qu’on en fait dans les institutions régionales – pour garantir que Pékin (et d’autres) comprennent que la région est un foyer national et non un simple milieu économique ou stratégique; c’est une condition que la Chine a acceptée dans le cadre des critères de Nuuk pour obtenir le statut d’observateur permanent au sein du Conseil de l’Arctique.

Top Photo Corporation/Alamy Live News/Alamy/G3MF3Y

Les procédures d’urgence relatives à la lutte contre l’incendie ou au déversement de pétrole à quai de la China National Offshore Oil Corporation, à Sanya, dans la province de Hainan, en Chine, le 13 juin 2016.

La possibilité d’être soumis à des intérêts chinois au moment où ils s’ingèrent économiquement dans l’Arctique canadien (les investissements actuels sont évalués à plus de 400 millions de dollars27) ne doit pas être prise à la légère. Toutefois, au lieu de limiter l’accès au marché en raison de la peur, Ottawa devrait être en train d’édifier un milieu plus compétitif, soutenu par un cadre réglementaire solide, en encourageant la participation d’autres partenaires économiques tels que le Japon et la Corée du Sud, qui s’intéressent aussi à la région. Les déclarations selon lesquelles la prépondérance économique de la Chine est imminente sont toutefois rarement accompagnées de statistiques concrètes sur la cadence et l’intensité de ses investissements et de ses activités économiques au Canada (et dans d’autres États de l’Arctique)28 et elles sont donc davantage des conjectures que des analyses détaillées des avoirs commerciaux, des activités et de l’influence politique de la Chine qui en résultent.

Enfin, la volonté de la Chine de riposter économiquement contre les États en présence de différends a somme toute été de courte durée, car les engagements économiques de Pékin ne dépendent pas exclusivement de l’obtention de concessions politiques favorables de la part des partenaires commerciaux. L’interdiction de projets d’investissement chinois en Islande et en Norvège en raison des préoccupations relatives à des liens possibles avec les forces armées de la Chine n’ont pas entraîné de réactions majeures de la part de Pékin29. Cela démontre que les États de l’Arctique peuvent faire preuve de diligence contre des entités et des pratiques chinoises suspectes sans nuire à toute la relation.

Contestation de l’ordre régional

La plus grande préoccupation concernant le rôle que la Chine joue dans l’Arctique se situe peut-être au niveau stratégique. Certains commentateurs soutiennent que la Chine se livre à une « arnaque » à long terme, en agissant actuellement comme une entité non menaçante et qu’elle se prépare en réalité à une éventuelle contestation révisionniste en cherchant des occasions de marginaliser les États de l’Arctique et leur pouvoir de prise de décision30. Tout en faisant actuellement preuve d’égards envers les États de l’Arctique, la Chine se considère comme un « État quasi arctique » et un « intervenant dans l’Arctique », mais elle reste équivoque concernant la manière dont elle devrait selon elle intervenir dans l’ordre politique régional et la mesure dans laquelle elle devrait le faire. À mesure que l’importance de la région pour la Chine augmente, Pékin pourrait se faire entendre davantage et devenir plus active dans la promotion de ses droits et de ses intérêts polaires, ce qui est conforme au ton et à l’attitude plus « affirmatifs » que Pékin a adoptés à l’égard des « intérêts nationaux fondamentaux » dans sa politique étrangère31.

Le raisonnement qui sous-tend une stratégie révisionniste possible de la Chine dans l’Arctique est un domaine d’étude bien couvert, mais rares sont les données particulières décrivant le déroulement éventuel de ce processus et les mécanismes en cause. L’utilisation des forces armées chinoises, à mesure que Pékin met au point des moyens navals et aériens aptes à être utilisés dans les régions polaires (y compris des sous-marins à propulsion nucléaire32) dans le cadre de son programme global de modernisation des forces armées33, est toutefois une hypothèse. La présence d’un groupe opérationnel naval chinois durant l’automne 2015 au large de l’Alaska a alimenté la crainte que Pékin utilise sa capacité navale croissante pour promouvoir, peut-être de manière agressive, ses ambitions, ses intérêts et son statut de puissance polaire. Des navires chinois pourraient, par exemple, être utilisés dans l’Arctique non seulement pour démontrer une aptitude à intervenir dans la région, mais aussi pour signaler la position de Pékin concernant la nature et l’étendue des zones souveraines du Canada et d’autres États de l’Arctique et l’autorité qu’ils exercent en mer.

Les exposés sur une Chine révisionniste relativement aux régions polaires décrivent ordinairement l’Arctique comme une région particulièrement vulnérable et critiquent le fait que les dirigeants politiques sous-estiment de façon persistante le paysage stratégique changeant et leur détermination de faire en sorte que la souveraineté et la sécurité du Canada soient défendues comme il convient dans ce nouvel environnement34. L’arrivée de la Chine, selon cette piste de réflexion, est motivée par une région géopolitique déjà perturbée, puisque la concurrence à l’égard des ressources et de la souveraineté en mer ont stimulé l’essor de forces militaires accrues dans la région (décrit au moyen du terme souvent utilisé, mais mal défini « militarisation »35) et elle y contribue. Ces frictions, selon ce qui est prédit, continueront à croître et finiront, en conséquence, par éroder l’architecture politique régionale, qui a été conçue dans l’environnement géopolitique paisible des années 1990 et qui ne dispose pas des moyens voulus pour faire face à l’émergence d’un paysage ultracompétitif et peut-être conflictuel36.

Photo du MDN, par le caporal Chris Ringius

Le NCSM Kingston dans le détroit de Davis, à la recherche des navires perdus de l’expédition Franklin, 2014.

Les prévisions voulant que la région devienne une zone d’instabilité géostratégique où se produisent des luttes pour les ressources, des contestations des zones souveraines et, peut-être, des courses aux armements sont toutefois des concepts qui ont de profondes racines historiques dans les descriptions populaires du Nord, bien qu’elles ne se concrétisent pas d’une façon valable37. Même si la Chine a des intentions révisionnistes, les voies que Pékin suivra et les processus qu’elle utilisera sont façonnés par les forces et les facteurs qui sous-tendent l’actuel ordre régional. L’Arctique est une région stable caractérisée par un ensemble de pays développés régi par des règles (ce qui inclut deux puissances nucléaires), l’absence de guerre et d’États en déroute et la promotion de normes régionales de coopération et de consensus à l’intérieur d’une architecture politique inclusive38. Le régime de l’Arctique ne devrait pas être considéré d’emblée comme mal équipé pour affronter un nouvel environnement stratégique, car il a démontré une aptitude à le faire (tout particulièrement du début au milieu des années 2000) en renforçant adéquatement les organes institutionnels et les normes et en signalant les intentions afin de dissiper et de discréditer une concurrence déstabilisatrice possible entre ses membres39. Cette confluence de facteurs dans l’Arctique peut en faire une des régions qui réussissent le mieux à contenir les excès de la concurrence géopolitique, comme l’illustre le maintien de relations régionales cordiales en dépit des tensions accrues entre l’Occident ou l’OTAN et la Russie. Ce n’est donc pas l’absence de facteurs et de sources de rivalité géopolitique (provenant notamment d’autres régions) qui explique le maintien de la paix dans l’Arctique, mais plutôt la résilience du régime politique régional et son aptitude à promouvoir et à confirmer le fait que les acteurs concernés acceptent qu’il est dans leur intérêt national respectif de soutenir l’architecture politique existante ou, au minimum, de ne pas s’y opposer40.

Cela n’empêche pas la concurrence géopolitique de jouer un rôle de plus en plus important et de plus en plus litigieux dans la région. Le Groenland, qui est en train d’acquérir une autonomie renforcée par rapport au Danemark et qui a d’abondantes richesses naturelles, est l’endroit le plus probable où la Chine pourrait essayer de devenir un partenaire régional ou un allié possible41. Ces pressions poussent déjà des États européens à accentuer les relations avec Nuuk pour garantir que, même s’il est indépendant, le Groenland demeure un allié régional et militaire ferme de l’Occident. Toutefois, l’impact des configurations de pouvoir structurelles et des caractéristiques institutionnelles de la région sur l’évaluation que Pékin fait est en grande partie sous-estimé, surtout dans des analyses qui supposent que la Chine accepte davantage de risques et devient trop confiante, puisque les principaux acteurs de la région, notamment la Russie42, ont tous certains doutes stratégiques à l’égard de la Chine.

La portée croissante de la marine chinoise et son aptitude grandissante à intervenir dans divers environnements opérationnels sont compatibles avec le but de la Chine de devenir une puissance maritime, mais il est loin d’être certain que la marine serait utilisée (et encore moins d’une manière conflictuelle) dans l’Arctique, car ses opérations expéditionnaires ont jusqu’à maintenant été pacifiques et elles ont ordinairement eu lieu en appui d’opérations de sécurité mondiales. L’utilisation de moyens militaires par Pékin dans des différends maritimes en mer de Chine orientale et en mer de Chine méridionale démontre le souhait de minimiser la possibilité que la primauté des États-Unis influence le règlement éventuel des différends aussi bien que les enjeux régionaux de sécurité et les enjeux politiques plus larges. Le recours ou la menace d’un recours à la force en Asie n’indique toutefois pas nécessairement une volonté d’utiliser ce genre de tactique dans d’autres régions où ce type d’intérêt territorial est absent, surtout si l’on tient compte du fait que les États-Unis et la Russie sont tous deux présents dans cette région43. Le déploiement de ressources navales peut toutefois avoir pour but de sonder et d’évaluer les positions des États-Unis et d’autres pays au sujet des opérations exécutées par des navires militaires étrangers dans leur ZEE (ce qui est autorisé en vertu de l’UNCLOS), puisque la Chine s’oppose à ce que d’autres fassent de même dans ses zones maritimes. Rien, toutefois, n’indique à l’heure actuelle que Pékin considère l’Arctique comme une arène militaire où elle pourrait étendre sa puissance et sa présence ni qu’elle accorde dans ses plans de modernisation la priorité à la mise au point de ressources aptes à être utilisées dans les régions polaires.

Ginny Scholes Photography/Alamy/EA6XFC

Le golfe Buchan de l’île de Baffin, dans l’Arctique canadien.

Mise en contexte des préoccupations concernant l’arrivée de la Chine dans l’Arctique

Les évaluations selon lesquelles une présence croissante de la Chine dans l’Arctique pourrait compromettre la souveraineté et la sécurité du Canada dans le Nord tendent à reposer sur des analyses mondiales plus vastes voulant que les actions et les intentions de Pékin prennent un caractère plus révisionniste à mesure que la Chine devient une grande puissance, plus que sur les activités actuelles concrètes de la Chine dans l’Arctique. La notion d’une « Chine qui s’affirme », en particulier, est devenue un paradigme dominant en Occident, Pékin étant à la fois de plus en plus considérée comme non satisfaite des configurations mondiales du pouvoir et comme apte et disposée à y faire obstacle ou encore à les contester. La détermination de l’engagement ou de l’opposition de Pékin à l’égard de l’ordre international actuel – qu’englobe le débat « statu quo ou révisionnisme » – est fortement influencée par différentes écoles de pensée concurrentes, allant de la discipline de la théorie des relations internationales, particulièrement les théories basées sur des structures concernant les périodes de transition du pouvoir entre les puissances établies et les nouvelles puissances, et par les forces qui favorisent alors soit la stabilité, soit un conflit. Les efforts pour faire entrer la Chine dans ces catégories s’excluant mutuellement semblent avoir davantage pour but de démontrer la légitimité de ces concepts que d’offrir un outil permettant de comprendre la politique étrangère de la Chine, en partie, peut-être, afin de privilégier une analyse parcimonieuse pour essayer de conseiller et de guider les responsables des politiques et la population, dans leur ensemble44. Ces idées influencent fortement la description des activités de la Chine dans l’Arctique en prêtant à Pékin une intention révisionniste et en interprétant en conséquence ses actions comme, au minimum, une tentative visant à entraver et à miner les règles et les normes en vue de concrétiser des intérêts définis étroitement (c’est-à-dire affaiblir les systèmes nationaux et régionaux de réglementation et de prise de décision pour obtenir un accès à des ressources et à des marchés) et au pire, comme une stratégie globale visant à modifier géopolitiquement le paysage politique régional à son avantage (c’est-à-dire créer des organes institutionnels différents pour redistribuer les pouvoirs de prise de décision). Habituellement, toutefois, le concept de révisionnisme est si mal appliqué et si mal défini que toute action de Pékin tombe dans cette catégorie, ce qui nous oblige à nous demander si ce type de classement aide à comprendre les intérêts de la Chine et ses interactions avec l’ordre régional, lequel n’est pas en soi une entité statique, mais qui évolue plutôt au fil du temps.

La caractérisation de la Chine en tant que participant nouveau et déstabilisateur sur un terrain géopolitique arctique nouveau tend à donner trop d’importance à la certitude que Pékin redéfinira la dynamique régionale, de même qu’à son aptitude et à sa confiance, tout en sous-estimant la résilience et l’adaptabilité de l’architecture régionale et son aptitude à dissiper les tensions possibles et à amener ses membres à soutenir un environnement politique stable. Même si, dans les milieux universitaires et médiatiques de la Chine, certains réclament une stratégie plus affirmative45, les actions de Pékin ont suivi les voies légales et acceptées, y compris la participation, à un niveau peu élevé et non intrusif, à l’architecture politique régionale. De plus, les intérêts de la Chine dans l’Arctique correspondent à ses buts plus généraux en matière de politique étrangère consistant à diversifier ses fournisseurs d’énergie et de ressources, à protéger ses routes commerciales et à devenir plus active dans les instruments mondiaux et régionaux de gouvernance, conformément à son statut et à son rôle croissants de grande puissance. Prises isolément, les activités de Pékin dans l’Arctique semblent donc avoir augmenté sensiblement alors que, en fait, la région ne constitue pas une grande priorité et qu’elle est davantage un reflet de la montée de la Chine en tant que grande puissance qui recherche des partenariats, une influence et un accès à des marchés et à des ressources dans l’ensemble du système international, plutôt qu’une approche chirurgicale et ciblée visant à transformer le Nord en un « intérêt national fondamental » nouveau.

Le besoin apparent d’un scénario de menace pour permettre une discussion publique soutenue sur la région, qui est évident dans l’incapacité persistante de gouvernements successifs du Canada d’élaborer une stratégie d’investissement et d’intérêt soutenus dans le Nord, est un autre facteur qui contribue à la représentation de la Chine en tant que puissance polaire révisionniste46. Les hypothèses concernant une approche chinoise plus musclée à l’égard de la région sont les plus récentes justifications de la présence de forces militaires et policières canadiennes accrues dans l’Arctique.47 Ces lacunes sont toutefois antérieures à l’intérêt de la Chine pour la région et elles continueront d’être critiquées en leur absence. Il est néanmoins plus facile de conceptualiser les menaces d’origine étatique que les menaces d’origine non étatique lorsqu’il s’agit de susciter un intérêt et un débat publics soutenus, bien que le débat constitue un défi plus réel et plus immédiat que l’intérêt.

De plus, une fixation sur le déploiement (ouvert ou secret) possible de forces militaires chinoises dans la région brouille la distinction entre les possibilités et les probabilités et peut détourner des ressources et des efforts vers les défis plus réalistes et plus immédiats auxquels la défense et la sécurité du Canada sont confrontées dans l’Arctique, qui concernent surtout des questions policières de niveau sociétal plutôt que des menaces militaires étatiques48. Même si les dirigeants politiques et militaires doivent être attentifs à tous les défis possibles en matière de défense et de sécurité, la priorité accordée à la détermination des sources de matériel et à la planification pour les Forces armées canadiennes dans l’Arctique doit en réalité être appropriée, étant donné la nature de la menace dans la région, et viable, étant donné les facteurs régionaux particuliers qui font du développement, du déploiement et de la projection des forces des défis considérables49. Cela ne revient toutefois pas à dire qu’on ne devrait pas se préparer à affronter des menaces d’origine étatique – particulièrement pour ce qui est d’accentuer la surveillance afin d’accroître la connaissance du domaine (notamment sous la surface); il faut plutôt s’assurer que ces menaces n’absorbent pas la totalité de la discussion sur la sécurité portant sur les questions les plus urgentes dans l’Arctique et qu’elles ne nuisent pas au renforcement des capacités qui sont nécessaires dans le contexte de menace actuel.

Dariusz Kuzminski/Alamy/HDDGP2

La mer glacée et un navire pétrolier la nuit, le 28 septembre 2015.

Conclusion

La Chine pose différents défis pour le Canada et pour ses intérêts, mais il faut, au lieu de composer à contrecœur avec Pékin parce qu’on se résigne au fait que les efforts visant à agir autrement sont vains, reconnaître qu’une présence plus grande de la Chine dans l’Arctique offre de nombreux avantages éventuels. Ces avantages incluent un partenaire solide en matière de recherche scientifique et d’investissement et ils permettent de légitimer l’ordre régional en incluant des acteurs externes. Cela n’empêche pas Pékin d’avoir des intentions révisionnistes; les motifs politiques et les processus de prise de décision qui s’appliquent dans ce cas baignent dans l’incertitude, mais supposer que les intentions de la Chine sont fixes, immuables et hostiles peut rendre inutilement les relations régionales plus difficiles à un moment crucial où les États de l’Arctique – incluant le Canada, à titre de puissance autoproclamée de l’Arctique – doivent faire preuve de leadership en établissant des voies menant à son inclusion. Le rôle régional de la Chine fait partie d’un processus plus vaste d’internationalisation de la région50, dans lequel Ottawa devrait continuer à rechercher avant tout un consensus entre les États de l’Arctique et les acteurs externes sur la gestion des enjeux complexes et croissants de sécurité humaine et environnementale qui touchent la région au lieu de viser des accroissements du potentiel militaire et un discours fondé sur une anxiété de la souveraineté destinés à lutter contre l’arrivée de la Chine dans l’Arctique. Il faut éviter les caractérisations simples, en ce qui concerne tant les intentions et l’impact de la Chine (que l’émergence de divers camps universitaires, dans ce domaine, favorise parfois pour qu’ils se distinguent les uns des autres) que la représentation de la Chine en tant qu’entité monolithique qui est totalement maîtresse de sa population et des sociétés économiques qui sont à l’œuvre à l’étranger, bien que son influence à leur égard soit plus grande que celle d’autres États, en particulier dans le cas de ses sociétés d’État.

Certains chercheurs canadiens importants préconisent la nécessité de trouver des voies menant à des rapports plus profonds avec la Chine parallèlement à l’atténuation des risques et au renforcement des capacités pour gérer les différences. Ils recommandent que l’on facilite un débat public plus équilibré et plus nuancé et une approche éclairée du gouvernement concernant les relations avec Pékin, en gros comme l’Australie l’a fait récemment51. Les activités croissantes de la Chine dans l’Arctique, et leur impact possible sur le Canada, sont l’élément le plus récent et le plus visible justifiant pareil dialogue sur la relation, qui est et qui continuera à être compliquée et complexe.

Photo de la US Navy/Alamy/E5P89P

Le NCSM Calgary, en premier plan, et le destroyer Haikou de la classe Luyang II de la marine de l’Armée de libération du peuple (ALP), pendant l’exercice Rim of the Pacific (RIMPAC), le 25 juillet 2014.

Notes

  1. Pour un aperçu des intérêts et des activités d’autres États de l’Asie dans l’Arctique, outre la Chine, voir Per Erik Solli, Elana Wilson Rowe et Wrenn Yenee, « Coming into the Cold: Asia’s Arctic Interests », Polar Geography, 2013, vol. 36, no 4, p. 253-270.
  2. David Curtis Wright, « The Panda Bear Readies to Meeting the Polar Bear: China and Canada’s Arctic Sovereignty Challenge », The Canadian Defence and Foreign Affairs Institute, mars 2011.
  3. Pour un exemple de ce genre d’argument, voir Rob Huebert, « Why a Defence Review is Necessary and Why It Will Be Easy to Get the Arctic Wrong », Canadian Naval Review, 2016, vol. 12, no 1, p. 22-26.
  4. Linda Jakobson et Jingchao Peng, « China’s Arctic Aspirations », SIPRI Policy Paper, novembre 2012, no 34.
  5. Claudia Strambo, « China in a Heterogeneous and Complex Arctic », Arctic Resilience Report, 17 novembre 2015, à http://arctic-council.org/arr/china-in-a-heterogeneous-and-complex-arctic/.
  6. Caitlin Campbell, « China and the Arctic: Objectives and Obstacles », US-China Economic and Security Review Commission Staff Report, 13 avril 2012, Bree Feng, « China Looks North: Carving Out a Role in the Arctic », Asia-Pacific Foundation of Canada, 15 avril 2015, à http://www.asiapacific.ca/canada-asia-agenda/china-looks-north-carving-out-role-arctic, Marc Lanteigne, « China’s Emerging Arctic Strategies: Economics and Institutions », The Centre for Arctic Policy Studies, Université de l’Islande, 2014, et David Curtis Wright, « China’s Growing Interest in the Arctic », Journal of Military and Strategic Studies, 2013, vol. 15, no 2, p. 50-70.
  7. Rob Huebert, « Canada et la Chine dans l’Arctique : une situation en gestation », Bulletin Méridien, automne/hiver 2011 – printemps/été 2012, à http://www.polarcom.gc.ca/fra/content/bulletin-m%C3%A9ridien-automnehiver-2011-printemps%C3%A9t%C3%A9-2012; David Curtis Wright, « The Dragon Eyes the Top of the World: Arctic Policy Debates and Discussion in China », China Maritime Studies Institute Naval War College, no 8, septembre 2011.
  8. La Stratégie pour le Nord, qui demeure la politique officielle du Canada dans l’Arctique, est axée sur quatre domaines prioritaires : exercer notre souveraineté, promouvoir le développement social et économique, protéger le patrimoine naturel du Nord et améliorer la gouvernance dans le Nord et y transférer des responsabilités. « Stratégie pour le Nord du Canada : Notre Nord, notre patrimoine, notre avenir », Gouvernement du Canada, ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien, 2009, à http://www.northernstrategy.gc.ca/cns/cns-fra.asp
  9. « Arctic Council Rules of Procedures », The Arctic Council, 15 May 2013, Annex 2: Accreditation and Review of Observers: 7 Criteria for Determining Observer Status », à https://oaarchive.arctic-council.org/bitstream/handle/11374/940/2015-09-01_Rules_of_Procedure_website_version.pdf?sequence=1.
  10. David Curtis Wright, « The Panda Bear Readies to Meet the Polar Bear: China and Canada’s Arctic Sovereignty Challenge ».
  11. Pour une explication détaillée de la position américaine, voir James Kraska, « The Law of the Sea Convention and the Northwest Passage », The International Journal of Marine and Coastal Law, 2007, vol. 22, no 2, p. 257-281. Voir aussi Michael Byers, Who Owns the Arctic: Understanding Sovereignty Disputes in the North, Madeira Park (C.-B.), Douglas and McIntyre, 2009, plus précisément les chapitres 3 à 5.
  12. L’Accord sur la coopération dans l’Arctique, signé en 1988 par le Canada et les États-Unis, indique que les brise-glace américains qui traversent le passage du Nord-Ouest doivent obtenir au préalable l’autorisation du gouvernement du Canada, qui sera toujours accordée. Cet accord n’inclut pas d’autres types de navires, mais, depuis son entrée en vigueur, aucun autre navire du gouvernement des États-Unis n’a franchi le passage du Nord-Ouest, sauf, peut-être, des sous-marins qui l’ont fait secrètement.
  13. Nathan Vanderklippe, « China Reveals Plan to Ship Cargo Across Canada’s Northwest Passage », The Globe and Mail, 20 avril 2016, à https://beta.theglobeandmail.com/news/world/china-reveals-plans-to-ship-cargo-across-canadas-northwest-passage/article29691054/.
  14. David Curtis Wright, « The Dragon Eyes the Top of the World: Arctic Policy Debates and Discussion in China », p. 35. Le Traité concernant le Spitzberg, qui est entré en vigueur en 1925, est un accord international entre 42 États qui reconnaît la souveraineté de la Norvège à l’égard de l’archipel, mais qui limite le plein exercice de ce pouvoir parce qu’il consacre aussi le droit qu’ont les citoyens des différents États signataires de se livrer à des activités commerciales et scientifiques sur les îles et dans les eaux territoriales de celles-ci.
  15. Tout comme dans le cas du passage du Nord-Ouest, Pékin reste équivoque concernant sa position de jure relativement à la désignation de la route maritime du Nord, mais elle accepte en réalité le fait qu’il s’agit d’eaux intérieures appartenant à la Russie. Andreas Kuersten, « Russian Sanctions, China, and the Arctic », The Diplomat, 3 janvier 2015, à http://thediplomat.com/2015/01/russian-sanctions-china-and-the-arctic/.
  16. Frédéric Lasserre, Lyin Huang, et Olga Alexeeva, « Is China’s Interest for the Arctic Driven by Arctic Shipping Potential? », Asian Geographer, 2015, vol. 32, no 2, p. 59-71.
  17. « The Integrated Arctic Corridors Framework », The PEW Charitable Trusts, 26 avril 2016.
  18. Ibid.
  19. Pékin préférerait ne pas s’engager à obtenir au préalable une autorisation et plutôt simplement aviser le Canada de son passage. Dans ce genre de scénario, si les transporteurs chinois respectent la réglementation internationale et nationale en matière de navigation, le Canada pourrait garantir qu’il acceptera les passages de ce genre aux conditions préalables en question. Frédéric Lassere soutient de plus que des chercheurs du Polar Research Institute of China, qui est le principal organisme de la Chine responsable des expéditions polaires, lui ont déclaré qu’ils vont à l’occasion de toute traversée future du passage du Nord-Ouest informer à l’avance les autorités canadiennes. Frédéric Lassere, Linyan Huang et Olga Alexeeva, « China’s Strategy in the Arctic: Threatening or Opportunistic? », Polar Record, 2015, à https://corpus.ulaval.ca/jspui/bitstream/20.500.11794/876/1/China%20Arctic%20
    opportunistic%20Polar%20Record%20OA%20FL%20LH%202015.pdf
    .
  20. Les évaluations selon lesquelles Pékin pourrait contester les revendications des États de l’Arctique relatives à une ZEE élargie ne découlent pas de positions ou de déclarations officielles, mais plutôt de différents commentaires non officiels, notamment les assertions souvent citées d’un ancien amiral chinois, en 2010, selon qui la Chine, qui représente le cinquième de la population du monde, doit être active pour que la désignation de l’océan Arctique à titre de « patrimoine commun de l’humanité » s’applique, puisqu’il n’appartient pas exclusivement aux États de l’Arctique (Jakobson et Peng, p. 15). Bien qu’il ne soit pas certain que les dirigeants de la Chine partagent ce point de vue, ce genre d’argument constitue plus probablement une réponse à une réaffirmation possible de la théorie des secteurs (mise de l’avant à une certaine époque par la Russie), qui consiste à subdiviser l’océan Arctique en étendues maritimes territoriales régies par les États côtiers de l’Arctique, qu’une opposition aux revendications relatives à une ZEE élargie.
  21. Dag Harald Claes et Arild Moe, « Arctic Petroleum Resources in a Regional and Global Perspective », Geopolitics and Security in the Arctic: Regional Dynamics in a Global World, Rolf Tamnes et Kristine Offerdal (directeurs de la publication), New York, Routledge, 2014, p. 97-120.
  22. Timothy Curtis Wright, « China’s New Arctic Strategem: The Strategic Buyer’s Approach to the Arctic », Journal of Military and Strategic Studies, 2013, vol. 15, no 1, p. 1-36; Hubert, « Canada et la Chine dans l’Arctique : une situation en gestation ».
  23. Les effets des investissements de la Chine sont les plus prononcés dans le cas des petits États riches en ressources tels que l’Islande et le Groenland, ce qui suscite des prédictions alarmistes concernant un flot imminent de capitaux et de travailleurs chinois dans ces entités peu peuplées. Ces prédictions ne se sont toutefois pas concrétisées jusqu’à maintenant. Marc Lanteigne, p. 22-25.
  24. « China Open to Historic Free-Trade Deal with Canada Under Certain Provisos », The Globe and Mail, 15 janvier 2016, à http://www.theglobeandmail.com/news/politics/china-open-to-historic-free-trade-deal-with-canada-under-certain-provisos/article28208595/.
  25. « Chinese Companies Feel Misled by Canada, Report Says », CBC News, 7 juin 2016, à http://www.cbc.ca/news/politics/china-mining-ambassador-investors-infrastructure-1.3619228
  26. Wendy Dobson et Paul Evans, « L’avenir des relations Canada-Chine », Institut de recherche en politiques publiques, novembre 2015, p. 13-14.
  27. James Munsom, « China North: Canada’s Resources and China’s Arctic Long Game », iPolitics, 31 décembre 2012.
  28. Le fait, par exemple, que des sociétés canadiennes et australiennes ont des investissements plus considérables au Groenland que leurs homologues chinois est absent de ce genre de commentaire. Klaus Dodds et Mark Nutall, The Scramble for the Poles, Cambridge (R.-U.), Polity Press, 2016, p. 143.
  29. Marc Lanteigne, p. 15.
  30. Roger W. Robinson Jr., « China’s ‘Long Con’ in the Arctic », Macdonald-Laurier Institute, septembre 2013; James Munsom, « China North: Canada’s Resources and China’s Arctic Long Game ».
  31. David Curtis Wright, « The Dragons Eyes the Top of the World: Arctic Policy Debate and Discussion in China », p. 38.
  32. Mark Romanow, « Submarine Proliferation and the Impact for Canada », Frontline Defence, 2016, vol. 13, no 4, p. 28-34.
  33. Il faut toutefois être prudent lorsqu’il s’agit de distinguer les moyens qui peuvent être utilisés dans les régions polaires et ceux qui sont mis au point précisément en vue de missions polaires. Par exemple, la récente mise en service d’un brise-glace militaire par la marine chinoise maintient une capacité existante chargée d’assurer l’hiver la navigabilité dans le golfe de Bohai (qui est une région économique importante située le long la côte de la Chine), et non une nouvelle ressource destinée à être utilisée dans les régions polaires, même s’il serait possible de le faire. « China Launches a New Icebreaker », Popular Mechanics, 7 janvier 2016, à http://www.popularmechanics.com/military/weapons/news/a18867/china-launches-new-icebreaker/.
  34. Rob Huebert, « Why a Defence Review is Necessary and Why It Will Be Easy to Get the Arctic Wrong ».
  35. Abhijit Singh, « The Creeping Militarization of the Arctic », The Diplomat, 16 octobre 2013, à http://thediplomat.com/2013/10/the-creeping-militarization-of-the-arctic/; Rob Huebert, « The Newly Emerging Arctic Security Environment », Canadian Defence and Foreign Affairs Institute, mars 2010. Pour des arguments à l’encontre de cette thèse concernant la représentation de la militarisation de l’Arctique, voir Adam P. MacDonald, « La militarisation de l’Arctique : nouvelle réalité, exagération et distraction », Revue militaire canadienne, été 2015, vol. 15, no 3, p. 18-28, et Paal Sigurd Hilde, « The ‘new’ Arctic – The Military Dimension », Journal of Military and Strategic Studies, 2013, vol. 15, no 2, p. 130-153.
  36. Scott G. Borgerson, « Arctic Meltdown: The Economic and Security Implications of Global Warming », Foreign Affairs, vol. 87, no 2, p. 73-77, et James Graff, « Arctic: Fight For the Top of the World », Time Magazine, 1er octobre 2007, à http://content.time.com/time/magazine/article/0,9171,1663848,00.html.
  37. Rolf Tamnes et Sven G. Holtsmark (directeurs de la publication), « The Geopolitics of the Arctic in Historical Perspective », Geopolitics and Security in the Arctic: Regional Dynamics in a Global World, Rolf Tamnes et Kristine Offerdal, New York, Routledge, 2014, p. 12-48, et Dodds et Nutall, Scramble for the Poles, p. 14-17.
  38. Wegge Nord, « The Political Order in the Artic: Power, Structures, Regimes and Influence », Polar Record, 2011, vol. 241, p. 165-176.
  39. Le milieu des années 2000 a été défini par la mise en place d’un drapeau russe au fond de l’océan, au pôle Nord, la reprise des vols de bombardiers et des patrouilles navales par la Russie dans l’Arctique, le retour du différend politique entre le Canada et le Danemark concernant la possession de l’île Hans (ce qui inclut l’envoi de bâtiments de guerre et de représentants politiques pour soutenir la revendication de souveraineté relativement à ce caillou dénudé) et l’accroissement des forces militaires et leur stationnement dans la région par tous les États de l’Arctique. Bien que ces événements soient ordinairement gonflés des points de vue de leur impact et du but visé, la population en a tiré l’impression que la région est au bord d’un conflit. En partie pour dissiper ce genre de préoccupation, les États côtiers de l’Arctique ont publié la Déclaration d’Ilulissat, qui confirme leur intention de régler pacifiquement les différends maritimes en souffrance relatifs à la souveraineté en recourant à l’UNCLOS, qui est le régime légal reconnu de la région.
  40. Adam P. MacDonald, « Arctic Politics: From Stable to Scramble », Frontline Defence, 2016, vol. 13, no 2, p. 52-56.
  41. Le service de renseignement du Danemark surveille la croissance des intérêts et des activités économiques de la Chine au Groenland; il estime que l’importance stratégique de la relation augmentera à mesure que la Chine verra dans l’Arctique une source importante de ressources. « Intelligence Risk Assessment 2015 », Danish Defence Intelligence Service, 11 novembre 2015, à https://fe-ddis.dk/eng/Products/Intelligence-Risk-Assessments/Pages/Intelligence-RiskAssessment-2015.aspx.
  42. Concernant la tension stratégique des relations sino-russes relativement à l’Arctique, voir Stephanie Pezard et Timothy Smith, « Friends if We Must: Russia and China in the Arctic », War on the Rocks, 6 mai 2016, à http://warontherocks.com/2016/05/friends-if-we-must-russia-and-chinas-relations-in-the-arctic/. Concernant les défis pratiques d’une plus grande coopération économique sino-russe dans l’Arctique, voir Ekaterina Klimenko, « Russia’s Evolving Arctic Strategy », SIPRI Policy Paper, septembre 2014, no 42.
  43. Adam MacDonald, « Enlarging Fleet, Expanding Mandate: China’s Determination to Become a Maritime Power », Canadian Naval Review, 2016, vol. 11, no 3, p. 4-9.
  44. Adam P. MacDonald, « Access, Assurance and Acceptance: Moving Beyond the Status-Quo/Revisionist Power Debate in Investigating China’s Emerging Foreign Policy Strategy », Facing China as a New Global Superpower: Domestic and International Dynamics from a Multidisciplinary Angle, Huhua Cao et Jeremy Patiel (directeurs de la publication), New York, Springer, 2016, p. 171-196.
  45. La plupart des observateurs admettent d’emblée que ce genre de commentaire ne constitue pas la politique de la Chine ou ne reflète pas nécessairement le point de vue du gouvernement, mais le lien entre ce genre de discussion, la capacité que Pékin a de les réglementer, de les surveiller et de les encourager et la mesure dans laquelle Pékin le fait n’est pas clair. L’atténuation des déclarations provocatrices du milieu universitaire et des médias chinois concernant l’Arctique en 2011, par exemple, semble avoir été motivée par l’évaluation de Pékin selon laquelle ce genre de commentaire a miné l’intention de la Chine de se joindre au Conseil de l’Arctique, de sorte que sa demande de statut d’observateur permanent a été reportée à 2013. Jakobson et Peng, p. v.
  46. P. Whitney Lackenbauer, « Canada and the Asian Observers in the Arctic Council: Anxiety and Opportunity », Asia Policy, July 2014, no 18, p. 22-29; P. Whitney Lackenbauer et James Manicom, « Canada’s Northern Strategy and East Asian Interests in the Arctic », The Centre for International Governance and Innovation, 2013.
  47. Levon Sevunts, « Canada’s Defence Review and the Arctic », Radio Canada International, 8 avril 2016, à http://www.rcinet.ca/en/2016/04/08/canadas-defence-review-and-the-arctic; Rob Huebert, « Why a Defence Review is Necessary and Why It Will Be Easy to Get the Arctic Wrong ».
  48. P. Whitney Lackenbauer et Adam Lajeunesse, « The Canadian Armed Forces in the Arctic: Building Appropriate Capabilities », Journal of Military and Strategic Studies, 2016, vol. 16, no 4, p. 7-66.
  49. Adam MacDonald, « The Canadian Armed Forces and the Arctic: Maintaining a Suitable and Sustainable Role », CDA Institute Analysis, mai 2016.
  50. Pour un aperçu de ce phénomène, voir Peter Hough, International Politics of the Arctic: Coming in From the Cold, New York, Routledge, 2013.
  51. Dobson et Evans, « L’avenir des relations Canada-Chine », David Mulroney, Middle Power Middle Kingdom: What Canadians Need to Know about China in the 21st Century, Toronto, Penguin Group, 2015.

Louise Murray/Alamy/B56BXB

Un jeune ours polaire mâle, à la lisière de la banquise, et un goéland arctique, dans le détroit de Lancaster, au Nunavut.