COMMENTAIRES

Photo du MDN HS01-2017-0940-559, par le caporal-chef Chris Ringius

Pendant l’opération Renaissance, des membres d’équipage du NCSM St. John’s enlèvent des arbres et d’autres débris tombés sur les routes dans le cadre des efforts de secours déployés sur la Dominique après le passage destructeur de l’ouragan Maria, le 27 septembre 2017.

Discussion sur la défense

par Martin Shadwick

Imprimer PDF

Pour plus d'information sur comment accéder ce fichier, veuillez consulter notre page d'aide.

Le Canada est vraisemblablement confronté, depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, à ses plus grands défis en matière de politiques relatives à l’étranger, à la défense et à la sécurité internationale. En effet, l’environnement géostratégique international, devenu trouble et instable, est maintenant façonné par le retour partiel d’une guerre froide, une érosion de la diplomatie et un excès de jeux politiques des plus dangereux. Cet environnement se caractérise également par des tensions entre la Russie et l’OTAN, la sécurité et d’autres points de perturbation au Moyen-Orient et en Asie-Pacifique, par le fléau omniprésent du terrorisme mondial, la prolifération de l’armement nucléaire (en Corée du Nord), les incertitudes et les tensions inhérentes à la stratégie de Trump en matière de paix et de sécurité internationales ainsi que par une multitude d’autres enjeux et de dilemmes. Dans un tel contexte, le Canada doit s’efforcer de préparer l’avenir de la défense continentale. Il pourrait collaborer avec les États-Unis pour améliorer la surveillance et le contrôle, pour renouveler le vieillissant Système d’alerte du Nord et participer à la défense antimissiles balistiques. Le Canada pourrait assumer de futurs rôles au sein de l’OTAN, prendre part à des opérations internationales de soutien de la paix (sous l’égide de l’ONU ou d’autres organisations), au contre-terrorisme multilatéral et à d’autres initiatives liées à la paix et à la sécurité internationales. De plus en plus, Ottawa doit également faire face aux répercussions des changements climatiques sur les Forces armées canadiennes (notamment la question de plus en plus controversée concernant la participation des forces militaires aux opérations nationales et internationales de secours aux sinistrés et à l’évacuation d’urgence des ressortissants canadiens). Sur les plans de l’approvisionnement et de la structure de la force, la « mise en œuvre » des politiques de défense de 2017 du gouvernement Trudeau nécessitera une prise de décisions difficiles et coûteuses sur des projets provisoires et définitifs concernant l’acquisition de chasseurs (avec en tête l’imbroglio entre Bombardier et Boeing ainsi que l’association peu orthodoxe subséquente de Bombardier et de Airbus), la reconstruction virtuelle de la Marine royale canadienne, de même que l’acquisition de nouvel équipement pour la Réserve et la Force régulière de l’Armée canadienne.

Bombardier Aéronautique/Multimedia Gallery

Conception générale d’un appareil de la série C de Bombardier.

Des enjeux d’une telle importance nécessitant un tel investissement exigent une discussion et un débat approfondis, exhaustifs et éclairés. Malheureusement, comme nous l’a rappelé le Vimy Report, « la discussion publique sur les affaires de sécurité internationale [au Canada] est mal informée, ce qui a mené à la prise de décisions peu pertinentes par les gouvernements et entraîné des résultats inférieurs pour les Canadiens. » [TCO] Renverser – ou, de façon plus réaliste, atténuer – ce trait national lamentable d’une manière qui susciterait la participation active des Canadiens, des médias et des parlementaires nécessite un effort presque herculéen de la part d’une vaste gamme éclectique d’acteurs. Cependant, en l’absence d’une telle campagne, le Canada sera voué à retomber, au XXIe siècle, dans des « débats » non équilibrés, terriblement partisans et souvent incroyablement mal fondés qui ont trop souvent porté sur les questions liées aux politiques de défense et de sécurité internationale au Canada, y compris – pour ne viser qu’une période – les débats concernant le Projet de modernisation du système de la défense aérienne de l’Amérique du Nord (NAADM), l’acquisition proposée de l’hélicoptère maritime EH101 et des sous-marins nucléaires d’attaque (SSN) ainsi que la réponse canadienne à l’invitation des États-Unis à participer à l’Initiative de défense stratégique (IDS) au milieu des années 1980 et au début des années 1990.

Une leçon utile peut être tirée du débat confus et fortement politisé sur la modernisation du système de la défense aérienne de l’Amérique du Nord et des liens supposés avec l’Initiative de défense stratégique controversée (elle-même ayant fait l’objet d’une discussion beaucoup plus modeste), lequel débat a suscité beaucoup d’énergie, mais apporté peu de lumière, ce qui est décourageant. Dans une rubrique du Globe and Mail du 21 mars 1985, Jeffrey Simpson a fait valoir que « des attaques insensées et irresponsables des députés de l’opposition […] contre le Système d’alerte du Nord du NAADM peuvent avoir confondu les crédules. Les Libéraux négociaient les modalités d’une modernisation absolument nécessaire du Réseau d’alerte avancé. Les Conservateurs, ce qui est tout à leur honneur, ont conclu un accord au moyen d’un ensemble qui affirme la souveraineté du Canada au lieu de la miner. » [TCO] L’opposition a « prétendu, sans indiquer comment, que le Système d’alerte du Nord est lié à l’Initiative de défense stratégique. Personne ne critique plus vivement l’IDS que votre fidèle observateur… mais il n’existe aucun lien entre le Système d’alerte du Nord et l’IDS » [TCO]. Le désintérêt presque total des médias canadiens envers la modernisation de la défense aérienne au cours des années précédant la signature de l’accord sur le NAADM en mars 1985 a grandement contribué au débat lacunaire sur le NAADM. Les excès et les faiblesses politiques de la couverture médiatique ont également joué un rôle dans le débat péniblement déséquilibré et rempli de clichés à propos de l’acquisition de l’hélicoptère maritime EH101 (que certains critiques ont qualifié à de nombreuses reprises, quoiqu’à tort, de « Cadillac », d’« hélicoptère de lutte anti-sous-marins de la Guerre froide » ou d’« hélicoptère d’attaque ») proposée par le gouvernement Mulroney. Cela ne veut pas dire que le gouvernement Chrétien a nécessairement commis une erreur lorsqu’il a décidé en 1993 de mettre fin à l’acquisition de l’hélicoptère ou que les médias n’auraient pas dû poser des questions ardues sur l’EH101, mais certains auteurs de reportages doivent être blâmés pour ne pas avoir posé les mêmes questions délicates sur les options de rechange à l’EH101. De même, la promesse du gouvernement Mulroney en 1987 concernant l’acquisition d’une flotte de sous-marins nucléaires d’attaque – projet rejeté sans cérémonie moins de deux ans plus tard – peut ou non avoir été pertinente sur le plan stratégique ou financier. Il n’en reste pas moins que le Canada a été sans aucun doute défavorisé par un autre débat superficiel et mal informé.

Greg Bajor/Alamy/ATMRY0

Hélicoptère moyen EH101 d’AugustaWestland.

En rétrospective, il est malheureux et, dans un sens, surprenant que l’arrivée d’acteurs nouveaux ou renouvelés (ainsi que leurs publications, leurs conférences et leur expertise connexes) n’a pas visiblement amélioré la qualité du discours sur les politiques en matière de sécurité internationale et de défense du Canada à partir de 1985 jusqu’au début des années 1990. Parmi les acteurs concernés, on comptait notamment l’Institut canadien d’études stratégiques, l’Institut canadien pour la paix et la sécurité internationales (ICPSI), la Conférence des associations de la défense (CAD), le Centre canadien pour le contrôle des armements et le désarmement, l’Institut canadien des affaires internationales (beaucoup plus ancien que bon nombre d’organisations non gouvernementales [ONG], dont le mandat, il faut l’admettre, n’est pas axé sur la défense, mais néanmoins pertinent), une Revue canadienne de défense (revue professionnelle public-privé des Forces canadiennes) dotée d’une meilleure visibilité et, ce qui est le plus remarquable, la douzaine de centres de recherche universitaires financés dans une large mesure par le programme d’études stratégiques et militaires du MDN (renommé ultérieurement le Forum sur la sécurité et la défense).

En outre, le Conseil d’entreprises pour les questions d’intérêt national (appelé depuis 2001 le Conseil canadien des chefs d’entreprise) a mené certaines études utiles sur la défense et l’industrie de la défense au cours de la période qui nous intéresse (bien que certains critiques aient évidemment perçu ces études comme servant les intérêts de ces organisations). Le traitement des enjeux liés à la défense et à l’industrie de la défense par les publications spécialisées a également pris de l’ampleur durant cette période. On peut notamment penser au Financial Post et à d’autres publications de Maclean Hunter, dont Aerospace Canada (et ses successeurs) et The Wednesday Report (un journal hebdomadaire qui s’adresse aux analystes, aux principaux décideurs du gouvernement, aux forces militaires et aux membres de l’industrie). Sur un front médiatique très différent, l’apparition de CBC Newsworld au milieu de l’année 1989 a permis d’ajouter une nouvelle tribune pour discuter des enjeux liés à la défense. La couverture internationale de la défense canadienne a également pris de l’ampleur, particulièrement par l’entremise des reportages exceptionnels de Sharon Hobson dans le Jane’s Defence Weekly. Dans les années 1980 et le début des années 1990, on a assisté à une prise de décisions relativement transparente en matière de défense. Qui plus est, il a été assez facile pour les médias et les universitaires d’avoir accès aux principaux décideurs civils et militaires et de l’industrie. Certains des comités parlementaires concernés par le sujet ont également pu jouir d’une visibilité accrue.

Bien entendu, on peut supposer que le débat sur des questions telles que le NAADM, l’IDS, le SSN et l’hélicoptère EH101 aurait été encore moins bien alimenté et moins édifiant en l’absence des acteurs susmentionnés. Même si cela est évident, il n’en demeure pas moins vrai que la plupart des Canadiens – certainement le grand public, mais aussi des éléments importants du public intéressé aux questions en matière de défense – n’auraient simplement pas vu ou suivi les réalisations de premier plan des ONG liées à la défense, des centres d’études stratégiques et militaires, ou encore des publications axées sur la défense ou l’industrie de la défense (et ne leur auraient accordé aucun intérêt). Il y a plus révélateur encore : étant donné le blâme qu’ont jeté certains experts sur les politiciens trop zélés et mal informés ainsi que sur les journalistes plus que jamais mal informés, bon nombre de ces améliorations réalisées sont apparemment passées sous le radar ou ont été ignorées par les politiciens et les journalistes. Y a-t-il eu des ratés chez ces derniers, un manque de dynamisme dans le programme d’information des ONG, des centres de recherche et des autres acteurs, ou bien y avait-il une gamme d’autres facteurs et d’autres forces en cause – typiquement canadiens peut-être? Se pourrait-il que dès 2018, les Canadiens soient témoins d’une discussion et d’un débat sur la défense de meilleure qualité et qu’ils y prennent part?

Photo du MDN BN52-2017-0003-044, par le caporal-chef Louis Brunet

Des Canadiens qui se sont retrouvés coincés dans les Caraïbes après le passage de l’ouragan Irma montent à bord d’un appareil CC-177 Globemaster III de l’ARC à l’aéroport de Provindeciales, sur les îles Turks et Caicos, dans le cadre de l’opération Renaissance, le 14 septembre 2017.

À cet égard, il est important de noter que certains acteurs connus de la deuxième moitié des années 1980 et du début des années 1990 – dont l’Institut canadien d’études stratégiques, l’Institut canadien des affaires internationales et l’Institut canadien pour la paix et la sécurité internationales – n’existent plus. En 2007, l’Institut canadien des affaires internationales est devenu une organisation plus solide, soit le Conseil international du Canada (CIC). L’année suivante, l’Institut canadien d’études stratégiques a été greffé au CIC en tant que Groupe de travail sur les études stratégiques (GTES). Établi comme partenariat entre le CIC et le Canadian Defence and Foreign Affairs Institute (devenu l’Institut canadien des affaires mondiales), le GTES avait pour mandat de « s’assurer que le tout nouveau CIC ne perde pas de vue les questions de sécurité et de défense » [TCO]. On se demande dans quelle mesure cet objectif a été atteint de façon efficace. Le Forum sur la sécurité et la défense (FSD) du MDN, sous sa forme traditionnelle, a été dissout aveuglément vers la fin de l’ère Harper, soi-disant par souci d’économie, mais le mécontentement politique, bureaucratique et militaire envers la politique ainsi que d’autres critiques de la part de centres de recherche universitaires financés par le FSD, de même que la perception selon laquelle les centres du FSD n’étaient que de simples lieux d’échanges, étaient probablement plus révélateurs. La fermeture de nombreux centres du FSD ou la réduction de leurs effectifs qui en a découlé – ainsi que le changement d’objectifs d’autres centres vers des questions non liées à la défense – ont réduit au silence certaines voix importantes en ce qui concerne la défense canadienne. Sous le gouvernement Trudeau, les Libéraux, ce qui est à leur honneur, se sont engagés à soutenir les relations avec les universités (soit une somme de 4,5 millions de dollars annuellement dans le cadre d’un « programme restructuré et élargi de coopération de la Défense » [TCO], notamment par le biais de réseaux de collaboration formés d’experts, d’un nouveau programme de bourse ainsi que d’un « élargissement de la série existante de conférences d’experts et du programme de subventions de coopération » [TCO]), bien que la pleine portée de ce plan n’ait toujours pas été diffusée au public. La fermeture récente du Canadian-American Strategic Review en ligne (véritable source de renseignements utiles sur la politique de défense, l’approvisionnement et la technologie en matière de défense du Canada) constitue également une perte importante, bien que dans une moindre mesure, pour pouvoir tenir une discussion éclairée.

Photo du MDN ET2017-0047-15, par le caporal-chef Chris Ward

Le premier ministre Justin Trudeau et le ministre de la Défense Harjit S. Sajjan participent à une conférence de presse à la BFC Esquimalt, avec en arrière-plan le NCSM Ottawa et son équipage, le 2 mars 2017.

Sur une note autrement plus positive, l’Institut canadien des affaires mondiales (ICAM) – grâce à son large éventail diversifié de conférences, de documents d’orientation et de mises à jour sur les politiques, à sa publication trimestrielle La Dépêche ainsi qu’à ses bulletins électroniques – peut prétendre à juste titre être « la source d’expertise la plus crédible du Canada concernant les affaires mondiales » [TCO], y compris sur la défense, la diplomatie, le commerce et le développement. Il est indispensable de procéder à une analyse, à une discussion et à un débat en profondeur sur la politique canadienne de défense et les domaines connexes. Une entreprise plus récente, mais qui présente un potentiel considérable, est le Vimy Report en ligne. Sa mission : « accroître la qualité du débat national sur les questions de sécurité et de défense qui revêtent un intérêt pour les Canadiens. Pour ce faire, on doit éviter que la discussion soit teintée par les intérêts du gouvernement, par de la partisanerie politique et par les intérêts particuliers; on doit élargir les paramètres de ce qui constitue une opinion acceptable; et on doit attirer l’attention sur l’information et le point de vue des professionnels du domaine » [TCO]. Parmi les autres tribunes de discussion et de débat, mentionnons la nouvelle Association canadienne pour l’OTAN (anciennement le Conseil Atlantique du Canada), la Conférence des associations de la défense/l’Institut de la Conférence des associations de la défense ainsi que l’Institut Macdonald-Laurier. On peut souhaiter que ce dernier arrive à se tailler une place de plus en plus grande étant donné sa récente enquête sur les analystes de la défense canadienne concernant le projet de capacité provisoire en matière de chasseurs. Le cadre grandissant d’officiers des FAC à la retraite qui possèdent des diplômes d’études supérieures en études de la guerre, en relations internationales, en science politique et dans des domaines connexes constitue une autre ressource de plus en plus présente. À quelques exceptions près, cette ressource était inexistante au cours des décennies précédentes. On doit également tenir compte du contingent d’universitaires qui s’est considérablement élargi au sein du Collège des Forces canadiennes. Les multiples comités parlementaires apportent encore certainement une contribution pertinente à la discussion plus vaste sur la politique de défense canadienne, malgré quelques exceptions, notamment les témoignages officiels récents sur la défense antimissiles balistiques – il semblerait, du moins accessoirement, que les travaux et les rapports des comités suscitent actuellement moins l’attention des médias et du public qu’au cours des années 1980 et au début des années 1990.

Sur d’autres fronts, le Revue canadienne de défense a cessé ses activités en 1999 – quelques années après la cessation du financement par le MDN – mais la Revue militaire canadienne (la revue professionnelle interne des Forces armées canadiennes et du ministère de la Défense nationale depuis 2000), de même que les publications professionnelles propres aux trois armées, dont deux publications à l’interne (Armée de terre, Force aérienne) et une publication privé-public (Marine), ont repris le flambeau de façon plus qu’efficace. Les revues spécialisées de Maclean-Hunter, dont Aerospace Canada et The Wednesday Report, ont disparu depuis longtemps, ainsi que Maclean-Hunter, bien que le Wednesday Report ait survécu aux mains du secteur privé jusque dans les années 1990. Un certain nombre de revues multidisciplinaires ou spécialisées pertinentes, comme Esprit de Corps, lancée en 1988, subsistent toujours. La contribution canadienne aux revues étrangères sur la défense, notamment Jane’s Defence Weekly, a toutefois grandement diminué au cours des dernières années. CBC, CTV, Postmedia (c.-à-d. National Post, Ottawa Citizen) et la Presse canadienne ont désigné certains des journalistes les plus efficaces au domaine de la défense; cependant, la pérennité de cette contribution aux débats et aux discussions sur la défense demeure incertaine étant donné la crise plus vaste avec laquelle doit composer le journalisme canadien en raison de la montée de nouvelles plateformes Internet et d’autres facteurs déterminants. En outre, la réduction de la transparence, l’accès aux décideurs et la propension au secret de certains gouvernements canadiens récents ont posé des défis aux journalistes, aux experts et aux universitaires.

Photo du MDN HS01-2017-0940-545, par le caporal-chef Chris Ringius

Un détachement et un hélicoptère CH-124 Sea King du NCSM St. John’s arrivent à la Dominique pendant l’opération Renaissance, une mission d’aide humanitaire organisée dans les Caraïbes après le passage destructeur de l’ouragan Maria, le 27 septembre 2017.

Néanmoins, dans le cadre de l’analyse finale, la mesure dans laquelle on peut accroître la qualité de la discussion et du débat à l’échelle nationale sur la sécurité et la défense ne se résume pas à une question de moyens ou de tribunes à notre disposition. Qu’il s’agisse d’ONG, de groupes de travail universitaires, de média général, de revues professionnelles, de blogues en ligne ou de comités parlementaires, cela reste vrai. L’intérêt (ou le désintérêt) du public en matière de défense est largement attribuable aux préoccupations collectives concernant l’état de l’environnement de sécurité international ainsi qu’au rôle et à la place du Canada – ou du lieu et de la place possibles – dans un tel environnement. Si les Canadiens croient, pour de multiples raisons, qu’ils vivent dans un monde de plus en plus dangereux, ils sont plus à même de s’intéresser aux politiques étrangères, de défense et de sécurité internationale du Canada. De plus, peu de défis et d’enjeux avec lesquels le Canada doit composer sont susceptibles de se régler à court terme, en un tournemain. Cela s’applique également à la restructuration des forces armées, aux futurs rôles du Canada en matière de défense antimissiles balistiques (en particulier vu la « relation » tendue entre les États-Unis et la Corée du Nord), à l’OTAN, aux opérations de soutien de la paix et au contre-terrorisme. Tous ces enjeux méritent une attention soutenue de la part de la population canadienne, de même qu’une discussion et un débat constructifs, éclairés et approfondis.

Martin Shadwick a enseigné la politique de défense canadienne à l’Université York de Toronto pendant bon nombre d’années. Il a déjà été rédacteur en chef de la Revue canadienne de défense et il est actuellement le commentateur attitré en matière de défense à la Revue militaire canadienne.

ZUMA Press, Inc./Alamy/CCPNCR

Le siège de l’OTAN, à Bruxelles, en Belgique.