HISTOIRE MILITAIRE

Photo du MDN IS06-2017-0005-039, par le caporal-chef Jennifer Kusche

Le silence règne tôt le matin au Mémorial national du Canada à Vimy, en France, le 7 avril 2017, cent ans exactement après la bataille épique.

Les Canadiens de peau noire et d’origine asiatique à la bataille de la crête de Vimy

par Mathias Joost

Imprimer PDF

Pour plus d'information sur comment accéder ce fichier, veuillez consulter notre page d'aide.

Le major Mathias Joost, C. D., est l’officier responsable des journaux de guerre et des documents opérationnels au sein de la Direction – Histoire et patrimoine du ministère de la Défense nationale. Il s’intéresse particulièrement à la Réserve aérienne et aux minorités visibles dans les forces armées.

Introduction

La bataille de la crête de Vimy est considérée comme la bataille « canadienne » par excellence de la Première Guerre mondiale, célébrée dans la culture canadienne comme le moment où le Canada est devenu une nation et comme l’élément qui lui a permis de prendre part à l’élaboration du Traité de paix de Versailles. Les troupes qui ont participé au combat n’étaient pas seulement des Canadiens à la peau blanche d’origine britannique et canadienne. Il y avait aussi des Canadiens de peau noire et des Canadiens d’origine asiatique, bien que l’on ne connaisse pas toujours la trajectoire que ces personnes ont dû emprunter pour arriver à Vimy et que l’on ignore la nature et l’ampleur de leur participation dans ce combat.

Les récits conventionnels concernant la participation des Canadiens de peau noire à la Première Guerre mondiale sont axés sur la contribution du 2e Bataillon de construction, l’unité canadienne qui comptait le plus grand nombre de soldats de peau noire durant ce conflit. Oubliés sont les nombreux Canadiens de peau noire enrôlés dans les bataillons du Corps expéditionnaire canadien (CEC), même si selon la croyance populaire, c’était chose impossible pour eux. Il n’y aurait donc aucun soldat canadien de peau noire qui aurait pu participer à la bataille de Vimy. Nous savons que la vérité est toute autre.

La participation des Canadiens d’origine japonaise au sein du CEC durant la Première Guerre mondiale est aussi un sujet souvent négligé. Ces Canadiens, pour qui il était difficile, également, de s’enrôler dans le CEC, ont finalement pu entrer dans les bataillons « blancs ». Ils sont arrivés au Royaume-Uni juste à temps pour suivre leur instruction et être envoyés en mission pour prendre part à la bataille de Vimy.

Les soldats de ces deux groupes ethniques étaient peu nombreux, mais leur détermination équivalait à celle de tout autre soldat. Au moment de la bataille de Vimy, on comptait environ 140 soldats canadiens de peau noire ainsi que 186 Canadiens d’origine japonaise au sein des bataillons de combat du CEC. Or, seulement quelque 30 soldats noirs et 130 soldats d’origine japonaise ont pris part à la bataille proprement dite. Comme il y avait au moins 212 Canadiens d’origine japonaise au sein du CEC durant la guerre et environ 1 250 Canadiens de peau noire, dont des soldats d’origine caribéenne et afro-américaine, il est intéressant de s’attarder à l’écart numérique que l’on peut relever1. Qui plus est, la contribution de ces soldats à la Bataille devrait être vue comme un exemple de leur désir de montrer qu’ils sont égaux aux autres Canadiens et qu’ils sont dignes d’être considérés comme tels. Le présent article traitera des moyens par lesquels les Canadiens de peau noire et d’origine japonaise ont été acceptés au sein du CEC, et dans quelle mesure cela a influé sur leur présence à la crête de Vimy ainsi que sur la nature de leur participation2.

Débuts

Lorsque les Canadiens d’origine japonaise du Lower Mainland de la Colombie-Britannique ont été incapables de s’enrôler dans les bataillons du CEC qui recrutaient dans cette région en 1914 et en 1915, ils se sont rendus en Alberta, où des unités étaient prêtes à les accepter. Cela s’est fait lentement. Le 13e Bataillon, Canadian Mounted Rifles (CMR), a ajouté deux Canadiens d’origine japonaise à son effectif le 6 avril 1916; le 175e Bataillon en a ajouté un le 6 février de la même année; le 191e Bataillon en a ajouté trois à la fin de mai; le 192e Bataillon en a ajouté deux le 18 mai. À partir de juin, les Canadiens d’origine japonaise étaient acceptés dans les quatre bataillons, un petit nombre à la fois chaque semaine. Au moment de se rendre au Royaume-Uni, les bataillons comprenaient les nombres de Canadiens d’origine japonaise indiqués dans le Tableau 1.

Unité Nombre de Canadiens japonais3 Date de départ pour le R.-U.
13e Bataillon, CMR 41 Juin 1916
175e Bataillon 57 Octobre 1916
191e Bataillon 22 Mars 1917
192e Bataillon 50 Novembre 1916

Auteur

Tableau 1 : Canadiens d’origine japonaise dans les bataillons basés en Alberta.

Contrairement aux Canadiens d’origine japonaise qui étaient concentrés dans quatre bataillons, les Canadiens de peau noire se sont enrôlés dans des unités à la grandeur du CEC, de Vancouver à Halifax. De plus, leur enrôlement s’est effectué sur une période beaucoup plus longue. À la fin de 1916, au moins 139 Canadiens de peau noire avaient joint les rangs d’unités de combat3. Bien que le 2e Bataillon de construction devait constituer la porte d’entrée des hommes de peau noire qui souhaitaient s’enrôler dans l’armée, bon nombre d’entre eux ont décidé de s’enrôler dans des bataillons d’infanterie, au risque d’essuyer un refus. On a pu donc en compter de petits nombres – habituellement inférieurs à cinq – dans les bataillons de l’ensemble du CEC.

À leur arrivée au Royaume-Uni, les bataillons où l’on retrouvait des Canadiens de peau noire et d’origine japonaise ont été dissouts, à l’exception de la plupart des bataillons qui ont traversé l’Atlantique au sein de la 1re et de la 2e Divisions canadiennes. Lorsque les quatre bataillons comptant des Canadiens d’origine japonaise dans leurs rangs sont arrivés au Royaume-Uni, leurs membres ont été dispersés. Les Canadiens d’origine japonaise sont restés ensemble au sein de leur peloton respectif et ils ont été transférés au sein du 10e Bataillon, du 50e Bataillon et du 52e Bataillon. Néanmoins, les membres du 191e Bataillon sont arrivés au Royaume-Uni en avril 1917; ils n’ont donc pas pu participer à la bataille de la crête de Vimy.

Les Canadiens de peau noire

La situation des Canadiens de peau noire était bien différente. Des 122 soldats de peau noire dont les unités se sont rendues au Royaume-Uni au plus tard à la fin de 1916 et qui ont fait partie des armes de combat, au moins 85 n’ont pas pu prendre part à la bataille de Vimy4, pour de multiples raisons. Certains sont restés au Canada ou dans les Bermudes pour des motifs d’ordre médical ou autres, et d’autres étaient en voie d’être libérés après s’être déjà rendus au Royaume-Uni5. Les principales raisons des libérations étaient d’ordre médical étant donné que l’examen médical effectué au moment de l’enrôlement était, au mieux, superficiel, et on y avait souvent négligé les problèmes de dos et de cœur, les pieds plats ou autres problèmes qui empêchaient les hommes de s’enrôler6.

Le plus important facteur systémique concernant la faible participation des Canadiens de peau noire à la bataille de Vimy est d’origine administrative. Trente-trois soldats de peau noire se sont retrouvés au sein de bataillons de réserve une fois leur unité dispersée. Alors que les Canadiens de peau blanche des mêmes unités étaient rapidement envoyés dans les bataillons de première ligne, les Canadiens de peau noire languissaient littéralement au Royaume-Uni7. Certains ont été envoyés au front après la bataille de la crête de Vimy et quelques-uns ont passé toute la durée de la guerre au Royaume-Uni. À partir de la deuxième moitié de 1916, ceux qui arrivaient au Royaume-Uni étaient moins susceptibles d’être envoyés dans les unités de première ligne ou même de passer le reste de la guerre dans ce pays. Cela résultait probablement des préjugés de la part des leaders supérieurs des différents quartiers généraux, et particulièrement du Major-General Samuel Benfield Steele, commandant du British South Eastern District8.

Morts au combat Morts d’une maladie Récupèrent de blessures Transférés au 2e Bataillon de construction Gardés au R.-U. – Bataillon de réserve Libérés (raisons médicales ou autres) Unité qui n’est pas à Vimy Dossier pas encore disponible À Vimy
9 1 4 17 33 19 6 16 27

Auteur

Tableau 2 : Disposition des Canadiens de peau noire avant la bataille de la crête de Vimy.

Au moins six Canadiens de peau noire n’étaient pas membres d’une unité visée par l’ordre de bataille liée à la bataille de Vimy et faisaient plutôt partie d’unités comme des hôpitaux militaires fixes et des troupes ferroviaires. L’une des raisons les plus extraordinaires de ne pas avoir pris part à la bataille de Vimy est possiblement celle d’un artilleur de peau noire en attente d’un transfert au sein du Royal Flying Corps (RFC). À une époque où le RFC n’acceptait aucune minorité visible, la chaîne de commandement de l’artilleur a appuyé sa candidature, et l’artilleur a pu joindre les rangs du RFC9.

Ainsi, malgré le nombre de Canadiens de peau noire qui se sont rendus au Royaume-Uni au sein de régiments d’armes de combat par rapport au nombre de Canadiens d’origine japonaise, les premiers ont été moins nombreux à participer à la bataille de Vimy. Au mieux, selon les calculs actuels, environ 42 Canadiens de peau noire y ont combattu, bien que ce nombre puisse être réduit étant donné qu’il est de plus en plus possible de consulter les dossiers du personnel.

Carte de l’assaut sur la crête de Vimy.

MDN/Direction – Histoire et patrimoine

Cliquer pour agrandir l’image

Le plan d’assaut de la bataille de Vimy

L’attaque de la crête de Vimy Ridge consistait en un assaut frontal direct sur les positions allemandes. Les quatre divisions canadiennes prenaient part à l’attaque, appuyées par 850 armes canadiennes et 280 armes britanniques, de même que par l’ensemble de la 5e Division britannique. L’artillerie devait détruire les tranchées allemandes, obliger les Allemands à rester dans leurs abris et supprimer le tir de l’artillerie allemande. À 5 h 30, l’artillerie a ouvert le tir et l’infanterie s’est avancée derrière le barrage. Étant donné la taille de la crête et le fait que les lignes de front formaient un angle avec la crête, deux des divisions canadiennes devaient parcourir une plus grande distance pour rejoindre les autres. La 1re Division devait donc parcourir 4 000 verges alors que la 4e Division n’avait que 700 verges à franchir, bien que le terrain était plus abrupt à cet endroit. Quatre objectifs ont été établis en conséquence, soit les lignes noire, rouge, bleue et brune. Les 3e et 4e Divisions devaient atteindre la ligne rouge, tandis que les 1re et 2e Divisions devaient parvenir à la ligne brune étant donné qu’elles avaient une plus grande distance à parcourir. Chaque division avait sa propre stratégie pour atteindre son objectif. En ce qui concerne la 2e Brigade, chaque bataillon disposait de deux compagnies de front. Les deux premières vagues provenaient des deux premières compagnies qui devaient prendre la ligne noire. Les troisième et quatrième vagues du reste des deux compagnies devaient prendre la ligne rouge. Une fois ces objectifs sécurisés, le bataillon suivant devait passer puis prendre les lignes bleue et brune. Afin de contribuer à supprimer les soldats allemands dans leurs tranchées et à consolider les positions, les mitrailleuses Lewis de chaque bataillon devaient accompagner les soldats à l’avant10.

Beaverbrook Collection of War Art/Musée canadien de la guerre/MCG 19710261-0160

The Taking of Vimy Ridge, Easter Monday 1917, de Richard Jack.

Les Canadiens d’origine japonaise

À la fin de 1916, environ 182 Canadiens d’origine japonaise s’étaient enrôlés au sein du CEC, dont environ 160 sont arrivés au Royaume-Uni à temps pour prendre part à la bataille de Vimy. Les 22 soldats japonais du 191e Bataillon étaient toujours au Canada, car cette unité s’est rendue au Royaume-Uni seulement à la fin de mars 1917. De ceux qui sont arrivés au Royaume-Uni pour la bataille de Vimy, 148 étaient membres de trois bataillons, soit le 13e Bataillon, CMR, le 175e Bataillon et le 192e Bataillon. Des quatorze Canadiens d’origine japonaise qui sont arrivés au Royaume-Uni au sein d’autres bataillons, au moins trois ont participé à la bataille de Vimy, quatre se trouvaient toujours Royaume-Uni, deux avaient déjà participé aux combats, un se remettait de ses blessures au moment de la bataille de Vimy et un autre était tombé au combat.

Trente-huit Canadiens d’origine japonaise membres du 13e Bataillon, CMR, se sont embarqués pour la France le 27 août 1916. Ils ont d’abord été envoyés au Dépôt du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI), puis au sein du PPCLI, au front. Ils ont ensuite été transférés au 52e Bataillon et sont arrivés sur place le 4 octobre, juste à temps pour joindre le bataillon alors que celui-ci arrivait aux premières lignes à Courcelette. Les membres du 175e Bataillon sont arrivés au Royaume-Uni en octobre 1916. Après l’instruction, ils ont été envoyés au sein du 50e Bataillon le 2 février 1917. Par contre, le déploiement du 192e Bataillon ne s’est pas fait sans heurt. La plupart de ses membres sont parvenus à la position du 10e Bataillon au début de décembre 1916. Cependant, certains sont arrivés entre janvier et mars, alors que d’autres sont arrivés au Dépôt de la base canadienne à la fin janvier 1917, mais n’ont joint les rangs du 10e Bataillon qu’après la bataille de Vimy11.

Au moment où la bataille battait son plein, les Canadiens d’origine japonaise servaient principalement au sein de trois bataillons. Les membres du 13e Bataillon, CMR, sont arrivés en France en septembre 1916, alors que ceux du 175e Bataillon sont arrivés le 2 février 1917. À l’approche de la bataille de Vimy, les Canadiens ont attaqué les lignes allemandes chaque nuit du 20 mars au 8 avril12. Par conséquent, les Canadiens d’origine japonaise du 50e et du 52e Bataillons avaient pris part à quelques combats et essuyé quelques pertes. Certains blessés sont retournés auprès de leur bataillon respectif à temps pour la bataille de Vimy, alors que d’autres se remettaient toujours de leurs blessures ou souffraient d’autres problèmes médicaux, tels que l’influenza.

Unité originale Unité à la crête de Vimy Morts au combat Récupérant de blessures Gardés au R.-U. – Bataillon de réserve Dossier non disponible
13e Battaillon, CMR 52e Battaillon 2 10 0 13
175e Battaillon 50e Battaillon 1 8 0 17
192e Battaillon 10e Battaillon 0 4 4 12

Auteur

Tableau 3 : Soldats canadiens d’origine japonaise dans les bataillons d’infanterie avant la bataille de la crête de Vimy.

En ce qui concerne le combat durant la bataille de Vimy, les Canadiens d’origine japonaise membres des trois bataillons ont vécu des expériences très différentes. Le 10e Bataillon a « franchi les parapets » à 5 h 30. Au cours des 15 premières minutes du combat, la première vague a fait plus de 90 morts et de 250 blessés. L’artillerie des forces amies a occasionné un petit pourcentage de ces pertes, et les tirs de mitrailleuses et de fusils allemands se sont chargés du reste. Après avoir dépassé les mitrailleuses allemandes à 5 h 47, les deux premières vagues ont atteint leur objectif. Les troisième et quatrième vagues ont subi de lourdes pertes en contribuant au nettoyage des tranchées de la ligne noire. Tous les officiers avaient été blessés, sauf un, avant même d’avoir entrepris la progression de la ligne noire à la ligne rouge. Cependant, à 7 h 07, la ligne rouge était atteinte, le nettoyage des tranchées allemandes était amorçé et la position, consolidée13.

MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-003117

Un Canadien d’origine japonaise se rase à l’extérieur de son abri.

Alors que le bataillon suivant franchissait les lignes, le 10e Bataillon a pu retourner à son point de départ le soir même. Après une journée de repos le 10 avril, le bataillon s’est rendu à l’avant aux positions de la ligne rouge à 18 h 30. Le 12 avril, il s’est de nouveau déplacé, cette fois pour prendre la relève du 3e Bataillon aux positions de la ligne bleue, à l’appui du 8e Bataillon, puis s’est de nouveau déplacé le 14 avril14.

Malgré le massacre qu’a subi le 10e Bataillon, les pertes au sein des Canadiens d’origine japonaise étaient légères. Seuls deux d’entre eux ont été tués, un le 9 avril et l’autre le 11 avril (les Soldats Kojima et Migita). Il y a eu seulement trois blessés, respectivement le 9, le 12 et le 14 avril : un soldat a été blessé par un éclat d’obus, un soldat a été gravement atteint par des éclats d’obus dans la jambe gauche, et le troisième a été légèrement blessé à la main gauche en raison d’un tir de fusil.

Initialement, le 50e Bataillon devait être gardé en réserve, mais il a pris part au combat à 15 h 15 le 10 avril. Les membres du Bataillon ont rapidement atteint leurs objectifs et à 15 h 45, ils consolidaient leurs positions. Le même soir, le 47e Bataillon a pris la relève, puis a subi les pertes suivantes : 57 soldats tués, 129 blessés et 31 disparus. Le matin suivant, il a été restructuré en deux compagnies et a reçu l’ordre d’attaquer « le bourgeon ». Le bataillon a lancé l’attaque à 5 h le 12 avril. Il a pris son objectif, mais est demeuré sous le tir des artilleurs et des tireurs d’élite toute la journée et toute la nuit. Durant cette attaque, 3 soldats ont été tués, 38 ont été blessés et 7 ont été portés disparus. Le bataillon a ensuite parcouru 1 000 verges à 17 h 30 le 13 avril et a été enfin relevé à 20 h 3015.

Photo du MDN, par le caporal-chef Shilo Adamson

Une portion des tranchées des Canadiens à la crête de Vimy.

Les pertes essuyées par le 50e Bataillon ont été légèrement inférieures à celles du 10e Bataillon; pourtant, il y a eu davantage de pertes au sein des Canadiens d’origine japonaise du 50e Bataillon. En effet, cinq d’entre eux ont été tués durant l’attaque du 10 avril (les Soldats Hamaguchi, Motohashi, Narita, Tada et Takenchi), et deux ont été blessés – le premier gravement, par balle à la jambe gauche, et le deuxième par balle à la tête. Un autre soldat canadien d’origine japonaise a été tué le jour suivant (le Soldat Tsuchiya), et un septième, le 12 avril (le Soldat Sobuye). Avant que le 52e Bataillon ne se désengage, un dernier Canadien d’origine japonaise avait été blessé à Vimy. Il a subi une grave commotion cérébrale et d’importantes blessures à la suite d’un tir de l’artillerie allemande le 13 avril.

Le 52e Bataillon a été davantage épargné durant la bataille de Vimy. Il a été gardé en réserve le 9 avril, mais devait se tenir prêt à effectuer un mouvement avec un préavis d’une heure. Le 11 avril, il a amorcé la relève du Canadian Mounted Rifles à 16 h 30. Le Bataillon est resté sur place jusqu’au 12 avril. Le jour suivant, il s’est déplacé pour assurer la relève du 60e Bataillon et occuper ses lignes au sommet de la crête16. Ainsi, il n’a subi que trois pertes durant le combat, et aucune parmi les Canadiens d’origine japonaise.

William Rider-Rider/MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-003201

Trois soldats Canadiens de peau noire dans un abri pris aux Allemands pendant la progression des Canadiens à l’est d’Arras.

Au moins 20 soldats de peau noire étaient affectés aux unités d’infanterie durant la bataille de Vimy. De ce nombre, huit ont été tués avant la fin de la guerre17. Bien que ces soldats fussent répartis dans l’ensemble du CEC, ils ont aussi participé au combat le long du front de Vimy, et leur expérience diffère selon les activités de leur bataillon respectif.

Division Bataillon Nom
1re Division 3e Bataillon Randolph Winslow
7e Bataillon Lancelot Joseph Bertrand
10e Bataillon Frederick Firth
14e Bataillon Charles Langton
16e Bataillon William Henderson
2e Division 25e Bataillon James Eatman
26e Bataillon Ralph Stoutley
26e Bataillon Norman Ash
3e Division The Royal Canadian Regiment Gordon Johnson
The Royal Canadian Regiment Jeremiah Jones
The Royal Canadian Regiment Percy Martin
4e Canadian Mounted Rifles Rankin Wheary
4e Canadian Mounted Rifles James A. Post
58e Bataillon Henry Thomas Shepherd
4e Division 38e Bataillon Sylvester Long
50e Bataillon Samuel Watts
75e Bataillon Charles Marshall
78e Bataillon Ethelbert “Curley” Christian
87e Bataillon George Lam
87e Bataillon Arthur Duff

Auteur

Tableau 4 : Soldats canadiens de peau noire dans les bataillons d’infanterie lors de la bataille de la crête de Vimy.

Puisque les Canadiens de peau noire ont été en mesure de s’enrôler dans un plus grand nombre d’unités que les Canadiens d’origine japonaise, les premiers étaient également présents dans d’autres services de l’Armée. Le soldat d’infanterie Archibald Perkins était attaché au QG de la 11e Brigade d’infanterie canadienne, et le soldat d’infanterie David Crosby, aux Transmissions de la 2e Division. Au moins trois Canadiens de peau noire servaient dans l’artillerie. Il y avait d’abord Ruthven Pegus, de la 9e Batterie d’obusiers de la 3e Brigade, Artillerie de campagne canadienne (ACC), il y avait aussi Raymond Vignale, de la 5e Brigade, ACC, et enfin il y avait Lyman Hogan, de la 4e Brigade, ACC18. Par cette froide matinée du 9 avril, les hommes de l’artillerie se sont réchauffés en criblant les défenses allemandes de tirs aussi rapidement que possible pour les affaiblir, les détruire, ou les supprimer, ce dont l’infanterie a été très reconnaissante et a fait mention. Leur exactitude tenait en partie au fait qu’ils avaient commencé ces travaux le 20 mars19.

Il y avait également des membres du génie de peau noire à Vimy. Le sapeur Miles Dymond servait dans la 3e Compagnie de campagne, et le sapeur Frank Bollen, dans le 107e Bataillon, qui avait été converti en un bataillon de pionniers20. À Vimy, dans les jours précédant l’assaut, le 107e Bataillon s’était affairé à poser des câbles et à préparer un rail léger allant du dépôt de munitions Arian jusqu’aux premières lignes. Le 9 avril, trois compagnies du bataillon posaient des câbles de part et d’autre du no man’s land à mesure que l’on s’en emparait, aidant ainsi à assurer la communication pour les bataillons au front21.

Les Canadiens de peau noire ont participé tout autant aux combats sur l’ensemble du front. Ils ont eux aussi combattu bravement, et ont subi des pertes. Les obstacles qu’ils ont surmontés au combat étaient innombrables, et ils ont constitué un microcosme de l’expérience vécue par l’infanterie canadienne dans son ensemble. Leurs expériences ne peuvent pas toutes être mentionnées ici, en raison du grand nombre de bataillons qui ont participé aux combats. Toutefois, un échantillonnage permettra d’avoir une idée de ce qui leur est arrivé.

Ayant moins de soldats à la bataille, il y avait naturellement moins de pertes à Vimy parmi les Canadiens de peau noire que les Canadiens d’origine japonaise. Un soldat a été tué, soit Frederick Firth du 10e Bataillon. Comme il est indiqué dans le compte rendu sur les Canadiens d’origine japonaise du 10e Bataillon, ce bataillon a subi de nombreuses pertes sous les tirs de mitrailleuses et de fusils. Le corps du soldat Firth n’a jamais été récupéré, et son nom figure donc sur le Monument commémoratif du Canada à Vimy.

W.I. Castle/MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-001020

Pendant le combat, des soldats marchent en terrain neutre parmi les fils barbelés.

Le Royal Canadian Regiment (RCR) a lui aussi subi des pertes des centres de résistance allemands et des tirs de mitrailleuses. Son avancée avait bien commencé et les compagnies C et D avaient progressé derrière les tirs d’artillerie qui entravaient l’ennemi, ce qui a mené à la capture de la ligne noire avec seulement quelques pertes. Les compagnies A et B ont ensuite traversé les compagnies C et D, mais à ce moment, elles se sont retrouvées à portée des forces allemandes dont les positions n’avaient pas été prises ou qui avaient été détruites par l’artillerie. Au Bois de la Folie, les compagnies C et D ont été confrontées à plusieurs centres de résistance qui ont maintenu leur attaque et causé d’importantes pertes. Une fois ces centres de résistance vaincus, le problème suivant a été la cote 145, dont les Allemands étaient toujours en contrôle et qui n’avait pas été prise par la 4e Division. Par conséquent, ce sont les tireurs d’élite qui ont été responsables de la plupart des pertes. Le RCR a pris ses objectifs et, ce faisant, a capturé cinq mitrailleuses allemandes. Néanmoins, 50 soldats ont été tués, 159 blessés, et 65 portés disparus, certains d’entre eux ayant été retrouvés blessés ultérieurement22. Gordon Johnson en est sorti du combat sans aucune blessure corporelle. Toutefois, Percy Martin a été blessé par balle à l’épaule gauche le 9 avril et est demeuré à l’hôpital jusqu’au 13 mai.

Ce jour-là, c’est Jeremiah Jones, atteint par un éclat d’obus, qui a mené l’action possiblement la plus remarquable accomplie par un Canadien de peau noire dans le RCR. Avant d’être tiré du champ de bataille, Jones a attaqué seul une position de mitrailleuse allemande qui empêchait l’avancée de son peloton. À la suite de son attaque à la grenade, les survivants allemands se sont rendus. Jones les a fait transporter la mitrailleuse jusqu’au poste de commandement du bataillon, où les Allemands l’ont déposée devant son commandant. Jones, qui est ensuite retourné au combat, a été blessé au bras gauche par un éclat d’obus. S’en est suivi un séjour de deux mois à l’hôpital. Pour ses actions, Jones a été recommandé pour la Médaille de conduite distinguée, la deuxième plus haute distinction décernée pour un acte de bravoure aux soldats canadiens enrôlés à l’époque, mais cette distinction n’a jamais été approuvée23.

akg-images/WHA/World History Archive/AKG1066772

Un soldat canadien blessé à Vimy est évacué par des brancardiers, des Allemands faits prisonniers.

Ce ne sont pas que les tirs de mitrailleuses ennemis qui ont entraîné des pertes; l’artillerie allemande, bien que devant essuyer une attaque, était encore en mesure de riposter, quoiqu’à un niveau moindre et souvent sans un ciblage précis des premières lignes. Dans le 78e Bataillon, Ethelbert « Curley » Christian était un messager, transportant des messages des compagnies à l’attaque jusqu’aux postes de commandement, ou entre les postes de commandement de différents bataillons. À Vimy, il a été enterré dans une tranchée par des tirs d’artillerie et n’a été retrouvé que deux jours plus tard : il a été retrouvé miraculeusement à l’agonie et, lorsqu’il a été transporté en dehors du champ de bataille, il a eu la chance d’échapper aux tirs ennemis qui ont tué deux de ses brancardiers. Ses quatre membres ayant été lourdement écrasés et sans circulation sanguine adéquate, la gangrène s’est installée et il a dû subir une quadruple amputation. Il a survécu à la guerre et est par la suite devenu défenseur des anciens combattants.

La 4e Division a été la plus éprouvée à Vimy. Pour le 87e Bataillon, 520 militaires de tous grades ont franchi la crête à 5 h 30. Au terme de la bataille, 149 militaires avaient été tués et 155 avaient été blessés, ce qui correspond, si l›on inclut les officiers, à un taux de pertes de 60 pour cent. L’objectif du bataillon était de prendre les approches de la cote 145. Il y a d’emblée eu des problèmes : la compagnie C sur le flanc droit était retenue par les tirs de mitrailleuses et de fusils du front et du flanc droit, et l’avancée du 102e Bataillon était aussi laborieuse. Les compagnies A et B ont atteint leurs objectifs, mais non sans de lourdes pertes. À midi, il ne restait plus qu’un officier et 12 hommes dans la compagnie A, et la compagnie B ne comptait plus qu’un sergent et 15 hommes pour prendre et tenir le centre. Ce n’est qu’avec l’aide du 75e Bataillon, qui traversait leur position pour reprendre la progression, et du 102e Bataillon du côté droit, qu’ils se sont emparés des tranchées. Le 87e Bataillon a été désengagé de la ligne le 11 avril24.

Compte tenu des dures batailles vécues par le 87e Bataillon, les soldats Arthur Duff et George Lam ont été chanceux d’en sortir sains et saufs. Duff s’était enrôlé dans le 77e Bataillon en août 1915, puis s’était joint au 87e Bataillon en novembre 1916, et a rapidement été envoyé suivre un cours sur la mitrailleuse Lewis. Il a été blessé en juin 1917, mais est demeuré en service. Le soldat Duff est tombé au champ d’honneur en novembre de la même année. Le soldat Lam s’était enrôlé dans le 132e Bataillon en décembre 1915. Il a été porté à l’effectif du 87e Bataillon le 6 décembre 1916 et n’a été blessé qu’une fois, en mai 1917. Sa blessure lui a interdit de reprendre les armes dans le 87e jusqu’à la fin décembre 1917. Pour ces deux soldats, Vimy était leur première importante bataille25.

Les actions à la crête de Vimy d’un soldat de peau noire appelé Lancelot Joseph Bertrand allaient lui valoir la Croix militaire. Le soldat Bertrand s’est enrôlé dans le 11e Bataillon de Valcartier en 1914, et à la dissolution de cette unité, il a été attaché au 7e Bataillon, juste à temps pour prendre part à la deuxième bataille d’Ypres, à laquelle il a survécu malgré l’anéantissement presque total du bataillon. Ensuite, pendant la bataille de Festubert, le combat majeur du bataillon qui a suivi, le soldat Bertrand est blessé à l’épaule. Il est transporté au Royaume-Uni pour y passer sa convalescence; il devait y rester et travailler au quartier général du dépôt en attendant que son épaule, qui était encore faible, guérisse. Ses habiletés ont néanmoins été dûment reconnues et il a rapidement été promu au grade de sergent le 15 juillet 1915, puis il a été recommandé pour sa commission d’officier, qu’il a reçue le 25 août 191626. À la connaissance de l’auteur, il s’agit d’un des deux seuls officiers d’infanterie noirs ayant participé à cette guerre.

Le 20 octobre 1916, le lieutenant Bertrand est à nouveau porté à l’effectif du 7e Bataillon. Le matin du 9 avril, des messagers lui signalent que le commandant de la Compagnie no 4, puis qu’un lieutenant supérieur de la compagnie avait été tué. Bertrand prend alors le commandement de la compagnie, encore à 100 verges de la tranchée Bismarck. En arrivant à la ligne noire, il apprend qu’un autre lieutenant a été blessé. Le lieutenant Bertrand commence alors à déployer la compagnie pour s’assurer qu’elle est en contact avec ses flancs, puis il entreprend de consolider la position. Il n’avait qu’un sous-officier pour l’aider dans cette tâche, un caporal. Lorsque la compagnie passa à l’objectif rouge, son effectif ne comptait au total que 60 soldats27. Pour ses actions ce matin-là, le lieutenant Bertrand s’est vu décerner la Croix militaire.

Des Canadiens de peau noire continuaient à s’enrôler dans des bataillons individuels; 1916 ayant été l’année la plus active pour le recrutement. Ils n’étaient cependant pas utilisés comme remplacement des autres Canadiens de peau noire sur le terrain, mais étaient plutôt ajoutés à un bassin général, et la plupart d’entre eux ne se sont jamais rendus sur le continent. Lorsqu’est arrivée la conscription, un grand nombre de Canadiens de peau noire ont été enrôlés : 300 ont été identifiés. Cependant, parmi ceux qui sont arrivés au R.-U., moins de 10 pour cent se sont rendus au front28.

L’enrôlement volontaire de Canadiens d’origine japonaise a cessé après l’acceptation des derniers membres du 191e Bataillon au début 1917. Ce bataillon a été dissout lorsqu’il est arrivé au R.-U., et les Canadiens d’origine japonaise qui en faisait partie ont été envoyés aux 10e et 50e Bataillons pour renforcer leurs pelotons de Canadiens d’origine japonaise. Lors de la conscription, peu ont été acceptés – moins de 30 ayant été identifiés, et il y a eu moins de cinq enrôlements volontaires en 1918.

Sept des Canadiens de peau noire qui ont servi à Vimy sont morts au combat plus tard durant la guerre, et 37 Canadiens d’origine japonaise qui ont survécu à la bataille ont subséquemment été au nombre des pertes. Du nombre total de soldats de chaque groupe ayant participé à la bataille de la crête de Vimy, ces chiffres représentent des taux de mortalité élevés. Les Canadiens d’origine japonaise ont assurément été des combattants féroces, car le nombre d’entre eux ayant été rapatriés après avoir été jugés médicalement inaptes en raison de blessures était assez élevé29. Au total, 12 d’entre eux ont reçu la Médaille militaire (M.M.), et l’un d’eux a reçu une première barrette à sa Médaille militaire. Parmi les Canadiens de peau noire, il y a eu un récipiendaire de la Croix militaire, cinq récipiendaires de la Médaille militaire, et un récipiendaire de la Médaille de conduite distinguée30.

Conclusions

Le parcours des soldats du R.-U. jusqu’à Vimy était complètement différent pour les deux groupes. Tandis que les Canadiens d’origine japonaise ont pu demeurer ensemble en tant que groupe cohérent, tel n’a pas été le cas pour les Canadiens de peau noire. Ce pourrait être en partie, car il était plus facile d’envoyer une compagnie déjà organisée, mais cela n’explique pas pourquoi des Canadiens de peau noire semblent avoir été individuellement mis à part pour demeurer au R.-U. et n’ont pas été envoyés au front comme renforts. Par conséquent, même si l’on comptait un nombre à peu près égal de soldats des deux groupes à l’étranger à la fin de 1916, il y avait plus de Canadiens d’origine japonaise à Vimy en raison d’un quelconque processus administratif qui a retenu au R.-U. un bon pourcentage de Canadiens de peau noire.

Durant la bataille comme telle, la distance que certaines divisions devaient parcourir, ou la nature du terrain aurait probablement sidéré les soldats à Vimy. La plupart des Canadiens de peau noire qui ont participé à la bataille avaient déjà rencontré les défenses allemandes, et les tâches qui attendaient les Canadiens leur auraient probablement causé certaines inquiétudes. Pour les Canadiens d’origine japonaise, il s’agissait de leur première bataille importante, et certains venaient tout juste d’arriver. Néanmoins, lorsqu’est venu le temps d’engager l’ennemi, les deux groupes ont démontré leur bravoure. Même l’âge n’était pas un facteur. Jeremiah Jones avait plus de 50 ans lorsqu’il s’est emparé d’une position de mitrailleuse allemande…

La nature réelle des combats à Vimy dépendait du bataillon dans lequel chaque soldat servait. Les Canadiens d’origine japonaise du 52e Bataillon ont peu participé à l’action, car ils ont été gardés en réserve. C’était également le cas pour les Canadiens de peau noire. Lorsqu’est venu le temps de combattre, il n’y a eu aucune réticence de la part de ceux qui ont « passé par-dessus les parapets ». Bien qu’il y ait eu plus de pertes chez les Canadiens d’origine japonaise que chez les Canadiens de peau noire, cela est plus attribuable au bataillon dans lequel ils ont servi, à l’opposition qu’ils ont rencontrée, et c’est tout simplement une question de chance que certains soldats s’en sont sortis indemnes et que d’autres ont perdu la vie.

Les Canadiens de peau noire et ceux d’origine japonaise qui ont combattu à Vimy ont démontré qu’ils méritaient autant d’être considérés comme des soldats canadiens que tout autre groupe ayant participé à la bataille. Ces deux groupes de soldats de minorités ethniques n’étaient peut-être pas très nombreux à Vimy, mais leur présence était un signe qu’ils étaient égaux à tout autre groupe ethnique au Canada lorsqu’est venu le temps de combattre pour leur pays.

Manuel Willequet/Alamy/EDA1JY

Mémorial national à Vimy.

Notes

  1. Ces nombres sont tirés des listes de l’auteur concernant les Canadiens d’origine japonaise et de peau noire confirmés, ainsi que les Canadiens d’origine afro-américaine et caribéenne, qui se sont enrôlés ou ont été conscrits au sein du CEC. Aux fins de la présente étude et pour des raisons de simplicité, l’expression « Canadiens de peau noire » sera utilisée pour représenter tous les hommes d’origine africaine qui résidaient au Canada, dans les Caraïbes et aux États-Unis qui se sont enrôlés ou ont servi dans le CEC.
  2. On sait également que douze Canadiens d’origine chinoise, dix Canadiens sikhs et un Canadien d’origine coréenne se sont enrôlés. En raison de leur nombre réduit au sein du CEC, ils ont été exclus de la présente étude.
  3. Le nombre de Canadiens de peau noire est basé sur la recherche de l’auteur. Le nombre 139 ne comprend pas les soldats enrôlés dans le 2e Bataillon de construction. Par conséquent, l’auteur reconnaît ne pas avoir inclus un grand nombre de Canadiens de race noire qui n’a pas pu être appuyé par une autre source. Bibliothèque et Archives Canada (BAC) est en voie de numériser les dossiers des soldats de la Première Guerre mondiale. Cependant, il s’agit d’un long processus, et l’information concernant certains Canadiens de race noire et d’origine japonaise n’est pas encore disponible.
  4. Les statistiques et les causes sont fondées sur l’examen effectué par l’auteur des dossiers du personnel, qui sont disponibles en ligne dans la base de données susmentionnées de BAC, « Soldats de la Première Guerre mondiale : 1914-1918 ». Les dossiers des soldats qui ont été identifiés comme ayant servi au sein du CEC au moment de la bataille de Vimy ne sont pas tous disponibles pour téléchargement. Cependant, dans certains cas, il existe des renseignements officiels supplémentaires à propos de certains de ces soldats.
  5. Le 163e Bataillon a enrôlé au moins 16 soldats de peau noire alors qu’il était stationné aux Bermudes.
  6. Pour de plus amples renseignements sur la question liée aux libérations pour raisons médicales et aux examens médicaux en bonne et due forme, voir Nicholas James Clarke, Unwanted Warriors: The Rejected Volunteers of the Canadian Expeditionary Force, Ottawa, thèse de doctorat, Université d’Ottawa, 2009.
  7. Basé sur l’examen effectué par l’auteur des dossiers des soldats de peau blanche affectés aux mêmes unités que des Canadiens de peau noire. Certains Canadiens de peau noire ont effectué tout leur service durant la guerre au Royaume-Uni.
  8. Durant une inspection d’un dépôt d’instruction le 21 juin 1916, Steele a remarqué un soldat de peau noire et lui a exprimé son souhait de le voir libéré. D’un autre côté, lorsqu’il a vu le peloton de soldats canadiens d’origine japonaise au sein du 13e Bataillon, CMR, quelques semaines plus tard, il a salué leurs compétences militaires. BAC, RG 9, série III-A-1, bloc de dossier 8, dossier 8-5-10e, vol. 45, du Major-General Steele au Major-General Carson, le 27 juin 1916, p. 3-4; et du Major-General Steele au Major-General Carson, le 20 juillet 1916, p. 2. Je remercie M. William Stewart, Ph.D., de m’avoir montré ce dossier et ses répercussions. Pour de plus amples renseignements sur la croyance de Steele selon laquelle les hommes de peau noire n’étaient pas de bons soldats, voir Samuel Benfield Steele, Forty Years in Canada, Toronto, McClelland, Goodchild & Stewart Ltd, 1919, p. 373-386, particulièrement 385-386. Roderick Charles Macleod, « Steele, Sir Samuel Benfield », Dictionnaire biographique du Canada, <http://www.biographi.ca/fr/bio/steele_samuel_benfield_14F.html>, page consultée le 30 juillet 2016, dans laquelle on note que Steele considère que les hommes noirs sont « par nature condamnés à la sujétion ». Steele a conservé le poste de commandant du South Eastern District jusqu’au 1er mars 1918.
  9. Certains autres membres de minorités visibles ont pu s’enrôler dans le RFC, mais tous les cas semblent avoir un point en commun : l’appui d’un commandant. Le pilote canadien de peau noire a obtenu sa commission d’officier et a convoyé des aéronefs d’un dépôt d’approvisionnement d’aéronefs dans le nord de la France à des unités au front. Des centaines de pilotes ont rempli ces fonctions.
  10. 2nd Canadian Infantry Brigade Instructions No. 3, le 26 mars 1917, dans BAC, Journal de guerre, 10e Bataillon, appendice 12
  11. Journaux de guerre du 10e, du 50e et du 52e Bataillons. En ce qui concerne le retard de certains soldats d’origine japonaise du 192e Bataillon, voir par exemple le dossier de 898527 Tokutaro Iwamoto.
  12. Nicholson, Histoire officielle de la participation de l’Armée canadienne à la Première Guerre mondiale : Le Corps expéditionnaire canadien 1914-1919, p. 254.
  13. BAC, Journal de guerre, 10e Bataillon, appendice 92.
  14. BAC, Journal de guerre, 10e Bataillon, avril 1917.
  15. BAC, Journal de guerre, 50e Bataillon, avril 1917
  16. BAC, Journal de guerre, 52e Bataillon, avril 1917.
  17. Les renseignements sur 17 autres soldats n’étaient pas disponibles au moment de la rédaction du présent article étant donné que les dossiers du personnel n’ont pas été numérisés et affichés sur le site Web de BAC.
  18. Ruthven Pegus s’est enrôlé le 25 septembre 1914, Lyman Hogan s’est enrôlé le 30 novembre 1914, et Raymond Vignale, le 22 février 1915. BAC, dossiers du personnel, 83666 Lyman William Hogan, 45370 Ruthven Ignatius Pegus et 246 Raymond Vignale.
  19. Nicholson, Histoire officielle de la participation de l’Armée canadienne à la Première Guerre mondiale : Le Corps expéditionnaire canadien 1914-1919, p. 271-272.
  20. Miles Dymond s’est enrôlé le 23 septembre 1914 dans la 1re Compagnie de campagne, Corps royal du génie canadien. Frank Bollen s’était initialement enrôlé dans le 71e Bataillon, mais avait été libéré, car il avait été jugé médicalement inapte. BAC, dossiers du personnel, 5085 Miles Smith Dymond, 127549 Frank Bollen et 225709 Frank Bollen.
  21. BAC, Journal de guerre, 107e Bataillon.
  22. BAC, Journal de guerre, Régiment royal du Canada, avril 1917, p. 23 à 29; R.C. Fetherstonhaugh, The Royal Canadian Regiment, 1883-1933 (London, Ontario, The Royal Canadian Regiment, 1936), p. 278-281.
  23. Certains de documents au dossier de Jeremiah Jones indiquaient qu’il s’agissait d’une blessure par balle. BAC, dossier du personnel 716221, Jeremiah Jones. Lorsqu’il a écrit son livre sur le 2e Bataillon de construction, Calvin Ruck a découvert que Jeremiah Jones avait été recommandé pour la distinction, mais ne l’avait jamais reçue. Il y avait de nombreux éléments de preuve provenant de survivants du bataillon et des journaux au sujet de ses actions à la crête de Vimy et de la recommandation. Puisqu’une médaille ne peut pas être décernée au-delà d’un certain temps après un événement, Jeremiah Jones ne pouvait plus recevoir la Médaille de conduite distinguée. Toutefois, le 22 février 2010, Jeremiah Jones s’est vu remettre à titre posthume le Médaillon des Forces canadiennes pour service distingué. La blessure de Jeremiah Jones était suffisamment grave pour le laisser avec un bras faible et une invalidité à 30 p. cent, en partie pour laquelle il a été libéré du CEC pour des raisons médicales. Il n’est pas retourné au RCR après la bataille de la crête de Vimy.
  24. BAC, Journal de guerre, 87e Bataillon, et William J. Patterson, Soldiers of the Queen: The Canadian Grenadier Guards of Montreal, 1859-2009 (Montréal, The Canadian Grenadier Guards Corporation, 2009), p. 116 à 118.
  25. BAC, dossiers du personnel, 144504 Arthur John Duff et 793041 George Lam.
  26. Le résumé de son service est fondé sur son dossier personnel. BAC, dossier du personnel, 21803 Lancelot Joseph Bertrand.
  27. Le résumé des actions du lieutenant Bertrand à la crête de Vimy est fondé sur son compte rendu, qui fait partie du Journal de guerre du 7e Bataillon pour la bataille de la crête de Vimy. Il aurait été tué durant la bataille à la cote 70 en août 1917.
  28. Fondé sur la liste de l’auteur des soldats de la circonscription de peau noire, et excluant ceux dont le dossier du personnel n’était pas encore disponible au moment de la rédaction.
  29. Examen par l’auteur des dossiers du personnel de Canadiens d’origine japonaise qui n’ont pas encore été compilés.
  30. La Médaille militaire a été décernée à 12 Canadiens d’origine japonaise s’étant enrôlés volontairement : Tokutaro Iwamoto (10e Bon), Masumi Mitsui (10Bon), Tow Inouye (47e Bon), Yesaku Kubodera (49e Bon) Takezo Shirasago (50e Bon) Kiyoji Iizuka (50e Bon), Otojuro Yamamoto (M.M. et Babette) (50e Bon), Manichi Nakamura (50e Bon), Bunshiro Furukawa (50e Bon), Tominosuke Tanji 191 (50e Bon), Yasuo Takashima 191 (50e Bon), et Yoichi Kamakura (52e Bon). Des Canadiens de peau noire ont reçu les distinctions suivantes : Croix militaire : Lancelot Joseph Bertrand (7e Bon); Médaille militaire : David Crosby (25e Bon); Roy Fells (25e Bon); James Grant (83e Bie, CFA); Percy Martin (RCR); John Cecil Lightfoot (8e Bon, CEC); Médaille de conduite distinguée : James Post (4e Bon, CMR).