Critiques de livres

Black Ops, Vietnam. The Operational History of MACVSOG

par Robert Gillespie 
Annapolis, MD: Naval Institute Press, 2011
320 pages, 41,95 $ (livre relié) 

Critique de Bernd Horn

Cet ouvrage s’est avéré une agréable surprise. Il est vrai que lorsque j’ai regardé l’image sur la jaquette, j’ai d’abord eu peur qu’il ne s’agisse encore d’une histoire sur les Forces d’opérations spéciales (FOS) du type « tuez-les tous et laissez Dieu s’arranger avec le reste ». Cependant, une fois la lecture commencée, il est devenu évident qu’il s’agissait d’un récit bien rédigé et très bien documenté sur le Military Assistance Command, Vietnam – Studies and Observations Group (groupe d’études et d’observation du commandement d’aide militaire au Vietnam [MACV-SOG]). 

L’ouvrage débute par un aperçu de la participation américaine à la guerre du Vietnam et des opérations spéciales avant la mise sur pied du MACV-SOG en 1964. L’auteur adopte ensuite une approche chronologique et parcourt méthodiquement la vie de l’organisation de 1964 à 1972, moment où la formation a été démantelée. Chaque année fait l’objet d’un chapitre, et Gillespie trace les grandes lignes des événements, des concepts, des opérations, des organisations et des programmes clés. De plus, l’auteur a adopté une structure semblable pour chaque année traitée. Il est donc facile de suivre l’évolution et les changements au sein du MACV-SOG, de même que ses activités. Ainsi, l’ouvrage constitue un excellent livre de référence. Étant donné la nature même de cette approche, l’ouvrage ne permet pas de définir avec exactitude tous les aspects de l’organisation, des activités ou des événements liés à la guerre du Vietnam. Cependant, l’auteur a admirablement réussi à équilibrer, d’une part, la qualité et la pertinence du contenu et, d’autre part, la quantité. Même si les thèmes sont traités de façon relativement succincte, l’auteur a filtré les données de façon experte et fourni un résumé remarquablement complet et concis de chaque année traitée. Essentiellement, il a rédigé un excellent ouvrage de référence.

Ce qui est impressionnant, mis à part la narration détaillée, c’est le fait que l’ouvrage offre un équilibre entre une approche concise basée sur les faits, remplie de statistiques et de données précises, et des portraits saisissants qui illustrent le courage, le drame et l’héroïsme des membres du MACV-SOG eux-mêmes. Plus précisément, l’ouvrage trace le portrait des titulaires de la US Congressional Medal of Honor, et fait le récit de certaines opérations. Cela permet d’ajouter une part d’action à un résumé historique, de mettre les événements en contexte et d’indiquer leur niveau de difficulté par rapport au conflit global et aux lieux géographiques.

De plus, l’ouvrage est truffé de faits remarquables et peu connus, ce qui montre qu’il y a très peu de nouveaux problèmes dans le domaine militaire. Il traite de l’avènement de l’informatique pour passer en revue les données, des problèmes liés aux opérations de coalition, plus précisément en ce qui a trait à la collaboration avec les alliés et à la confiance établie en eux, de l’importance des ressources aériennes et des communications ainsi que de la difficulté de participer à une guerre limitée et soumise à d’importantes restrictions militaires et politiques.

L’auteur traite de façon très intéressante la composante psychologique de la conduite de la guerre du MACV-SOG et les efforts du Groupe pour infiltrer le Nord et, inversement, de tenter d’entraver le mouvement de la myriade de troupes, d’équipement et d’approvisionnement qui se rendaient au Sud par la piste Ho Chi Minh. Il était fascinant d’en apprendre sur les comptes-rendus concernant les agents qui tentaient de s’infiltrer, les agents et les largages fantômes, la contre-ingérence et l’utilisation de tactiques particulières dans le but de mettre un terme à l’interdiction de la piste Ho Chi Minh par les équipes des opérations spéciales. Par exemple, les équipes des opérations spéciales ont remporté un si grand succès que les Nord-Vietnamiens ont dû prendre des mesures drastiques. Les Nord-Vietnamiens ont commencé à recourir aux patrouilles, aux unités de sécurité dans la zone arrière, aux chiens détecteurs, aux unités de chasse-destruction possibles et à la défense par couches au moyen d’observateurs de piste, c’est-à-dire de militaires qui assurent l’observation de toutes les zones d’atterrissage (Z atter) (en fait, en 1969, presque toutes les Z atter du Laos étaient surveillées).     

Dans l’ensemble, le style de l’auteur est clair, concis et facile à suivre. L’ouvrage est bien documenté et contient une grande quantité de notes qui fournissent des sources et des renseignements supplémentaires. Il est évident que l’auteur maîtrise le sujet; il a utilisé des sources importantes, tant primaires que secondaires, y compris des documents auparavant classifiés. 

Un autre élément extrêmement utile de l’ouvrage est sa bibliographie commentée, ce qui aide le chercheur ou le lecteur intéressé à faire une sélection dans l’énorme quantité d’ouvrages et à se concentrer sur les sources les plus pertinentes et celles faisant autorité. L’ouvrage contient également un index détaillé et une liste des sigles et des abréviations afin d’aider le lecteur à comprendre le jargon militaire propre à un document de cette nature.   

Les illustrations fournies pour étoffer le texte étaient quelque peu décevantes. L’auteur a choisi de n’ajouter que les portraits des commandants du MACV-SOG. Il aurait été avantageux d’inclure d’autres photographies du terrain, du personnel et de l’équipement utilisé afin de faire vivre le récit.

Enfin, il s’agit d’une ressource très précieuse qui traite des opérations spéciales américaines durant la guerre du Vietnam. Je le recommande fortement aux militaires, aux personnes intéressées par le domaine militaire ainsi qu’à quiconque qui étudie les conflits, les forces d’opérations spéciales ou les opérations de contre-ingérence.

Le colonel Bernd Horn, OMM, MSM, CD, Ph. D., est chef d’état-major des Programmes d’instruction et d’éducation stratégiques à l’Académie canadienne de la Défense. Il est également professeur auxiliaire d’histoire au Collège militaire royal du Canada et à l’Université Norwich.