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Bibliothèque et Archives nationales du Québec/Fonds Conrad Poirier/BAnQ Vieux-Montréal (P48,S1,P1542)

Jour du Souvenir au square Dorchester, le 11 novembre 1937

150 ans d’histoire militaire au centre-ville de Montréal

par Diane Joly

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Introduction

À Montréal, le tournant du XXe siècle est marqué par plusieurs visions du Canada. Pour certains, en majorité anglophones, le Canada est une colonie qui doit contribuer au prestige de l’Angleterre, tandis que pour d’autres, en nombre plus important chez les francophones, le Canada est une puissance autonome au sein de l’Empire. Au centre, les modérés sont des tenants de la bonne entente et préconisent une cohabitation harmonieuse entre les deux groupes culturels. Le square Dorchester et la place du Canada comptent plusieurs monuments commémoratifs qui illustrent ces visions en montrant comment le site symbolise à l’origine la puissance britannique pour devenir peu à peu un reflet du Canada contemporain, puis de Montréal1.

Les origines

En 1795, en raison de l’interdiction d’inhumer des corps à l’intérieur de la ville fortifiée de Montréal, la fabrique Notre-Dame achète un terrain à l’extérieur de l’enceinte. Elle y enterre ses morts jusqu’à l’aménagement d’un autre cimetière sur la Côte-des-Neiges en 1854. Pendant la translation des corps, les craintes d’une épidémie de choléra forcent l’arrêt des exhumations. Depuis 1871, 10 000 sépultures demeurent ainsi sous le centre-ville de Montréal. Invoquant des motifs de santé publique et d’embellissement, les élus décident d’y aménager un lieu public qu’ils nomment square Dominion en hommage à la jeune confédération du Canada fondée en 1867.

La Ville décide de conserver le terrain tel qu’il a été façonné par l’aménagement du cimetière. Cette décision explique aujourd’hui les formes uniques de l’espace qui se compose de deux rectangles désaxés et divisés par le boulevard René-Lévesque. Le square est en pente ascendante, et les rues sur ses marges suivent ses lignes irrégulières. Il porte maintenant le nom de square Dorchester et réfère à la partie au nord tandis que la place du Canada est au sud.

L’association des militaires au lieu se confirme dès l’ouverture du square par des concerts de la fanfare des Fusiliers de Victoria. De plus, les nombreux défilés militaires au centre-ville passent tous par le square. L’idée d’y commémorer des héros et des victoires militaires est donc congruente à l’identité des lieux. En tout, quatre éléments marquent l’histoire militaire sur les lieux.

Auteure

Canon ayant servi au cours de la bataille de Sébastopol. Place du Canada, près du boulevard René-Lévesque. On aperçoit à l’arrière-plan le cénotaphe érigé en 1924.

Les canons de Sébastopol

Entre 1854 et 1856, la guerre de Crimée est surtout un conflit d’influence entre les grandes puissances européennes de l’époque. Provenant de l’Angleterre, le 39e Régiment, qui est en poste à Montréal, participe à cette guerre et revient triomphalement au pays en juillet 1856. Pour souligner la bravoure de ses soldats, la reine Victoria offre aux régiments combattants des canons saisis pendant les affrontements. À Montréal, deux sont d’abord exposés dans le Vieux-Montréal à proximité du cantonnement britannique. Selon les sources, ils sont ensuite déplacés au square Dominion à la fin des années 1870, 1889 ou 18922.

Capturés lors de la bataille de Sébastopol en Ukraine, ces artéfacts sont des pièces d’artillerie authentiques se composant d’un fût et d’une base. À l’origine sculptée dans le bois, la base est aujourd’hui remplacée par une réplique en ciment. Les artéfacts sont fabriqués d’un alliage de bronze et de métal. Il s’agit des premiers objets à embellir le square.

Leur matériau, leurs formes anciennes et les aigles gravés du tsar de la Russie impériale sur leur fût inscrivent ces canons dans le passé. Leur présence témoigne des armes de guerre au XIXe siècle et évoque la dure réalité du soldat lors des conflits. Les canons rappellent aussi l’état colonial d’antan du pays.

Au tournant du XXe siècle, les canons attirent les touristes américains qui les aperçoivent en sortant de la nouvelle gare Windsor. Ils s’empressent de les photographier, car le bruit court aux États-Unis qu’ils ont servi à repousser l’invasion américaine3!

L’incidence de la guerre de Crimée

Même si le Canada n’y joue aucun rôle, la guerre de Crimée a une incidence sur l’histoire militaire canadienne à deux niveaux. Tout d’abord, elle fait entrer la Réserve de l’armée canadienne dans sa modernité. De fait, lorsque les troupes britanniques en poste au pays sont envoyées au front, le gouvernement de l’Union doit appeler 5 000 volontaires sous les drapeaux. La réponse dépasse la demande et, à compter de 1855, la milice canadienne, qui était conscrite et jusque-là soumise à des enjeux politiques, devient volontaire, unique et officielle4.

Ensuite, ce conflit est le premier à être rapporté dans les journaux. Les dépêches décrivent plusieurs actes de bravoure qui demeurent dans l’anonymat, car ce sont surtout les officiers britanniques qui bénéficient de distinctions. La reine Victoria change la donne par un arrêt royal lorsqu’elle crée en 1856 la distinction suprême de l’armée britannique et du Commonwealth. La croix de Victoria vise exclusivement à récompenser les actes de bravoure devant l’ennemi en temps de guerre. La reine exige que la distinction ne prenne en compte ni le grade, ni la religion, ni l’origine ethnique, ni la condition sociale du récipiendaire. Cette décoration en forme de croix porte l’écusson royal et les mots For Valour. Le ruban est de couleur pourpre, et les récipiendaires peuvent faire suivre leur nom des initiales VC. Depuis sa création, 93 militaires canadiens ont reçu cet honneur de leur vivant ou à titre posthume5.

Auteure

Monument aux héros de la guerre des Boers, au square Dorchester. Il s’agit de l’unique statue équestre à Montréal et d’une des rares à se trouver au Canada.

Le monument aux héros de la guerre des Boers

Le dévoilement du monument aux héros de la guerre des Boers a lieu le 24 mai 1907. Ce conflit marque la première intervention militaire canadienne au XXe siècle. La décision de participer à cette guerre de la Grande-Bretagne contre les Boers d’Afrique du Sud semble réfléchie. On veut alors défendre les Uitlanders, des sujets britanniques vivant dans les colonies boers d’Afrique du Sud. En octobre 1899, les Boers déclenchent les hostilités en envahissant le Natal et le cap de Bonne-Espérance en territoire britannique6.

Bibliothèque et Archives Canada/C-000171

Des membres du Lord Strathcona’s Horse en route pour l’Afrique du Sud à bord du S.S. Monterey, en 1899.

Le Lord Strathcona’s Horse

Au Canada, les membres de la classe politique ne sont pas tous d’accord à l’idée d’envoyer des troupes en Afrique. Pour plusieurs, l’appropriation de gisements de diamants et d’or découverts sur le territoire serait l’enjeu réel du conflit. A priori, sir Wilfrid Laurier s’oppose à une participation du Canada tout en demeurant sensible à l’opinion publique. Il évalue les appuis et, lorsque la guerre est déclarée, Ottawa annonce rapidement son soutien.

© Musée McCord, Image MP-1977.76.75/Alfred Walter Roper

Défilé militaire au square Dominion, à Montréal, en 1898

En 1900, devant les querelles qui déchirent le pays, le riche homme d’affaires, diplomate et philanthrope Donald Alexander Smith, 1er baron Strathcona et Mount Royal, offre de lever à ses frais un régiment de cavalerie. Les membres de l’unité seraient recrutés au Canada, mais feraient partie de l’armée britannique. L’unité Lord Strathcona’s Horse recrute dans les Prairies parmi les cowboys, les colons de l’Ouest et la police montée. Les hommes doivent être célibataires, habitués à la dure et habiles cavaliers. Tout au long du conflit, le mécène demeure un homme généreux en équipement, notamment en fournissant des lunettes d’approche essentielles à l’éclaireur, des lassos, des couvertures et des bottes7.

Le régiment arrive à Cape Town en avril 1900. L’armée britannique met à profit la connaissance du terrain des membres du régiment en les utilisant comme éclaireurs. Leur travail remarquable contribue au succès des troupes anglaises. De passage en Angleterre à la fin du conflit, le roi Édouard VII leur remet les couleurs régimentaires. De retour au pays, les cavaliers sont démobilisés peu de temps après. Le Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) (LdSH[RC]) a été remis sur pied depuis et relève maintenant du 1er Groupe-brigade mécanisé du Canada. La garnison se trouve à la BFC d’Edmonton.

Le monument

Le baron Strathcona et Mount Royal est à l’origine du monument aux héros de la Guerre des Boers. Il s’agit du plus important mécène de l’Université McGill. L’institution, dont le recteur est un impérialiste convaincu, tente donc de flatter Lord Strathcona en proposant d’élever une statue en son honneur. Toutefois, Lord Strathcona refuse, jugeant plus approprié de souligner la mémoire des soldats tués pendant le conflit, d’autant plus qu’un autre comité est déjà formé pour ce projet. À la fin, les deux comités fusionnent et offrent un monument des plus originaux qui honore à la fois la mémoire des héros et Lord Strathcona.

Malgré les dissensions d’origine sur le conflit, c’est une foule unie qui se présente lors du dévoilement de la statue qui a lieu l’Empire Day ou le jour de la fête de la Reine. Devant une foule estimée à 28 000 personnes, dont 3 000 soldats, le recteur de l’Université McGill prononce un discours d’ouverture constituant une glorification de l’Empire britannique et des anglophones. Son propos est si peu nuancé qu’au discours suivant, le maire de Montréal souligne que tous les Canadiens ont une place dans l’Empire. On rappelle également que des Canadiens français ont combattu dans cette guerre8.

Réalisé en 1906 au coût de 30 000 $, le monument d’environ 9 mètres de hauteur est une œuvre de l’artiste Charles G. Hill. C’est le seul monument équestre à Montréal et l’un des rares au Canada. De grandeur nature, la statue équestre en bronze montre un cheval cabré et un jeune cavalier. Le cheval est harnaché et porte une couverture sur sa selle. Le soldat tient sa monture d’une main et des jumelles d’approche qui rappellent son rôle d’éclaireur pendant le conflit.

De facture classique et orné d’éléments décoratifs, le socle a la forme usuelle d’un cénotaphe. À la base, les régiments canadiens qui ont participé au conflit sont inscrits dans la pierre : Royal Canadian Artillery, Canadian Montreal Rifles, Royal Canadian Infantry et Strathcona Horse. L’inscription sur l’une des surfaces se lit comme suit : To commemorate the heroic devotion of the Canadians who fell in the South African war and the valour of their comrades9. On peut lire également ceci : In grateful recognition of the patriotism and public spirit shown by Lord Strathcona and Mount Royal in raising and equipping a regiment of horse for service in South Africa as an evidence of his sympathy with the cause of imperial unity10. Une liste des batailles auxquelles ont participé les Canadiens est accompagnée de deux hauts-reliefs montrant chacun un épisode héroïque : la bataille de Paardeberg, lorsque les Boers se rendent à l’infanterie canadienne, et la bataille de Komati River-Belfast quand l’artillerie canadienne s’empare des fusils ennemis. Enfin, un médaillon à l’effigie de Lord Strathcona, assorti d’un écusson montrant ses armoiries, orne une surface du cénotaphe.

C’est la statue la plus photographiée à Montréal au tournant du XXe siècle. Aujourd’hui, son style suranné et ses inscriptions en anglais emprisonnent l’œuvre dans le passé.

Au cours des années suivantes, une cérémonie commémorative avec défilé militaire se tient en février. Selon un dossier de presse aux archives municipales de Montréal, la cérémonie au monument a toujours lieu en 1958, mais le défilé militaire annuel cesse en raison du vieillissement des vétérans. À compter de 1919, il y a donc deux commémorations militaires annuelles à Montréal, selon toute vraisemblance jusqu’au décès des derniers combattants.

Auteure

À la place du Canada, près de la rue de la Cathédrale, les lignes classiques du cénotaphe rappellent la fin de l’époque de l’architecture éclectique, à l’aube du XXe siècle.

Le cénotaphe

Au lendemain de l’Armistice, une commission internationale est créée pour assurer une sépulture honorable aux soldats décédés. La commission s’appuie sur certains principes, dont celui de ne rapatrier aucun corps; les cimetières européens symbolisent ainsi le champ d’honneur. Cette absence des corps favorise au Canada l’édification de monuments qui commémorent l’héroïsme des soldats canadiens dans toutes les villes du pays qui ont perdu des citoyens. À Montréal, on décide d’ériger un cénotaphe qui sera dédié aux femmes et aux hommes natifs de la ville, toutes origines confondues.

À la place du Canada, le monument de facture classique est divisé en trois parties posées l’une sur l’autre. La partie centrale de la base porte en bas-relief une guirlande de fleurs qui ceinture le monument. La surface avant montre en creux une croix gravée divisant l’épigraphe bilingue : « To the glory of God and the memory of the immortal dead who brought us honour and peace » † « À la gloire de Dieu au souvenir des morts immortels à qui nous devons l’honneur et la paix. 1914-1918, 1939-1945, 1950-1953 ». On indique aussi que le monument est dédié aux soldats morts au combat. Sur la surface arrière, une épée, sur laquelle repose une couronne de fleurs en bas-relief, est sculptée dans le granit. Ses formes classiques sont d’une simplicité extrême. Sa monumentalité rend compte de la grandeur du sacrifice des soldats tandis que la pureté des formes dégage le vide provoqué par l’absence d’un grand nombre de disparus. Le cénotaphe se démarque de son environnement victorien par ses formes dépouillées qui signalent la fin du style d’architecture éclectique typique de la fin de siècle montréalaise. Le 11 novembre 1924, des vétérans, les familles des disparus – plus de 50 000 Montréalais, et plusieurs milliers d’autres personnes assistent au dévoilement du cénotaphe. Ce jour-là, la cérémonie établit un nouveau protocole : au son du canon, la ville entière de Montréal – les fiacres, les voitures, les tramways, les trains, les usines, les bureaux, les passants, etc. – s’immobilise pendant deux minutes afin de se rappeler le souvenir des soldats disparus. Le caractère universel de la cérémonie se traduit par la présence de soldats portant l’uniforme belge, anglais et italien dans la foule11.

Les cénotaphes figurent parmi les premiers monuments érigés à la mémoire des soldats contemporains. Malgré la présence de quelques cénotaphes au Canada, dont un dans la partie nord du square, il s’agit essentiellement d’un phénomène qui naît avec la Première Guerre mondiale.

Quelques années plus tard, la représentation symbolique du cénotaphe mène à d’autres activités commémoratives parmi les communautés culturelles montréalaises. De fait, les Ukrainiens se sont réunis au cénotaphe en 1993 pour célébrer le 60e anniversaire de la famine artificielle; en 1988, les Belges y ont célébré le 157e anniversaire de l’indépendance de leur pays, les Polonais ont fait de même en 1991, de même que la communauté grecque, qui l’a célébrée pendant plusieurs années12.

Le retour des soldats à Montréal

Durant la Première Guerre mondiale, les Montréalais sont confrontés aux réalités du conflit par la lecture des journaux, le rationnement et les signes visibles de deuil et de blessures dans l’espace public. Nombreux sont les vétérans qui reviennent mutilés physiquement et mentalement.

Chez les francophones, la Société Saint-Jean-Baptiste de Montréal (SSJBM) est le regroupement le plus important à Montréal et au Canada français. Sensibilisée par ses nombreux membres qui reviennent du front, elle instaure des activités pour venir en aide aux soldats et aux membres de leur famille en créant entre autres la Guignolée du Soldat pour amasser des fonds qui sont versés aux œuvres de secours en faveur des mutilés de la guerre et aux conscrits13.

Après le conflit, des sociétaires accueillent deux fois par semaine les soldats de retour au pays. La SSJBM est interpellée par leur sort. Plusieurs soldats ne peuvent pas reprendre leur emploi et d’autres sont aux prises avec des problèmes psychologiques associés aujourd’hui en partie à un état de stress post-traumatique. En tentant de répondre à ces besoins, la SSJBM lance des projets originaux méconnus, dont celui du foyer canadien.

Le foyer canadien

En 1919, la SSJBM veut créer un lieu de rencontre avec une salle décorée réservée exclusivement aux vétérans : « Un foyer qui serait largement ouvert aux soldats pour qu’ils y trouvent l’occasion de se recréer, de causer avec les civils et de se réadapter à la mentalité canadienne-française ». Le conseil général invite ses membres à venir passer leurs soirées avec les soldats. Il sollicite les librairies pour des gravures de scènes canadiennes, Musique Archambault fournit un piano, un gramophone et des disques, et la biscuiterie Viau, des friandises.

Souhaitant « procurer [aux] compatriotes une occasion de se recréer, tout en faisant un retour en arrière, pour mieux estimer les bonnes mœurs canadiennes de jadis », la SSJBM organise une soirée canadienne, dont le but serait « de redonner à nos compatriotes de l’armée l’amour des traditions de chez-nous ». Cette veillée du bon vieux temps, rigoureuse par son caractère scientifique, figure parmi les premières à Montréal à initier les Canadiens français à leur patrimoine immatériel au moyen de chants, de danses et de contes traditionnels, de même qu’une scénographie montrant des meubles et des outils anciens.

Cependant, malgré tous les efforts, le projet ne remporte pas le succès espéré. La correspondance dans les fonds d’archives est éclairante. Souvent, les sociétaires admettent être dépassés par les larmes et l’indifférence des vétérans à leur environnement. Incapables de créer des liens avec eux, ils demandent de l’aide. Cependant, les membres du conseil général ne sont pas formés pour cela et les initiatives sont abandonnées assez rapidement.

Honorer les vivants

Le sort des soldats demeure un enjeu préoccupant pour la SSJBM. En juin 1925, à la suite de l’inauguration du cénotaphe et de la cérémonie grandiose aux héros de l’automne précédant, la SSJBM décide de présenter un char allégorique rendant hommage aux vétérans à l’occasion du défilé national. De plus, elle invite les vétérans à défiler avec ses membres. C’est la première fois que des non-membres de la société participent au défilé sans tenir un rôle de figurant. L’activité connait un grand succès de participation. Des vétérans d’autres villes demandent aussi à participer au défilé. En 1928, des vétérans français, belges et italiens montréalais joignent la délégation canadienne-française. Pour la première fois, la fête nationale illustre pleinement le caractère multiculturel de Montréal.

Le canon d’artillerie de la Deuxième Guerre mondiale

© 1942, La Presse, no 31975, Le monde en images, CCDMD

Collection de pièces d’artillerie datant de la Première Guerre mondiale, 1942

En 1922, un canon conquis lors de la Première Guerre mondiale est installé au square. Cependant, il y restera tout au plus vingtaine d’années puisqu’en 1941, il est récupéré pour les besoins de métal pendant le deuxième conflit mondial. En 1962, un canon de la Deuxième Guerre mondiale est exposé à proximité du cénotaphe afin de souligner le travail des artilleurs de Montréal. À cette époque, on croyait qu’il valait mieux le laisser à l’extérieur plutôt que dans un musée. Selon les responsables : « Le canon expose un événement dramatique réel et, mieux qu’un monument ou une plaque, rappelle au moyen d’un artéfact historique authentique l’engagement militaire des Montréalais.14 » [TCO]

Auteure

Pièce d’artillerie datant de la Seconde Guerre mondiale. Le canon vu de l’avant, à son ancien emplacement. Aujourd’hui, il est placé près du cénotaphe.

Le square Dorchester et la place du Canada comptent huit monuments, dont quatre soulignent le passé militaire du Canada. Le hasard fait qu’une statue honorant sir John A. MacDonald, co-Premier ministre du Canada-Uni (Ouest) se trouve au sud tandis que dans la partie nord, il y a une statue de Wilfrid Laurier, Premier ministre du Canada en 1903 qui envoie des troupes combattre les Boers. Dans l’opposition en 1914, il appuie l’effort de guerre jusqu’à la conscription, à laquelle il s’oppose avec véhémence. Ensemble, ces monuments rythment plus de 150 ans d’histoire militaire – des guerres de l’Empire à celles du Canada et les idéologies qui ont mené à l’actuel Canada.

Diane Joly est consultante et historienne du patrimoine (Les Fusiliers Mont-Royal, 1976-1978), mise en valeur du patrimoine. Ses recherches l’amènent parfois à prendre connaissance de faits relatifs à l’histoire militaire qu’elle collige en vue de les publier. Pour cet article, l’information a été recueillie dans le cadre d’une évaluation patrimoniale de l’art public au centre-ville de Montréal en 2008 et d’une thèse doctorale soutenue en 2012.

Notes

  1. L’histoire du site et des monument repose sur deux études : CHA, Jonathan, Étude historique des formes paysagères du square Dorchester et de la place du Canada, Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, Ville de Montréal, 2008 et JOLY, Diane, Étude patrimoniale, art public, Square Dorchester et Place du Canada, Service de la mise en valeur du territoire et du patrimoine, Ville de Montréal, 2008.
  2. Dossier de presse, archives municipales. Dossier 3020, no 13 « CANON, Le (monument) ».
  3. E. Andrew, Collard, « The Russian guns », The Gazette, 15 octobre 1983, p. B-2.
  4. Roch, Legault, « Les officiers de milice francophones (1760-1862) : à l’œuvre et à l’épreuve », Cap-aux-Diamants : la revue d’histoire du Québec, n° 43, 1995, p. 28-31.
  5. Carl, Lochnan, « Croix de Victoria », Historica Canada, 7 juin 2007 (rév. : 29 mai 2015), ressource électronique : www.encyclopediecanadienne.ca, consultée en août 2016.
  6. John, MacFarlane et ministère de la Défense nationale. « La longue marche de l’Afrique du Sud : en mémoire des Canadiens français qui ont participé à la première intervention militaire du Canada au XXe siècle », Mens : revue d’histoire intellectuelle de l’Amérique française, vol. 7, n° 2, 2007, p. 197-240, ressource électronique : http://www.erudit.org/revue/mensaf/2007/v7/n2/1024124ar.pdf
  7. Alexander, Reford, « Smith, Donald Alexander, 1er baron Strathcona et Mount Royal » Dictionnaire biographique du Canada en ligne, 1998, ressource électronique : www.biographi.ca, consultée en aout 2016 et « Lord Strathcona’s Horse (Royal Canadians) », Canadian Army, 23 juin 2016, ressource électronique : www.army-armee.forces.gc.ca, consultée en août 2016.
  8. « Large crowds witnessed unveiling of the Strathcona and Soldier’s Monument », The Montreal Daily Star, 25 mai 1907, p. 17.
  9. « Pour commémorer le dévouement héroïque des Canadiens tombés à la guerre d’Afrique du Sud et la valeur de leurs camarades. » [TCO]
  10. « Pour rendre hommage avec gratitude au patriotisme et au souci du bien public dont fit preuve Lord Strathcona and Mount-Royal en levant et en armant un régiment de cavalerie pour combattre en Afrique du Sud, démontrant de la sorte sa sympathie pour la cause de l’unité impériale. » [TCO]
  11. « Governor-General Unveils Cenotaph to Glorious Dead », The Montreal Daily Star, 11 novembre 1923, p. 1.
  12. Dossier de la Ville de Montréal, Cénotaphe, conservé à la Direction du développement culturel.
  13. Ces informations se trouvent dans les archives de la société. Bibliothèque et archives nationales du Québec, Fonds Société Saint-Jean-Baptiste-de-Montréal (P82), centre de Montréal : https://archivesdemontreal.ica-atom.org/cenotaphe-1914-1918-au-carre-dominion-193
  14. « The gun now in the square brings a touch of real drama, to recall the service of Montrealers and to do so not in tablet or monument but with an authentic piece of history. » « Gun Unveiled Here », in The Gazette, 15 octobre 1962, p. 30-31, https://news.google.com/newspapers?nid=Fr8DH2VBP9sC&dat=19621015&printsec=frontpage&hl=fr.