HISTOIRE MILITAIRE

Bibliothèque et Archives Canada, C-000148

La prise de la crête de Vimy, lundi de Pâques 1917, par Richard Jack.

La lutte pour une place dans l’histoire : le 85e Bataillon de la Nouvelle-Écosse et la prise de la cote 145 sur la crête de Vimy, 1917-1943

par Daniel Byers

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Daniel Byers, Ph. D., est professeur adjoint du Département d’histoire de l’Université Laurentienne. Il a publié des articles dans Ontario History, la Revue de la Société historique du Canada, le Bulletin d’histoire politique, Canadian Military History et Le Journal de l’Armée du Canada. Son premier livre, Zombie Army: The Canadian Army and Conscription in the Second World War, a été récemment publié dans le cadre de la série « Studies in Canadian Military History » par UBC Press et le Musée canadien de la guerre. Le présent article est tiré des recherches qu’il a réalisées pour la biographie à paraître de J. L. Ralston et un ouvrage historique à venir sur le 85e Bataillon, de sa création, en 1915, jusqu’au démantèlement de son organisation de vétérans d’après-guerre, dans les années 1980.

Office national du film du Canada, Bibliothèque et Archives Canada, PA-148873

La foule se rassemble au Monument commémoratif à Vimy à l’occasion de l’inauguration de ce dernier, le 26 juillet 1936.

L’histoire du rôle que le 85e Bataillon a joué dans la bataille de la crête de Vimy revêt maintenant un caractère quasi mythique. Levé dans le cadre de ce qui est devenu un vaste effort de l’ensemble de la province en quelques semaines, à l’automne de 1915, il venait tout juste d’arriver au front en février 1917 et attendait toujours de prendre sa place en première ligne. Le matin du 9 avril, quand les quatre divisions du Corps canadien ont passé à l’attaque ensemble pour la première fois au cours de la Première Guerre mondiale, le 85e Bataillon était relégué au rôle de bataillon de travail chargé de réparer les tranchées et d’exécuter d’autres tâches derrière la progression initiale. En quelques heures, les Canadiens s’étaient emparés de presque toute la crête et seuls les deux points les plus élevés tenaient bon : le « Pimple » (ou « bourgeon ») et la cote 145 (le sommet où s’élève maintenant le Mémorial du Canada à Vimy). Ayant vu chacun de ses bataillons se briser en voulant saisir la cote 145, le commandant de la 11e Brigade, le brigadier-général Victor Odlum, s’est tourné vers le 85e Bataillon pour tenter une avance de plus avant la fin de la journée. Les compagnies « C » et « D », commandées par les capitaines Harvey Crowell et Percival Anderson, ont été chargées de cette tâche1.

Peu avant l’heure de départ, soit 17 h 452, les deux compagnies sont sorties en file du tunnel Tottenham. La Compagnie « C » s’est déployée en éventail à gauche et la Compagnie « D », à droite. Quand le barrage d’artillerie qui avait été demandé à la hâte pour les accompagner ne s’est pas présenté, Crowell a déterminé que s’il ne se conformait pas au plan et n’ordonnait pas à ses hommes d’avancer, tout risquait d’être perdu. Il les a menés hors de leur tranchée, suivis peu après d’un Percival Anderson très surpris et des hommes de la Compagnie « D ». Les attaquants ont commencé à être la cible d’un feu nourri (Crowell a été grièvement blessé d’une balle qui lui a traversé l’épaule droite), mais un caporal s’est rappelé un entraînement récent sur les nouvelles grenades à fusil et a tiré de la hanche tandis qu’il avançait. D’autres soldats ont vite suivi son exemple. Cette puissance de feu relativement modeste et le choc que les défenseurs allemands ont éprouvé en raison de l’audace même de l’attaque du 85e Bataillon, exécutée sans appui d’artillerie, ont suffi pour permettre aux hommes de celui-ci de s’emparer de la cote 145.

Ce n’est pourtant pas le portrait des événements que la Section d’histoire de l’Armée canadienne avait quand elle a commencé à fouiller dans ses archives concernant la bataille au milieu des années 1930. En fait, n’eût été des efforts de Harvey Crowell, qui a été avant et après la guerre comptable dans le milieu civil, et de J. L. Ralston, un avocat de société qui était au début de 1917 le capitaine-adjudant du 85e Bataillon, qui en a plus tard été le commandant et qui a ensuite été deux fois ministre de la Défense nationale du Canada (dans les années 1920 et une nouvelle fois dans les années 1940), bien des détails du rôle du bataillon de la Nouvelle-Écosse dans cette bataille pourraient n’avoir jamais été conservés – ou ils pourraient à tout le moins ne pas avoir eu une place aussi importante dans les comptes rendus ultérieurs. Le récit de la façon dont ces événements ont fini par être documentés est fort révélateur de la manière dont l’histoire du Corps canadien lui-même a fini par être reconstituée et écrite, en particulier par la Section d’histoire et son directeur, le colonel A. F. Duguid, au cours des deux décennies suivant 1918. Il rappelle de plus les manières par lesquelles une bonne part de notre histoire est conservée et écrite et comment elle peut être façonnée par les influences de personnes particulières même si nous faisons de notre mieux en tant qu’historiens pour reconstituer les événements aussi honnêtement et objectivement que possible.

Carte de la bataille de la crête de Vimy, du 9 au 12 avril 1917.

Direction – Histoire et patrimoine, MDN

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La réécriture du rôle du 85e Bataillon dans la bataille de la crête de Vimy a commencé par le pèlerinage en France que la Légion canadienne a organisé en 1936 pour l’inauguration du nouveau mémorial. L’œuvre maintenant célèbre de Walter Allward a été érigée sur la cote 145, pas nécessairement parce que Vimy était à l’époque considérée comme le fait d’armes le plus important du Corps canadien pendant la guerre; c’est davantage parce que la crête dominait tant les environs que, quand une commission spéciale a été formée pour planifier la construction de mémoriaux en plusieurs endroits au début des années 1920, c’était manifestement le lieu le plus saisissant pouvant recevoir ce qui était considéré comme la plus ambitieuse des nombreuses propositions formulées3. L’ampleur pure et simple du pèlerinage lui-même, qui incluait une traversée en masse de l’océan par quelque 6 400 vétérans canadiens ou proches parents et leur famille à bord de cinq grands paquebots de ligne de même que 1 365 Canadiens venus d’Angleterre et des dizaines de milliers d’autres citoyens britanniques et français assistant à la cérémonie elle-même, et les discours connexes, qui cherchaient pour la plupart à discerner le sens précis de Vimy et de la guerre dans son ensemble pour les Canadiens, ont alors tous aussi largement contribué à commencer à consolider la notion selon laquelle Vimy devait avoir été la bataille la plus importante du pays, puisqu’elle faisait l’objet d’une telle reconnaissance4.

Ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-000871

Le premier ministre sir Robert Borden procède à la revue des membres du 85e Bataillon, commandé par son cousin, en mars 1917.

Ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-001537

Des militaires de la Nouvelle-Écosse, que l’on croit membres du 85e Bataillon, Nova Scotia Highlanders, font la file pour prendre leur repas lors de la bataille.

D’après Harvey Crowell, qui était l’un des participants venus du Canada, Vimy était à l’époque beaucoup moins importante pour de nombreux vétérans : à ce qu’il sache, il était le seul membre du 85e Bataillon présent. Ainsi qu’il l’a dit : « Pendant le voyage, j’ai parlé à un grand nombre d’anciens officiers de l’emplacement du monument commémoratif de guerre du Canada et, chose assez curieuse, le site n’était pas très significatif5. » [TCO] Il est cependant devenu troublé quand il a lu la description de la bataille figurant dans le guide officiel produit par la Légion canadienne pour le pèlerinage. Cette section avait été rédigée par A. F. Duguid, dont un des rôles, à titre de chef de la Section d’histoire de l’Armée, était précisément de rédiger le récit détaillé approprié de tous les éléments du Corps expéditionnaire canadien (CEC) qui avaient été recrutés pour combattre outre-mer. Il était donc la personne qui faisait, semblait-il, autorité concernant les activités de l’Armée canadienne pendant la guerre. Son bref compte rendu dans le guide ne mentionnait pas du tout le 85e Bataillon. Ses observations sur la cote 145 sont au contraire plutôt vagues; il note seulement qu’un groupe de soldats canadiens s’en était emparé à la tombée de la nuit le 9 avril6.

Ken Bell, ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-167233

Le colonel Archer Fortescue Duguid.

Bien que Duguid ait été considéré comme l’un des grands spécialistes de la participation du Canada à la Première Guerre mondiale, en 1936, il n’avait pas encore publié un seul des huit volumes que le gouvernement l’avait autorisé à écrire. Il ne devait en fin de compte publier qu’en 1938 le premier volume et un recueil connexe de documents et de cartes, qui portaient l’un et l’autre seulement sur les événements antérieurs à septembre 19157. Comme l’éminent historien Tim Cook l’a fait remarquer, le petit service de Duguid a été tout au long de l’entre-deux-guerres surchargé de diverses tâches qui ont empêché Duguid de se concentrer sur son écriture. Il tendait à se voir comme le gardien de tous les aspects du souvenir du rôle de l’Armée canadienne dans la Première Guerre mondiale et c’est pourquoi il se sentait toujours tenu de prendre part à d’autres activités qui l’écartaient de sa tâche première8. Ainsi que le professeur Wes Gustavson de l’Université Western Ontario l’a indiqué, le mandat qui guidait Duguid dans son travail ne précisait pas non plus que la rédaction de l’histoire du Corps expéditionnaire canadien (CEC) était censée être sa tâche principale9. Plus important encore, Duguid avait une formation d’ingénieur plutôt qu’une formation d’historien et il était un ancien officier d’artillerie canadien de la Première Guerre mondiale – ce qui était au début considéré comme un point fort, puisqu’il comprendrait pleinement les sujets qu’il traitait. Il a effectivement travaillé avec diligence et de façon consciencieuse pour se montrer à la hauteur des normes professionnelles qui s’appliquent à un historien. Cet effort l’a parfois rendu presque trop méticuleux et il est devenu obsédé par l’idée d’essayer de recueillir tous les documents possibles avant de commencer à mettre ses conclusions par écrit. Il suivait aussi les préceptes des historiens professionnels de l’époque et jugeait les registres écrits nettement supérieurs aux souvenirs des personnes ayant pris part aux batailles sur lesquelles il allait écrire. En un sens, si un document ne confirmait pas un événement, celui-ci ne s’était pas produit10.

Bibliothèque et Archives Canada, e-010994315

Le lieutenant-colonel James Layton Ralston, commandant du 85e Bataillon, 1917-1918.

Il est clair que Harvey Crowell a aussi compris que si Duguid était considéré comme le grand spécialiste de l’histoire du CEC outre-mer, ce qui allait devenir le compte rendu officiel de la bataille de la crête de Vimy n’inclurait pas une reconnaissance majeure du rôle joué par le 85e Bataillon. Il a donc abordé la question avec J. L. Ralston. Ralston avait aussi été présent sur la cote 145 en 1917. En sa qualité d’ancien commandant du 85e Bataillon et aussi, à la fin des années 1930, d’ancien ministre de la Défense nationale, son opinion aurait assurément un certain poids en faveur de Crowell. De plus, son expérience de membre du 85e Bataillon avait influencé sa propre vie tout autant que cela a été le cas pour tous les Canadiens qui ont porté l’uniforme durant la Première Guerre mondiale. Il avait un très bon souvenir de la camaraderie et des autres aspects positifs du temps passé en Europe et il est resté en contact étroit avec Crowell et avec d’autres anciens membres de son bataillon pendant des années. Il attendait surtout avec beaucoup d’impatience les réunions annuelles de son organisation de vétérans, le « 85th Battalion Memory Club11 ». Il soutenait donc aussi personnellement ce qui, pour Crowell, consistait à donner l’heure juste pour le compte du bataillon. Enfin, ce qui est peut-être le plus important, grâce à son ancien rôle de ministre de la Défense nationale, il connaissait A. F. Duguid personnellement et pouvait discuter plus facilement de la question avec lui.

Crowell semble avoir d’abord discuté de ses préoccupations en privé avec Ralston à un certain moment entre 1936 et 1939. En février 1939, il a confirmé son compte rendu dans une lettre. Il a décrit les circonstances dans lesquelles le commandant du 85e Bataillon, le lieutenant-colonel A. H. Borden, avait été obligé de préparer de façon très précipitée des ordres écrits à la main quand le 85e Bataillon a tout à coup été chargé de capturer deux séries de tranchées que les Allemands tenaient toujours au milieu de l’après-midi du 9 avril, puis les rôles que Crowell et Anderson et leurs deux compagnies ont joués à cette occasion. Selon ce que Crowell se rappelait, leurs hommes avaient en fait dépassé leurs objectifs officiels, mais, à l’époque, il se préoccupait moins de documenter leur position exacte que de les ramener en arrière pour éviter qu’un barrage d’artillerie ami les surprenne à découvert, là où seulement des troupes allemandes étaient censées être, et pour qu’ils puissent se préparer à se défendre contre d’éventuelles contre-attaques. Il était aussi la première personne à raconter l’histoire du caporal Milton H. Curll, le premier homme qui a pensé à tirer sa grenade à fusil de la hanche vers les Allemands. L’objectif clé de Crowell était clairement d’établir que le 85e Bataillon avait effectivement capturé la cote 145, car, selon l’information qu’il avait, les Canadiens n’avaient fait face à aucune autre opposition dans ce secteur après ce moment et le 85e Bataillon semblait donc avoir accompli la tâche. Il avait manifestement quelque chose à gagner pour son ancienne unité en recourant à ce genre d’affirmation et même s’il ne semble avoir jamais recherché une reconnaissance personnelle pour le rôle qu’il avait joué dans la bataille, il admettait ce qui suit dans sa lettre : « J’ai vraiment pensé que j’avais quelque chose à voir dans la réussite de l’attaque, puisque que j’avais mené la Compagnie « C » sans aucun appui et attiré tout le feu pendant les dix premières minutes12. » [TCO]

Bibliothèque et Archives Canada, e-011169480

Les deux premières pages de l’ordre d’opération manuscrit du lieutenant-colonel A.H. Borden concernant l’assaut de la cote 145 par le 85e Bataillon, le 9 avril 1917.

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Il convient également de noter que, pour appuyer son argument, Crowell mentionnait qu’il avait en fait conservé les deux premières des trois pages de l’original des ordres écrits à la main que Borden avaient préparés sur le coup en avril 1917 pour guider l’attaque des deux compagnies13. Apparemment, Crowell les avait toujours à la fin de la journée et ils les avait conservées pendant les vingt années suivantes, car il reconnaissait leur importance potentielle mais n’avait cependant jamais compris qu’il aurait pu être bon de les remettre à une autorité historique quelconque pour qu’elles puissent être utilisées pour aider à reconstituer les événements. Ce n’est qu’un des problèmes auxquels Duguid a fait face en essayant d’assembler des documents de ce genre dans l’entre-deux-guerres étant donné le manque d’expérience que le CEC du début avait en matière de tenue de registres pendant la guerre.

Ralston a effectivement fait parvenir les documents de Crowell à Duguid et il lui a demandé de se pencher sur la question. La réponse que Ralston a reçue était presque un modèle parfait de la manière dont Tim Cook décrit Duguid et sa démarche d’historien (sans mentionner que le fait qu’il devait répondre aux demandes de ce genre et qu’il avait déjà pris le temps de rédiger le guide du pèlerinage de Vimy constituait deux autres exemples de l’obligation que Duguid avait de s’arrêter et de consacrer son attention à d’autres questions, ce qui l’empêchait de se concentrer sur son histoire du CEC). La réponse de Duguid commençait par la manifestation d’une certaine contrariété, notant qu’il s’en était occupé avant de rédiger le compte rendu dans le guide du pèlerinage de Vimy et qu’il avait par la suite examiné de nouveau l’information. Il n’y avait pas de doute, avait-t-il admis, que les deux compagnies du 85e Bataillon avaient saisi certaines des tranchées sur la cote 145 le soir du 9 avril. Le journal de guerre (le registre quotidien des événements que chaque unité militaire opérationnelle devait tenir durant le conflit) de l’unité le confirmait14, mais il ne corroborait pas que le Bataillon avait capturé toutes les positions allemandes. Duguid a alors, en fait, cité l’histoire que le gouvernement allemand a publiée sur ses forces durant la guerre, qui traitait des événements de ce soir-là, pour soutenir son propre point de vue, car elle indiquait que les hommes du 85e Bataillon étaient au même endroit que dans les documents canadiens existants. Même si les Allemands pouvaient manifestement avoir eux-mêmes des motifs de ne pas avoir à admettre que toute la cote 145 avait été perdue si vite le 9 avril, Duguid a conclu que les sources écrites des deux camps n’en disaient pas plus. En outre, s’il existait un conflit entre un document et les souvenirs de quelqu’un concernant un événement, le compte rendu écrit devait là encore primer selon lui. Il a cependant reconnu que si de nouveaux renseignements se présentaient, sa version des événements pourrait changer. Il a à cet égard, non seulement indiqué qu’il n’avait jamais vu de copie de l’ordre d’opération écrit à la main du colonel Borden datant de l’après-midi du 9 avril dans ses propres dossiers, mais il a aussi joint à sa lettre adressée à Ralston un appel général aux anciens membres du CEC leur demandant d’aider à trouver des documents originaux similaires qu’ils pourraient avoir conservé après 191815.

W.I. Castle, ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-001101

Position de mitrailleuse sur la crête de Vimy, et les soldats qui ont repoussé les Allemands durant la bataille.

Quand Ralston a informé Crowell de la réponse de Duguid, Crowell a lui-même manifesté une certaine contrariété. En particulier, après avoir constaté l’accent que Duguid mettait sur les comptes rendus écrits, de préférence à ce que Crowell considérait comme la vérité incontestable de ses propres expériences, il a révélé un point de vue que certaines personnes semblent avoir parfois encore de nos jours à l’égard des historiens professionnels : « J’ai commencé à me demander si une bonne part de ce qui a été considéré comme une histoire authentique n’était pas “inventée” de cette manière. » [TCO] Il avait en partie raison. La tenue du journal de guerre du 85e Bataillon « n’était qu’une tâche de plus dont un officier fatigué devait s’occuper et le journal était souvent basé sur des registres plutôt incomplets » [TCO], indiquait-il, et il n’était en conséquence pas toujours la meilleure source de renseignements détaillés. Il a, par exemple, mentionné sa description du fait que les hommes de Crowell avaient capturé leur première tranchée ennemie en dix minutes à peine. Bien que ses propres perceptions aient pu être quelque peu faussées par une expérience directe de l’attaque, cette chronologie était « […] absurde. Nous avancions la plupart du temps dans la boue et dans l’eau jusqu’aux genoux et même jusqu’aux hanches et nous avons mis... au moins 15 ou 20 minutes pour atteindre notre objectif, soumis à chaque pas aux tirs des mitrailleuses et de l’artillerie16. » [TCO] Dans une lettre de rappel, il a également contesté la description, dans le journal de guerre, d’hommes tirant de la hanche à la mitrailleuse durant la progression, que de nombreux auteurs avaient plus tard reprise, qui résultait vraisemblablement d’une confusion concernant le tir de grenades à fusil par le caporal M. H. Curll17.

Ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-001018

Des membres d’une batterie d’artillerie canadienne exécutent un tir au moyen d’un obusier de 4,2 pouces durant la retraite des Allemands au cours de la bataille.

Crowell a aussi présenté un commentaire encore plus révélateur sur la fiabilité potentielle du journal de guerre du 85e Bataillon sous la forme d’une lettre connexe d’Earle Phinney, qui avait été commandant adjoint du Bataillon en avril 1917. Ainsi que Phinney le soulignait, le lieutenant-colonel Borden, qui avait été avant la guerre officier dans la Force permanente (la composante professionnelle à temps plein de l’Armée canadienne à l’époque), n’aurait jamais accepté que le journal de guerre de son unité indique par écrit que celle-ci avait outrepassé ses ordres en dépassant son objectif. Phinney avait toutefois visité personnellement le front en vue de consolider les positions du 85e Bataillon le soir du 9 avril et il pouvait confirmer que l’unité était devant les positions officiellement rapportées. En sa qualité d’avocat très respecté dans le milieu civil après la guerre à Halifax, il était « […] tout à fait prêt à faire une déclaration solennelle » en ce sens18.

Le fait que des documents écrits (et des journaux de guerre en particulier) puissent parfois être trompeurs, ou pire, n’a rien de nouveau pour les historiens. Il est toutefois intéressant de voir Crowell et Phinney contester si ouvertement la valeur du journal de guerre du 85e Bataillon. Quoi qu’il en soit, c’est à l’automne de 1939 que Crowell faisait valoir certains de ces arguments et la Seconde Guerre mondiale avait alors éclaté. Ralston était retourné à la vie politique à titre de ministre des Finances. Après la mort de son ami et collègue Norman Rogers en juin 1940, il est devenu ministre de la Défense nationale une seconde fois dans sa carrière jusqu’au moment où il a été chassé du Cabinet, le 1er novembre 1944, en raison de l’envoi de conscrits outre-mer pour aider à maintenir les effectifs de l’Armée canadienne en Europe. Crowell a reconnu le nouveau conflit dans sa correspondance à la fin de 1939, notant qu’étant donné la situation, à ce stade, « […] la meilleure solution est [probablement] de remettre toute l’information au colonel Duguid et de nous consacrer à nos autres tâches19 » [TCO].

Bibliothèque et Archives Canada, e-011169479

Ordres administratifs diffusés par le capitaine-adjudant de Ralston à l’intention de la compagnie C, 85e Bataillon, avant l’assaut de la crête de Vimy. On peut voir des marques sombres sur les bords. Comme Crowell l’a indiqué lorsqu’il les a envoyés à Ralston le 8 juin 1939, « Je les ai portés dans la poche droite de ma tunique, et vous comprendrez ce qui a causé la tache rouge. » [TCO]

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L’histoire ne s’est cependant pas tout à fait arrêtée là. Crowell a continué à s’occuper de la question avec d’autres vétérans du 85e Bataillon et, en décembre 1940, il a écrit à Curll, qui travaillait alors au siège social de la Banque Royale du Canada à Montréal (dans l’immeuble, en fait, où Ralston avait pratiqué le droit tout au long des années 1930), pour lui demander de confirmer le souvenir de Crowell selon lequel il n’y avait pas eu d’autres attaques sur la cote 145 après la progression du 85e Bataillon le 9 avril20. Parlant de son propre rôle dans les événements, Curll notait ce qui suit avec ironie :

Tout ce que j’ai fait ce soir-là, c’était strictement pour me défendre... Comme vous vous le rappelez, la situation devenait assez intense et, constatant que nous n’étions pas appuyés par un barrage, je dois avouer que j’ai cherché un trou d’obus pour m’abriter et que j’ai heureusement atterri dans un trou où un de nos hommes avait un sac plein de grenades. C’est depuis ce trou d’obus que j’ai tiré les trois ou quatre premières grenades. Mon compagnon a alors attiré mon attention sur le fait qu’il n’entendait plus les balles de mitrailleuse au-dessus de nous et nous avons donc décidé qu’il était temps d’avancer, ce que nous avons fait, mais nous avons continué à tirer les grenades pour accomplir la mission.

Ainsi que Curll l’ajoute, il ne voulait pas être reconnu trop ouvertement à l’époque pour ce fait, car il avait été obligé d’utiliser des balles ordinaires plutôt que des cartouches à blanc pour tirer ses grenades et il avait ce faisant détruit du matériel fourni par l’État, c’est-à-dire son fusil. « J’ai toutefois mis la main sur un autre fusil peu de temps après au cours de la soirée », a-t-il résumé avec intensité. Le gars qui l’avait eu avant n’en avait plus besoin21. » [TCO]

Même si ses nombreuses tâches de ministre de la Défense nationale ont beaucoup occupé Ralston au cours des quatre années suivantes, en avril 1943, il a trouvé le temps de faire envoyer une nouvelle fois l’ensemble de la correspondance avec Crowell à Duguid à la Section d’histoire22. Cette fois-là, même si ce n’était pas dit directement, il s’attendait clairement à ce qu’il l’examine tandis qu’il avait l’occasion de demander que Duguid la prenne plus au sérieux, en qualité de supérieur suprême de Duguid au sein du ministère. Au début, Duguid semble avoir simplement mis le dossier de côté – vraisemblablement juste en raison de l’ampleur des autres tâches avec lesquelles il devait encore composer tout en essayant de terminer son récit historique du CEC (ce qui est devenu encore plus compliqué à cause de la nécessité de documenter le nouveau conflit alors en cours)23. Il est toutefois tentant de penser qu’il n’aurait pas non plus été pressé de répondre, s’il n’était toujours pas d’accord avec Crowell et Ralston et il s’inquiétait des répercussions d’un désaccord ouvert. Quand il a enfin commencé à préparer une réponse, sa première ébauche écrite à la main a en fait continué à contester la version des événements de Crowell. Duguid rejetait les arguments antérieurs de Crowel lequel avançait que, même si Duguid tendait à souligner que rien n’indiquait que le 85e Bataillon avait complètement franchi la cote 145 avant le matin du 10 avril 1917 (et qu’il n’y avait donc pas de preuve qu’il avait capturé le sommet de la colline), cela importait peu parce que Crowell et d’autres participants se rappelaient y avoir été à la fin de l’attaque la nuit précédente et que plus personne ne contestait leur présence. Ainsi que Duguid l’écrit dans son ébauche de lettre, mettant une partie de ses observations en majuscules pour les accentuer, « c’est CE POINT qui est en cause », après quoi il cite encore une fois une source allemande, qui laisse entendre que des unités canadiennes autres que le 85e Bataillon avaient forcé l’ennemi à se désengager24.

Bibliothèque et Archives Canada, e-011169481

Image de l’ébauche de lettre de Duguid, lettre qu’il a décidé de ne pas transmettre à Ralston en 1943.

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À la fin, toutefois, Duguid semble avoir changé d’avis concernant sa réaction initiale et il a décidé d’adopter la maxime bien connue selon laquelle « prudence est mère de sûreté ». Cinq mois après que Ralston lui a envoyé le dossier, il a finalement répondu dans une brève note qui disait simplement ceci : « Après avoir examiné de nouveau avec soin tous les documents pertinents, j’estime qu’aucune autre mesure n’est indiquée à l’heure actuelle » [TCO]. Il a aussi demandé la permission de conserver le dossier pour l’ajouter aux archives de la Section d’histoire25.

Duguid avait donc clairement eu la sagesse de concéder le point. Il n’est pas nécessairement vrai que, sans ce dossier, le souvenir que Crowell avait des événements n’aurait jamais été consigné parce que, au début des années 1960, il a eu la chance de les relater une fois de plus quand CBC a décidé de mener un grand nombre d’entrevues pour la série radiodiffusée bien connue In Flanders Fields26 (Au champ d’honneur). Crowell a aussi gardé des copies de toute sa correspondance des années 1930 et 1940 et il l’a manifestement partagée avec Fraser McKee, dans les années 1960, et à nouveau avec Pierre Berton, dans les années 1980, à en juger par ce qui figure dans leurs ouvrages. Pourtant, durant les premières années, Crowell n’avait eu aucune raison de soupçonner que la version des batailles de 1917 de Duguid ne serait pas publiée d’abord et qu’elle finirait par conséquent par influencer chacun des comptes rendus ultérieurs. Il a donc pris la tête des efforts déployés pour garantir que le 85e Bataillon serait inclus à ce moment. En conséquence, quand le colonel G. W. L. Nicholson a enfin terminé une version plus concise de l’histoire gouvernementale officielle au début des années 1960, il a effectivement reconnu le rôle des deux compagnies du 85e Bataillon dans une seule phrase27. Cette lutte sur le papier dans les années 1930 et 1940 a aussi donné plusieurs fois à Crowell l’occasion de revoir et de parfaire sa version des événements et de correspondre avec d’autres participants pour aider à l’éclaircir et à recueillir d’autres preuves à l’appui avant de la partager avec le public pour la première fois dans son entrevue des années 1960.

Ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-001583

Des soldats du 85ee Bataillon qui se rendent jusqu’à la ligne, en août 1917.

L’histoire de la manière dont Crowell et Ralston se sont employés à changer ce qui pourrait être devenu la version généralement acceptée des événements associés à la capture de la cote 145 sert aussi de rappel concernant plusieurs éléments qui entourent la manière dont nous écrivons l’histoire de façon générale et, surtout, la manière dont le premier effort visant à écrire l’histoire de la participation du Canada à la Première Guerre mondiale s’est déroulé. Il nous rappelle, tout d’abord, la manière dont le colonel A. F. Duguid s’y est pris pour écrire cette histoire entre les années 1920 et les années 1940. Les registres n’étaient pas aussi bien tenus et organisés qu’ils allaient l’être dans le cas de la Seconde Guerre mondiale. Parfois, seul le hasard a permis à des documents de tout simplement subsister et a fait que quelqu’un les place dans les archives publiques. Duguid lui-même a peut-être cependant attaché une trop grande importance aux documents comme source d’information la plus fiable. En revanche, le rôle de Crowell et de Ralston dans ce qui pourrait être décrit comme un lobbying pur et simple auprès de Duguid pour qu’il reconnaisse le 85e Bataillon et son rôle à Vimy nous rappelle la manière dont les relations et les motifs personnels peuvent modeler non seulement la façon dont nous écrivons l’histoire mais aussi la façon même dont les documents sont recueillis et sélectionnés pour la reconstituer. Enfin, ce cas précis est un excellent exemple de quelques-uns des autres obstacles que Duguid a affrontés lorsqu’il a essayé de compiler son histoire du CEC et en particulier des raisons pour lesquelles il a parfois trouvé déchirant de produire ce qui serait perçu comme un compte rendu véridique qui rendrait en même temps hommage à tous les soldats canadiens en cause sans provoquer la colère d’un groupe de vétérans concernant sa représentation – ce qui est une autre raison vraisemblable pour laquelle il s’est préoccupé si longtemps de faire en sorte que tout soit à point avant d’être tout simplement disposé à publier l’histoire28. À tout le moins, l’histoire des moyens qui ont permis de reconnaître le rôle du 85e Bataillon dans la bataille de la crête de Vimy donne à penser que même cent ans après ce qui est devenu un des événements majeurs de la construction de notre mémoire nationale sur la Première Guerre mondiale, nous avons encore des leçons à tirer de l’étude des circonstances qui s’y rapportent.

Ministère de la Défense nationale, Bibliothèque et Archives Canada, PA-004107

La fin… Officiers du 85e Bataillon d’infanterie canadien, janvier 1919.

Je désire remercier mon collègue Brad Rudachyk, Ph. D., et les étudiants qui ont suivi les déffirentes éditions de son cours, HIST 2026: Historical Methods, d’abord de m’avoir invité à présenter les principaux documents sur lesquels cet article est basé, pour illustrer la manière dont les historiens se servent de façon générale de l’information et, ce faisant, de m’avoir aidé à démêler moi-même une partie des subtilités du sujet. J’ai aussi tiré profit de commentaires sur des versions antérieures du présent article que j’ai présentées à l’occasion de la conférence « Great War’s Shadow » tenue à Lake Louise, en Alberta, en septembre 2014, et à l’Association des anciens de l’Université Laurentienne à Barrie, en Ontario, en novembre 2015 (et particulièrement, dans le premier cas, de commentaires de Tim Cook, Ph. D., du Musée canadien de la guerre).

Photo du MDN SU-2007-0156-07, par le caporal-chef Jill Cooper

Monument commémoratif du Canada à Vimy en 2007.

Notes

  1. Le compte rendu du présent paragraphe et du suivant provient des diverses sources principales qui sont traitées dans le reste de l’article. Ces sources constituent un des fondements clés des versions ultérieures du rôle du 85e Bataillon dans la bataille qui figurent dans des sources publiées, particulièrement Alexander McKee, Vimy Ridge, Londres et Toronto, Souvenir Press/Ryerson Press, 1966, surtout les pages 182-189; Pierre Berton, Vimy, Toronto, McClelland and Stewart, 1986, p. 270-274; Ted Barris, Victory at Vimy: Canada Comes of Age, April 9-12, 1917, Toronto, Thomas Allen, 2007, p. 159-164; et plus récemment Tim Cook, Shock Troops: Canadians Fighting the Great War, 1917-1918, Vol. Two, Toronto, Viking Canada, 2008, p. 135-136. Parmi les autres sources secondaires qui traitent de la bataille, mentionnons Colonel G. W. L. Nicholson, Le corps expéditionnaire canadien, 1914-1919 : histoire officielle de la participation de l’armée canadienne à la première guerre mondiale, Ottawa, Imprimeur de la Reine, 1964, p. 253-292; Herbert Fairlee Wood, Vimy!, Toronto, Macmillan of Canada, 1967; Lieutenant Colonel D.E. Macintyre, Canada at Vimy, Toronto, Peter Martin Associates, 1967; Brereton Greenhous et Stephen J. Harris, Le Canada et la bataille de Vimy, 9-12 avril 1917, Ottawa, ministère de la Défense nationale, Service historique, 1992; et Geoffrey Hayes, Andrew Iarocci et Mike Bechthold (dir.), Vimy Ridge: A Canadian Reassessment, Waterloo, Laurier Centre for Military Strategic and Disarmament Studies et Wilfrid Laurier University Press, 2007. Concernant le 85e Bataillon et Vimy, voir aussi M. Stuart Hunt, Nova Scotia’s Part in the Great War, Halifax, The Nova Scotia Veteran Publishing Co., 1920, p. 99-105; Joseph Hayes, The Eighty-Fifth in France and Flanders, Halifax, Royal Print & Litho Limited, 1920, p. 47-63; et Robert S. Williams, « Le 85e bataillon d’infanterie canadien : premier contact avec l’ennemi à Vimy, du 9 au 14 avril 1917 », Le Journal de l’Armée du Canada 8(1), hiver 2005, p. 81-91.
  2. Selon les sources, l’heure de départ se situe entre 17 h 45 et 19 h. L’heure indiquée ici est celle dont Crowell lui-même s’est souvenu plus tard.
  3. John Pierce, « Constructing Memory: The Vimy Memorial », Canadian Military History 1(1 et 2), automne 1992, p. 5-6; Jonathan F. Vance, Mourir en héros : mémoire et mythe de la Première Guerre mondiale, Outremont (Québec), Athéna éditions, 2006, p. 81-83; Eric Brown et Tim Cook, « The 1936 Vimy Pilgrimage », Canadian Military History 20(2), printemps 2011, p. 38-39; et Jacqueline Hucker, « “After the Agony in Stony Places”: The Meaning and Significance of the Vimy Monument », dans Hayes, Iarocci, et Bechthold, Vimy Ridge, surtout les pages 280-283.
  4. Brown et Cook, « The 1936 Vimy Pilgrimage », p. 39-53. Macintyre décrit aussi ces événements en détail dans Canada at Vimy, p. 158-199.
  5. Bibliothèque et Archives Canada [ci-après BAC], Manuscript Group 27, III, B11, Papers of James Layton Ralston [ci-après Ralston Papers], Vol. 44, dossier intitulé « 85th Battalion – Memory Club.[sic], Controversy over Hill 145 (1917) - Vimy Ridge – with maps [underlining in original] 1939-44 », correspondance de Crowell à Ralston, 24 février 1939.
  6. Colonel A. Fortescue Duguid, « Canada on Vimy Ridge », dans [John Hundevad, (dir.),] Guidebook of the Pilgrimage to Vimy and the Battlefields, July-August 1936, Ottawa, Vimy Pilgrimage Committee, 1936, p. 62.
  7. Colonel A. Fortescue Duguid, Histoire officielle de l’armée canadienne dans la grande guerre 1914-1919, Histoire générale, vol. I, depuis le début des hostilités jusqu’à la formation du corps expéditionnaire canadien, août 1914 à septembre 1915, Ottawa, Imprimeur du Roi et Contrôleur de la papeterie, 1947; et [Duguid, (dir.),] Histoire officielle de l’armée canadienne dans la grande guerre 1914-1919, Histoire générale, vol. I, depuis le début des hostilités jusqu’à la formation du corps expéditionnaire canadien, août 1914 à septembre 1915, chronologie, appendices et cartes, Ottawa, Imprimeur du Roi et Contrôleur de la papeterie, 1947.
  8. Cook traite des divers facteurs qui ont eu une incidence sur le travail de Duguid dans son chapitre sur l’entre-deux-guerres dans Clio’s Warriors: Canadian Historians and the Writing of the Two World Wars, Vancouver et Toronto, UBC Press, 2006, p. 41-92. Voir aussi Wes Gustavson, « “Fairly Well Known and Need Not be Discussed”: Colonel A.F. Duguid and the Canadian Official History of the First World War », dans Canadian Military History 10(2), printemps 2001, p. 41-54.
  9. Ibid., p. 45.
  10. Ibid., p. 45-47, et Cook, Clio’s Warriors, p. 43, 45, 48-49 et 89-90.
  11. On peut en trouver des exemples dans Ralston Papers, Vol. 44, dossiers intitulés « 85th Battalion – Memory Club.[sic], 1935-39 », et « 85th Battalion – Memory Club ---- 1935, 1937-47 ».
  12. Ralston Papers, vol. 44, « 85th Battalion ... Controversy over Hill 145 ... », Crowell à Ralston, 24 février 1939.
  13. Ibid., pages jointes à la correspondance de Crowell à Ralston, 8 juin 1939 (les deux pages originales sont encore, maintenant, dans le dossier de Ralston).
  14. On peut trouver le compte rendu qui figure dans le journal de guerre dans BAC, Groupe d’archives 9, dossiers du ministère de la Milice et de la Défense, séries III, vol. 4944 (Bobine de microfilm T-10751), dossier 454, I, « 85th Cdn. Inf. Battn. [sic] », avril 1917, annexe « A » – et aussi en ligne à http://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/Pages/journaux-de-guerre.aspx#b.
  15. Ralston Papers, vol. 44, « 85th Battalion ... Controversy over Hill 145 ... », Duguid à Ralston, 20 avril 1939.
  16. Ibid., Crowell à Ralston, 8 juin 1939.
  17. Ibid., Crowell à Ralston, 12 octobre 1939.
  18. Ibid., Phinney à Crowell, 4 octobre 1939.
  19. Ibid., Crowell à Ralston, 12 octobre 1939.
  20. Nova Scotia Archives, Manuscript Group 100, Vol. 116 (Microfilm Reel 15171), Item #11h, correspondance de Crowell à Curll, 6 décembre 1939.
  21. Ibid., #11g, Curll à Crowell, 16 décembre 1940.
  22. Ralston Papers, vol. 44, « 85th Battalion ... Controversy over Hill 145 ... », L. M. Breen, secrétaire particulier adjoint, ministre de la Défense nationale, à Duguid, 19 avril 1943.
  23. Voir Gustavson, p. 50, et Cook, Clio’s Warriors, p. 117.
  24. BAC, Groupe d’archives 24, dossiers du ministère de la Défense nationale, Vol. 1907, File DHS 5-7-51, « 85th Canadian Infantry Battalion », ébauche de lettre, Duguid au secrétaire particulier adjoint du ministre [de la Défense nationale], n. d.
  25. Ibid., Duguid au secrétaire particulier [du ministre de la Défense nationale], 21 septembre 1943.
  26. Le compte rendu de Crowell se trouve dans BAC, Groupe d’archives 41, dossiers de la Canadian Broadcasting Corporation, vol. 16, « 85th Battalion », transcription de la bande numéro 1.
  27. Nicholson, p. 283-284.
  28. Voir Gustavson, p. 43-44, et Cook, Clio’s Warriors, p. 56-57.