LE COIN DU RÉDACTEUR EN CHEF

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Bienvenue au numéro du printemps 2019 de la Revue militaire canadienne. Au moment d’écrire ces lignes, cependant, nous sommes toujours en plein cœur de l’hiver, et les conditions météorologiques sont encore plus en dents de scie que les montagnes russes de Canada’s Wonderland. Cela dit, bon nombre de nos lecteurs ont connu des conditions plus mauvaises. Le printemps sera donc particulièrement bien accueilli cette année.

Le présent numéro renferme une œuvre remarquable de l’artiste Silvia Pecota de Kingston pour commémorer le 75e anniversaire des débarquements en Normandie le jour J. Le Canada s’est mesuré à beaucoup plus grand que lui à cette occasion, alors qu’on lui a assigné la responsabilité de l’invasion de seulement une des cinq plages (plage Juno) visées par l’attaque. À la fin de la journée, les Canadiens s’étaient avancés plus que toute autre troupe alliée dans les terres. Bien que les pertes canadiennes aient été relativement légères durant le débarquement, la résistance acharnée des Allemands a rapidement fait des ravages au cours de l’âpre combat qui a suivi sur la tête de pont de Normandie et qui s’est poursuivi au-delà.

Nous vous offrons encore une fois tout un éventail d’articles dans le présent numéro. D’abord, M. Christopher Spearin, Ph. D., du Département des études de la défense du Collège militaire royal du Canada, situé au Collège des Forces canadiennes à Toronto, examine l’utilisation enthousiaste des entreprises militaires et de sécurité privées (EMSP) par la Russie afin d’atteindre des résultats stratégiques. Spearin affirme que « les EMSP sont devenues des acteurs que les FAC, comme le gouvernement canadien, devront considérer de plus en plus comme un défi contemporain. Cela est attribuable à l’utilisation accrue de telles entreprises par la Russie et à la façon dont celles-ci sont utilisées dans des domaines d’intérêt pour les décideurs canadiens. »

Ensuite, le capitaine Joseph Long, officier des transmissions, traite de l’environnement opérationnel contemporain des FAC et indique que celui-ci devient de plus en plus ambigu et complexe et qu’il est sujet à des changements rapides et, dans une certaine mesure, imprévus. Bien que le capitaine Long soutienne que les FAC font un excellent travail au niveau de l’instruction de leurs membres pour qu’ils soient en mesure de relever les défis opérationnels attendus, il croit que « les systèmes d’information et de communication (SIC) actuellement utilisés par ces militaires et organisations ne sont pas conçus pour optimiser les opérations. » Ainsi, son article « analysera trois organisations adaptatives et résilientes reconnues pour leur succès aux niveaux tactique, opérationnel et stratégique, et accordera une attention particulière à la façon dont ces organisations utilisent les systèmes d’information et de communication. »

Cet article est suivi de celui de Mme Barbara Waruszynski, Ph. D., et de ses distingués collègues, qui examine de façon nouvelle (et rafraîchissante) la façon dont les forces militaires « peuvent constituer un choix de carrière viable et important pour les femmes ». Les auteurs commencent par offrir une perspective historique des événements et des tendances de la société qui ont mené à la participation des femmes dans les forces militaires canadiennes. Ils relatent ensuite « l’expérience des femmes qui exercent actuellement des fonctions dans les FAC et les principaux défis auxquels elles font face ». Après avoir formulé quelques recommandations sur la façon dont les FAC peuvent évoluer pour devenir plus intégrées, diversifiées et inclusives, l’équipe conclut que « [c]et article permettra au lecteur de mieux comprendre l’histoire des femmes qui ont servi dans les forces militaires canadiennes, ce que vivent actuellement les femmes en tant que membres des FAC et l’orientation que les FAC doivent envisager pour renforcer davantage leurs capacités militaires et leur efficacité opérationnelle. »

Le présent numéro compte deux articles très différents dans la section portant sur l’histoire militaire. L’historienne Desaree Rosskopf, agrégée au Centre Juno Beach, porte un regard neuf sur la crise de la conscription de 1917, les événements qui ont mené à la crise et la façon dont les « deux solitudes » [le Canada français et le Canada anglais] percevaient leur propre participation, de même que celle de l’autre, au conflit. Dans son analyse finale, Mme Rosskopf indique que « [l]es Canadiens français ont honoré leurs obligations envers l’effort de guerre, pas au nom de l’impérialisme, contrairement à leurs homologues anglophones, mais au nom du Canada, le pays qu’ils aimaient. » Dans le dernier article de fond, le sergent B.J. Turner, artilleur qui poursuit un baccalauréat ès arts en sciences militaires au Collège militaire royal du Canada, relate le siège d’attrition allemand de 1916 de la ville de Verdun, qui revêtait une importance stratégique. Le siège visait à forcer la France à quitter la guerre et à laisser les forces britanniques essentiellement seules contre l’Allemagne. « Cibler la France était vu comme désarmer le Royaume-Uni de sa “meilleure épée”. » Alors que les deux parties avaient subi de lourdes pertes à Verdun, le commandant allemand [von Falkenhayn] « avait eu tort de supposer qu’il serait capable de pousser le pays au-delà de son point de rupture. La résolution de la France en 1916 était encore assez forte pour poursuivre le combat. Ses soldats ont prouvé leur dévouement en défendant Verdun, même s’il aurait peut-être été plus judicieux, stratégiquement, de simplement se replier sur des positions défensives mieux préparées. »

Nous passons ensuite à deux articles d’opinion très différents. D’abord, le capitaine de corvette Patrice Deschênes, officier de guerre navale, discute de la prolifération globale et de la miniaturisation des drones de toutes sortes, particulièrement des mini-drones aériens, de même que des préoccupations soulevées par les tacticiens des marines alliées, « qui se rendent compte de la vulnérabilité croissante de leurs forces navales sans toutefois pouvoir y parer. » Puis, le capitaine Nicholas Kaempffer, officier d’artillerie qui a déjà publié des articles dans la Revue militaire canadienne, raconte la contre-attaque déterminée du colonel Kurt Meyer, commandant du 25e SS-Panzergrenadier-Regiment au cours de la campagne de Normandie, contre les forces canadiennes qui tentaient de saisir le terrain d’aviation de Carpiquet. « Même si Meyer et ses hommes n’ont pas réussi à repousser les Canadiens vers la mer, le commandant a empêché les Alliés de se saisir du terrain d’aviation de Carpiquet. Un mois s’écoulera avant que les Alliés reprennent le terrain ».

Par la suite, notre commentateur attitré en matière de défense, Martin Shadwick, se penche sur le rapport déposé en novembre 2018 par le vérificateur général, feu Michael Ferguson, sur l’état de la flotte de chasseurs du Canada, ainsi que sur le rapport du Comité sénatorial permanent des pêches et des océans concernant la recherche et le sauvetage maritimes, déposé le même mois. Ce rapport « a beaucoup moins retenu l’attention que les conclusions du rapport du vérificateur général sur la gestion du risque dans le monde des chasseurs. »

Pour terminer, nous vous offrons une étude critique de M. Sean Maloney, Ph. D., sur deux ouvrages qui traitent de la même menace, c’est-à-dire « la Russie [qui cherche] à s’ingérer dans les affaires de l’Europe, de même qu’à la perturber et à la dominer. » Cette étude critique est suivie d’un éventail de critiques de livres pour susciter l’intérêt des lecteurs.

Bonne lecture!

David L. Bashow
Rédacteur en chef
Revue militaire canadienne