HISTOIRE MILITAIRE

Collection Beaverbrook d’art militaire/Musée canadien de la guerre/CWM 19710261-0056

À l’assaut, Neuville-Vitasse, par Alfred Bastien. Le 22e Bataillon est passé à l’attaque à l’est de ce village, à la fin du mois d’août 1918. Le très distingué (et futur gouverneur général du Canada) Georges Vanier a toujours soutenu qu’il était l’officier tenant le pistolet à l’avant-plan de la peinture.

Pour l’amour du Canada

par Desaree Rosskopf

Imprimer PDF

Pour plus d'information sur comment accéder ce fichier, veuillez consulter notre page d'aide.

Desaree Rosskopf est agrégée au Centre Juno Beach, où elle étudie l’évolution de la mémoire du jour J du Canada de 1944 à 2017. Ses recherches portent principalement sur la mémoire collective et l’histoire militaire des XXe et XXIe siècles. Elle est titulaire d’une maîtrise ès arts en histoire de l’Université Western.

Introduction

Le 11 novembre 1918, la ville de Toronto, normalement dynamique et bruyante, a été plongée dans un silence inhabituel1, le même qui régnait sur le front occidental, pendant que chacun et chacune réfléchissait au coût de la Première Guerre mondiale2. « Le premier jour de paix que nous attendions avec impatience depuis des années […] nous nous sommes réjouis en silence, se rappelle le capitaine Ian McKay, qui a servi en Italie. [Nous] avions oublié nos promesses personnelles de joie délirante pour le jour où la guerre prendrait fin3 [TCO]. » C’est dans ce silence déférent que la population a d’abord cherché à comprendre et à justifier la tragédie de la guerre. C’était aussi le moment d’évaluer les motivations et les contributions des Canadiens. De nombreux Canadiens anglais se voyaient comme des patriotes qui avaient défendu leur patrie dans une noble croisade et avaient l’impression que les Canadiens français avaient joui d’une liberté non méritée. La crise de la conscription en 1917 et les accusations de lâcheté assombrissent les souvenirs des Canadiens sur la Première Guerre mondiale. Chacune des deux solitudes voit la Grande Guerre comme une histoire de trahison, et à l’époque, les Canadiens français, comme le major Talbot Papineau4, craignaient que leurs contributions tombent dans l’oubli. « J’ose croire que les Canadiens français qui ont combattu et qui sont morts en France et en Flandre sont les plus représentatifs de l’esprit et de l’ambition de leur groupe5 [TCO]. » Loin d’être des observateurs passifs obligés à servir dans la Première Guerre mondiale en vertu de la Loi du Service Militaire, 1917, les Canadiens français étaient plutôt des participants actifs motivés par le nationalisme.

Bibliothèque et Archives Canada/C-009092

Portrait d’Henri Bourassa en juillet 1917.

Le 4 août 1914, les Canadiens ont compris que la guerre était inévitable. Malgré la signature de la Confédération en 1867, le lien entre leur pays et la Grande-Bretagne avait perduré, et beaucoup de Canadiens anglais avaient encore une grande loyauté à l’égard de la « mère patrie ». Le politicien québécois Henri Bourassa6 parlait de cette dévotion avec mépris dans ses écrits, parce que, d’après lui, l’allégeance des Canadiens d’origine britannique avait été ébranlée; ils ne savaient plus s’ils étaient britanniques ou canadiens7. Ainsi, quand la Grande-Bretagne a déclaré la guerre, la réaction festive à Toronto n’a surpris personne, étant donné que sa population se composait d’un fort taux d’anglophones — dont beaucoup étaient nés en Europe. Les rues soudainement inondées de défilés improvisés, les voix entonnant en chœur « Rule Britannia » et les chapeaux volant dans les airs8 forment aujourd’hui les principaux éléments du tableau illustrant la réaction du Canada anglais à la déclaration de la guerre. Cette réponse patriotique n’était toutefois pas exclusive à Toronto…

Le Québec s’attendait à cette déclaration et comprenait que c’était la prérogative du gouvernement de décider dans quelle mesure le Canada contribuerait à la guerre. Bien que The Montreal Gazette ait critiqué l’impatience de la Grande-Bretagne parce qu’elle « … n’avait pas attendu qu’expire le délai précisé dans l’ultimatum9 [TCO] », les Canadiens ont été saisis de la fièvre de la guerre lorsque leur pays a décidé d’envoyer un corps expéditionnaire10. Tout comme Toronto, le ministère de la Milice de Montréal « a été enseveli sous une avalanche de demandes d’enrôlement11 [TCO] ». C’est à cette période que l’homme d’affaires français Edward J. Diisitsey a proposé de lever sans tarder un régiment à Montréal12. Contrairement à l’interprétation selon laquelle les tendances anti-impérialistes des Canadiens français auraient découragé les tentatives d’enrôlement, The Montreal Gazette a déclaré : « … ils étaient tout aussi prêts à servir sous le drapeau anglais ou français13 [TCO] », ce qui laisse entendre que l’attachement à l’Empire n’a joué aucun rôle dans leur décision de s’enrôler ou non. Ces recrues étaient loyales envers le Canada. Dans un journal, il a été rapporté que « … la loyauté du peuple [envers le Canada] était notablement marquée à Toronto, à Ottawa et à Québec14 [TCO] ». Même si on y fait explicitement mention de deux villes anglophones, l’article donne à penser que le patriotisme n’est pas resté concentré à Montréal; il a conquis la société québécoise. L’article avance aussi que le nationalisme n’était pas omniprésent dans le Canada anglais, puisqu’on y parle de villes et non de provinces.

Discussion

La rhétorique patriotique du Canada anglais qui contredit ces premières réactions enthousiastes des Canadiens français est imprégnée du mythe que leur contribution à l’effort de guerre n’a pas été proportionnelle15. Cependant, les dossiers d’enrôlement laissent entrevoir une autre interprétation : 31 p. 100 des 34 500 premiers hommes qui se sont enrôlés16 étaient nés au Canada. Parallèlement, 65 p. 100 des Canadiens anglais enrôlés étaient nés dans les îles Britanniques17, ce qui renforce l’observation de Bourassa selon laquelle ils n’étaient pas motivés par le patriotisme canadien, mais plutôt par leur loyauté envers l’Angleterre.

Inversement, des 11 000 volontaires nés au Canada, 3 000 étaient des Canadiens français18, par exemple John Baptist Adams de Rivière aux Rats, au Québec, qui s’est porté volontaire quelques semaines après la déclaration de la guerre19. Le 10 novembre 1914, l’honorable maître de poste Thomas ChaseCasgrain20, témoin du patriotisme au Québec, a déclaré : « … dire que les Canadiens français ne s’intéressent pas à ce conflit est un crime. Les membres de notre communauté le comprennent parfaitement. J’irai jusqu’à dire qu’aucune région canadienne ne s’intéresse davantage à la guerre et au triomphe des alliés que la province du Québec21 [TCO] ».

Affiche exhortant les Canadiens français à se porter volontaires pour aller combattre.

Bibliothèque et Archives Canada/C-095728

Certains Canadiens français qui se sont enrôlés avaient une expérience militaire limitée, en comparaison de leurs homologues anglais nés en Europe. Le soldat Clement Adams travaillait comme ouvrier à St-Majorique, à Gaspé – une ville à prédominance francophone, où il était né – avant de s’enrôler en 191622. Lorsqu’on lui a demandé s’il préférait servir au pays ou outre-mer, Clement a choisi le Corps expéditionnaire canadien23. Clement a été affecté au 189e Bataillon24, sous le commandement de P.A. Pluze. Ce bataillon se composait de « … fermiers et pêcheurs coriaces du Bas-St-Laurent [TCO] », et était largement reconnu comme une unité disciplinée qui surpassait même certains des régiments canadiens anglais25. Contrairement aux histoires qui se répandaient sur le nombre important de déserteurs canadiens français, les soldats de Pluze se déclaraient loyaux au Canada, et son régiment n’a connu aucun déserteur. Cela dit, des incidents de désertion se sont produits dans des unités canadiennes anglaises et canadiennes françaises. Par exemple, le soldat canadien anglais Herman Abbot, de Coldwater en Ontario, s’est enrôlé comme volontaire en 1916, mais a déserté son unité l’année suivante. De son côté, le soldat canadien français Armand Alarie du 206e Bataillon a aussi déserté en 1917, quelques mois après avoir été conscrit. Cela porte à croire que même si des Canadiens français ont déserté leur unité, nombre d’entre eux étaient des conscrits, alors que les régiments du Canada anglais étaient aux prises, du moins en partie, avec les désertions de soldats volontaires.

L’écart entre ces nombres et l’interprétation traditionnelle sont en partie attribuables à des malentendus statistiques et au préjugé canadien anglais. Le Québec est souvent considéré comme représentatif de la réaction des Canadiens français à la guerre, et l’Ontario, comme celle des Canadiens anglais. Toutefois, même si 60 p. 100 des volontaires provenaient du Québec ou de l’Ontario26, au 30 avril 1917, moins de la moitié des 14 100 Canadiens français volontaires provenaient du Québec27. Les Canadiens français vivaient en Ontario, en Nouvelle-Écosse et dans d’autres provinces. Mentionnons le cas de George McGraw : né à Montréal, mais enrôlé à Smith Falls, en Ontario, où il habitait28. Son dossier d’enrôlement a été rédigé en français, mais il s’est joint à une unité anglophone, le 80e Bataillon29. De plus, les statistiques ne tiennent pas compte de ceux qui s’identifiaient comme Canadiens français, mais qui parlaient principalement anglais. L’orgueil canadien anglais semble fausser davantage le discours sur les contributions militaires du Canada français.

Carte du front de l’Ouest, 1914-1918 – Opérations du Corps expéditionnaire canadien.

Direction – Histoire et patrimoine.

Cliquer pour agrandir l’image

La journaliste du Globe Amy Lacey s’est rendue au Québec en 1915 pour se pencher sur l’opinion des Canadiens français. Lacey a reconnu qu’à son arrivée au Québec, elle avait en tête des histoires de soldats francophones mutins, d’ingérence par les clercs et de « l’indifférence de la communauté envers les exigences de la guerre30 [TCO] ». Or, elle a constaté que la situation était à l’opposé de ces faussetés, glanées en Ontario. « Je n’ai entendu dans cette province aucun propos qui aille contre les alliés [TCO] », écrivait Lacey dans un article du 27 décembre 1915 intitulé « Il est impossible de séparer le nationalisme au Québec de la guerre31 [TCO] ». Un Canadien français s’était dit bien content de savoir que son fils avait accepté d’être soldat, ce qui a mené Lacey à faire remarquer que les recrues canadiennes anglaises n’étaient pas prêtes à accepter de s’enrôler aux grades inférieurs32. Peut-être que cette volonté des Canadiens français à accepter des postes moins prestigieux dans l’armée, qui inspirait la moquerie chez certains Canadiens anglais, laisse entrevoir un sens du devoir plus profond chez ce groupe prétendument indifférent. Il faut une détermination solide pour accepter de commencer au bas de l’échelle alors que les postes d’officier sont plus attrayants…

« Le problème, c’est que certains présupposent que nous sommes des peuples différents et que nous avons des visions divergentes de notre grand pays, expose le maître de poste Casgrain, alors que rien n’est plus faux33 [TCO]. » Cette supposition a entaché la réputation du Canada français. Casgrain a toutefois maintenu qu’il ne s’agissait pas d’une idée populaire, mais plutôt que « … les politiciens sont à blâmer pour la fausse idée qui se grave dans l’esprit de la population34 [TCO] ». Les politiciens ont joué un rôle important dans la déformation et la préservation des discours de guerre des deux parties de l’union. Les personnages les plus marquants à l’origine de ces interprétations étaient le premier ministre Robert Borden, sir Wilfrid Laurier, et Henri Bourassa.

Musée canadien de la guerre/CWM 19710261-0393

Sir Robert Borden, peinture de Harrington Mann, 1918.

Le premier ministre sir Robert Borden était un Canadien anglais né à Halifax, en Nouvelle-Écosse, et avait peu de patience pour les Canadiens français. Borden avait prédit la déclaration de guerre et consulté le ministre de la Milice, sir Sam Hughes, au sujet du recrutement et des réformes militaires requises35. Le 7 décembre 1914, il s’est rendu au Cercle canadien de Montréal pour prononcer un discours sur le recrutement qui faisait appel à la loyauté envers les vieux pays qui étaient maintenant en guerre36, ce qui témoignait de sa connaissance limitée de la population, née en majorité au Canada. Le premier ministre voulait se servir de cette guerre pour démontrer que l’autonomie du Canada résidait dans la déclaration qu’il se battait pour sa souveraineté, et non pour la Grande-Bretagne37. Cependant, comme beaucoup de Canadiens anglais, Borden était bien disposé à l’égard de la mère patrie38, et il y avait un contraste entre son désir de prouver la supériorité du Canada sur le champ de bataille et l’impression des Canadiens français que le Canada avait déjà suffisamment contribué à la guerre39. Borden s’est impatienté devant la baisse du nombre de volontaires et a proposé la conscription en 1916, puis adopté la Loi du Service Militaire en 191740. L’année suivante, Borden a dénoncé la réaction réfractaire du Québec à la conscription41.

Inversement, sir Wilfrid Laurier était admiré au Québec, et s’était aussi attiré le respect de certains Canadiens anglais. L’opinion de Laurier quant au recrutement et à la conscription est contestée, car il a participé à la promotion de la conscription dans la même mesure que Borden42. Même si Laurier s’était dit d’accord avec Borden en 1918 que le Québec devait se conformer à la conscription, il a accusé le premier ministre de susciter la dissension43. Comme beaucoup de Canadiens français, Laurier était loyal envers le Canada et était indifférent aux intérêts de la Grande-Bretagne, mais il ne voulait pas que « le Québec ne réponde pas à l’appel du service militaire44 [TCO] ».

William James Topley/Bibliothèque et Archives Canada/C-001971

Sir Wilfrid Laurier, Premier ministre du Canada, de 1896 à 1911.

En janvier 1917, Laurier a déclaré prophétiquement :

[TCO]
Si l’on dit que le nombre de volontaires provenant du Québec est inférieur à ceux des provinces anglophones, j’ai raison de croire qu’après analyse de ces chiffres, la marge de différence entre la population de souche québécoise et la population originaire des autres provinces ne sera pas très grande45.

Autant Borden représentait les sentiments des Canadiens anglais, autant Laurier symbolisait les Canadiens français patriotiques pendant la Première Guerre mondiale. L’homologue de Laurier, Henri Bourassa, représentait la troisième perspective canadienne à l’égard de la guerre.

Bourassa entretenait des idées nationalistes, mais se méfiait des Canadiens anglais et s’opposait à toute participation du Canada aux guerres impériales46. Il pensait que la conscription était une « taxe de sang » et il a utilisé son influence et ses ressources pour s’y opposer47. Cependant, Bourassa insistait sur l’importance de tenir des manifestations pacifiques, ce qui a peut-être évité à Borden plusieurs émeutes chaotiques48. Malgré l’influence de Bourassa, les unités, comme les 189e et 22e Bataillons, se sont distancées de lui et l’ont accusé d’avoir « … refusé de participer à la gloire et à l’agonie de la naissance de notre nation49 [TCO] ». En résumé, Borden, Laurier et Bourassa représentaient les trois points de vue principaux sur l’effort de guerre canadien.

Même si ces politiciens ont influencé la trame narrative de la guerre au Canada, c’est le 22e Bataillon qui représente peut-être le mieux l’expérience de combat du Canada français et sa motivation. Au début de la Première Guerre mondiale, sir Sam Hughes n’était pas prêt à mobiliser les milices francophones, mais en septembre 1914, l’élite francophone a exprimé le désir de créer un bataillon composé exclusivement de Canadiens français, au lieu de les disperser dans les unités anglophones50. Monsieur Arthur Mignault, docteur — un colonel du Corps de santé royal canadien, a fait un don de 50 000 dollars pour la création de cette unité, et il en est considéré comme l’un des fondateurs51. Le 15 octobre 1914, le gouvernement du Canada a autorisé la mise sur pied du bataillon, et nommé un officier de la Milice, le colonel Frederic Mondelet Gaudet, à son commandement. La force s’est rapidement forgé un dossier de services distingués au combat, meilleur que celui de certaines unités anglophones52.

Le bataillon se composait de 36 officiers et de 1 017 soldats au moment de son départ vers l’Europe en 1915, et a accueilli des renforcements tout au long de la guerre53. Il a combattu dans chaque grande bataille, de Flers-Courcelette à la crête de Vimy, et deux tiers des 6 000 hommes qui formaient la force ont tôt ou tard été tués ou blessés54. Pour nombre de Canadiens français, ce bataillon a payé la « taxe de sang » de la province pour cette guerre et prouvé sa loyauté envers le Canada.

Le 22e Bataillon a connu la gloire à la bataille de Flers-Courcelette, qui a été un succès distinctement canadien français. Bien qu’elle soit passée à l’histoire comme la première grande bataille de chars, elle témoigne de la loyauté des Canadiens français. Ceux-ci avaient été déployés pour mettre fin à la stagnation de la guerre de tranchées et avaient attaqué la partie inférieure de Courcelette avant de monter la rue principale et de pivoter pour contenir l’avancée des Allemands55. Le commandant a été louangé pour son strict dévouement au devoir et à la bravoure, mais le régiment avait subi d’importantes pertes56. Plus tard, l’unité a été surnommée « Van Doos », une prononciation anglicisée de Vingt-Deux, et a adopté la chanson patriotique Vive la Canadienne, que nombre de Canadiens français préféraient à l’hymne national. Les paroles témoignent d’ailleurs d’un esprit patriotique :

Vive la Canadienne
Vole mon cœur vole
Vive la Canadienne

Et ses jolis yeux doux
Et ses jolis yeux doux doux doux

Nous la menons aux noces
Vole mon cœur vole
Nous la menons aux noces
Dans tous ses beaux atours
Dans tous ses beaux atours tours tours
Dans tous ses beaux atours

Dans tous ses beaux atours tours tours
Dans tous ses beaux atours

On danse avec nos blondes
Vole mon cœur vole
On danse avec nos blondes
Nous changeons tour à tour

Nous changeons tour à tour
Nous changeons tour à tour

Ainsi le temps se passe
Vole mon cœur vole
Ainsi le temps se passe
Il est vraiment bien doux
Pour finir, Vive la Canadienne
Vole mon cœur vole
Vive la Canadienne

Et ses jolis yeux doux57

Le 22e Bataillon a été couvert de gloire à Flers-Courcelette, mais le Canada dans son ensemble a quant à lui goûté à la victoire à la crête de Vimy, une bataille acclamée par le Canada anglais, mais dans laquelle les unités canadiennes françaises se sont grandement distinguées. Le New York Times a justement fait observer que « le 9 avril 1917 sera, dans l’histoire du Canada, l’un des plus grands jours, un jour de gloire qui inspirera ses enfants pendant bien des générations58 [TCO] ». Parallèlement, le New York Tribune a déclaré que Vimy était l’occasion pour le Canada de « … laisser sa marque en Europe, une marque indélébile59 [TCO] ». En plus de la victoire spectaculaire qu’elle représente, la bataille de la crête de Vimy offre une forte corrélation entre le mythe de la milice et la réussite militaire du Canada qui a suivi.

© Collection de la Couronne, Division des résidences officielles, Commission de la capitale nationale.

Le très honorable Georges Philias Vanier, Gouverneur général du Canada de 1959 à 1967.

La crête de Vimy était un point de passage stratégique essentiel que la Grande-Bretagne et la France n’avaient pas réussi à capturer jusque-là60. L’Ottawa Citizen considère Vimy comme « … la position défensive la plus forte de l’ennemi sur le front occidental61 [TCO] ». Ainsi, quand la réputation d’excellence du Canada a été exposée à des obstacles apparemment insurmontables, les puissances de l’Entente ont convoqué le Corps canadien à Vimy62. Le major-général canadien Arthur Currie, alors commandant de la 1re Division du Canada, a conseillé l’utilisation de la tactique d’artillerie du « barrage roulant »63, combinée au système de contre-feu du colonel Andrew McNaughton, en fonction de l’emplacement des canons allemands, déterminé par la lumière et le bruit64. Le lieutenant-général sir Julian Byng, alors commandant du Corps canadien, s’est dit d’accord, et le trio a entrepris de se préparer à l’attaque65. Le Corps canadien a profité de l’hiver relativement calme pour fabriquer des armes furtives, notamment des dagues, et s’exercer à exécuter l’attaque66. Comme c’était la première fois que les quatre divisions du Canada attaqueraient l’ennemi simultanément, Byng n’a rien laissé au hasard67. Il a construit un modèle de la crête, et bientôt, les soldats canadiens en connaissaient incontestablement la topographie68. Le 9 avril 1917, les Canadiens étaient prêts à chasser l’armée allemande de son bastion.

L’attaque a commencé par un barrage d’artillerie, puis le Corps canadien l’a suivi en bloc69. Le journal Ottawa Evening Citizen a fait le récit de cet assaut palpitant le 10 avril 1917 :

[TCO]
L’attaque a été précédée d’un bombardement qui a duré plusieurs jours et auquel ont participé les canons des plus gros calibres. Les résultats ont été, du point de vue de l’artillerie, une répétition de la bataille de la Somme. Les aéronefs de reconnaissance n’ont trouvé que des masses informes de terre battue où la ligne avant des forces ennemies se trouvait auparavant70.

Encore une fois, les Canadiens avaient la preuve de leur supériorité militaire par rapport à l’armée allemande. Comme un soldat a rapporté au Globe : « Ça s’est bien passé, mais c’était terrible de voir nos obus exploser, et je me suis imaginé la terreur des Allemands… J’ai entendu mes camarades crier, et j’ai su alors qu’ils faisaient passer un mauvais quart d’heure aux Allemands. N’est-ce pas fantastique d’être Canadien? Je ne rentrerai pas au pays avant qu’il n’y ait plus rien à faire dans l’Empire71 [TCO]. » Il n’était pas le seul à claironner : « N’est-ce pas fantastique d’être Canadien?72 [TCO] »

Le Corps canadien a vaincu les Allemands, fait 119 officiers allemands prisonniers pendant la bataille et infligé de lourdes pertes à son adversaire73. Comme Borden l’a déclaré plus tard : « … les Canadiens ont prouvé qu’ils étaient un adversaire de taille pour les meilleures troupes que l’ennemi pouvait déployer contre eux! Ils possèdent un courage remarquable et la débrouillardise requise pour mener ces efforts74 [TCO] ». Plus particulièrement, malgré la fierté qu’il éprouvait envers ses réalisations militaires, le Corps expéditionnaire canadien avait du respect pour les Allemands en tant que force de combat75. Ce respect était mutuel, car les deux adversaires avaient le sens de l’innovation et étaient déterminés à gagner. Les forces en présence avaient convenu de l’importance de la défense et des compétences correspondantes nécessaires pour assurer une défense réussie76. Même si le Canada anglais semblait avoir revendiqué cette victoire, les 21e, 25e et 22e Bataillons canadiens français avaient joué un rôle essentiel dans la capture des mitrailleuses ennemies ainsi que près de 400 prisonniers77. Cette bataille, qui aurait marqué la naissance du Canada, a été une victoire pour les deux parties de l’union; il s’agit là du discours patriotique des deux solitudes.

Cependant, la même année, la crise de la conscription est aussi entrée dans le discours de guerre du Québec. Le gouvernement fédéral est devenu de plus en plus nerveux devant la baisse du nombre de volontaires après que le Canada anglais a accusé les Canadiens français de ne pas se sentir concernés par la détresse de la Grande-Bretagne78. Borden avait récemment promis l’enrôlement de 500 000 recrues avant la fin de 1916, même si le pays comptait moins de huit millions d’habitants79. En désespoir de cause, Borden a réinstauré la Loi du Service Militaire, et ainsi failli à la promesse qu’il avait faite le 18 mai 1917 de ne pas recourir à la conscription80.

Affiche de recrutement, 230e Voltigeurs canadiens français.

Bibliothèque et Archives Canada/C-095378

En vertu de la Loi du Service Militaire : « Tous les habitants mâles du Canada âgés de dix-huit ans et plus, et de moins de soixante ans, non exemptés ni frappés d’incapacité par la loi, et sujets britanniques, peuvent être appelés à servir dans la milice81 ». La plupart des anglophones en Ontario appuyaient Borden, mais ceux habitant les zones rurales des provinces croyaient que la conscription allait à l’encontre de ce que la guerre signifiait, car ce devait être « … une guerre juste menant à la libération des opprimés et au rétablissement des idéaux libéraux82 [TCO] ». La Colombie-Britannique et la Nouvelle-Écosse se faisaient du souci quant à la stabilité du pays et se sont opposées à la conscription pour des raisons semblables à celles du Québec. Il était facile pour les habitants des villes de s’enrôler, mais les habitants des zones rurales des provinces anglophones devaient tenir compte de leurs obligations agricoles83. Le Canada était l’un des principaux fournisseurs de denrées alimentaires pendant la guerre, et les habitants qui travaillaient dans des exploitations agricoles croyaient qu’ils servaient déjà leur pays même sans porter l’uniforme.

Laurier avait prévenu que la conscription diviserait le pays, et les représentants du Québec ont cherché à décourager sa mise en œuvre84. L’honorable Charles Marcil a affirmé au Parlement que la province avait besoin de dirigeants plus patriotiques85, mais les citoyens du Québec ont défendu le rôle de Laurier dans le recrutement86. Marcil soutenait aussi que le gouvernement fédéral était responsable de la baisse d’enrôlement parmi les Canadiens français parce qu’il n’avait pas réussi à inspirer ses citoyens87. Le gouvernement avait envoyé « … le mauvais type de personnes » — soit des officiers ou représentants anglophones — en invoquant l’impérialisme britannique d’une manière qui n’enthousiasmait pas les Canadiens français88. Il aurait peut-être été plus efficace de centrer les efforts sur le devoir national ou la préservation du Canada, en fonction des liens des Canadiens français qui se sont enrôlés. Après la déclaration que la conscription était à venir, le major-général Le Sand a annulé une réunion prévue à Montréal qui avait pour objectif d’enrôler plus de Canadiens français volontaires89. Selon Le Sand, « … nous avons estimé que nous ne pourrions faire appel à l’enrôlement volontaire alors qu’une mesure de conscription était en vigueur90 [TCO] ». Le Sand semblait croire que les Canadiens français étaient un groupe monolithique qui soit s’enrôlerait délibérément, soit serait conscrit, et que cette dernière avenue était plus efficace.

La plupart des Canadiens anglais sont restés indifférents au profond sentiment de trahison éprouvé par nombre de Canadiens français à la veille de l’entrée en vigueur de la Loi du Service Militaire. Le Globe a publié un court article indiquant que le Québec demandait encore au Canada anglais de faire preuve de tolérance et de patience91. En plus de cette requête, le changement dans la description que le Globe faisait des Canadiens anglais et des Canadiens français était le signe d’un changement sociétal, qui faisait passer les anglophones et les francophones d’alliés à étrangers. En 1916, le journal de langue anglaise présentait le Canada anglais et le Canada français comme « … les deux parties de l’union92 [TCO] », ce qui semble indiquer une différence, mais aussi un lien. En 1917, ce même journal les appelait plutôt « … les deux races dominantes du Canada qu’un gouffre sépare93 [TCO] ». Le symbole d’un lien unissant les deux parties avait volé en éclats après trois années de propagande anti-francophone dans la société anglophone. La mise en œuvre de la conscription a rendu le gouffre infranchissable, et le Canada anglais et le Canada français ont alors cherché à se définir comme le contraire l’un de l’autre. La prédiction de Laurier, selon laquelle la conscription déchirerait le Canada, s’est avérée exacte.

Le 28 mars 1918, au milieu des tensions qui régnaient au Québec, des émeutes anti-conscription ont éclaté. Ces manifestations ont eu lieu en raison de la détention par la Police fédérale d’un Canadien français qui avait omis de présenter ses documents d’exemption94. Il était détenu au poste de police du district StRoch, à Québec, mais avait été relâché avant que 200 citoyens indignés assaillent le poste95. La foule s’est alors rendue au bureau d’enregistrement de la conscription et a endommagé d’autres immeubles officiels96. La rumeur d’un soulèvement provincial s’est vite propagée, et le maire de Québec, Henri Edgar Lavigueur, a demandé l’aide d’Ottawa97. Craignant une insurrection, Borden a promulgué la Loi sur les mesures d’urgence, et ainsi imposé la loi martiale au Québec98. L’émeute n’a duré que trois jours, mais elle est restée présente à l’esprit des Canadiens français durant la guerre. À deux reprises pendant le conflit, une période de trois jours avait donc changé le pays. D’abord, la bataille de la crête de Vimy a uni la nation, puis, les émeutes anti-conscription ont contribué à la déchirer.

Ainsi, en 1917, le Canada faisait la guerre au pays et à l’étranger. Les Canadiens français cherchaient à défendre leur honneur, mais soutenaient aussi que la « nation » avait assez contribué à l’effort de guerre. Nombre d’entre eux croyaient que le Canada avait déjà fourni une contribution militaire emphatique. Les forces armées du Canada avaient en effet capturé des points d’une grande importance stratégique, comme la crête de Vimy, et s’étaient forgé une réputation de « troupes de choc » parmi les alliés et les ennemis. Qui plus est, le Canada avait fourni « … des hommes et des fonds proportionnellement supérieurs à ceux de tout autre pays participant à la guerre99 [TCO] ». De 1914 à 1917, la société canadienne s’est consacrée sans réserve à l’effort de guerre, mais elle pouvait soutenir ce rythme pendant un certain temps seulement. Le Canada français s’inquiétait du bien-être de sa « nation », et non de celui de l’Europe. Par ailleurs, les Canadiens français et les Canadiens anglais se préoccupaient du message qui était envoyé aux nouveaux immigrants à qui on avait promis que le service militaire ne serait pas obligatoire au Canada100. Les Canadiens se demandaient si une guerre, même une grande croisade, se devait de transformer le Canada en un État militaire101. Bourassa a accusé Borden de tromper ces immigrants en leur faisant miroiter la fausse promesse d’un service militaire optionnel pour les attirer au Canada, avant de s’en dédire pour respecter un engagement irréaliste102. D’un point de vue statistique, la promesse de 500 000 soldats faite par Borden était irréaliste, étant donné que le pays comptait en tout huit millions d’habitants à cette époque.

Une autre affiche de recrutement destinée aux Canadiens français (appel général).

Bibliothèques et Archives Canada/C-095381

Principalement, le Canada anglais a signé le discours de guerre du pays, mais a omis de prendre la mesure des sentiments derrière la réaction négative du Canada français à la conscription. La promulgation de la Loi du Service Militaire donnait à entendre que les Canadiens français, surtout ceux qui vivaient au Québec, n’accomplissaient pas leur devoir envers le pays. Elle mettait en doute l’étendue de leur loyauté, ce qui irritait les personnes qui comprenaient qu’il n’y avait qu’une petite proportion de Canadiens français qui s’insurgeaient contre le service militaire103. Comme l’a écrit le maître de poste général Casgrain au Globe : « Le peuple canadien français venait de la même lignée fière et martiale que les héros des glorieuses armées de Joffre104. Ils répondront à l’appel du service militaire si cet appel se fait entendre plus clairement que les voix du mécontentement105 [TCO] ». Même le New York Times a commenté sur l’état du patriotisme au Canada français : « … en tenant compte de tous les faits, on constate que le Canada français participera à la guerre jusqu’à la fin106 [TCO] ».

Les Canadiens anglais semblaient avoir oublié les défilés turbulents, animés de chants, tenus à Montréal en 1915107, et le service des Canadiens français dans des unités françaises, comme les 189e et 22e Bataillons, qui ont acquis une brillante réputation pendant la guerre108. Comme l’écrit Olivar Asselin : « les Canadiens-Français feront, à la cause sacrée pour laquelle vos fils moururent […], tous les sacrifices compatibles avec l’existence même de leur pays », avant la conscription109. Les Canadiens français ont reconnu que l’Ontario a contribué davantage que le Québec à l’effort de guerre, mais pas en raison d’un patriotisme désintéressé110. Les Canadiens anglais étaient motivés – du moins en partie – par leur loyauté à leurs anciennes mères patries en Europe, alors que les Canadiens français étaient mus par un nationalisme « … associé au sol canadien d’abord et avant tout111 [TCO] ». Comme Bourassa l’a fait observer, « [l]es Canadiens français sont restés, et veulent rester, exclusivement canadiens112 [TCO] ». En revanche, le Canada anglais considérait généralement que l’Empire « … était tout, mais nous nous battions pour le bien du Canada113 [TCO] ».

Certains Canadiens anglais comprenaient l’insulte qu’avait subie le Canada français en raison des points de vue sur la conscription. Les revues protestantes du Canada ont essayé de renforcer l’idée que les Québécois n’étaient pas des fainéants dans cette guerre, qu’ils s’enrôlaient proportionnellement à l’Ontario, dont la population urbaine était plus nombreuse114. En même temps, les journalistes, par exemple Amy Lacey, a affirmé que le sang de leurs ancêtres a incité les Canadiens français à servir dans l’armée au besoin pour défendre la souveraineté du Canada115.

Les Canadiens français ont commencé à réfuter les opinions tendancieuses sur leur rôle dans la guerre. Sir Lomer Gouin116, qui avait prédit que le Canada français verrait la conscription d’un bon œil, a signé un tract dénonçant l’hypocrisie du Canada anglais dans le traitement qu’il réservait au Québec. Gouin accusait l’Ontario de traiter injustement le Québec, puisque l’Ontario n’entretenait pas de préjugés semblables envers le Nouveau-Brunswick ni la Nouvelle-Écosse, bien que ces provinces se soient aussi opposées à la conscription117. Gouin a affirmé qu’il était fier de « … mon pays, le Canada [TCO] », et qu’il n’appréciait pas que l’Ontario suggère le contraire118. Le sentiment de trahison palpable qu’avaient éprouvé les Canadiens français quand leurs homologues anglophones les avaient accusés de manquer de loyauté est souvent oublié dans le discours de guerre général.

Conclusion

La Première Guerre mondiale a été le baptême du feu du Canada, au pays comme à l’étranger. Elle a confirmé la vision d’un Canada respecté qu’avait Borden, lors de la participation du Canada à la Conférence de paix de Paris en 1919, mais aussi les craintes exprimées par Laurier que l’union des Canadiens français et des Canadiens anglais serait rompue. Selon la mémoire collective, les Canadiens anglais étaient des patriotes qui se battaient pour leur pays, tandis que les Canadiens français ne voulaient pas participer à la guerre. Or, ce discours est trop simpliste pour un pays paradoxal qui avait du mal à se comprendre. Contrairement au discours déjà établi, les Canadiens français étaient animés d’un profond sentiment de loyauté envers le Canada, et on leur disait que leur patriotisme était enraciné dans leur pays. Parallèlement, la loyauté des Canadiens anglais n’était pas aussi clairement définie, car nombre d’entre eux étaient encore attachés à leur terre natale, et n’ont peut-être pas été guidés au combat par le patriotisme désintéressé qu’on leur attribue souvent. En effet, plutôt que d’être deux lignées dominantes séparées par un gouffre, le Canada français et le Canada anglais étaient les deux parties d’une union. Cette union était aussi diversifiée et compliquée que ses réactions à la guerre, mais ni l’une ni l’autre des parties n’était monolithique. Les Canadiens français ont honoré leurs obligations envers l’effort de guerre, pas au nom de l’impérialisme, contrairement à leurs homologues anglophones, mais au nom du Canada, le pays qu’ils aimaient.

Bibliothèque et Archives Canada/PA-002045.

En route vers le front, des membres du 22e Bataillon se reposent au fond d’un cratère d’obus, en septembre 1917.

Notes

  1. Ian Miller, Our Glory and Our Grief: Torontonians and the Great War, Toronto, University of Toronto Press, 2002, p. 4.
  2. « Soldiers Tell of Armistice Day in the War Zone », The Globe, Toronto, le 11 novembre 1919, p. 9.
  3. Ibid.
  4. Le major Talbot Mercer Papineau, soldat montréalais, s’est vu décerner la Croix militaire pour sa bravoure lors de la bataille de St-Éloi. Il est mort le 30 octobre 1917 à Passchendaele.
  5. Gwynne Dyer, Canada in the Great Power Game, 1914-2014, Toronto, Random House Canada, 2014, p. 47.
  6. Henri Bourassa était un politicien éminent au Québec. Il a fondé Le Devoir, un journal indépendant pro-Canadiens français et nationaliste pancanadien influent. Il s’opposait aux sympathies impérialistes de Borden et à la conscription. Pour en savoir davantage sur l’anti-impérialisme de Bourassa, veuillez consulter l’ouvrage Henri Bourassa and French-Canadian Nationalism in Opposition to Empire de Casey Murrow.
  7. Henri Bourassa, « Win the War and Lose Canada », Le Devoir, Montréal, le 4 juillet 1917, p. 12.
  8. Adam Crerar, « Ontario and the Great War », Canada and the Great War: Essays in Honour of Robert Craig Brown, David Mackenzie, éd., Toronto, University of Toronto Press, 2005, p. 230.
  9. « Great Britain Declares War on Fatherland », The Montreal Gazette, 4 août 1914, p. 1.
  10. « All Canadians Rush to Aid Mother Country », The Montreal Gazette, 4 août 1914, p. 4.
  11. Ibid.
  12. Ibid.
  13. « Local Militia Called to Guard City Approaches », The Montreal Gazette, 5 août 1914, p. 5.
  14. « Patriotism Runs Riot in Canada on Hearing News », The Montreal Gazette, 5 août 1914, p. 9.
  15. « Government will deal firmly with Quebec resistance », The Christian Science Monitor (3 avril 1918), p. 1.
  16. Chris Sharpe, « Enlistment in the Canadian Expeditionary Force, 1914-1918 », Canadian Military History, vol. 24, n° 1 (2015), p. 24.
  17. Ibid, p. 27.
  18. Amy Lacey, « French Canada and the War: Some Facts and Comments », The Globe, janvier 1916, p. 3.
  19. Dossier d’enrôlement de John Baptist Adams, Corps expéditionnaire canadien (CEC), RG 150, versement 166, boîte 31-46, numéro d’item 1674.
  20. Thomas Casgrain était un avocat et politicien canadien français qui signait souvent des articles pour les journaux pendant la guerre; il était aussi le propriétaire de L’Événement. Il se consacrait à encourager les efforts de recrutement aux côtés de Laurier. Il avait 63 ans au début de la guerre, mais il s’est tout de même porté volontaire pour le service actif. Il était l’antithèse de Bourassa.
  21. « French Canadians Back War Policy », The Montreal Gazette, 10 novembre 1914, p. 5.
  22. Dossier d’enrôlement de Clement Adams, RG 150, versement 166, boîte 24-40, numéro d’item 1297.
  23. « All Canadians rush to aid mother country », The Montreal Gazette, 4 août 1914, p. 4.
  24. Ibid.
  25. Canadian Expeditionary Force—189th Battalion: Nominal Roll of Officers, 27 septembre 1916, p. 7.
  26. Sharpe, p. 28.
  27. Dyer, p. 47.
  28. Dossier d’enrôlement de George McGraw, RG 150, versement 166, boîte 6857-1, numéro d’item 154028.
  29. Ibid.
  30. Amy Lacey, « French Canada and the War: Some Facts and Comments », The Globe, 27 décembre 1915, p. 3.
  31. Ibid.
  32. Amy Lacey, « The French Canadians and the war », The Globe, janvier 1916, p. 4.
  33. Thomas Casgrain, « French Canada and Recruiting », The Globe, 27 septembre 1916, p. 6.
  34. Thomas Casgrain, « Loyalty of the French Canadians in the war », The New York Times, 13 février 1916, p. 5.
  35. Tim Cook, « Our first duty is to win at any cost: Sir Robert Borden during the Great War », Journal of Military and Strategic Thought, vol. 13, n° 3 (printemps 2011), p. 9.
  36. Ibid., p. 12.
  37. Robert Borden, « Canada at War: A Speech », présentation au Lawyers Club de la ville de New York, New York, 18 novembre 1916.
  38. Cook, p. 15.
  39. Henri Bourassa, « Win the War and Lose Canada », Le Devoir, Montréal, 4 juillet 1917, p. 3.
  40. En vertu de la Loi du Service Militaire de 1917, tous les hommes âgés de 18 à 60 ans devaient prendre du service actif. Rares sont les conscrits qui ont vu les lignes de front.
  41. « Government will deal firmly with Quebec resistance », The Christian Science Monitor (3 avril 1918), p. 1.
  42. « Quebec, Laurier, and Recruiting », The Globe, 10 juillet 1916, p. 4.
  43. « Government will deal firmly with Quebec resistance », p. 1.
  44. Sharpe, p. 31.
  45. « Sir Wilfrid Strongly Urges Young Men to Enlist », The Globe, 9 décembre 1916, p. 1.
  46. Henri Bourassa, « The Duty of Canada at the Present Hour », Le Devoir, 8 décembre 1914, p. 8.
  47. Bourassa, « Win the War and Lose Canada », p. 4.
  48. Cook, p. 9.
  49. Dyer, Canada in the Great Power Game, p. 130.
  50. Duguid, Official History of the Canadian Expeditionary Force, p. 4.
  51. Dyer, p. 85.
  52. Ibid.
  53. David J. Bercuson, The Fighting Canadians, Our Regimental History from New France to Afghanistan, Toronto, HarperCollins Publishers Ltd., 2008, p. 163.
  54. Ibid., p. 168.
  55. « The Battle of Courcelette », The Manchester Guardian, 25 septembre 1916, p. 6.
  56. « Canadian wins back rank », The Globe, 20 octobre 1916, p. 1.
  57. « Vive la Canadienne », Le rajeunissement de notre hymne national, janvier 1935.
  58. Ted Barris, Victory at Vimy: Canada Comes of Age, April 9-12, 1917, Toronto, Thomas Allen Publishers, 2007, p. 214.
  59. Ibid.
  60. Donald E. Graves, « Undefended Borders », Canada’s Great War Album, Mark Collin Reid, éd., Toronto, HarperCollins Publishers Ltd., 2014, p. 239.
  61. Stewart Lyon, « Canadian Troops Carried Famous Vimy Ridge », The Ottawa Citizen, 10 avril 1917, p. 7.
  62. Joel Ralph, « A Bloody Triumph », Canada’s Great War Album, p. 112.
  63. Ibid.
  64. Conrad Black, Rise to Greatness: The History of Canada from Vikings to the Present, Toronto, McClelland & Stewart, 2014, p. 749.
  65. Ibid.
  66. Ginette Martin, Héritage du Canada : les grands événements et les hauts lieux de notre histoire, Montréal, Sélection du Reader’s Digest, 1979, p. 346.
  67. Black, p. 479.
  68. Ibid.
  69. Ralph, p. 112.
  70. Lyon, p. 7.
  71. Ibid.
  72. Ibid.
  73. Ralph, p. 112.
  74. Borden, « Canada at War: A Speech », p. 9.
  75. Ian M. Brown, « Not Glamorous, but Effective – The Canadian Corps and the Set-Piece Attack, 1917-1918 », Journal of Military History (1994), p. 422.
  76. Ibid.
  77. Tim Cook, Vimy: The Battle and The Legend, Toronto, Penguin Canada, 2017, p. 91.
  78. « Official Report on Quebec Riot », The Christian Science Monitor (4 avril 1918) p. 1.
  79. G.E. Marquis, « Quebec Official Defends Loyalty of French », The New York Times, 23 juillet 1916, p. xx.
  80. Sharpe, p. 24.
  81. Gouvernement du Canada, Loi concernant le Service militaire, 29 août 1917.
  82. Katharine McGowan, « Until we receive just treatment: the fight against conscription in the NAAS agency, British Columbia », BC Studies, vol. 167 (automne 2010), p. 47.
  83. Bourassa, « Win the War and Lose Canada », p. 13.
  84. « The Spirit of Canada », The Globe, 9 janvier 1917, p. 4.
  85. « Recruiting Meeting at Quebec Cancelled », The Globe, 21 mai 1917, p. 11.
  86. « Quebec, Laurier, and Recruiting », The Globe, 10 juillet 1916, p. 4.
  87. Norman Lambert, « Battleground of Quebec in relation to recruiting », The Globe, 25 octobre 1916, p. 8.
  88. « The Wrong Crew for recruiting », The Globe, 26 janvier 1917, p. 1.
  89. « Recruiting Meeting at Quebec Cancelled », The Globe, 21 mai 1917, p. 11.
  90. Ibid.
  91. « The Attitude of Quebec », The Globe, 20 septembre 1917, p. 6
  92. Thomas Casgrain, « Loyalty of the French Canadians in the war », The New York Times, 13 février 1916, p. 5.
  93. « The Attitude of Quebec », p. 6.
  94. « Official Report on Quebec Riot », The Christian Science Monitor (4 avril 1918), p. 1.
  95. Ibid.
  96. Ibid.
  97. Ibid.
  98. Ibid.
  99. Ibid., p. 31
  100. Ibid.
  101. Ibid., p. 15.
  102. Gordon Heath, « The Protestant Denominational Press and the Conscription Crisis in Canada, 1917-1918 », Historical Studies 78, 2012, p. 32.
  103. Sir Lomer Gouin, « The True Spirit of Quebec », Toronto, Unity Publishing Bureau, 1918, p. 2.
  104. Ibid.
  105. « Quebec Hears Call to Serve », The Globe, 5 décembre 1916, p. 5.
  106. « Loyalty of French Canadians in the war », p. 5.
  107. « Soldiers have song parades », The Montreal Gazette, 4 mars 1915, p. 13.
  108. Dyer, p. 102.
  109. Olivar Asselin, « Les volontaires canadiens-français », Comité France-Amérique, 1917, p. 5.
  110. Henri Bourassa, « The Duty of Canada at the Present Hour », p. 7.
  111. Lambert, « Battleground of Quebec », p. 8.
  112. Ibid.
  113. Bourassa, « The Duty of Canada at the Present Hour », p. 38.
  114. Gouin, « The True Spirit of Quebec ».
  115. Ibid.
  116. Ibid.
  117. Ibid.
  118. Ibid.