LE COIN DU RÉDACTEUR EN CHEF

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Bienvenue à ce numéro de l’automne 2019 de la Revue militaire canadienne. Encore une fois, il s’agit d’un numéro plutôt éclectique, mais nous espérons que chacun y trouvera son compte.

Menant la charge, le brigadier-général Jay Janzen, actuellement directeur des affaires publiques des Forces armées canadiennes, lance un appel alarmant au sujet de l’état chaotique de l’environnement de l’information, dont il soutient être truffé de « [f]ausses nouvelles, désinformation, post-vérité et reportages arsenalisés ». Il prévient en outre que « [l]es commandants […] qui essaient de manœuvrer dans cet espace de combat politisé et disputé font face à des risques considérables, ce qui entraîne souvent une paralysie stratégique […] Par conséquent, l’inaction n’est pas une option : les FAC doivent s’adapter aux changements et à la complexité afin de conserver leur crédibilité et leur puissance dans ce domaine émergent. ». Le brigadier-général Janzen examinera les lignes de faille informationnelles, explorera l’environnement complexe de l’information, examinera les répercussions sur les relations civilo-militaires du Canada, puis plaidera en faveur d’une approche stratégique améliorée des communications.

Par la suite, le colonel (à la retraite) Brian Frei, expert en sécurité et en protection de la force, examine le rôle que les relations civilo-militaires ont joué jusqu’à maintenant au cours du XXIe siècle dans la formulation des politiques de défense du Canada, ainsi que leur mise en œuvre, et ce, au moyen de la théorie du contrôle pragmatique. Puis, une équipe diversifiée de talentueux chercheurs, Ben Zweibelson, Kevin Whale et Paul Mitchell, s’attaque au monde fascinant de la théorie de la conception, et à la façon dont des approches explicitement militaires de la conception qui s’écartent de la planification traditionnelle peuvent permettre d’appliquer la réflexion systémique et la conception de système à des défis contemporains.

Cette analyse d’équipe est suivie d’un article du professeur Dave Blackburn, spécialiste en sciences sociales, qui examine l’efficacité du programme En route vers la préparation mentale (RVPM) des Forces armées canadiennes. Blackburn précise que l’objectif du programme RVPM est : « d’améliorer le rendement à court terme et les résultats à long terme sur le plan de la santé mentale des militaires et des membres de la famille, et cela dans le cadre de modules d’instruction lors des cours de carrière et de la préparation pré et post déploiement. ». Bien qu’il concède que l’objectif du programme est audacieux, il émet des réserves. « La question fondamentale se résume à se demander si un programme de formation offert dans une salle de classe peut prétendre à cet objectif. Et est-ce que le programme RVPM est efficace, pertinent, utile et efficient? Actuellement, il s’avère impossible de répondre à ces questions qui ont une importance capitale, car le programme RVPM, dans son ensemble, n’a jamais fait l’objet d’une évaluation formative et sommative. Cet article propose une réflexion sur la nécessité d’une évaluation sommative du programme RVPM afin d’apprécier ses apports véritables face au rendement et à la santé mentale des militaires et des familles. »

Dans le dernier grand article de ce numéro, M. Sergey Sukhankin, Ph. D., chercheur à la Jamestown Foundation, traite des activités de diverses entreprises militaires et de sécurité quasi privées russes, qu’il désigne comme « un phénomène d’une grande complexité et d’une énorme portée. » Pour ce faire, M. Sukhankin concentre son analyse sur les thèmes clés suivants :

« [L]’émergence, l’évolution et le développement des EMSP et des forces irrégulières russes, d’un point de vue historique; les principaux inconvénients caractérisant les EMSP russes et leur étant liés; les principales fonctions et missions exécutées, tout dépendant du théâtre géographique; [et] la « répartition naissante des responsabilités » entre les diverses EMS quasi privées russes. »

Nous proposons ensuite quatre articles d’opinion très différents à l’attention de nos lecteurs. D’abord, le capitaine Mitchell Binding, nouvellement pilote d’hélicoptère et ayant contribué précédemment à la Revue militaire canadienne, examine la compréhension russe des révolutions de couleurs » mondiales, telle qu’elle est présentée par le général Valéry Guérassimov, chef de l’état-major général des forces armées de la Fédération de Russie. Ensuite, le lieutenant-colonel John Benson, officier d’infanterie, traite de ce qu’il perçoit comme une lacune en matière de perfectionnement professionnel, et offre un vibrant plaidoyer en faveur des discussions et des débats professionnels dans les revues militaires professionnelles comme outil de perfectionnement. Puis le capitaine Lawrence Glover, membre du génie de combat, discute du concept des incitatifs à améliorer sa condition physique dans l’Armée canadienne, et fait valoir, en se « fondant sur des recherches existantes dans le domaine de la médecine comportementale, que l’intégration, dans les guides de notation des comités de sélection, de mesures incitant les militaires à conserver une bonne condition physique enrichira notre culture sur ce plan ». Enfin, le capitaine de vaisseau Jeff Biddiscombe, qui était jusqu’à tout récemment commandant de la 1re Ambulance de campagne à Edmonton, rend un bref hommage historique au service et aux réalisations de son unité pendant la Première Guerre mondiale.

Cette fois-ci, notre collègue Martin Shadwick examine une analyse récente qui demande au Canada de repenser ses capacités nationales en tant que « puissance moyenne » qui dépend largement de partenaires commerciaux fiables et d’alliés de confiance, et d’envisager plutôt d’adopter la vision d’une « approche plus autonome et « renforcée » de la politique étrangère et de la politique de défense du Canada ». Pour conclure, nous terminons avec deux critiques de livres traitant de sujets très différents afin de donner à nos lecteurs des idées de lecture pour l’automne.

Bonne lecture!

David L. Bashow
Rédacteur en chef
Revue militaire canadienne