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Le président de la Syrie, Bachar el-Assad, et le président de la Russie, Vladimir Poutine, se rencontrent au Kremlin.

« Le chat noir dans la pièce obscure1 » : les entreprises militaires et de sécurité quasi privées russes – certes « non existantes », mais ô combien meurtrières et utiles

par Sergey Sukhankin

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M. Sergey Sukhankin est chercheur universitaire à la Jamestown Foundation à Washington. En outre, il est actuellement chargé de cours à l’Université de l’Alberta, à l’Université MacEwan et à l’Université Concordia à Edmonton.

Introduction

Lors d’un événement au début de février 2018, près de Deir ez-Zor, une ville située en Syrie orientale, de 60 à 200 mercenaires russes2 qui combattaient pour le président de la Syrie, Bachar el-Assad ont été tués. Cet événement a attiré l’attention sur la question des entrepreneurs militaires privés russes – un instrument de la politique de l’utilisation de la force sur laquelle Moscou miserait de plus en plus. Cet incident local en apparence, survenu dans une province éloignée de la Syrie, a mis au jour quelques détails déplaisants sur les activités d’entreprises militaires et de sécurité (EMS) quasi privées russes – lesquelles incarnent un phénomène d’une grande complexité et d’une énorme portée. Le présent article traitera des EMS quasi privées russes sous diverses perspectives en mettant l’accent sur les principaux thèmes suivants :

  • l’émergence, l’évolution et le développement des EMSP et des forces irrégulières russes, d’un point de vue historique;
  • les principaux inconvénients caractérisant les EMSP russes et leur étant liés;
  • les principales fonctions et missions exécutées, tout dépendant du théâtre géographique;
  • la « répartition naissante des responsabilités » entre les diverses EMS quasi privées russes.

Pour ce qui est de la méthodologie, l’auteur fera souvent référence à des sources en langue russe ainsi qu’aux résultats de ses propres recherches sur le sujet.

Continuité et tradition : la raison pour laquelle l’histoire importe encore

La Russie emploie des groupes militaires privés et des acteurs non étatiques depuis une époque remontant à la fin du XVIe siècle. Voici en résumé l’histoire de ces groupes ou de leurs rôles jusqu’en 2013-20143 :

  1. Comme premiers exemples, parlons des rôles géopolitiques remplis pendant la guerre de Livonie (1558–1583)4 et le Temps des troubles (1598–1613)5. Le recours à ces groupes dans la période avant 1917 a pris de l’ampleur après l’éclatement de la guerre froide qui a suscité de multiples conflits régionaux en Asie du Sud-Est, en Afrique, au Moyen-Orient et en Amérique latine. Après la dissolution de l’URSS en 1991, l’utilisation d’acteurs non étatiques parrainés et contrôlés par l’État6 a cédé la place à des initiatives privées et au « volontariat » (Transnistrie, Caucase du Sud et Balkans). Malgré la courte durée de cette période transitoire (1991-1995), celle-ci a été importante d’un point de vue opérationnel7, car elle a entraîné l’émergence d’un grand groupe de personnes qui se divisait en deux sous-groupes : a) les militants mus par une idéologie (les « aventuristes »), guidés par des sentiments anti-occidentaux et prêts à participer comme militants à d’autres conflits régionaux en échange de gains pécuniaires minimes ou nuls (Igor Strelkov/Girkin a pris part à la guerre des Balkans et il s’est plus tard en Ukraine servi de l’expérience acquise alors); b) les militants mus par le profit (les « mercenaires ») qui se sont joints à des groupes criminels intérieurs, ou ont offert leurs services à des sociétés militaires privées étrangères, ou les deux.
  2. Les rôles géo-économiques, qui s’harmonisaient bien avec le concept de « l’économie de la force » (silovya ekonomika) décrit par le professeur Alexandr Ageev « […] comme étant un système de coercition contrôlé par l’État (y compris un recours à des conflits militaires d’envergure limitée, au besoin) et visant à atteindre des buts économiques8 » [TCO]. Si nous adoptons ce point de vue pour examiner l’utilisation d’acteurs non étatiques, nous constatons que la première fois où de tels acteurs ont été parrainés et employés par l’État remonte à l’expédition d’Ermak Timofeïévitch (1582-1584), qui a été généreusement financée par la famille Stroganoff virtuellement omnipotente, mais dont les services ont été achetés de facto par l’État russe. En fait, la colonisation ultérieure de la Sibérie et de l’Extrême-Orient par la Russie a suivi ce modèle. Le long intervalle d’après 1917 (effondrement de la monarchie russe) a duré jusqu’au démantèlement de l’URSS, avant que le phénomène ne se reproduise sous une forme différente vers la fin des années 1990 avec l’émergence des EMS quasi privées telles qu’Antiterror-Orel, Antiterror, Redut-Antiterror, le groupe RSB et le Groupe de sécurité Moran9, qui ont essayé d’agir comme des EMSP occidentales, mais sans jamais réussir à devenir aussi concurrentielles sur les marchés mondiaux.
  3. Les rôles paramilitaires axés sur des formes de guerre non linéaires – un élément de la force traditionnelle russe / soviétique. Dans ce domaine, il faut introduire des distinctions :
    • La période impériale (de 1721 à 1917), où la mise sur pied et l’emploi actif de forces militaires irrégulières dépendaient de l’expansion de l’Empire russe à l’Est et au Sud et sur la nécessité d’intégrer les non-Russes dans l’architecture de l’État russe10. Par conséquent, cette tendance – les formations irrégulières se composaient surtout de non-Russes (« inorodcheskiye wojska ») – a survécu à tous les principaux conflits régionaux auxquels l’Empire russe a pris part jusqu’en 1917.

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      Lenin’s Arrival at the Finland Station in Petrograd (L’arrivée de Lénine à la gare Finland à Petrograd), le 16 avril 1917.

    • La période soviétique (de 1921 à 1988) a donné lieu à une nouvelle étape dans le développement des formes irrégulières de guerre, qui ont évolué grandement à la faveur de la guerre civile russe (de 1917 à 1921) et de la Grande Guerre patriotique (de 1941 à 1945). En effet, les leçons retenues à l’issue de ces deux débâcles allaient servir à créer les Forces spéciales (Spetsnaz)11. En outre, les Soviétiques allaient, par l’intermédiaire de soi-disant « conseillers militaires » envoyés dans les pays du tiers-monde, faire face avec succès aux États-Unis au cours de conflits régionaux en Afrique, en Asie et en Amérique latine, pendant qu’au Moyen-Orient, l’application active de l’expérience soviétique de la guerre non linéaire, par l’intermédiaire du KGB, a stimulé la montée du terrorisme contemporain12.

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      German infantrymen following a tank towards Moscow in the snow (Des fantassins allemands suivent un char de combat vers Moscou dans la neige), Russie, 1941. (Artiste inconnue).

  4. Les entités non militaires utilisées activement avant 1917 pour éliminer ce que l’on appelle maintenant les « menaces hybrides » semblent avoir retrouvé leur importance d’autrefois après 2011. Il faut souligner que les traditions russes / soviétiques relatives à l’emploi de forces irrégulières et d’acteurs non étatiques ont repris elles aussi de la vigueur après 2010, en raison de l’influence des bouleversements frénétiques survenus au Moyen-Orient pendant le soi-disant Printemps arabe à la fin de 2010.

Les EMSP à la russe

L’emploi d’acteurs militaires ou de forces de sécurité non étatiques par la Russie fait nettement contraste avec les pratiques occidentales. En Occident, le principal objectif du recours à de tels intervenants se réduit à une réduction de l’emploi des forces armées de l’État et des coûts de fonctionnement connexes, à un accroissement des gains d’efficacité et à la création d’économies d’échelle13. En Russie, les considérations militaro-politiques servent de fondement déterminant d’autres éléments. Une seconde différence clé réside dans la question du statut. D’un point de vue juridique, la Russie n’a pas d’EMSP; l’organisation de telles entités, qualifiées de « mercenaires », ou la participation à leurs activités étant punissables aux termes du Code criminel russe (article 359). Pourtant, ces entités non existantes de jure existent de facto et elles jouent un rôle de plus en plus grand dans les politiques du Kremlin. Cette anomalie peut s’expliquer par ce que l’on appelle la « dénégation plausible »14, c’est-à-dire la capacité de l’État russe de continuer d’exercer une influence dans des domaines géopolitiques et économiques stratégiques sans y intervenir directement; de la sorte, il n’a à peu près aucune obligation redditionnelle envers qui que ce soit, tant au niveau national qu’international. Il n’y a là rien de nouveau pour la Russie ou l’URSS. De fait, la continuité de cette approche, peu importe l’époque ou le régime politique, est on ne peut mieux mise en évidence par le « modèle Gretchko – Gratchiov – Zakharova15 » [TCO]. Tout porte à croire que c’est l’avantage conféré par la « dénégation plausible » qui a encouragé la Russie à refuser catégoriquement d’accorder un statut légal aux ESMP, bien qu’un débat animé sur la question se poursuive depuis au moins 2012 et que l’État-major général russe commença à s’intéresser à l’idée en 201016.

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Le général Valéry Guérassimov et le président Vladimir Poutine visitent le champ de tir Tsugol afin d’observer l’emplacement principal des exercices militaires Vostok 2018 menés conjointement par les Forces armées russes et l’Armée de la libération populaire de Chine, le 13 septembre 2018.

L’absence d’un statut juridique ne signifie pas que ces entités n’existent pas. En fait, les ESM quasi privées font partie d’un tableau plus grand qui va totalement dans le sens de la nouvelle perception russe de la guerre, perception qui est souvent attribuée au général d’armée Valéry Guérassimov, Chef de l’état-major général de la Russie17. Sous une forme ou sous une autre, ces idées avaient néanmoins été abordées par d’éminents penseurs militaires comme Evguéni Messner, Vladimir Sliptchenko et Nikolaï Ogarkov, et elles n’ont été que ravivées par suite des développements au Moyen-Orient entre 2010 et 2013. Par conséquent, le réexamen de la guerre non linéaire par la Russie et l’intérêt grandissant que celle-ci lui accorde sont dérivés d’une combinaison de ses propres expériences et de tendances mondiales s’exprimant sous la forme des facteurs combinés suivants18 :

  • L’évolution de la guerre et de sa nature, attestée par la nécessité de mener des campagnes anti-insurrectionnelles contre des acteurs non étatiques (guérilleros, terroristes, pirates) sans qu’existe une « ligne de front » clairement définie. Nettement visible pendant les guerres civiles en Libye et en Syrie, ce facteur intrigue les penseurs militaires russes pour une autre raison se rapportant aux États-Unis et à l’Occident en général, à savoir la faiblesse de ces derniers dans les conflits menés en fonction des règles de la guerre non linéaire.
  • La perception publique négative des pertes humaines dues à la guerre – c’est là un facteur particulièrement pertinent aux yeux de la Russie et de l’ancienne URSS, vu les amères expériences vécues en Afghanistan (de 1979 à 1989) et en Tchétchénie (de 1994 à 2000) et les répercussions qu’elles ont eues sur l’État.
  • Des tâches nouvelles et atypiques, par exemple la protection de l’infrastructure et les défis auxquels les forces armées font face. Ces tâches nécessitent des actions rapides et hors normes, domaines où les forces armées soviétiques ont particulièrement échoué en Afghanistan.
  • La commercialisation de la guerre – un élément dont l’Union soviétique et, jusqu’à récemment, la Fédération de Russie ne se sont pas préoccupées. C’est cependant un domaine où les EMSP jouent un rôle de plus en plus important qui engendre d’énormes retombées économiques.

À ce stade-ci, il faut mentionner que l’année 2013 a été d’une importance capitale. Elle a marqué la mise en application concrète des préceptes théoriques élaborés antérieurement et allant totalement dans le sens du concept de « guerre de nouvelle génération » préconisé par le général Guérassimov. Ce processus a suivi deux axes et a donné lieu à la création des Forces d’opérations spéciales (FOS) – qui relèvent directement de l’État-major général – parfaitement adaptées aux réalités des affrontements non linéaires du nouveau type19. Conçues pour pouvoir accomplir une multitude de tâches – « […] la reconnaissance, le sabotage, la subversion, la lutte contre le terrorisme et le sabotage, la contre-ingérence, la guérilla, la lutte contre les partisans, et d’autres interventions20[…] » [TCO] –, les FOS peuvent collaborer avec les formations militaires locales et éliminer ainsi la lacune observée antérieurement chez les forces armées soviétiques et russes21. Comme ce sont « de grandes entités s’assimilant à une armée et composées de professionnels de haut niveau » [TCO], ces formations peuvent aussi fonctionner comme des groupes tactiques ou de petites unités s’apparentant aux Spetsnaz soviétiques22 et elles n’ont pas besoin de coordonner leurs actions avec d’autres branches des forces armées23. Une fusion des traditions soviétiques des Spetsnaz et des défis suscités par l’évolution de la nature de la guerre a été explicitement manifeste pendant les guerres civiles en Libye et en Syrie. Le deuxième axe s’est rapporté à l’émergence du Corps slave – l’EMS quasi privée de la Russie qui a précédé le Groupe Wagner créé par le Groupe Moran et qui a été anéanti en Syrie en 2013 : il s’agissait de commercialiser la guerre et de modifier les règles régissant les EMSP dominées par l’Occident. Les développements postérieurs à 2013 ont démontré on ne peut mieux que les deux éléments présentent les deux faces d’un même phénomène fondé sur les principes de l’asymétrie et de l’hybridité, l’expérience acquise dans le passé étant amalgamée avec la guerre dont la nature était en mutation.

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Un spetsnaz soviétique en Afghanistan.

Comment l’acier a été trempé : entre l’Ukraine et la Syrie (de 2014 à 2018)

Quand on parle des théâtres d’opérations et de l’évolution des EMS quasi privées russes, la Syrie et l’Ukraine occupent une place très particulière. La Syrie est devenue le « lieu de naissance » des EMS quasi privées contemporaines russes (2013), le théâtre de leur « triomphe » (de 2015 à 2017), leur « cimetière » apparent (2018) et leur « tremplin » vers d’autres missions. Parallèlement, l’Ukraine doit être perçue comme le « terrain d’essai » qui a aidé les EMS à remédier à leurs lacunes initiales du début de la période syrienne. En effet, le rôle de ces deux théâtres a été fort bien décrit par Igor Girkin/Strelkov, qui a déclaré : « […] la bataille de Debaltseve [Ukraine] a illustré le processus de la transformation profonde du Groupe Wagner qui, après avoir été une « société militaire privée », est devenu une véritable formation de choc qui a atteint son plein potentiel plus tard, en Syrie24. » [TCO]

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De présumés soldats russes portant une armure complète, armés de fusils d’assaut, à côté de la base militaire ukrainienne assiégée à Simferopol, en Crimée (Ukraine), le 5 mars 2014.

Le « chapitre ukrainien » a comporté trois nouveaux éléments clés. Tout d’abord, l’évolution des tâches accomplies et du rôle attribué aux entrepreneurs militaires privés. Pendant l’« opération de Crimée » (de janvier à mars 2014), les groupes d’EMS quasi privés ont joué un rôle auxiliaire auprès des FOS; un peu plus tard, quand les hostilités dans le sud-est de l’Ukraine se sont intensifiées (mai 2014), ces forces (le Groupe Wagner et le Corps ENOT) ont assumé un rôle central dans le cadre des opérations menées dans le territoire de l’oblast de Louhansk. Plus particulièrement, les missions exécutées par des membres des EMS quasi privées ont comporté des attaques frontales s’apparentant à celles de troupes de choc (bataille de l’aéroport de Louhansk et bataille de Debaltseve), la collecte de renseignements, des opérations d’information et psychologiques, des éléments de guérilla classique (la « descente » de l’Il-76), de même que des actions subversives telles que l’élimination de « forces d’opposition » parmi les séparatistes. Deuxième élément : la capacité de ces groupes de transférer et d’appliquer avec succès les connaissances acquises dans d’autres conflits régionaux. Par exemple, en Ukraine, le Groupe Wagner a opéré en se divisant en petites sections très manœuvrables faisant beaucoup appel à des véhicules hors route25 – c’était une leçon fort probablement apprise en Syrie, compte tenu de l’expérience désastreuse vécue par le Corps slave anéanti par des djihadistes employant la même tactique. Troisième élément : la « répartition des responsabilités » entre divers groupes de mercenaires. Par exemple, les hostilités dans le sud-est de l’Ukraine ont mis en lumière l’émergence de la société militaire privée (SMP) MAR, prétendument sous la protection du Service fédéral de sécurité (FSB) de la Fédération de Russie; cette société établie à Saint-Pétersbourg en 2014 a pris part à l’annexion de la Crimée et aux hostilités ultérieures dans le sud-est, mais contrairement au Groupe Wagner, elle n’a pas participé directement aux opérations militaires et s’est plutôt consacrée à des missions peu typiques par rapport à celles confiées aux groupes armés, telles des fonctions logistiques et la protection d’infrastructures essentielles26. Les événements postérieurs à 2017 ont montré que le rôle du Groupe Wagner en Ukraine a principalement évolué pour devenir celui d’une force employée pour soutenir un régime quasi indépendant en place et loyal à Moscou et aussi pour entraîner des militants recrutés localement, ce qui se compare aux rôles remplis par les entrepreneurs militaires russes en Afrique27.

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Des militants russes avec un chien d’assistance prennent part à une opération de déminage à la Citadelle d’Aleppo, en Syrie, le 2 février 2017.

En Syrie (de 2013 à 2018), les EMS quasi privées russes ont assumé un rôle clé dans les opérations militaires terrestres dès le début de leur mission; elles ont servi de troupes de choc et été exposées aux pires situations lors d’attaques frontales contre les forces opposées à Assad28. En raison de la « dénégation plausible », il est très difficile d’estimer avec précision l’ampleur des pertes (ou même le nombre cumulatif des entrepreneurs militaires privés ayant pris part aux hostilités) subies par les mercenaires russes. Le meilleur exemple est l’engagement militaire survenu près de Deir ez-Zor où certaines sources ont affirmé que les mercenaires russes y auraient perdu près de 200 hommes (selon d’autres sources, ce chiffre serait plus élevé), tandis que, dans leur déclaration officielle, les Russes ont dit que seulement cinq citoyens russes avaient été tués29 et que « plusieurs dizaines avaient été blessés30 » [TCO]. Il est intéressant d’observer que les autorités russes se servaient peut-être déjà du manque de clarté évident sur la question des EMSP pour altérer l’information et embrouiller ainsi les choses encore plus31. Par conséquent, à la lumière des renseignements disponibles (et confirmés par plusieurs sources, rapports ou témoignages), il est possible de faire plusieurs déductions au sujet des activités des EMS quasi privées russes en Syrie. Essentiellement, il est évident que les choses vont maintenant mieux. La défaite subie au début de 2018 fait l’objet d’une étude distincte, et ses résultats ne doivent pas induire les observateurs en erreur. Après un échec important subi en 2013, plus précisément la défaite du Corps slave près d’Al-Soukhna, le Groupe Wagner a rempli des missions extrêmement fructueuses et joué un rôle décisif lors des première et deuxième offensives de Palmira (en mars 2016 et 2017, respectivement) et aussi au cours de certains engagements de moindre envergure près de Lattaquié et d’Alep. En fait, une déclaration du général-colonel Aleksandr Dvornikov, alors commandant des Forces armées russes en Syrie (2016)32, et les comptes rendus d’anciens combattants du Groupe Wagner portent à croire qu’en Syrie, les ESM quasi privées russes ont été employées pour la première fois avec les FOS dans le cadre d’une mission militaire, au cours de laquelle elles ont constitué les troupes de choc pendant que les FOS étaient employées comme Spetsnaz d’élite. Soit dit en passant, ce modèle, qui a donné de bons résultats en Syrie, pourrait être employé par la Russie dans d’autres théâtres en cas de révoltes qui menaceraient la stabilité, ou d’affrontement avec des forces de l’OTAN ou des États-Unis, et ce, on peut le penser, avec encore plus de succès.

En dernière analyse, les épisodes ukrainien et syrien ont mis à profit trois qualités fondamentales, chacune ayant été grandement attribuable à l’avantage conféré par la « dénégation plausible », mises en évidence par les EMS quasi privées russes. Tout d’abord, ces dernières offraient une très grande souplesse, c’est-à-dire que les mercenaires russes « […] peuvent venir de n’importe où et être envoyés en déploiement n’importe où33 » [TCO]. En deuxième lieu, leurs coûts sont très faibles, les salaires moyens s’établissant entre 1 500 $ et 3 600 $ par mois, selon les qualifications demandées, le théâtre des opérations et la complexité de la mission34. Dans le cas de la Syrie, ce pays a assumé les frais. En outre, tant en Russie, où la majorité de la population ne nourrit aucun sentiment à l’égard des « mercenaires », qu’à l’étranger, l’effet des EMS quasi privées peut même, dans un certain sens, profiter au Kremlin d’un point de vue informationnel et psychologique pour ce qui est de sa réputation, car, étant donné que ces entreprises n’ont aucun statut légal, « […] l’Occident n’a pas vraiment de moyen pour en traduire les membres devant les tribunaux » [TCO]. En fin de compte, et c’est peut-être là l’aspect primordial, entre 2013 et 2018, les EMS quasi privées russes ont montré qu’elles pouvaient créer des zones d’instabilité et en conserver le contrôle, notamment en suscitant des tensions artificielles et des sentiments anti-gouvernementaux dans la population locale, ce qui est une qualité indispensable dans le cadre de la « guerre de nouvelle génération ».

Au-delà de 2018 : affaires et idéologie

La période postérieure à 2018 a ajouté de nouvelles dimensions à l’évolution des EMS quasi privées russes, dimensions qui ont inclus l’expansion des théâtres géographiques et l’importance grandissante des volets non militaires (géopolitique et géostratégique). Plus précisément, l’intensification des interventions russes en Afrique, qui comprennent surtout des activités dans des pays riches en ressources, mais politiquement instables et isolés sur la scène internationale, est activement appuyée par les EMS quasi privées. Jusqu’à maintenant, la présence d’entrepreneurs militaires privés russes a été officiellement confirmée en République centrafricaine35, au Soudan36 et en Libye (en 2012)37. Cependant, officieusement, ce théâtre d’opérations comprend aussi le Burundi, le Gabon, la République démocratique du Congo (RDC), le Yémen et le Mozambique38. Dans la période postérieure à 2014, on a vu que Moscou « […] cherchait davantage à exploiter des possibilités dans le périmètre englobant la Libye, le Soudan du Sud, la République démocratique du Congo, l’Éthiopie, la Somalie et le Yémen » [TCO]. On pourrait voir là une tentative de la part de la Russie d’accroître son influence dans « […] toute l’Afrique orientale […], y compris en Tanzanie, au Burundi, au Botswana et même en Angola, où elle s’adonne déjà à l’extraction de diamants et ambitionne d’accroître sa part dans la mise en valeur des hydrocarbures39 » [TCO]. En fait, comparativement à celles de la Chine, de la France et des États-Unis, les possibilités de la Russie en Afrique peuvent sembler minces pour le moment, mais cela est réversible, étant donné que Moscou possède des atouts, dont ses « exportations dans le domaine de la sécurité »40 [TCO]. Il convient de souligner qu’en Afrique, les tâches confiées aux EMS quasi privées russes et aux forces régulières diffèrent énormément de celles qu’elles assumaient en Syrie et en Ukraine. Plus précisément, la présence de la Russie en Afrique aurait entraîné l’émergence d’une nouvelle EMS quasi privée appelée Patriot, laquelle, contrairement au Groupe Wagner, serait composée de professionnels et de membres de toute première qualité provenant de l’appareil militaire russe et qui serait chargée de fonctions s’apparentant davantage aux pratiques occidentales (elle ne prend pas part aux combats)41. Les Services de sécurité Sewa sont présents également, et l’on dit qu’ils ont des liens étroits avec Evguéni Khodotov, qui a travaillé pour Evguéni Prigojine, un prétendu commanditaire du Groupe Wagner et de l’Internet Research Agency, organisation également connue sous le sobriquet de « Troll Farm »42. En outre, il importe de souligner que les pays africains où la présence d’EMS quasi privées russes est présumée (et confirmée) sont devenus des zones où agissent des consultants politiques et de grandes entités russes de recherche sociologique; ce sont là deux groupes qui ont pour rôle de renforcer la position des élites actuellement au pouvoir ainsi que les campagnes d’information pro-russes également commanditées par Prigojine43.

Un deuxième aspect qui a évolué de façon dangereuse après 2018 concerne la formation militaire patriotique des jeunes et le rôle que jouent les EMS quasi privées russes à cet égard. Il est essentiel de souligner que le Kremlin et le ministère russe de la Défense ont fait d’elle un des projets stratégiques du pays, tant en Russie même qu’à l’étranger, l’Armée de la jeunesse (Yunarmia) ayant pris la tête du mouvement44. Comme le précise Alla Hurska de la Jamestown Foundation, la relation entre les organisations militaires patriotiques et les EMS quasi privées grandit, et cela est manifeste en Russie même45 et dans les zones d’instabilité artificiellement créées, telles que le sud-est de l’Ukraine46. Parallèlement, un des exemples les plus vils de cette stratégie appliquée à l’étranger a été l’infâme « affaire Zlatibor » – un camp jeunesse fermé par le ministère serbe de l’Intérieur à l’été 2018.

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Le président de la Russie Vladimir Poutine, lors d’une conférence de presse tenue conjointement avec le président de la Serbie Aleksandar Vucic, au Kremlin, le 19 décembre 2017.

Cet épisode local a dégénéré en un scandale politique qui a nécessité l’intervention personnelle du président de la Serbie, Aleksandar Vucic, pour apaiser le mécontentement public47. Des enquêtes ultérieures, dont les autorités serbes ont en fin de compte minimisé l’importance, ont révélé plusieurs détails choquants. Il s’est avéré notamment que l’entraînement qui était prodigué à de jeunes Serbes comprenait une politisation anti-occidentale, et était l’œuvre conjointe d’anciens combattants de la Société de guerre yougoslave (dirigée par Željko Vukelic) et du Corps ENOT, ce dernier ayant activement participé aux hostilités dans le Donbass et l’un des moteurs de la formation de l’Union russe des volontaires du Donbass, une organisation-cadre de recrutement de forces mercenaires48. En outre, on a appris plus tard que les autorités serbes étaient déjà au courant de l’existence du camp, mais qu’elles n’avaient aucunement enquêté sur ses activités, tandis que le ministère russe des Affaires étrangères (MAE) lui avait accordé son appui total. Cet épisode survenu en Serbie a exposé un autre aspect des relations présentes entre le gouvernement russe, les EMS quasi privées, les forces irrégulières (Cosaques et gang de motards des Loups de la nuit ayant des liens étroits avec Vladimir Poutine) et le clergé (tant russe que local) et révélant une autre face des interventions de la Russie dans les Balkans.

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La première patrouille cosaque à assumer ses fonctions près de la gare de train de Belorusskiy, au centre de Moscou, le 27 novembre 2012.

Tous ces développements – présence accrue en Afrique (et peut-être même en Amérique latine49, avec d’éminents experts militaires choisis pour défier les États-Unis en établissant une alliance avec la Chine selon la formule « Argent chinois – Sécurité russe50 ») et dans les Balkans – met en lumière le fait que les EMS quasi privées russes sont devenues plus complexes et plus raffinées et qu’il ne faut pas voir en elles un phénomène distinct ou autonome. En effet, les EMS quasi privées russes font partie des « mesures actives 2.051 » de la Russie qui comprennent aussi la diffusion de fausses informations et la désinformation, la corruption indirecte, les opérations d’information (OI), l’«hacktivisme » et l’application de la « kompromat » (diplomatie « heavy-metal » – nouvelle stratégie visant à défier l’Occident dans les régions présentant une importance stratégique pour Moscou.

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Des membres du club de motards des Loups de la nuit assistent à une cérémonie dans le cadre du Jour de souvenir et de deuil qui marque le début de la Grande Guerre patriotique, à Kaliningrad, en Russie, le 17 juin 2015.

Conclusion

Afin de faire face efficacement aux EMS quasi privées russes, l’Occident doit élaborer et adopter un plan non conforme aux normes. D’abord et avant tout, il faut répondre à la question suivante : « Dans quelle mesure les EMS quasi privées de la Russie sont-elles effectivement «privées»? » Certains éléments probants supplémentaires [logistique, entraînement, commandement et contrôle, pertinence de l’Agence du renseignement militaire (GRU) et personnes proches du Kremlin] portent à croire que ces entités ne sont pas privées, mais qu’elles sont en fait parrainées et appuyées par l’État, qu’elles favorisent les intérêts du Kremlin et qu’elles agissent avec son soutien total52. La souplesse de ces entités, leur « universalisme » et le fait qu’elles ne rendent de compte à personne ou à peu près ajoutent à la complexité du dossier; en effet, ce sont là des caractéristiques des EMS quasi privées qui empêchent l’Occident de recourir à des sanctions, ou de demander légalement des comptes (par exemple en invoquant le Document de Montreux), ou d’adopter toutes les mesures militaires possibles. Les principaux problèmes de l’Occident reposent sur les réalités suivantes : a) les EMS quasi privées russes n’ont aucune existence légale; b) elles peuvent se présenter sous des noms déguisés tels que « sociétés militaires patriotiques », « organisations de vétérans », ou « entreprises offrant des services de sécurité »; c) elles peuvent être invitées par des régimes politiques légitimes à titre d’« instructeurs ou de spécialistes militaires ». De plus, si ces entreprises sont appuyées ou, plus probable, coordonnées par l’État-major général, l’Agence du renseignement militaire, le Service fédéral de sécurité et, possiblement, le ministère des Affaires étrangères, alors les rapports avec ces entités de niveau supérieur seront encore plus difficiles et préoccupants. À ce stade-ci, il faut mentionner trois épisodes. Le premier s’est produit le 27 mars 2018 et concernait la légalisation des EMS quasi privées. Malgré la profitabilité éventuelle de ces dernières et le soutien entier antérieur accordé à la légalisation par le ministre des Affaires étrangères, Sergei Lavrov, l’ancien vice-premier ministre pour l’Industrie de la Défense et de l’Espace, Dimitri Rogozine, d’importants siloviki et le Président Vladimir Poutine lui-même, en définitive, cette option a été rejetée à l’unanimité par le ministère de la Défense, le ministère des Affaires étrangères, la Garde nationale russe (Rosgvardia), le Service fédéral de sécurité (FSB), le Service du renseignement étranger (SVR) et le Service fédéral de protection de la Fédération de Russie (FSO)53. Le deuxième épisode s’est produit quand Poutine a parlé du Groupe Wagner, en décembre 2018 « […] capable de promouvoir ses intérêts commerciaux n’importe où dans le monde54 ». Non seulement il admettait ainsi l’existence du Groupe, mais il lui signifiait aussi qu’il approuvait ses opérations et actions. Le troisième épisode (décembre 2016) concerne Dimitri Outkin, commandant présumé du Groupe Wagner, et certains de ses associés, également liés aux EMS quasi privées, qui ont participé à un gala offert au Kremlin où ils ont été décorés de l’Ordre du Courage, un fait que le Kremlin a confirmé55.

Agence de presse ITAR-TASS/Alamy Stock Photo/HE0AC7

Photos de militaires du district militaire de l’Extrême-Orient russe, membres de la Garde nationale, durant une cérémonie d’allégeance militaire dans l’Allée des héros, à Vladivostok, en Russie, le 17 décembre 2016.

Enfin, il ne faut pas nier un autre aspect que nous pourrions définir comme étant « l’effet de l’hydre ». En effet, le massacre survenu au début de février 2018 près de Deir ez-Zor où de lourdes pertes ont été infligées par les insurgés aux mercenaires russes, n’a pas découragé de nouveaux membres à se joindre aux EMS quasi privées. Et cela s’explique facilement. Les avantages dont bénéficient les entrepreneurs militaires privés sont en effet considérables quand on les compare aux privations que les hommes d’un certain âge ayant une expérience militaire et leur famille subissent dans les provinces éloignées de la Russie, surtout dans les conditions économiques difficiles présentes en Russie depuis 201356.

Diana Ninov/Alamy Stock Photo/A7ATT8

Annonce publicitaire en russe traduite comme suit : « Je choisis de m’engager auprès de l’armée de mercenaires ». Photographie prise à Tcheliabinsk, une ville de l’Ouest de la Sibérie, le 15 décembre 2004.

Notes

  1. « ?????: ????????? ? ???????? ?? ?? ?? ??????? – ???????? », dans BBC, 17 avril 2014. Voir le site https://www.bbc.com/russian/rolling_news/2014/04/140417_rn_shoygu_ukraine_military.
  2. « ????????: ?? ????? ???????? ? ????? ??????? ?? ??? ?? ?????????? ????? ??????? ?? «??? ??????? », ??????? ????????? «???????» ?????? », Newsru.com, 9 février 2018. Voir le site https://www.newsru.com/russia/09feb2018/accuseklautod.html.
  3. Sergey Sukhankin, « The Russian State’s Use of Irregular Forces and Private Military Groups: From Ivan the Terrible to the Soviet Period », dans War by Other Means, Washington, Jamestown Foundation, 12 avril 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/the-russian-states-use-of-irregular-forces-and-private-military-groups-from-ivan-the-terrible-to-the-soviet-period/.
  4. Quand Carsten Rohde, un marchand et pirate né dans l’arrondissement de Dithmarse, a été utilisé par le camp russe pour mener des opérations militaires en mer Baltique contre les forces navales suédoises et polonaises.
  5. Le meilleur exemple de cela réside dans la soi-disant « Milice du peuple » (narodnoye opolcheniye), formée à l’origine en 1610 et composée d’un mélange particulier d’entrepreneurs militaires et de partisans/guérilleros russes et non russes : elle a réussi à chasser les forces polonaises de Moscou (1612), entraînant la montée de la dynastie des Romanov (1613).
  6. En URSS, l’expression « acteurs non étatiques » ne correspond pas à une catégorisation reconnue.
  7. ?????? ???????, « «??????? ?????» ? ?????? », dans ??????? ??????. Ouvrage consulté le 10 avril 2019. Voir le site http://oficery.ru/security/3740.
  8. ????????? ?????, « ??????? ????????? ? ????? ???????? ???????? », dans , no 2 (6), 2015, p. 27–48.
  9. Sergey Sukhankin, « From ‘Volunteers’ to Quasi-PMCs: Retracing the Footprints of Russian Irregulars in the Yugoslav Wars and Post-Soviet Conflicts », dans War by Other Means, Washington, Jamestown Foundation, 25 juin 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/from-volunteers-to-quasi-pmcs-retracing-the-footprints-of-russian-irregulars-in-the-yugoslav-wars-and-post-soviet-conflicts/.
  10. Cette tendance a été manifeste jusqu’à la fin de la guerre du Caucase (de 1817 à 1864) ayant opposé l’Empire russe à la population autochtone du Caucase septentrional.
  11. Fait intéressant, l’idée d’employer l’expérience acquise par les Soviétiques dans leur guerre contre les nazis (entre 1941 et 1945) pour former les forces spéciales, munies des connaissances de la guerre non linéaire, avait été formulée la première fois par le maréchal soviétique Gueorgui Joukov au début des années 1950.
  12. Sergey Sukhankin, 12 avril 2019
  13. Christopher R. Spearin, « Russia’s Military and Security Privatization », dans Parameters, the US Army War College Quarterly, vol. 48, no 2, été 2018, p. 39-49. Voir le site https://publications.armywarcollege.edu/pubs/3659.pdf.
  14. Sergey Sukhankin, « ‘Continuing War by Other Means’: The Case of Wagner, Russia’s Premier Private Military Company in the Middle East », dans Russia in the Middle East, Washington, Jamestown Foundation, 13 juillet 2018. Voir le site https://jamestown.org/program/continuing-war-by-other-means-the-case-of-wagner-russias-premier-private-military-company-in-the-middle-east/.
  15. L’emploi de ce modèle a été démontré à trois occasions bien connues, au cours de trois périodes historiques distinctes, quand la Russie / l’Union soviétique a eu recours à des forces mercenaires / irrégulières pour atteindre des objectifs géopolitiques précis : en 1970, le maréchal Andreï Gretchko, ministre de la Défense de l’URSS, a fait savoir aux pilotes soviétiques envoyés au Moyen-Orient que l’URSS ne serait pas responsable de leur sort si jamais ils étaient abattus et capturés pendant les hostilités; en 1994, le ministre de la Défense Pavel Gratchiov a qualifié de « mercenaires » les forces armées actives russes rassemblées en secret pour renverser Djokhar Doudaïev, ce qui lui a permis ainsi de nier toute participation de l’État russe à l’affaire; en 2018, Maria Zakharova, Directrice du département de l’information et de la presse au ministère des Affaires étrangères, a dénoncé la participation de mercenaires appuyés par l’État à un combat mené avec les forces coalisées.
  16. ????? ???????, ????? ????, « ??????? ????? ??? ??????????: ??????? ?????? ??????????? ????????? ??????? ????????? », dans The Bell, 29 janvier 2019. Voir le site https://thebell.io/41889-2/.
  17. ??????? ?????????, « ???????? ????? ? ??????????? », dans ??????-???????????? ??????, 26 février 2013. Voir le site https://vpk-news.ru/articles/14632.
  18. Sergey Sukhankin, « War, Business and Ideology: How Russian Private Military Contractors Pursue Moscow’s Interests », dans War by Other Means, Washington, Jamestown Foundation, 20 mars 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/war-business-and-ideology-how-russian-private-military-contractors-pursue-moscows-interests/.
  19. Sergey Sukhankin, « Russian Special Operations Forces: Image Versus Substance », dans Eurasia Daily Monitor, volume 16, numéro 43, 27 mars 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/russian-special-operations-forces-image-versus-substance/.
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  21. Cette qualité des FOS a été mise à l’épreuve en Syrie, où ces forces ont affronté le Hezbollah et coopéré avec les forces armées syriennes.
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  31. Sergey Sukhankin, « Vega Strategic Services: Russian PMCs as Part of Information Warfare? », dans Eurasia Daily Monitor, volume 16, numéro 51, 10 avril 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/vega-strategic-services-russian-pmcs-as-part-of-information-warfare/.
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  41. Sergey Sukhankin, « Russia’s New PMC Patriot: The Kremlin’s Bid for a Greater Role in Africa? », dans Eurasia Daily Monitor, volume 15, numéro 115, 1er août 2018. Voir le site https://jamestown.org/program/russias-new-pmc-patriot-the-kremlins-bid-for-a-greater-role-in-africa/.
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  44. Sergey Sukhankin, « Yunarmia: A Call from the Past, or Farewell to the Future? », dans Diplomaatia, 8 juin 2018. Voir le site https://icds.ee/yunarmia-a-call-from-the-past-or-farewell-to-the-future/; Sergey Sukhankin, « Russia’s ‘Youth Army’: Sovietization, Militarization or Radicalization? », dans Eurasia Daily Monitor,volume 13, numéro 180, 9 novembre 2016. Voir le site https://jamestown.org/program/russias-youth-army-sovietization-militarization-radicalization/.
  45. Alla Hurska, « Putin Seeks to Garner Support of Russian Youth Through Military-Patriotic Upbringing (Part Two) », dans Eurasia Daily Monitor, volume 16, numéro 53, 15 avril 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/putin-seeks-to-garner-support-of-russian-youth-through-military-patriotic-upbringing-part-two/.
  46. Alla Hurska, « Ukraine’s Occupied Donbas Adopts Russia’s Youth Militarization Policies », dans Eurasia Daily Monitor, volume 16, numéro 77, 28 mai 2019. Voir le site https://jamestown.org/program/ukraines-occupied-donbas-adopts-russias-youth-militarization-policies/.
  47. ????? ????????????, « ??????? ??????? ??????? ??????????????? ?????? ?? ????????? », dans Senica.ru, 18 août 2018. Voir le site http://www.senica.ru/serbia/news/policiya-zakryla-detskiy-voenizirovannyy-lager-na-zlatibore.
  48. Sergey Sukhankin, « Russian PMCs, War Veterans Running ‘Patriotic’ Youth Camps in the Balkans (Part One) », dans Eurasia Daily Monitor, volume 15, numéro 151, 24 octobre 2018. Voir le site https://jamestown.org/program/russian-pmcs-war-veterans-running-patriotic-youth-camps-in-the-balkans-part-one/; https://jamestown.org/program/russian-pmcs-war-veterans-running-patriotic-youth-camps-in-the-balkans-part-two/.
  49. Andrew Roth, « Russian mercenaries reportedly in Venezuela to protect Maduro », dans The Guardian, 25 janvier 2019. Voir le site https://www.theguardian.com/world/2019/jan/25/venezuela-maduro-russia-private-security-contractors.
  50. Sergey Sukhankin, « Will Nicaragua Become Russia’s ‘Cuba of the 21st Century?’ », dans Eurasia Daily Monitor, volume 15, numéro 118. Voir le site https://jamestown.org/program/will-nicaragua-become-russias-cuba-of-the-21st-century/.
  51. Afin d’en savoir plus sur les mesures actives soviétiques, voir Ladislav Bittman, The KGB and Soviet Disinformation: An Insider’s View, Pergamon Pr. 1985.
  52. Denis Korotkov, « Spisok Vagnera », dans Fontanka.ru, 21 août 2017. Voir le site http://www.fontanka.ru/2017/08/18/075/; Ilya Rozhdestvensky, Anton Baev, Polina Rusyaeva, « Vagner, Molkino, CHVK — spekulyatsiya infopovodom », dans Soldat.pro, 28 août 2016. Voir le site https://soldat.pro/2016/08/28/vagner-molkovo-chvk-spekulyaciya-infopovodom/; Ilya Rozhdestvensky, Anton Baev, Polina Rusyaeva, « Prizraki voyny: kak v Sirii poyavilas rossiyskaya chastnaya armiya », dans RBK, 25 août 2016. Voir le site https://www.rbc.ru/magazine/2016/09/57bac4309a79476d978e850d.
  53. « ????????????? ?? ?? ?????????? ???????????? ? ??????? ??????? ????????? », dans Interfax, 27 mars 2018. Voir le site http://www.interfax.ru/russia/605539.
  54. « “??? ????? ???????????? ???? ??????-???????? ? ????? ????? ???????». ????? — ? ??? “??????” », dans Meduza, 20 décembre 2018. Voir le site https://meduza.io/news/2018/12/20/oni-mogut-prodavlivat-svoi-biznes-interesy-v-lyuboy-tochke-planety-putin-o-chvk-vagner.
  55. « ????? ???????? ? ?????? ????????? ?????????? ?????????. ??? ? ??? ????????? », dans Meduza, 15 décembre 2016. Voir le site https://meduza.io/feature/2016/12/15/putin-prinimal-v-kremle-komandira-rossiyskih-naemnikov-chto-my-o-nem-znaem.
  56. Sergey Sukhankin, « What is the Wagner Group? », dans BBC (radio programme), 25 mars 2019. Voir le site https://www.bbc.co.uk/programmes/w3cswqvs.