OPINIONS

J.A. Millar/Bibliothèque et Archives Canada/PA-000634

Le premier contingent à destination de Plymouth, en Angleterre.

La 1re Ambulance de campagne et la Grande Guerre de 1914 à 1918

par Jeff Biddiscombe

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Introduction/Mobilisation

La Première Guerre mondiale a commencé après que l’Allemagne eut déclaré la guerre à la Russie, le 1er août 1914. La Grande-Bretagne a réagi en déclarant la guerre à l’Allemagne le 4 août. La Grande-Bretagne est entrée en guerre avec tous les dominions de son empire, y compris le Canada. À Ottawa, le gouverneur général a publié un décret en conseil, le 6 août, afin de mobiliser les premières unités canadiennes. La 1re Ambulance de campagne a été mise sur pied en septembre 1914, à Valcartier, ses effectifs ayant été puisés dans diverses unités médicales de l’Est du Canada1. Le 30 septembre, la 1re Ambulance de campagne a quitté Québec à bord du S.S. Megantic au sein du Premier contingent en route vers l’Angleterre2. Après son arrivée, le 14 octobre, l’unité a passé l’hiver à Salisbury Plain avant de partir pour la France le 8 février 19153.

Beaverbrook Collection of War Art, Canadian War Museum, CWM 19710261-0110

« La Première Division canadienne débarque à Saint-Nazaire, 1915 », par Edgar Bundy.

Ypres

Avril 1915. La 1re Ambulance de campagne est arrivée en France le 12 février 19154 et est entrée en action la première fois le 23 avril, sur le front de l’Ouest, à Ypres, après que les Alliés aient essuyé une attaque-surprise exécutée par une force ennemie quatre fois plus nombreuse que la leur. Après des barrages d’artillerie qui avaient duré des semaines, les Allemands ont fait précéder leur assaut au sol par une attaque avec des gaz toxiques. « Ils [les soldats gazés] titubaient, ils étaient faibles et hébétés et ils avaient les yeux injectés de sang et une toux sèche. Certains étaient secoués par des accès de vomissements; tous souffraient d’une dyspnée intense et avaient un pouls rapide et, dans les pires cas, les soldats affichaient un horrible teint terreux5 [TCO]. » Quand les Canadiens ont été retirés des combats, le 4 mai, les trois ambulances de campagne canadiennes et les deux ambulances britanniques en déploiement près du champ de bataille s’étaient occupées de 10 000 blessés alliés6.

MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-000634

Une ambulance tirée par des chevaux à un poste de secours avancé, septembre 1916.

Festubert

Mai 1915. Les Alliés étant passés à l’attaque, les forces allemandes se sont défendues de nouveau avec des gaz toxiques, tout en employant une nouvelle arme : des projectiles illicites appelés « balles dum-dum » (balles renversées dans leur cartouche). Ces projectiles ont causé les pires blessures jamais vues par le personnel médical canadien : « de terribles lacérations des tissus et la production d’horribles blessures de sortie béantes7 [TCO]. » Les 1re, 2e et 3e Ambulances de campagne se sont réunies pour former une seule grande unité8 et elles ont traité ensemble plus d’un millier de blessés alliés au cours de cette bataille9.

MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-001024

Utilisation d’un tramway pour évacuer les blessés à la crête de Vimy, avril 1917.

Crête de Vimy

Du 9 au 12 avril 1917. Les Canadiens ont combattu pour la première fois en tant que corps d’armée au cours de la bataille de la crête de Vimy. Après des mois de planification et d’exercices, les quatre divisions canadiennes ont pris la crête d’assaut à 5 h 30 sous la couverture d’un violent barrage d’artillerie fourni par presque 1 000 pièces. Plus de 15 000 fantassins ont constitué la première vague, et la majeure partie de la crête avait été prise à midi, le premier jour. Cependant, la victoire a coûté cher : 3 598 morts et 7 000 blessés. « Des hommes blessés jonchent le sol dans la boue, dans les trous d’obus et dans les cratères creusés par les mines; certains hurlent en direction du ciel, d’autres gisent en silence, les uns implorant de l’aide, les autres luttant pour ne pas être engloutis dans les cratères10. » Au début, la 1re Ambulance de campagne a appuyé nos troupes en s’occupant de la principale infirmerie de campagne du Corps d’armée, avec les 4e, 8e et 10e Ambulances de campagne11. Le troisième jour, l’unité s’est déplacée vers l’avant pour se charger de retrouver les blessés jonchant encore le champ de bataille, tandis que la 1re Division canadienne poursuivait sa progression12.

MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-001404

Des Canadiens ayant subi de graves blessures sont évacués du poste de secours avancé vers l’Angleterre, juin 1917.

Les 100 derniers jours

D’août à novembre 1918. Après avoir réussi à repousser une grande offensive allemande, les Alliés ont amorcé leur offensive finale pour gagner la guerre, en déclenchant une attaque à Amiens, le 8 août13. Pendant la première bataille de la nouvelle offensive, la 1re Ambulance de campagne s’est occupée de la principale infirmerie du Corps canadien, avec le soutien des 2e, 3e, 5e, 10e et 14e Ambulances de campagne. Après une avance rapide et vaste à Amiens, le Corps canadien a été transporté au nord d’Arras. Les Alliés ont déclenché leur attaque à Arras le 26 août et ils ont avancé jusqu’au Canal du Nord en deux semaines, moyennant des pertes de 13 000 hommes, dont 9 500 Canadiens. Cambrai a été prise le 9 octobre, et 10 000 autres Canadiens ont alors été blessés. Enfin, il y a eu la bataille de Mons, le 11 novembre 1918. Au cours de ces 100 derniers jours de la guerre, la 1re Ambulance de campagne a soutenu la 1re Division canadienne pendant toute l’offensive14.

Collection d’art militaire Beaverbrook, Musée canadien de la guerre, MCG 19710261-0813

Le retour à Mons, une peinture d’Inglis Sheldon-Williams.

L’Armistice

De novembre 1918 à janvier 1919. Après l’entrée en vigueur de l’Armistice, le 11 novembre, les Alliés ont occupé l’Allemagne à l’ouest du Rhin, aux termes de l’entente. Les deux plus anciennes divisions canadiennes, soit la 1re et la 2e, ont été choisies pour faire partie de cette première force d’occupation alliée. Le 13 décembre, la 1re Division canadienne a franchi le Rhin à Cologne et a établi une tête de pont sur la rive est. Quant à elle, la 1re Ambulance de campagne a mis sur pied le poste de repos divisionnaire au sud-est de Cologne, à Wahn15.

Collection d’art militaire Beaverbrook, Musée canadien de la guerre, MCG 19710261-0343

L’Olympic rapatriant des soldats, une peinture d’Arthur Lismer réalisée avant qu’il se joigne au Groupe des Sept.

Démobilisation

Après avoir été relevée à la tête de pont de Cologne, le 9 janvier 1919, la 1re Ambulance de campagne a entrepris le long voyage de retour au Canada, le 10 janvier16. À la suite d’une période d’attente de six semaines en Belgique, l’unité s’est embarquée pour l’Angleterre le 16 mars, puis elle a pris le chemin du Canada le 14 avril, à bord du S.S. Olympic. Le personnel de la 1re Ambulance de campagne est arrivé à Kingston, en Ontario au début de mai; il a été démobilisé par l’intermédiaire du poste de dispersion local pour le secteur « H ». Après un dernier examen administratif et financier, la 1re Ambulance de campagne a été officiellement dissoute au moyen de l’ordre général no 211, le 15 novembre 192017, et c’est alors que sa longue et distinguée période de service pendant la Grande Guerre a pris fin.

MDN/Bibliothèque et Archives Canada/PA-003944

Le commandant et des sous-officiers de la 1re Ambulance de campagne, janvier 1919.

Le capitaine de vaisseau Jeff Biddiscombe, MMM, CD, était le commandant de la 1re Ambulance de campagne basée à Edmonton à partir de juillet 2016 à mars 2019. Il s’intéresse tout particulièrement à l’histoire du Service de santé royal canadien.

Carte du front occidental, 1914-1918 – Opérations du Corps expéditionnaire canadien.

Direction – Histoire et patrimoine, MDN

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Notes

  1. J.G.Adami, War Story of the Canadian Army Medical Corps, Westminster, Royaume-Uni, Colour, 1918.
  2. Bibliothèque et Archives Canada, Service de santé de l’armée canadienne [document PDF]. Extrait du Guide des sources pour les unités du Corps expéditionnaire canadien. Voir le site http://www.bac-lac.gc.ca/fra/decouvrez/patrimoine-militaire/premiere-guerre-mondiale/Pages/unites-corps-expeditionnaire-canadien.aspx.
  3. S. MacPhail, Official History of the Canadian Forces in the Great War 1914-19: The Medical Services, Ottawa, Imprimeur du Roi, 1925.
  4. Journaux de guerre [War Diaries—1st Canadian Field Ambulance 1914/10/14—1916/12/31]. Fonds du ministère des Forces armées outre-mer du Canada. RG9-III-D-3. Numéro de volume/boîte : 5026. Nº de dossier : 822. Numéro du contenant copié : T-10913. Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa, le 15 mai 2018.
  5. Adami, p. 103.
  6. Ibid.
  7. Ibid., p. 200.
  8. MacPhail,
  9. Adami.
  10. Historica Canada, La crête de Vimy. Voir le site < https://thecanadianencyclopedia.ca/fr/article/le-crete-de-vimy-et-la-naissance-dune-nation>.
  11. MacPhail.
  12. Adami.
  13. MacPhail.
  14. A.E. Snell, The C.A.M.C. with the Canadian Corps during the Last Hundred Days of the Great War, Ottawa, Imprimeur du Roi, 1924.
  15. Ibid.
  16. Journaux de guerre [War Diaries—1st Canadian Field Ambulance, 1917/01/01—1919/03/15], Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa, le 15 mai 2018.
  17. Documents textuels. [Démobilisation de la 1re Ambulance de campagne.] Fonds du ministère de la Défense nationale, RG24-C-1-a. Numéro de volume/boîte : 1539. Numéro de dossier : HQ-683-131-5. Partie 1 du dossier. Bibliothèque et Archives Canada, Ottawa, le 15 mai 2018.