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Critiques de livres

Through the hitler line: memoirs of an infantry chaplain

par Laurence F. Wilmot, MC
Wilfrid Laurier University Press, Waterloo (Ontario), 148 pages, 29,95 $
Compte rendu par le révérend major (ret.) Arthur Gans

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Couverture de livreLe livre de Laurence F. Wilmot, Through the Hitler Line, est appelé à mon avis à devenir un classique. Dans une langue simple et claire, Wilmot raconte sa vie au sein du West Nova Scotia Regiment en 1943-1945. L’ouvrage couvre la campagne du bataillon à partir du nord d’Ortona jusqu’à la fin de la guerre en Europe.

Ce livre présente le point de vue d’un aumônier sur des combats qui ont été parmi les plus féroces de la guerre, mais c’est aussi le portrait d’un bataillon d’infanterie au combat, l’histoire des liens qui se sont tissés et la description des actions d’un excellent aumônier et de la façon dont il concevait son devoir.

Nettement plus âgé que la plupart des autres membres du West Nova Scotia Regiment, Laurie Wilmot avait passé plusieurs années dans le diocèse de Brandon, au Manitoba. Il était marié et père de famille. Durant ses études universitaires, il avait fait partie du corps-école d’officiers canadiens et il avait tenté de joindre les rangs des forces armées dès le début de la guerre, mais son évêque avait refusé de le relever de ses fonctions. Finalement, en 1942, il a réussi à vaincre l’opposition de l’évêque et s’est enrôlé. Après son entraînement de base, il a été affecté à l’hôpital militaire n° 2 de l’armée canadienne et a été envoyé outre-mer, d’abord en Algérie puis à Naples. Le 10 février 1943, il a été rattaché au West Nova Scotia Regiment et a fait partie de la 3e brigade de la 1ère division canadienne. Il est arrivé dans cette unité à temps pour voir la fin de la bataille d’Ortona.

Comme beaucoup d’aumôniers, Wilmot a mis du temps à s’intégrer. Le bataillon ayant perdu son aumônier quelques semaines plus tôt, le capitaine Wilmot a dû tout d’abord rattraper le retard, notamment répondre aux besoins des troupes qui avaient livré de violents combats. Il a dû également faire connaissance avec les officiers avec qui il travaillerait, y compris le commandant qui venait d’entrer en fonctions. Apparemment, celui-ci n’aimait pas beaucoup les aumôniers, antagonisme que Wilmot parviendra à vaincre. Il lui a fallu du temps, mais il a fini par devenir un membre important de l’équipe.

Wilmot est, selon moi, l’aumônier d’unité par excellence. Il connaissait bien ses ouailles et savait transmettre au commandant l’information dont celui-ci avait besoin pour prendre des décisions éclairées. Wilmot collaborait étroitement avec le personnel médical et les brancardiers, qu’il a menés sur les champs de bataille pour chercher les morts et les blessés lors des plus violents combats. Deux fois recommandé pour la Croix militaire, il a été décoré pour ses services pendant la bataille de Foglia.

L’une des choses qui m’a le plus intéressé est le commentaire de l’auteur sur le respect que les soldats allemands éprouvaient pour la Croix-Rouge. Wilmot avait toujours sur lui le drapeau de cet organisme et, lorsqu’il dirigeait les brancardiers, il prenait un bâton qu’il tenait très haut pour que le drapeau soit bien visible. Il écrit à la page 82 : « J’ai sorti de ma poche le drapeau de la Croix-Rouge, l’ai accroché à une branche de saule et l’ai levé très haut; puis, je me suis relevé et j’ai fait signe aux hommes de me suivre. Tous les brancardiers, qui avaient ce drapeau dans leur poche, ont fait de même, et nous avons avancé sans essuyer de tirs directs de l’ennemi, qui a reconnu nos drapeaux et respecté les règles de la Convention de Genève. » [TCO] Il raconte ensuite que, à leur arrivée sur le champ de bataille, tous les officiers et une grande partie de leurs hommes avaient été tués ou blessés. Je laisse au lecteur le récit de cette évacuation. Je me contenterai de dire que, sur mon tableau d’honneur, le nom de Laurence Wilmot figure en tête de liste.

C’est un petit livre que je recommande sans hésitation aux aumôniers comme aux dirigeants des troupes. Contrairement aux manuels, il fait découvrir des noms et des visages et met en lumière le rôle d’un bon aumônier au sein d’une unité. C’est aussi l’histoire admirablement bien racontée de quelques-uns des combats les plus violents auxquels ont pris part les troupes canadiennes pendant la Seconde Guerre mondiale. Cet ouvrage enrichit les journaux de guerre et l’histoire officielle. Il comporte des cartes de bonne qualité et des photographies. Le major H. M. Eisenhauer, le dernier commandant du West Nova Scotia Regiment en temps de guerre, dit de cet ouvrage : « C’est un livre sur la guerre et la bravoure, mais c’est surtout l’histoire d’une foi inébranlable, l’histoire d’un pasteur qui, tous les matins, remet sa vie entre les mains de Dieu et fait résolument face aux dangers qui se présentent. Ceux qui liront son histoire percevront la portée de cette foi et la présence protectrice de Dieu dans tous les aspects de la vie. » [TCO]

L’édition reliée du livre de Laurie Wilmot a été publiée avant son décès, en décembre 2003. L’ouvrage a eu tant de succès que les presses de l’université Wilfrid-Laurier l’ont publié en format de poche. C’est une lecture que je recommande à tous ceux qui se trouvent en position d’autorité et à tous les aumôniers. Et ceux qui songent à écrire leurs mémoires ne pourront pas trouver de meilleur modèle.

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Le révérend major (ret.) Arthur Gans s’intéresse tout particulièrement aux questions d’éthique militaire.