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Critiques de livres

Nous nous souviendrons : Critique des livres marquant le 60e anniversaire du jour J

JUNO BEACH: CANADA’S D-DAY VICTORY, JUNE 6, 1944

par Mark Zuehlke
Douglas & McIntyre, Vancouver
415 pages, 35 $

JUNO: CANADIANS AT D-DAY JUNE 6, 1944

par Ted Barris, avant-propos de John Keegan
Thomas Allen Publishers, Toronto
310 pages, 34,95 $

D-DAY: JUNO BEACH CANADA’S 24 HOURS OF DESTINY

par Lance Goddard, avant-propos du major général Richard Rohmer
Dundurn Press, Toronto
256 pages, 29,95 $

D-DAY: CANADIAN HEROES OF THE FAMOUS WORLD WAR II INVASION

par Tom Douglas
Altitude Publishing Canada Ltd., Canmore
144 pages, 9,95 $

Compte rendu par le major Michael Boire

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Couverture de livreSi l’on en juge par la qualité de ces livres, 2004 aura été une bonne année pour l’histoire militaire canadienne. Ces ouvrages d’histoire populaire sont novateurs dans la mesure où ils rapportent non seulement ce qui s’est passé à Juno Beach mais aussi ce qu’ont ressenti les jeunes Canadiens ce jour-là. Clairs, instructifs et à la portée de tous, ils plairont aux lecteurs qui sont de plus en plus nombreux à s’intéresser aux combats auxquels ont participé les Canadiens. En tant que livres commémoratifs, ils mettent en lumière les faits d’armes des jeunes soldats, marins et aviateurs canadiens sur de lointains champs de bataille, il y a 60 ans.

À des degrés divers, les auteurs se sont efforcés de garder un juste milieu entre la perspective historique et la description détaillée des événements. Dans chacun des ouvrages, la présentation du contexte stratégique et politique permet de comprendre pourquoi la victoire dépendait du succès de l’invasion de l’Europe continentale et pourquoi les Canadiens ont tenu à jouer un rôle de premier plan dans cette opération. Les auteurs abordent ensuite les dangers auxquels ont fait face les militaires canadiens en mer, sur terre et dans les airs; ils donnent tous aux trois forces de combat l’attention qu’elles méritent.

Couverture de livreL’apport le plus marquant de ces ouvrages aux études canadiennes sur le jour J est peut-être la mise en lumière du rôle prépondérant qu’a joué la Marine royale du Canada, rôle que minimise souvent l’historiographie militaire canadienne. Les équipages des dragueurs de mines canadiens ont risqué leur vie pour dégager la voie devant les forces alliées; les équipages des navires de débarquement ont fait preuve d’une détermination à toute épreuve pour mener les troupes au bon endroit au bon moment; et les groupes d’escorte étaient prêts à déjouer toute tentative allemande pour arrêter la flotte d’invasion. Aucun de ces auteurs ne passe non plus sous silence le rôle de notre force aérienne. Les 5 et 6 juin, les unités canadiennes de bombardement et les pilotes de chasse ont effectué de nombreuses missions pour détruire les batteries côtières et couvrir les plages du débarquement. Leur aventure est bien décrite.

Couverture de livreEn tête de liste, l’ouvrage de Mark Zuehlke, Juno Beach, présente de manière passionnante le rôle clé joué par les trois forces canadiennes le jour J. L’histoire est centrée sur les soldats-citoyens volontaires de la 3e division d’infanterie canadienne, qui ont livré la majeure partie des combats et subi les plus grandes pertes ce jour-là. Zuehlke conclut que le leadership tactique éclairé et l’entraînement rigoureux que la division avait suivi en Angleterre pendant un an lui ont donné l’avantage dont elle avait besoin pour percer la défense sur les plages et combattre les défenses allemandes de plus en plus denses dans l’arrière-pays. L’auteur souligne également que « l’une des qualités essentielles du soldat canadien était qu’il continuait à se battre malgré les pertes qui minaient la structure de commandement de son bataillon [...] et que l’indépendance d’esprit alliée à un sens aigu de la communauté, si caractéristique des Canadiens, a largement contribué à la victoire remportée à Juno Beach. » [TCO] Les conclusions sont solides et reflètent fidèlement l’ampleur des réalisations de la division ce jour-là. Zuehlke est l’auteur le plus prolifique d’ouvrages populaires sur l’histoire militaire canadienne. Il démontre une fois de plus ce qui lui vaut sa popularité.

Couverture de livreJuno: Canadians at D-Day, de l’auteur et communicateur chevronné, Ted Barris, est un geste personnel de commémoration. Il s’agit d’un document à la fois sincère et direct. Les lecteurs, qui attendent beaucoup d’un auteur comptant une douzaine de titres à son actif, ne seront pas déçus. Le compte rendu des combats est bien mené et équilibré. L’auteur donne la parole aux représentants des trois forces, bien que celle des soldats de l’armée de terre domine. À l’instar de Zuehlke, Barris tient à donner aux souvenirs des anciens combattants une place prépondérante, au détriment des sources historiques habituelles. Ces deux auteurs intègrent avec une surprenante adresse dans le texte et la bibliographie de l’ensemble de leurs livres l’éventail des sources à la disposition des chercheurs. Ils combinent efficacement les sources primaires, tels les souvenirs des combattants, les journaux de guerre des unités, les témoignages et les articles de journaux de l’époque, et les sources secondaires de haut niveau, que sont les écrits des principaux historiens de la guerre. Ces deux auteurs sont peutêtre de meilleurs chercheurs qu’ils ne sauraient l’admettre. Encore un exemple de modestie bien canadienne?

L’histoire illustrée de Lance Goddard, D-Day: Juno Beach, complète son documentaire sur le jour J. Ces deux oeuvres sont fondées sur de nombreuses entrevues avec les vétérans du débarquement à Juno Beach. Bien que le sujet ait fait l’objet de nombreuses recherches, la démarche de l’auteur est très novatrice. Goddard incite ceux qui ont vécu cet événement à raconter leur histoire heure par heure. Le récit s’ouvre sur les impressions des soldats du 1er bataillon de parachutistes qui ont touché le sol juste après minuit dans la zone de largage de Varaville et se termine avec celles des membres « des bataillons de la 3e division d’infanterie canadienne qui étaient à se frayer un chemin vers leurs objectifs à la fin de ce « jour le plus long ». Goddard a manifestement choisi les extraits des entrevues avec une grande rigueur et en a tiré un récit captivant du début à la fin. Des bribes d’information ponctuent judicieusement le texte et alimentent le récit. L’ouvrage est avant tout une histoire illustrée par une choix impressionnant de photos prises le jour J. La plupart d’entre elles représentent la plage du débarquement à l’époque et aujourd’hui, ce qui fait de ce livre un excellent guide pour la visite des champs de bataille.

L’ouvrage de Douglas, D-Day: Canadian Heroes, est idéal pour le néophyte qui cherche d’abord à avoir un aperçu des événements plutôt qu’un compte rendu détaillé. En une centaine de pages, l’auteur présente une version condensée du jour J et explique l’importance de Dieppe pour les préparatifs de l’opération Overlord. Les témoignages des anciens combattants sont moins nombreux, mais ils sont tous poignants. Un membre du Regina Rifles, un régiment qui a payé un lourd tribut durant les combats, résume son expérience du jour J dans son journal : « 11 heures. Les habitants de Courseulles ont accueilli nos troupes avec des fleurs. Dans les rues jonchées de débris, des vieillards, des jeunes femmes et des enfants applaudissaient, saluaient les troupes et leur lançaient des roses. Une fillette m’a tendu une rose rouge, les yeux remplis de larmes de désespoir et de joie : “La maison détruite là-bas, c’est la mienne. Mais les alliés sont arrivés”. » [TCO]

Ces livres permettront aux Canadiens de mieux comprendre l’influence de la guerre sur leur pays et surtout sur leur famille. Zuehlke estime que les Canadiens s’intéressent de plus en plus à leur histoire militaire parce que « les nouvelles générations veulent comprendre quelles répercussions la Seconde Guerre mondiale a eues sur la vie de leurs ancêtres, qu’il s’agisse de leurs arrière-grands-parents, de leurs grands-parents ou de leurs parents. Nous, qui avons grandi à une époque axée sur la connaissance de soi et la compréhension des raisons personnelles d’agir, nous ne pouvons imaginer qu’un cataclysme aussi épouvantable que la guerre n’a pas laissé de traces indélébiles chez ceux qui l’ont vécu. Et nous avons raison, même si beaucoup d’anciens combattants minimisent, une fois la paix rétablie, les effets que la guerre a eus sur leur vie. Ils appartiennent à une génération peu encline à manifester ses états d’âme et à exprimer ses émotions. Ils font également preuve d’une modestie naturelle qui est typiquement canadienne.

Nous nous souviendrons.

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Le major Michael Boire enseigne au Collège militaire royal et termine sa thèse de doctorat sur la 1ère brigade blindée canadienne.