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Critiques de livres

America Alone: The Neo-Conservatives and the Global Order

par Stefan Halper, université de Cambridge, et Jonathan Clarke, Cato Institute

Cambridge, Cambridge University Press, 2004
339 pages, 25,68 $ (livre relié), 13,75 $ (livre de poche)

Compte rendu du capitaine Pierre Saint-Amant

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Couverture de livreLa bibliothèque du Quartier général de la Défense nationale vient d’acquérir un livre qui, quoiqu’un peu dépassé par les événements, offre néanmoins une analyse intéressante de la façon dont le gouvernement Bush a ignoré la tradition en ce qui concerne la politique étrangère américaine et s’est embourbé en Irak. Les auteurs de America Alone, publié en 2004, sont deux membres de la classe dirigeante dite conservatrice des États-Unis et sont en accord avec les grandes lignes des politiques interventionnistes de leur pays. Ils visent comme auditoire les personnes susceptibles d’influencer la politique étrangère actuelle des États-Unis. 

Dans le contexte de plus en plus fractionnel de la politique des États-Unis, l’invasion de l’Irak a depuis longtemps été critiquée par les milieux soi-disant « libéraux ». Mais récemment, les « conservateurs » ont commencé à se prononcer contre la campagne irakienne. Le livre America Alone nous offre un coup d’œil insolite sur ceux qui sont à la base de la politique étrangère actuelle des États-Unis. Les auteurs, Stefan Halper, de l’université de Cambridge, et Jonathan Clarke, du Cato Institute, évitent les critiques souvent farouches et anti-américains. Ils nous expliquent comment certaines personnes, épousant une idéologie néoconservatrice, se sont éloignées du pragmatisme de la politique étrangère menée par les conservateurs traditionnels. En s’armant de beaucoup de révisionnisme, les néoconservateurs ont transformé l’héritage du président Reagan afin de justifier l’action unilatérale qui a mené à l’imbroglio qu’est devenue l’intervention des États-Unis en Irak.

Le livre s’ouvre sur un portrait des néoconservateurs en tant que groupe d’intérêt politique faisant son apparition dans les années 1960. Les néoconservateurs se mobilisent autour de trois thèmes communs. Premièrement, ils croient que les questions du bien et du mal doivent être au centre de la politique étrangère américaine et que les États-Unis possèdent un sens supérieur de la moralité. Deuxièmement, ils considèrent que la puissance militaire détermine les relations entre les nations et qu’une action menée unilatéralement par les États-Unis est une action désirable. Enfin, ils voient le Moyen-Orient comme la principale zone d’intérêt des États-Unis à l’étranger. Halper et Clarke retracent l’évolution de l’idéologie néoconservatrice et comment les « néo-cons » étaient en mesure d’influencer la politique de l’administration Bush. Financés par des conservateurs fortunés, des groupes de réflexion et des publications ont vu le jour dès les années 1960 et ont fait naître une idéologie néoconservatrice. Plusieurs néoconservateurs ont adhéré au gouvernement de Ronald Reagan à la suite de sa victoire électorale. Cependant, ils ont été déçus devant le pragmatisme de Reagan et sont retournés aux groupes de réflexion et au monde universitaire. L’approche multilatérale de George Bush père et de Bill Clinton a laissé les néoconservateurs en marge du pouvoir. Après l’élection de George Bush fils, plusieurs néoconservateurs éminents ont refait leur entrée dans l’appareil gouvernemental. Cependant, même si George Bush avait un penchant naturel pour l’idéologie néoconservatrice faisant alliance avec la droite chrétienne, son manque d’intérêt pour les affaires étrangères et la solide mainmise du général Colin Powell sur le domaine, en sa capacité de secrétaire d’État, n’ont pas mené aux changements désirés par les néoconservateurs. Comme ce fut le cas sous le gouvernement Reagan, ils se sont sentis abandonnés par la politique étrangère de George Bush fils. Tout cela a changé le 11 septembre 2001. Les auteurs démontrent comment les néoconservateurs se sont servis des émotions provoquées par la tragédie du « 9-11 » et de l’inexpérience du président en gestion des affaires internationales pour faire avancer leur programme. Les néoconservateurs au sein et à l’extérieur du gouvernement ont rapidement mis de l’avant l’option militaire comme seule solution, allant jusqu’à soutenir que l’Irak devrait être envahi avant l’Afghanistan. La vision du monde manichéen du président Bush a rapidement admis la rhétorique du bien et du mal que soutenaient les néoconservateurs. Remettant en cause le patriotisme de ceux qui ne partagent pas leur opinion, ces derniers se sont approprié l’héritage de Reagan en manipulant les leçons de cette « icône » du conservatisme pour les adapter à leurs besoins idéologiques. Les auteurs sont critiques envers la conseillère de la sécurité nationale et actuelle secrétaire d’État, Condoleezza Rice. Selon eux, elle a omis d’unifier les deux visions contradictoires entre le Pentagone et le département d’État. Si la conseillère avait posé les bonnes questions et présenté un consensus au président, la faiblesse des renseignements sur l’Irak aurait fait surface.

Enfin, Halper et Clarke répertorient les dommages faits par les néoconservateurs aux intérêts des États-Unis. L’approche militaire unilatérale, « avec nous ou contre nous », a complètement isolé les États-Unis de plusieurs alliés importants, les obligeant à se servir de l’intimidation ou de la corruption auprès de plusieurs pays pour obtenir leur soutien. La justification utilisée pour envahir l’Irak, tels que les faux liens terroristes ou le fiasco des armes de destruction massive, a mis en cause l’intégrité du gouvernement des États-Unis. La détérioration de l’environnement de sécurité depuis le début de la « guerre contre la terreur » démontre que le programme des néoconservateurs a seulement réussi à rendre le monde encore plus dangereux et les États-Unis, moins capables d’assurer la sécurité mondiale. Les auteurs affirment que le terrorisme ne peut être éliminé exclusivement par la force militaire. L’histoire nous apprend que le terrorisme meurt seulement après que les enjeux sociaux ont été traités.

Les lecteurs qui remettent en question la position dominante des États-Unis sur l’échiquier mondial seront déçus par ce livre. Cependant, America Alone offre un coup d’œil intéressant sur le phénomène néoconservateur qui domine actuellement la politique étrangère américaine.

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Le capitaine Pierre Saint-Amant vient de terminer un baccalauréat dans le programme de formation universitaire de l’armée et il entame une spécialisation en vue d’une maîtrise. Il travaille à la Direction générale des carrières militaires.


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