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Philosophie militaire

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Collection de la Revue militaire canadienne

Carl von Clausewitz 

Les limites de la guerre : le fragile équilibre entre l’obéissance et la dérogation

par Stuart White

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Introduction

Les doctrines du siècle des Lumières qui défendent le progrès perpétuel et la perfectibilité de l’homme ont rarement été aussi contredites qu’au cours de l’histoire de la guerre, notamment en ce qui a trait au non-respect des limites que les sociétés ont tenté d’imposer pour encadrer les conflits armés. Même si diverses sociétés sont parvenues à contenir les conflits pendant de courtes périodes, elles n’ont réussi qu’à faire appliquer brièvement quelques restrictions lors de conflits sérieux. Malgré les efforts diplomatiques déployés au cours des siècles pour discipliner les États confrontés à des situations excessivement stressantes, notons que les sombres observations formulées par Thucydide sont toujours à propos : « Les forts exercent leur pouvoir et les faibles doivent leur céder1. »

Cela ne veut pas dire que la guerre n’a pas de limites. Selon Carl von Clausewitz, la guerre se définit comme « un acte de force [qui] n’a pas de limite logique lorsqu’il s’agit de l’appliquer2 ». C’est ce raisonnement qui l’a amené à proposer le concept de friction, une de ses idées les plus révolutionnaires pour expliquer l’utilisation de moyens spatiaux, temporels, moraux et matériels en vue de restreindre la guerre3. En fait, les limites de la guerre ont souvent été associées directement à la friction plutôt qu’aux inquiétudes éprouvées sur les plans juridique et moral. Pendant qu’on tentait de limiter la guerre, mais sans réellement y arriver, les progrès technologiques et sociétaux ont plutôt contribué à éliminer de nombreux obstacles physiques, ce qui a permis d’en reculer les frontières : une tragédie de l’ère moderne.

Même si beaucoup de temps et d’efforts ont été investis pour tenter d’éviter les pires agressions durant la guerre en imposant des restrictions de nature juridique, ces mesures se sont révélées totalement inefficaces. Les lois de la guerre qu’avaient définies Grotius et ses successeurs depuis le XVIIe siècle jusqu’à ce jour ont entièrement échoué. Ce n’est pas la loi, mais plutôt la culture, la peur et le pragmatisme qui imposent les limites, le cas échéant. En effet, dans l’histoire de la guerre, la tradition culturelle occidentale recèle d’excellents exemples qui illustrent comment ces forces ont mis fin aux excès de la guerre.

La Grèce antique

Prenons l’exemple de la Grèce antique. Bien que la majorité des forces qui tentaient de contenir la guerre se sont clairement démarquées, on constate aussi, malheureusement, qu’elles avaient leurs limites. La guerre a pris des proportions endémiques dans la société grecque. Ce n’est pas pour rien que Héraclite a dit de la guerre qu’elle était « la mère de toutes choses, reine de toutes choses4 ». Par contre, la guerre entre les cités de la Grèce antique respectait certaines conventions familières concernant, entre autres, les hérauts, les victoires, les défaites, les prisonniers, les non-combattants, les trêves et les alliances5. Sur la base de ces conventions, les cités pouvaient engager des conflits entre elles sans menacer ni même pertuber la collectivité6. Le caractère libre de ces arrangements est particulièrement évident au cours des guerres menées contre la Perse au début du Ve siècle avant notre ère, au moment où les Grecs – face à un empire menaçant appartenant à une culture totalement différente – ont fait fi des interdictions conventionnelles.

Tandis que la première campagne menée par les Perses en Grèce fut d’assez courte durée pour être remportée par des fantassins d’hoplites ordinaires sur les plaines de Marathon, il en va autrement pour l’offensive lancée par Xerxès en 480-479. Cette invasion a, en définitive, représenté une plus grande menace pour la Grèce, exigeant des ripostes nouvelles et radicales, qui passaient outre les restrictions classiques7. La puissance d’Athènes reposait alors sur ses remarquables forces navales ainsi que sur l’Empire, qui lui fournissait les ressources nécessaires pour soutenir sa flotte. Refusant de poursuivre des combats armés dans des conditions non favorables, Athènes a employé des moyens novateurs qui allaient bouleverser définitivement les normes grecques en matière de conduite de guerre.

La guerre du Péloponnèse est l’antithèse du modèle de guerre classique de la Grèce. Ce conflit long, sanguinaire et sans issue s’est avéré impitoyable. Pendant les 27 années de ce combat sans trêve ou presque, il n’y a eu que deux grands affrontements corps-à-corps, mais aucun n’a réussi à mettre un terme à la guerre8. Au lieu de courtes batailles en rangées, menées en plein champ, ce sont les batailles en mer, les guerres de siège et les affrontements entre troupes irrégulières légèrement armées qui ont caractérisé la guerre du Péloponnèse. Devant l’évolution constante de la guerre, il devenait de plus en plus difficile d’observer les coutumes et les traditions des batailles classiques. De plus, on ignorait même les restrictions conventionnelles qui pourtant étaient de mise.

À la fin de la guerre, la quasi-totalité des limites inscrites dans la tradition grecque avaient disparu : on avait estropié les prisonniers ou on les avait tués pour éviter qu’ils ne retournent dans le camp ennemi; des populations civiles entières avaient été décapitées ou vendues une fois le siège levé; les hérauts avaient été massacrés et les armées avaient été défaites, encerclées et presque entièrement détruites. Au cours de l’Histoire, en raison des exigences de la guerre, on continuera d’ignorer certaines limites et de poser des gestes barbares. La guerre du Péloponnèse restera cependant un des exemples les plus marquants de ce phénomène.

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Collection de la Revue militaire canadienne

Hugo Grotius. Tableau de Michiel Jansz van Mierevelt, 1631.

Poursuivons le cours de l’Histoire

Un scénario semblable s’est produit au cours du Moyen-Âge, au moment où les interdictions d’origine culturelle ont été codifiées et intégrées dans les pratiques de la chevalerie. À l’exemple de la Grèce antique, la plupart des conventions et des restrictions s’appliquaient à la classe sociale associée plus directement à la guerre. Le fait que l’Église se préoccupait du bien-être des non-combattants, ceux de confession chrétienne du moins, a permis d’identifier de manière officielle les individus que la guerre épargnerait. En réalité, les conflits prolongés ont créé d’autres formes de guerre, comme les chevauchées, expéditions visant directement les paysans, les habitants de la ville et les ecclésiastiques qui, en théorie, ne participaient pas à la guerre9. Selon une observation tirée d’un ouvrage contemporain, « À cette époque, toutes les guerres visaient l’ouvrier pauvre [...]; l’homme qui ne sait pas allumer des incendies, cambrioler les églises [...] ou jeter les prêtres en prison n’est pas apte à faire la guerre10. »

À la base, la guerre chevaleresque était le théâtre d’affrontements armés entre individus de même rang et s’achevait souvent par la capitulation et non par la mort. Il en était autrement si les combattants n’étaient pas de la même classe ou provenaient de cultures différentes. En règle générale, les combattant qui n’appartenaient pas à la même classe ne se montraient guère cléments les uns envers les autres11. Il était habituellement entendu que les combattants roturiers, tels que les archers ou les piquiers suisses, tuaient leurs prisonniers, puisqu’ils ne pouvaient pas réclamer de rançon en échange de leur libération12. Les croisades menées en périphérie de l’Europe constituent les meilleurs exemples de guerre qui « ne mettaient pas les prisonniers à rançon, où les vaincus risquaient d’être tués ou réduits en esclavage13. » Même entre chrétiens, ce genre de guerre n’était pas inconnu : lorsque les liens traditionnels se brisaient, comme dans les guerres civiles ou dans les soulèvements contre les seigneurs, le conflit prenait rapidement une allure encore plus inhumaine14.

Pourtant, au cours de la période médiévale, on a élargi, du moins de manière symbolique, la définition et la protection des non-combattants. Chose tout aussi importante, on a instauré des tribunaux dans les principaux empires pour juger les cas de non-respect du code de la chevalerie, ce qui constituait un pas important vers l’officialisation de la culture militaire15.

Contrairement à l’époque médiévale, les guerres religieuses qui ont marqué le début de l’Histoire moderne de l’Europe en général ont rapidement outrepassé les limites de la loi et des coutumes ainsi que celles de l’humanité comme telle. Les structures financières de l’État s’étant écroulées en raison des tensions provoquées par les guerres interminables, les gouvernements ont éprouvé de la difficulté à maîtriser leurs troupes, qui n’avaient pas perçu leurs salaires, étaient affamées et, à la fin, n’étaient plus aussi dociles16.

Même si ce ne sont pas toutes les troupes qui ont subi de telles atrocités, les tensions religieuses ont attisé les passions et provoqué la disparition des restrictions. En 1631, une armée catholique a saccagé la ville protestante de Magdebourg, un massacre qui a duré trois jours. Tandis que les protestants s’indignaient devant la dévastation de leur ville, les catholiques célébraient leur victoire, l’interprétant comme une punition biblique imposée aux hérétiques17. Les échecs évidents des restrictions habituelles ont ainsi entraîné deux phénomènes : la professionnalisation de l’armée et l’instauration des premières lois séculaires de la guerre.

Des armées professionnelles

La période qui a suivi 1648 a été marquée par l’instauration d’armées professionnelles relevant de l’État. Ces nouvelles armées étaient mieux approvisionnées et beaucoup plus fiables qu’auparavant, ce qui a eu pour effet de limiter les ravages infligés aux milieux ruraux. De plus, puisqu’il était coûteux de former, d’entraîner et de maintenir les troupes, les commandants hésitaient à mettre en péril une ressource aussi précieuse sans motif valable. La guerre n’étant rien de moins qu’un exercice démoralisant et sanguinaire, une catastrophe dans le pire des cas18, les objectifs stratégiques de l’époque étaient généralement limités19. Quant aux officiers, ils étaient liés à une classe ou à une profession ou ils étaient placés selon leur lien de parenté. Dans ce contexte, les risques pris sur le champ de bataille étaient plus difficiles à justifier20.

Les campagnes étaient donc surtout caractérisées par des guerres de siège, lesquelles avaient l’avantage d’être prévisibles et régies par des codes de conduite bien établis, quoique brutaux. Aller à l’assaut pour mettre fin à un siège aurait signifié la mort d’un très grand nombre de soldats chez les troupes assiégeantes et le massacre impitoyable des assiégés. Les deux parties avaient donc intérêt à conclure une entente avant d’en arriver aux armes21.

Au milieu du XVIIe siècle, lorsque Grotius a écrit ses lois de la guerre, les restrictions habituelles étaient respectées depuis très longtemps. Dans les États où les combats étaient limités, où on partageait une même culture et où les combattants craignaient les représailles, on avait réussi à imposer très largement certaines restrictions. Toutefois, si ces trois conditions n’étaient pas réunies la réalité était beaucoup plus sombre. Les guerres contre les cultures étrangères ou menées sans but précis engendraient habituellement des batailles inhumaines, car elles ne visaient rien de moins que la mort. En 1571, lorsque les troupes espagnoles ont attaqué la ville néerlandaise de Malines, un témoin a noté ce qui suit : « les soldats se comportaient comme si cette capitale religieuse était une ville musulmane et que tous ses habitants étaient des barbares. L’endroit était plongé dans une désolation extrême au point que plus aucun mur ne tenait debout22. » Ce commentaire illustre comment une guerre entre des groupes aux cultures très différentes, tels que les Espagnols et les Hollandais, entraînait bien souvent une grande dévastation.

Par ailleurs, les restrictions fondées sur un élément de pragmatisme étaient respectées tant et aussi longtemps qu’elles paraissaient avantageuses, faute de quoi elles étaient levées. Si une intervention militaire était nécessaire, on les ignorait tout simplement. C’est ce qui explique l’indifférence de la Grande-Bretagne à l’égard du droit de neutralité durant les guerres napoléoniennes et la levée rapide des restrictions sur les bombardements par les Britanniques au début de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Quant aux restrictions fondées sur la crainte de représailles, elles étaient habituellement plus durables et étaient sans doute le meilleur moyen de faire contrepoids au barbarisme. Lorsque l’ennemi avait des moyens comparables aux leurs, les belligérants avaient tendance à agir prudemment. Le respect que les soldats britanniques ont démontré aux prisonniers américains durant la Révolution américaine, par exemple, est certainement attribuable à la crainte de représailles23.

Par contre, même un tel respect risquait de s’effriter si un combattant ignorait trop souvent les codes habituels. Les atrocités donnaient alors lieu à des mesures de rétorsion, anéantissant rapidement toute restriction qui pouvait subsister dans les deux camps24. Cette situation est assez bien connue des observateurs des guerres de 1941 à 1945 dans le contexte des opérations menées sur le front est et dans la région du Pacifique.

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Collection de la Revue militaire canadienne

Ratification du traité de Münster. Tableau de Gerard Terborch, 1648. 

Restreindre la guerre

Puisque plus rien ou presque n’imposait de limites à la guerre et vu l’étendue des conflits au cours de l’ère moderne, divers mouvements religieux et séculaires ont tenté d’éliminer, ou du moins d’atténuer, l’usage de la force pour freiner la guerre. Malheureusement, presque toutes ces mesures comportaient les mêmes faiblesses que les restrictions classiques et possédaient très peu de leurs avantages.

L’Église catholique a été à l’origine de bon nombre des restrictions les plus importantes. Toutefois, sa préoccupation première n’était pas la guerre en soi, mais plutôt le fait qu’on ne s’attaquait pas aux bons ennemis. Comme nous l’avons indiqué précédemment, les premiers dirigeants de l’Église avaient fait de nombreux efforts pour inciter aux hostilités, mais seulement envers les collectivités qui n’observaient pas les mêmes pratiques religieuses. Ce modeste objectif ne suffisait plus; l’Église a donc sanctionné la première croisade dans l’espoir de réduire les combats entre les chrétiens, ce que l’historien de l’ère médiévale Robert Stacey a qualifié d’acte de désespoir25.

D’autres forces au sein de l’Église ont essayé de réduire ou d’éliminer la guerre entre les chrétiens. En établissant des définitions strictes de jus ad bellum, c’est-à-dire les lois qui justifient la guerre, l’Église cherchait à limiter les motifs qui pouvaient conduire à une guerre légitime26. De plus, les chevaliers risquaient de perdre leur rang s’ils transgressaient le code de la chevalerie, et ceux qui combattaient d’autres chrétiens recevaient une punition plus sévère27. La Paix de Dieu et la Trêve de Dieu furent de loin les mesures les plus ambitieuses ayant été prises pour limiter la guerre entre chrétiens. La Paix de Dieu visait à uniformiser la définition et le traitement des non-combattants, tandis que la Trêve de Dieu permettait de restreindre les activités guerrières entre chrétiens à certaines périodes du calendrier liturgique. Ces mesures n’étaient pas de taille à triompher les impératifs militaires : les commandants ne pouvaient conduire une guerre tout en épargnant la classe ouvrière chez l’ennemi, car c’est elle qui approvisionnait les troupes rivales; de même, ils ne pouvaient limiter les combats à certains jours de la semaine ni les arrêter pendant certaines périodes de l’année28.

On note toutefois qu’au XVIIe siècle la guerre ne s’était pas seulement intensifiée; son contrôle avait presque entièrement échappé aux autorités civiles. La paix qui régnait en 1648 a mené à de nouvelles tentatives pour atténuer les souffrances causées par une guerre générale. Comme il était impossible d’éradiquer la guerre du système international, Grotius, parmi d’autres, a préconisé la modération pendant les hostilités et l’abstention à l’endroit des non-combattants29. Son travail, notamment sa définition d’universalité du genre humain et sa reconnaissance par pragmatisme du caractère indispensable de la force, a servi de fondement à la plupart des efforts qui allaient suivre30.

Le XVIIIe siècle a connu peu de guerres; à cette époque, les limites de vitesse et de puissance de feu prolongeaient les campagnes et empêchaient de désigner un gagnant et un perdant. Plusieurs événements se sont alors conjugués pour alléger le fardeau des populations civiles dans les zones de guerre : la professionnalisation de l’armée et la transformation de ses méthodes de ravitaillement; l’acceptation plus répandue des lois proposées par Grotius et par d’autres; le désir des militaires de pouvoir compter sur la passivité voire la bonne volonté des non-combattants se trouvant dans les zones de guerre31. La situation s’était donc considérablement améliorée par rapport au XVIIe siècle, époque marquée par l’anarchie. Comme l’a observé le distingué historien britannique Michael Howard, « même si on continuait à faire du pillage, à allumer des incendies et à commettre des viols [...], l’uniforme ne conférait plus l’autorité de poser de tels gestes32. » Il importe cependant de ne pas exagérer le succès des restrictions pendant cette période, où des actes de sauvagerie prémédités, tels que le ravissement du Palatinat du Rhin, ont été commis au nom d’impératifs militaires33.

Les restrictions imposées à la guerre en Europe étaient cependant rarement respectées dans les conflits à l’étranger. En dehors de leurs frontières et contre des ennemis de races, de religions ou de cultures différentes, les Européens s’engageaient dans les conflits avec une brutalité sans égale34. Ce fut le cas dans les guerres contre l’Irlande et contre les peuples autochtones de l’Amérique, de l’Afrique et de l’Asie35. Le principe d’universalité sur lequel Grotius s’était appuyé pour définir ses restrictions mourrait sur le bord des océans.

Au début du XIXe siècle, période où la taille des armées et l’engagement de la population ont pris une ampleur déconcertante, les guerres ont brisé les conventions modérées qui avaient été observées jusqu’ici. Les armées révolutionnaires et celles qui ont succédé aux forces napoléoniennes furent plus nombreuses, plus mobiles et plus agressives que les troupes levées par les États au cours du XVIIIe siècle. Après plus d’un siècle de conflits relativement modestes, les guerres de 1792 à 1815 ont eu des conséquences beaucoup plus graves pour les perdants que le simple écroulement de leur ville ou de leur territoire. Bon nombre d’États estimaient, à juste titre, que leur existence même en tant qu’entité indépendante et cohérente était menacée.

Même si les guerres entre la France et le reste de l’Europe n’ont jamais été aussi impitoyables qu’au XVIIe siècle, elles ont mis les nouvelles lois de guerre à l’épreuve. Plus la cadence des opérations augmentait, moins les armées pouvaient compter sur leurs unités arrière pour assurer leur ravitaillement, provoquant ainsi l’effondrement des systèmes structurés que les armées utilisaient pour acheminer leurs demandes durant les campagnes36. Certains commandants ont tenté, sans vraiment réussir, de contrôler les demandes pour tenter à tout le moins d’éviter une rupture de la discipline et un déchaînement des troupes pendant les pillages37.

Les progrès réalisés étaient pour la plupart maintenus. Même si les prisonniers étaient parfois maltraités, privés de nourriture ou tués, ces gestes n’étaient pas pires que ceux commis par le passé38. Les sièges d’une brutalité calculée se poursuivaient encore, mais les villes qui capitulaient en rendant les armes sans se battre recevaient un traitement favorable39.

Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes, quant à elles, se sont démarquées par une plus grande participation de la population civile. La levée en masse de 1793 atteste des diverses exigences de la guerre moderne, où toutes les couches de la société française avaient un rôle à jouer40. Dans une société qui s’attendait à ce que chaque citoyen accomplisse son devoir, la distinction très subtile entre les notions de combattant et de non-combattant s’était visiblement estompée. Ce sont peut-être les soulèvements populaires spontanés contre l’occupation française partout en Europe – notamment en Russie et en Espagne – qui ont causé le plus de dommages pendant ces conflits. La guérilla organisée en Espagne a provoqué des affrontements entre des soldats réguliers de l’armée française et des adversaires qui se cachaient sous le couvert de la population civile. Les meurtres, les viols, les pillages et la torture n’étaient plus des conséquences fâcheuses de la guerre, comme ce fut le cas dans d’autres conflits, mais plutôt les principales stratégies qu’employaient les deux parties41.

Pour éviter les excès commis pendant un quart de siècle de conflits incessants, des efforts audacieux ont été déployés au milieu du XIXe siècle pour codifier et élargir les restrictions imposées à la guerre. Les conventions signées à La Haye en 1899 et en 1907 constituent les mesures les plus exhaustives ayant été prises pour en arriver à une entente internationale. Elles ont toutefois été précédées par une série de déclarations et de conférences qui avaient pour objet de modérer la guerre terrestre et maritime42.

Il convient de noter que la première tentative importante de codifier et d’élargir les lois de la guerre ne remonte pas à une conférence internationale, mais bien au document interne rédigé par le juriste allemand Francis Lieber à l’intention du gouvernement américain43. Le Code de Lieber, dont l’objectif était d’empêcher que la guerre entre les États fédérés d’Amérique se transforme en acte de barbarie absolu, a servi d’assise aux lois de guerre contemporaines.

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Collection de la Revue militaire canadienne

Napoléon à la bataille d’Austerlitz, 2 décembre 1805. Tableau de François Gérard.

L’effet des progrès technologiques et des changements sociaux

Malgré l’essor des mouvements de paix internationaux au cours de cette période, plusieurs conférences ont été organisées non pas pour éliminer les guerres, mais pour en améliorer la conduite, dans une tentative de réglementer les pires atrocités et de diriger les opérations loin des non-combattants ou des propriétés privées44. Malheureusement, ces objectifs allaient à l’encontre des tendances fondamentales du monde moderne : l’évolution technologique et une plus grande mobilisation de la société.

Ces nouvelles réalités s’expliquent par l’avènement de la guerre maritime. L’histoire de la guerre maritime coïncide avec celle des attaques visant le transport de marchandises et les tierces parties, attaques qui mettaient en cause des corsaires travaillant au service de l’État et des navires de bataille. Habituellement, les plus puissants anéantissaient le commerce maritime de l’ennemi et tentaient d’imposer un blocus pour empêcher les échanges commerciaux entre celui-ci et d’autres parties45. Tandis que les tierces parties protestaient vivement contre l’écroulement de leur commerce, les puissances navales – le plus souvent la Grande-Bretagne – revendiquaient avec force la liberté de détruire à volonté l’économie de leurs ennemis46. La stratégie consistait à miner les capacités de combat de l’ennemi en le privant, dans la mesure du possible, de ce qui lui était nécessaire pour mener la guerre ou pour y participer. La guerre maritime a anéanti le principe selon lequel des membres d’une société ennemie pouvaient être considérés comme des non-combattants, car la famine causée par un blocus ne faisait pas de distinction parmi les populations. Cependant, à l’ère de la voile, même les forces maritimes les plus puissantes manquaient de ressources, sinon de volonté, pour détruire une économie ennemie47.

Le droit des tierces parties en mer, qui était fréquemment violé, envenimait souvent les relations anglo-américaines. La Déclaration de Paris de 1856 a tenté de codifier les lois qui régissaient la guerre maritime. Elle a établi le plus large éventail de droits relatifs à la neutralité qui avait existé à ce jour48. Cinquante ans séparent la Déclaration de Paris et la Déclaration relative au droit de la guerre maritime signée à Londres; durant cette période, on a pu constater la mise en place de formidables politiques humaines et progressives, mais qui ont été entièrement abandonnées moins de cinq ans après leur adoption.

L’engin à vapeur, le moteur diesel, les mines anti-personnel et la torpille ont enfin procuré aux stratèges navals les moyens d’organiser des blocus entiers. Pour les forces navales, l’État a toujours constitué une entité belligérante, exposée à parts égales à toutes les pressions possibles; dans ce contexte, les restrictions imposées dans les déclarations de Paris et de Londres se sont vite évanouies. Lorsque la guerre a éclaté en 1914, il n’était pas question pour la Grande-Bretagne d’accepter l’application des restrictions de Paris pour protéger des ressources essentielles aux économies de la guerre moderne, comme le textile, le caoutchouc, les carburants, les produits chimiques ou les produits alimentaires49. Les Britanniques ont imposé sans tarder un blocus infranchissable en faisant appel à leurs puissantes forces navales et à toutes les armes modernes dont ils disposaient. Ces mesures ont semé la colère chez les tierces parties et auraient sans doute entraîné des confrontations avec les États-Unis si l’Allemagne ne s’était pas montrée aussi impitoyable dans l’application de sa politique navale, tant envers les biens qu’envers les citoyens50.

Toutefois, le scandale provoqué par la conduite des Allemands pendant la Première Guerre mondiale n’a pas duré. En définitive, l’expérience des deux conflits mondiaux a permis de constater que la guerre sous-marine était trop utile pour ne pas se reproduire. Les campagnes parallèles menées par les Allemands dans l’Atlantique et par les Américains dans le Pacifique, au début des années 1940, l’ont bien démontré. L’expansion des engagements navals n’était pas surprenante, puisqu’on n’avait pas réussi, en ces temps modernes, à faire la distinction entre combattants et non-combattants, tant dans les guerres terrestres que dans les conflits maritimes.

Les conventions de La Haye, de même que le Code de Lieber, ne donnent aucune définition des non-combattants. Elles circonscrivent les limites du recours à la force et déterminent strictement les objectifs militaires51. Dans quelle mesure fallait-il respecter ces règlements dans un conflit, sachant que l’État mobilisait toutes ses ressources pour conduire la guerre? La réponse n’a pas tardé : ces règlements étaient généralement ignorés.

Au cours des guerres terrestres menées en Europe de l’Ouest, on n’a jamais complètement abandonné les restrictions; le partage d’une culture commune ou la crainte de représailles suffisaient pour en observer certaines. Par exemple, la décision de Churchill de ne pas lancer des attaques au gaz contre les villes de la région de Ruhr, en riposte aux roquettes lancées contre Londres, était fondée sur la peur de représailles de la part des Allemands et sur la crainte que les sites de lancement succombent rapidement aux assauts. Le Protocole de Genève de 1925, qui interdit l’utilisation de gaz toxiques, n’a pas constitué un motif de dissuasion52.

Devant un ennemi de race et de culture nettement différentes, la conduite de la guerre était profondément marquée par le nationalisme, la propagande et le racisme. (On relève ici encore l’absence de définitions et de normes universelles pertinentes.) Par exemple, au début du XXe siècle, les forces armées japonaises, pratiquant un militarisme sans scrupule, réservaient à leurs prisonniers un statut et un traitement très différents de ce que connaissaient les Européens de l’Ouest53. L’indignation de l’Occident a envenimé les combats, chaque camp attendant que l’autre cède. De la même manière, pendant la guerre opposant l’Allemagne et l’Union soviétique, toute possibilité d’établir des restrictions réciproques a vite été écartée. En fait, l’Algérie, les Balkans, l’Asie du Sud-Est et toutes les régions de l’Afrique ont été victimes de conflits où le respect de l’autre importait peu, un phénomène qui est loin d’être inhabituel.

Il est sans doute faux de croire que les restrictions imposées aux belligérants les plus semblables sur le plan culturel étaient respectées. La guerre aérienne en Europe a, n’en déplaise à plus d’un, causé des dégâts énormes. Aucune autre forme de combat n’a su mettre autant en évidence l’inefficacité des restrictions. À preuve, les commentaires formulés par le juge en chef au sujet des crimes de guerre lors du procès de Nuremberg :

« Toutes les dispositions de la convention de La Haye de 1907 relatives à l’utilisation illégale de moyens de combat [...] étaient vétustes. D’autres n’avaient été respectées que partiellement pendant la Première Guerre mondiale et presque totalement ignorées pendant la Seconde Guerre mondiale [...]. [L]a destruction des villes de l’Allemagne et du Japon a été le fruit non pas de représailles, mais de l’application délibérée de politiques et prouvait que les bombardements aériens des villes et des usines faisaient partie de la guerre moderne pratiquée par toutes les nations54. »

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Collection de la Revue militaire canadienne

Procès de Nuremberg : au premier rang du banc des accusés, Göring, Hess, von Ribbentrop et Keitel, en 1945 ou 1946.

Les mesures juridiques

On a souvent répété que les lois internationales élaborées pour répondre aux nouveaux enjeux de l’ère moderne étaient dérisoires et inefficaces. La période éprouvante des années 1930 et 1940 a démontré hors de tout doute les dangers de ces lois pour le système international, et ce, même si quelques États n’adhéraient pas à la philosophie de la Ligue des Nations ou au pacte Kellogg-Briand.

Les lois qui régissaient les conflits n’ont pas non plus été très utiles. Comme nous l’avons souligné précédemment, la plupart des dispositions des conventions de La Haye traitaient des non-combattants de manière implicite seulement et ne leur assuraient donc pas une protection adéquate. Même lorsque ces dispositions étaient clairement définies, par exemple, celles concernant les prisonniers de guerre, certains États décidaient de respecter uniquement la lettre et non l’esprit des conventions ou même les ignoraient tout simplement55.

Parmi les tentatives visant à modérer le recours à la force au XIXe siècle, ce sont celles de la Croix-Rouge qui ont le mieux réussi. Plus on comprenait les interventions de cet organisme, plus on lui ouvrait l’accès aux zones de guerre. Notons cependant qu’au cours de ses premières années d’existence et jusque dans les années 1930, la Croix-Rouge observait les restrictions mises en place et ne donnait pas l’apparence de parti pris. Après cette période, toutefois, on a commencé à remettre en question sa neutralité. Les belligérants lui imposaient souvent des limites telles qu’il lui était difficile d’accomplir son travail. De plus, son statut particulier sur le champ de bataille était parfois ignoré56. On peut alors se poser la question suivante : si un tel organisme, respectueux et plein de bonnes volontés, ne peut surmonter les difficultés de la guerre, quelles sont les chances que les prescriptions de la loi internationale, qui sont moins populaires, puissent être respectées?

Les procès pour crimes de guerre tenus à la suite de la Seconde Guerre mondiale laissaient espérer l’élaboration d’un cadre juridique et éthique plus solide. Toutefois, certaines mesures prises en temps de guerre, comme les bombardements et la guerre sous-marine ouverte, n’ont pas été prises en considération. Aux dires de l’éminent historien Geoffrey Best, bon nombre d’accusations portées lors des procès de Nuremberg et de Tokyo ont été traitées comme de simples crimes (par exemple, meurtre, viol et torture) s’étant produits durant la guerre57.

Après 1945, d’autres efforts ont été déployés sur le plan juridique pour imposer des restrictions à la conduite de la guerre. L’intérêt est alors passé de l’élaboration de normes relatives au traitement des combattants à la protection des non-combattants, qui, en 1945, étaient dénudés de tout statut dans le contexte de la guerre moderne. La triste liste de conflits où on a fait peu cas des conventions de Genève témoigne éloquemment de l’inefficacité de ces restrictions. De même, la Charte des Nations Unies, qui interdit le recours à la guerre, a eu peu d’effets, sauf celui d’éliminer la déclaration officielle de la guerre, une pratique qui a disparu en 194558.

Outre leur inefficacité, bon nombre des lois ayant des visées bienveillantes étaient susceptibles de soulever la rogne. Selon les propos du juriste néerlandais ayant siégé au tribunal de Tokyo en 1960, « à l’exemple de ce qu’a fait le Pacte de Paris par le passé, elles [les lois internationales] donnent un faux sentiment de sécurité, même si l’humanité n’a jamais été autant menacée. Le chemin qui mène à l’enfer international est semé de conventions bien intentionnées59. »

Conclusion

Aucune guerre ne s’est jamais entièrement déroulée sans restriction. Du point de vue de Clausewitz, la guerre est un moyen d’action. Par contre, comme le démontrent clairement les conflits du XVIIe siècle, une guerre sans restriction est bien plus qu’une manifestation désorganisée de la violence. À mesure que les instruments de la violence se sont perfectionnés au point de vue technologique et institutionnel, la guerre a fait toujours plus de victimes. Malgré tous les espoirs qu’on avait fondés dans les lois internationales, on a constaté que celles-ci étaient largement insuffisantes pour influencer le comportement des États ou des individus.

Les restrictions d’ordre juridique visant à encadrer le recours à la force armée n’ont tout simplement pas atteint leurs objectifs, et ce, conflit après conflit. Pour être juste, disons que les seules contraintes qui préviennent le recours à la force sont les limitations physiques. Les restrictions classiques qui ont des conséquences sur la force – le pragmatisme, la culture et la peur – semblent, au mieux, conditionnelles. Si un conflit a une portée et des buts limités, si les belligérants partagent la même culture, les mêmes origines ou les mêmes idéologies et s’il y a certitude qu’une transgression entraînera des représailles, alors les restrictions, principalement imposées par les parties elles-mêmes, ont des chances d’être respectées. En l’absence de l’une ou l’autre de ces conditions, et même parfois en leur présence, les impératifs de la guerre exercent des pressions sur les liens fragiles entre belligérants, et ces liens finissent par se rompre. Il est d’ailleurs peu probable que les limitations imposées par autrui soient respectées. Les efforts les plus ambitieux et les plus importants visant à orienter et à définir les conflits armés ont été ignorés presque sur-le-champ et dans leur intégralité au cours des deux guerres mondiales du XXe siècle. Même si les lois internationales du début du XXIe siècle semblaient plus solides (argument contestable si l’on examine la conduite des belligérants en Irak, en Afghanistan et au Darfour, pour ne nommer que quelques exemples connus), cela ne constitue qu’une apparence; la preuve reste à faire. Les normes universelles de conduite et de perspective de la guerre qui sont implicites dans les lois internationales n’existent pas concrètement. La théorie d’universalité proposée par Grotius, qui constitue la base de ses lois de guerre, est plus souvent vérifiée dans les cas de violation que dans la pratique. Tandis que l’universalité était un principe fort à la mode au XIXe siècle, le XXe siècle se caractérise davantage par une longue et cruelle affirmation de la puissance continue du tribalisme. Il semble que Grotius n’était pas seulement en avance sur son temps, mais aussi sur le nôtre.

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Stuart White est inscrit à la maîtrise en histoire à l’Université de l’Alberta.

Notes

  1. Thucydides, History of the Peloponnesian War, traduit par Rex Warner, Londres, Penguin, 1972, p. 402.
  2. Carl von Clausewitz, On War, traduit par Michael Howard et Peter Paret, New York, Alfred A. Knopf, 1993, p. 85. 
  3. Michael Howard, « Temperamenta Belli: Can War Be Controlled? », Restraints on War: Studies in the Limitation of Armed Conflict, Oxford, Oxford University Press, 1979, p. 1.
  4. Victor Davis Hanson, The Wars of the Ancient Greeks, London, Cassell, 1999, p. 18. 
  5. Josiah Ober, « Classical Greek Times », dans Michael Howard, George J. Andreopoulos et Mark Shulman (dir.), The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, New Haven, Yale University Press, 1994, p. 13.
  6. Victor Davis Hanson, « Genesis of the Infantry, 600-350 BC », dans Geoffrey Parker, The Cambridge Illustrated History of Warfare, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, p. 20.
  7. Hanson, The Wars of the Ancient Greeks, p. 97-98.
  8. Victor Davis Hanson, A War Like No Other: How the Athenians and Spartans Fought the Peloponnesian War, New York, Random House, 2005, p. 148-149.
  9. Christopher Thomas Allmand, « New Weapons, New Tactics 1300-1500 », dans Geoffrey Parker, The Cambridge Illustrated History of Warfare: The Triumph of the West, Cambridge, Cambridge University Press, 1995, p. 95.
  10. M. H. Keen, The Laws of War in the Late Middle Ages, Toronto, University of Toronto Press, 1965, p. 190.
  11. Robert C. Stacey, « The Age of Chivalry », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 36.
  12. Geoffrey Parker, « Early Modern Europe », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, 1994, p. 55.
  13. Keen, p. 104.
  14. Stacey, p. 33-34 et Keen, p. 133.
  15. Keen, p. 54-56 et p. 246-247.
  16. Michael Howard, War in European History, Oxford, Oxford University Press, 1990, p. 37.
  17. Geoffrey Parker, « Dynastic War 1494-1660 », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, 1994, p. 160-161.
  18. Christopher Duffy, The Military Experience in the Age of Reason, Ware, Wordsworth, 1998, p. 245.
  19. Duffy, p. 13.
  20. Howard, The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 4.
  21. Parker, « Early Modern Europe », p. 48-49.
  22. Parker, « Early Modern Europe », p. 49.
  23. Howard, The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 10-11. 
  24. Geoffrey Best, Humanity in Warfare: The Modern History of the International Law of Armed Conflicts, Londres, Weidenfeld et Nicolson, 1980, p. 167-168.
  25. Stacey, p. 28.
  26. Howard, The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 2-3. 
  27. Stacey, p. 29.
  28. Stacey, p. 29.
  29. Michael Howard, War and the Liberal Conscience, Londres, Temple Smith, 1978, p. 18.
  30. Geoffrey Best, War and Law since 1945, Oxford, Oxford University Press, 1994, p. 26-27. 
  31. Best, War and Law since 1945, p. 35.
  32. Howard, The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 4.
  33. Gunther Rothenburg, « The Age of Napoleon », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 87.
  34. Howard Harold E. Selesky, « Colonial America », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 84-85.
  35. Parker, « Early Modern Europe », p. 56-57.
  36. Best, Humanity in Warfare, p. 90-91.
  37. Rothenburg, p. 95.
  38. Rothenburg, p. 90-91.
  39. Rothenburg, p. 92.
  40. John A. Lynn, Bayonets of the Republic: Motivation and Tactics in the Army of Revolutionary France, 1791-94, Boulder, Westview Press, 1996, p. 56.
  41. Rothenburg, p. 94-96.
  42. Adam Roberts, « Land Warfare: From Hague to Nuremburg », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 120-121.
  43. Best, War and Law since 1945, p. 40-41.
  44. Best, War and Law since 1945, p. 45.
  45. Bryan Ranft, « Restraints on War at Sea before 1945 », dans Restraints on War, p. 41.
  46. Best, Humanity in Warfare, p. 246-248.
  47. Best, Humanity in Warfare, p. 246-247.
  48. Ranft, p. 44-45.
  49. Ranft, p. 49.
  50. Best, Humanity in Warfare, p. 251-252.
  51. Best, Humanity in Warfare, p.147 et p. 227-228.
  52. Roberts, p. 129-130.
  53. Best, War and Law since 1945, p. 60-61 et p. 135.
  54. Tami Davis Biddle, « Air Power », dans The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 155.
  55. Roberts, p. 130 et Best, War and Law since 1945, p. 139-140.
  56. Best, War and Law since 1945, p. 376-380.
  57. Geoffrey Best, Nuremburg and After: the Continuing History of War Crimes and Crimes Against Humanity, Reading, United Kingdom, University of Reading, 1984, p. 15.
  58. Howard, The Laws of War: Constraints on Warfare in the Western World, p. 9.
  59. Best, Humanity in Warfare, p. 296.