OPINIONS

(Une femme et un cheval.)

Maria Korab-Laskowska

Can Praxis : un modèle d’hippothérapie pour le traitement du trouble de stress post-traumatique

par C. Randy Duncan, Steve Critchley et Jim Marland

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Introduction

Les Forces armées canadiennes font appel à des exercices de communication et à des exercices de renforcement de l’esprit d’équipe et du leadership pour préparer les soldats au combat, tandis que Can Praxis emploie les mêmes outils, mais pour aider les militaires et leur famille à s’en remettre.

– Steve Critchley et Jim Marland

Les difficultés de réadaptation auxquelles font face les anciens combattants souffrant du trouble de stress post-traumatique (TSPT), y compris d’un traumatisme lié au stress opérationnel (TSO), sont énormes et sont amplifiées par un travail inachevé1. Lors de la transition de la vie de combattant à la vie civile, une déprogrammation insuffisante et le manque de soutien des anciens combattants font en sorte que les militaires ont constamment les nerfs à vif et peuvent, à un moment donné, réagir de façon exagérée, exploser de colère, ou devenir très agressifs ou extrêmement anxieux2. Par conséquent, une telle transition débouche très souvent sur un diagnostic de TSPT et recevoir ce diagnostic est, selon nous, l’équivalent d’être jugé comme « faible » et c’est peut-être la pire étiquette à accoler à un soldat. Ainsi, comme ils tentent de réduire toute dissonance entre cette étiquette et leur désir d’être fort, les anciens combattants ne sont pas bien préparés à discuter de leurs problèmes, à être émotionnellement liés aux personnes avec qui ils ont des relations ou à réintégrer la vie civile. Si, dans ses relations civiles, l’ancien combattant souffrant du TSPT n’arrive pas à communiquer efficacement, sa zone de confort continuera de rétrécir jusqu’à ce que la relation atteigne un point de non-retour ou, pire encore, qu’il soit la prochaine personne à « se coucher devant un train de banlieue à Toronto ».

Au Canada, l’intérêt pour le traitement complémentaire des effets d’un TSO par l’« hippothérapie », ou thérapie d’apprentissage assisté par les chevaux, grandit rapidement. Par conséquent, des pressions de plus en plus fortes s’exercent sur Anciens Combattants Canada (ACC) pour qu’il finance des traitements appropriés et complémentaires pour les anciens combattants qui reçoivent des traitements plus classiques contre le TSO. La décision d’ACC de financer une partie de l’essai pilote du programme d’hippothérapie de Can Praxis en 2013 s’inscrit dans la foulée d’une initiative conjointe d’ACC et du ministère de la Défense nationale (MDN) visant à élaborer une stratégie en santé mentale pour améliorer le soutien et les services offerts aux anciens combattants, lesquels sont de plus en plus nombreux à souffrir d’un TSO3.

Au Canada, dans la dernière décennie, le nombre de clients d’ACC chez qui un TSO a été diagnostiqué a augmenté, passant de 3 500 à plus de 11 000. Par conséquent, le TSPT lié au combat est le trouble de santé mentale le plus diagnostiqué chez les anciens combattants canadiens, si l’on considère que près de 60 pour cent des clients d’ACC ayant obtenu une décision favorable à la suite d’une demande de prestations d’invalidité souffrent d’un TSO4.

L’industrie de l’hippothérapie est particulièrement bien placée pour fournir une forme appropriée de thérapie d’apprentissage expérientiel aux anciens combattants et à leurs conjoints qui souffrent des effets d’un TSO. Le traitement repose sur le principe que, en général, l’interaction entre l’animal et l’humain favorise le mieux-être et prévient la maladie5. Grâce aux interactions avec un cheval, les participants vivent une expérience profonde leur permettant de modifier leur comportement : ils apprennent à se faire confiance et à devenir maîtres de leur propre vie par des moyens que la discussion seule n’offre pas6. Bon nombre d’anciens combattants sont perturbés à l’idée de suivre la thérapie habituellement offerte pour le TSPT, parce qu’un grand nombre de thérapeutes ne saisissent pas bien ce qu’est un militaire ou ne sont pas sensibles aux répercussions psychologiques d’un grave traumatisme7. Fondé sur l’utilité possible des chevaux pour modifier le comportement, le programme de Can Praxis constitue une approche novatrice combinant des activités d’hippothérapie à un processus d’auto-médiation visant à aider les participants à prendre conscience des principes clés de la communication et de la résolution des conflits.

Tout comme l’hippothérapie est tout indiquée pour aider les anciens combattants à se rétablir des effets d’un TSO, Can Praxis occupe elle-même une position unique dans l’industrie de l’hippothérapie. Les fondateurs de Can Praxis ont élaboré un programme novateur d’hippothérapie adapté au TSPT afin de répondre aux besoins des anciens combattants souffrant d’un TSO. L’une des principales forces du programme de Can Praxis réside dans la participation des conjoints des anciens combattants dans le processus d’apprentissage expérientiel afin que les capacités de communication essentielles, mais difficiles à percevoir, qui ont été acquises (premières tentatives de conciliation) ne passent pas inaperçues au cours des premiers jours, critiques, suivant la séance d’hippothérapie. De plus, grâce à leur expérience, les deux animateurs de Can Praxis, un psychologue agréé qui cumule plus de 30 années d’expérience, par intermittence, dans les services correctionnels; et un ancien combattant qui est allé dans des zones de combat et qui comprend les militaires, aident les participants à s’engager et à être soutenus en les faisant bénéficier des effets uniques et déterminants de la médiation.

Les anciens combattants ont besoin de se rétablir du TSO, cela ne fait aucun doute. Pour les conjoints qui vivent les répercussions du TSO, dont les symptômes anéantissent en général les efforts de communication déjà réduits, ce besoin est d’une importance vitale et, en y pensant bien, il est axiomatique. Un traitement efficace du TSPT doit faire appel à des activités qui amèneront le survivant à améliorer sa connaissance de soi, sa maîtrise de soi et sa capacité à s’aider lui-même8. Les fondateurs de Can Praxis soutiennent que les stratégies en santé mentale conçues pour le traitement des TSO doivent être davantage axées sur des programmes qui offrent des activités expérientielles d’autonomisation favorisant l’acquisition de compétences de communication efficaces, afin d’aider les anciens combattants à faire la transition vers la vie civile. Ce point de vue découle de leur expérience de la thérapie par la parole, qui leur a permis de se rendre compte que, contrairement aux thérapeutes, qui sont formés pour parler à leurs clients, les clients, et en particulier les militaires, n’ont pas appris à parler à leur thérapeute.

Photo d’Andrea Edwards

Le caporal (retraité) Ryan Edwards, ancien membre du 2e Bataillon, The Royal Canadian Regiment (2RCR), un ancien combattant comptant vingt ans d’expérience, et son ami équin. Ryan a servi en Bosnie et a été blessé là-bas.

Modèle d’hippothérapie pour le traitement du TSPT

Le programme de Can Praxis a été conçu pour servir de modèle de thérapie du TSO à l’intention 1) des anciens combattants qui sont déjà traités pour le TSO et ont besoin en plus d’une thérapie comportementale par renforcement positif pour achever leur rétablissement; et 2) des anciens combattants qui ont besoin de prendre conscience de l’utilité d’une aide additionnelle sous forme d’une thérapie plus structurée. L’un des principaux avantages de l’amélioration des compétences de communication dans le programme d’hippothérapie de Can Praxis adapté au TSPT est l’aide que ces compétences psychosociales procurent aux anciens combattants dans le cadre de leurs autres thérapies. Les fondateurs de Can Praxis avancent que la formation en communication interpersonnelle combinée à des activités équines aidera durablement les anciens combattants à faire la transition vers la vie civile et à reconstruire leurs relations familiales.

Le programme d’hippothérapie de Can Praxis a été adapté en fonction des principes de la communication efficace et de la résolution des conflits établis par le professeur Daniel Dana. Les travaux de M. Dana offrent une approche simple et directe pour l’enseignement de l’auto-médiation qui est compatible avec les activités d’apprentissage expérientiel et qui vise à favoriser la guérison au moyen de la pleine conscience, de la restructuration cognitive et d’approches somatiques9. L’utilité du cheval pour stimuler la conscience et aider les anciens combattants à résoudre leurs problèmes relationnels est reconnue par Bruce D. Perry, autorité reconnue à l’échelle internationale pour ses études sur les enfants en détresse : [TCO] « Le processus de rétablissement d’une personne souffrant de négligence sur le plan relationnel peut commencer à l’aide d’un animal »10. De plus, le programme de Can Praxis favorise un modèle de soutien familial dans lequel le dialogue n’est efficace que si les deux parties de la relation connaissent et comprennent les règles de l’auto-médiation : pas de discussion, pas de résolution.

Le programme de Can Praxis vise à ce que, après avoir quitté la salle de classe et le manège, les anciens combattants et leurs conjoints aient bien assimilé les nouvelles techniques d’auto-médiation. Pour y parvenir, les anciens combattants disposent du temps nécessaire pour apprendre les techniques au moyen d’activités équines et pour mettre en pratique leurs nouvelles compétences avec leur conjoint. À la fin du programme, les compétences et les connaissances acquises par cet apprentissage expérientiel (p. ex. faire des gestes de conciliation, établir un environnement sûr pour résoudre un conflit, abandonner l’attitude du « moi contre toi ») peuvent être évaluées de façon à permettre l’établissement d’un corpus de données empiriques.

En 2013, Can Praxis a reçu de la part de Wounded Warriors (WW) et d’Anciens Combattants Canada des fonds pour commencer l’essai pilote du modèle d’hippothérapie adaptée au TSO. Elle attribue ce premier succès en matière de financement aux deux principaux éléments suivants : 1) un programme d’hippothérapie conçu expressément pour répondre aux besoins des anciens combattants et de leurs conjoints souffrant des effets du TSO; et 2) l’établissement d’un corpus de données empiriques visant à démontrer les bienfaits d’un programme d’hippothérapie adapté au TSPT pour les anciens combattants (étant donné que les études quantitatives sont rares dans ce domaine). Le but de Can Praxis est que ce programme inégalé d’hippothérapie adapté au TSPT soit établi comme pratique fondée sur des données scientifiques et qu’il fasse partie des stratégies en santé mentale des organisations venant en aide aux anciens combattants et aux membres d’autres organisations militaires et paramilitaires.

(Cheval nourri à la main.)

Photo Heather Bashow

Méthodes

Can Praxis procède actuellement à la validation des deux instruments d’auto-évaluation suivants qui visent à évaluer les bienfaits du programme d’hippothérapie adapté au TSPT : 1) l’échelle d’évaluation HOLSTER (Horses Relieving OperationaL Stress Through Experiential Relationships), qui compte 35 items11; et 2) l’échelle d’évaluation BELT (Benefitting from Experiential Learning Together), qui en compte 3412. Les deux instruments examinent les deux dimensions suivantes : 1) l’acquisition de compétences et de connaissances relatives aux relations interpersonnelles à appliquer dans un processus d’auto-médiation; et 2) le soulagement perçu des symptômes du TSPT au cours de la séance d’hippothérapie.

L’échelle HOLSTER a été révisée par sept experts en contenu indépendants avant le début de l’essai pilote. Les experts avaient soit de l’expérience dans le traitement du TSPT, soit de l’expérience et une compétence reconnue dans l’animation de groupes d’hippothérapie et, dans deux cas, une expérience cumulée de 15 à 35 années dans les deux sphères. Parmi les experts qui ont révisé le contenu figuraient des psychologues titulaires d’un permis d’exercice, des travailleurs sociaux, un conseiller en dépendances, un médecin et des chercheurs titulaires d’un doctorat qui faisaient des recherches à la fois en sciences animales et sur le TSPT. Par suite de la révision du contenu, 35 items représentatifs ont été retenus pour l’essai pilote de l’échelle HOLSTER, qui a commencé en mars 2013. L’échelle BELT, destinée aux conjoints, a été adaptée de l’échelle HOLSTER, et elle a été utilisée pour la première fois en mai 2013, lors de la deuxième séance de l’essai pilote.

(Ancien combattant et cheval, de face.)

Photo de Matthew Wocks

Participants

L’essai pilote du programme de Can Praxis a débuté en mars 2013 et, en octobre 2013, 31 anciens combattants et 27 conjoints au total avaient participé à sept séances d’hippothérapie dans les installations de Can Praxis situées près de Rocky Mountain House, en Alberta. Parmi les participants, un ancien combattant était accompagné de sa fille. Les anciens combattants comptaient 30 hommes et une femme. Ils avaient tous reçu un diagnostic de TSPT, y compris de TSO. Les participants venaient de toutes les régions du Canada, de la Colombie-Britannique à Terre-Neuve-et-Labrador.

Résultats

Évaluation fondée sur l’échelle HOLSTER

L’échantillon de participants (n = 31) étant relativement petit, seul un examen descriptif élémentaire de l’expérience des anciens combattants dans le programme d’hippothérapie a été présenté à ce stade peu avancé de l’essai pilote. Par conséquent, seuls les résultats des deux sous-échelles de l’échelle HOLSTER indiquées dans le tableau ci-dessous ont été examinés. La sous-échelleévaluant le soulagement des symptômes du TSPT (Relieving Symptoms of PTSD), présentée au tableau 1.1, est une échelle dont le score maximal possible est de 54; les scores obtenus variaient de 23 à 54 (M = 46,3, ÉT = 7,6). La sous-échelleévaluant l’acquisition de compétences permettant de faire face aux difficultés (Acquisition of Coping Skills) est une échelle dont le score maximal possible est de 48; les scores obtenus variaient de 35 à 48 (M = 45,8, ÉT= 3,5).

Catégorie Soulagement des symptômes du TSPT n Acquisition de compétences permettant de faire face aux difficultés n
Aucun bienfait perçu 0–18 0 0–16 0
Quelques bienfaits perçus 19–36 4 17–32 0
Bienfaits perçus très positifs 37–54 27 33–48 31
Total   31   31

Auteurs

Tableau 1.1 – Évaluation de l’expérience d’hippothérapie perçue par les anciens combattants selon les deux sous échelles de l’échelle HOLSTER

Les premières tendances en ce qui concerne les bienfaits perçus par les participants de l’expérience d’hippothérapie du programme de Can Praxis sont très prometteuses. Premièrement, 87,1 pour cent des anciens combattants (27 sur 31) ont indiqué avoir perçu des bienfaits très positifs sur le plan du soulagement des symptômes du TSPT au cours de l’hippothérapie (voir le tableau 1.1). Les quatre autres anciens combattants (12,9 pour cent) ont fait état d’une certaine réduction des symptômes du TSPT grâce à l’hippothérapie. Deuxièmement, comme le révèle le tableau 1.1, 100 pour cent des anciens combattants (31 sur 31) ont dit avoir eu une expérience très positive sur le plan de l’acquisition de compétences permettant de faire face aux difficultés ou du renforcement de ces compétences au cours de leur séance.

Évaluation fondée sur l’échelle BELT

À l’instar de l’échelle HOLSTER, la taille de l’échantillon en question (n = 25) n’a permis de faire, à ce stade de l’essai pilote, qu’un examen descriptif élémentaire des réponses des conjoints aux trois sous-échelles de l’échelle BELT suivantes : 1) la sous-échelle évaluant l’expérience de l’hippothérapie vécue par les conjoints (Spouses/Partners Own EAL Experience); 2) la sous-échelleévaluant le soulagement des symptômes des anciens combattants (Veterans’ Relief of Symptoms); et 3) la sous-échelle évaluant l’acquisition de compétences permettant de faire face aux difficultés chez les anciens combattants (Veterans’ Acquisition of Coping Skills). L’échantillon valide pour l’analyse descriptive ne compte que 25 participants, car l’échelle BELT n’était pas encore au point lorsque les trois premiers conjoints ont participé à la première séance de l’essai pilote en mars 2013 (voir le tableau 1.2).

Les premières tendances en ce qui concerne les bienfaits perçus par les conjoints de l’expérience d’hippothérapie du programme de Can Praxis sont également très prometteuses. Comme le précise le tableau 1.2, 96,0 pour cent des conjoints (24 sur 25) ont considéré leur expérience comme très positive. Dans cette sous-échelle de l’échelle BELT, 80,0 pour cent des items (8 sur 10) évaluaient l’acquisition de compétences permettant de faire face aux difficultés (pour mieux communiquer et résoudre les conflits) et 20,0 pour cent déterminaient dans quelle mesure les participants se sentaient en sécurité et à l’aise, dans l’ensemble, pendant la séance d’hippothérapie. Les scores obtenus à cette sous-échelle variaient de 15 à 30 (M = 27,9, ÉT = 3,2) sur un score maximal possible de 30.

Catégorie Expérience de l’hippothérapie perçue par les conjoints n Soulagement des symptômes des anciens combattants n Acquisition de compétences permettant de faire face aux difficultés chez les anciens combattants n
Aucun bienfait perçu 0–10 0 0–12 0 0–8 0
Quelques bienfaits perçus 11–20 1 13–24 3 9–16 2
Bienfaits perçus très positifs 21–30 24 25–36 22 17–24 23
Total   25   25   25

Auteurs

Tableau 1.2 – Évaluation de l’expérience d’hippothérapie des conjoints et de leur perception des bienfaits sur les anciens combattants en fonction des trois sous échelles de l’échelle BELT

Comme l’indique le tableau 1.2, 88,0 pour cent des conjoints (22 sur 25) ont estimé que les anciens combattants avaient eu une expérience très positive (réduction des symptômes du TSPT) pendant la séance. La sous-échelle évaluant le soulagement des symptômes des anciens combattants comprenait 12 items qui mesuraient les perceptions qu’avaient les conjoints du comportement observable des anciens combattants : plus calme, moins fatigué, moins déprimé, moins anxieux, capable de maîtriser la résurgence des souvenirs tristes, capable d’être dans le « moment présent », etc. Les scores obtenus à cette sous-échelle variaient de 21 à 36 (M = 31,2, ÉT = 4,8) sur un score maximal possible de 36.

(Ancien combattant/compagne et son ami équin.)

Photo de Matthew Wocks

Le tableau 1.2 révèle également que 92,0 pour cent des conjoints (23 sur 25) ont évalué très positivement les bienfaits chez les anciens combattants sur le plan de l’acquisition des compétences permettant de faire face aux difficultés, lesquelles sont nécessaires à l’amélioration des relations interpersonnelles. D’après les résultats, les anciens combattants ont eu une expérience positive sur le plan affectif, avaient généralement le réflexe de réfléchir avant de réagir à une situation, ont mis en pratique les outils de communication qu’ils avaient acquis, étaient davantage conscients de leur propre langage corporel et comprenaient mieux les limites personnelles. Les scores obtenus à cette sous-échelle variaient de 13 à 24 (M = 22,0, ÉT = 3,0) sur un score maximal possible de 24.

Conclusion

Dans l’ensemble, les résultats des sept séances de l’essai pilote constituent une première confirmation que le programme d’hippothérapie adapté au TSPT de Can Praxis a été appliqué comme prévu. L’étude révèle que les anciens combattants, ainsi que leurs conjoints, ont acquis des compétences et des connaissances nouvelles leur permettant d’appliquer le processus d’auto-médiation pour mieux régler leurs difficultés d’ordre relationnel. Par la suite, 100 pour cent des anciens combattants et 96,0 pour cent des conjoints ont indiqué avoir acquis des compétences nouvelles en communication et en résolution des conflits, ou renforcé ces compétences, ce qui leur a donné l’espoir que leurs relations interpersonnelles s’amélioreront avec le temps.

« … en tant qu’épouse, c’est la première fois que je sens que je fais partie du processus et de la solution. Le programme [de Can Praxis] m’a permis de croire que notre mariage peut fonctionner si nous y travaillons à l’aide des outils et des connaissances que nous avons acquis. »

Participante à la 6e séance

Les résultats confirment également l’utilité des chevaux dans l’apprentissage expérientiel pour faire connaître les concepts d’auto-médiation incorporés dans le modèle d’hippothérapie de Can Praxis. D’après les données, 87,1 pour cent des anciens combattants ont indiqué une réduction des symptômes du TSPT pendant la séance d’hippothérapie, ce qui laisse croire que les activités équines ont été des expériences positives. Si les anciens combattants n’avaient pas été capables de maîtriser leurs symptômes de dépression, leurs pensées envahissantes ou leur hyperexcitation, ni d’être dans le moment présent pendant ces activités, l’établissement d’un lien positif avec un cheval aurait été compromis. Ces résultats viennent corroborer la prémisse selon laquelle une relation négligée en processus de « réparation » peut bénéficier d’une expérience positive avec un animal dont l’écoute est non critique. Par conséquent, les fondateurs de Can Praxis demeurent persuadés que l’interaction avec un cheval contribue à motiver les gens, « programmés » pour communiquer essentiellement au moyen de la langue, à apprendre des techniques utiles de communication non verbale en comprenant leur langage corporel13.

Le présent article ouvre la voie à d’autres recherches qui serviront à produire la quantité optimale de données empiriques exigées par la communauté scientifique en vue de l’établissement de programmes d’hippothérapie adaptés au TSPT et fondés sur des données scientifiques. Cette recherche laisse également croire qu’il serait utile d’intégrer des programmes appropriés d’hippothérapie adaptés au TSPT, comme le programme de Can Praxis, dans les stratégies à long terme en santé mentale destinées aux anciens combattants et aux membres d’autres organisations militaires ou paramilitaires ayant subi un traumatisme au combat.

Randy Duncan est conseiller en recherche au Département de sociologie de l’Université de la Saskatchewan. Il procède actuellement à l’essai pilote de plusieurs instruments conçus pour mesurer les bienfaits de l’hippothérapie chez les jeunes et les adultes à risque. Ces travaux l’ont amené à établir un partenariat avec Can Praxis pour étudier les bienfaits de l’hippothérapie chez les anciens combattants et leurs conjoints souffrant des effets du TSPT, y compris d’un traumatisme lié au stress opérationnel (TSO).

Steve Critchley, ancien militaire des Forces armées canadiennes, est un médiateur et un formateur-conseil de renommée internationale. Outre son travail d’animateur du programme de Can Praxis, Steve a été enquêteur et conseiller en matière de harcèlement auprès des gouvernements du Canada et des États-Unis, et a donné de la formation en Afrique du Sud, au Ghana, à Milan, à Londres et à Dubaï.

Jim Marland est un psychologue qui cumule plus de 30 années d’expérience, par intermittence, dans les services correctionnels, ce qui lui a permis d’étudier en profondeur la nature humaine ainsi que les besoins et les comportements humains. Ses 40 années d’expérience avec les chevaux ont récemment enrichi sa carrière professionnelle. « L’espèce humaine connaît depuis des milliers d’années l’utilité des chevaux et leur grande contribution dans nos vies », explique le psychologue. En thérapie, Jim met à profit la réaction instinctive des chevaux au langage corporel pour aider les participants à acquérir des compétences sur le plan de la communication, de l’esprit d’équipe et du leadership.

(Ancien combattant/conjointe et son ami équin.)

Stuart Gradon, The Calgary Herald, http://www.calgaryherald.com. Reproduction autorisée par The Calgary Herald.

Notes

  1. Ashley B. Hart (2000). An Operators Manual for Combat PTSD: Essays for Coping. (Lincoln, NE: iUniverse Inc.), p. 139.
  2. Ibid., p. 37.
  3. Anciens Combattants Canada (2008). Évaluation du réseau des cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel (TSO) à l’adresse http://www.veterans.gc.ca/fra/ministere/rapports/verification/tso-oct08.
  4. Ibid.
  5. Kay S. Trotter (2012). Harnessing the Power of Equine Assisted Counseling: Adding Animal Assisted Therapy to Your Practice. (New York: Routledge [Taylor & Francis group]), p. 5.
  6. Ibid., p. 27.
  7. Rebecca Coffey (1998). Unspeakable Truths and Happy Endings: Human Cruelty and the New Trauma Therapy. (Lutherville, MD: Sidran Press), p. 84.
  8. Ibid.
  9. Daniel Dana (2006). Managing Differences: How to Build Better Relationships at Work and Home, 4th Edition. (Prairie Village, KA: MTI Publications).
  10. Bruce D. Perry. « Applying principles of neurodevelopment to clinical work with maltreated and traumatized children », in Webb, Nancy Boyd (Ed.), Working with Traumatized Youth in Child Welfare. (New York: Guilford Press, 2006), p. 38.
  11. C. Randy Duncan (2012). Horses Relieving OperationaL Stress Through Experiential Relationships (HOLSTER) Scale. Saskatoon, SK. (En cours d’élaboration.)
  12. C. Randy Duncan (2013). Benefitting from Experiential Learning Together (BELT) Scale. Saskatoon, SK. (En cours d’élaboration.)
  13. Leif Hallberg (2008). Walking the Way of the Horse: Exploring the Power of the Horse-Human Relationship. (Bloomington, IN: iUniverse Inc.), p. 113.