HISTOIRE MILITAIRE

Image du Musée canadien de la guerre nº 19710261-2183

Pourquoi le renseignement géographique est important. Le désastreux raid de Dieppe le 19 août 1942, d’après une peinture de Charles Comfort

Connaître le terrain : regard sur le renseignement géographique militaire et la planification durant la Seconde Guerre mondiale

par Lori Sumner

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Le major Sumner s’enrôle dans la Réserve navale à London en 1995. En qualité d’officier de logistique de la Réserve, elle sert au sein du NCSM Prevost, à London, en Ontario, et au Quartier général de la Réserve navale, à Québec. En janvier 2005, elle passe à la Force régulière à titre d’officier de la logistique – Air. Après des affectations à Trenton et à Borden, elle œuvre maintenant au QGDN, à Ottawa, au sein du Groupe du VCEMD. De plus, le major Sumner étudie actuellement en vue d’obtenir une maîtrise ès arts en études sur la conduite de la guerre au Collège militaire royal du Canada, à Kingston, en Ontario.

« Ce qui est possible dépendra d’abord de la géographie, ensuite du transport dans son sens le plus large et, enfin, de l’administration. Il s’agit d’aspects vraiment très simples, mais je crois que la géographie vient en premier 1.[TCO] »
« En raison de l’importance croissante des caractéristiques du terrain et, par conséquent, des cartes pour les opérations militaires mécanisées, l’incidence de cartes erronées ou désuètes est devenue potentiellement désastreuse. Les caractéristiques anthropiques telles que les routes et l’étendue d’une zone bâtie peuvent changer radicalement entre le moment des levées géographiques et l’impression de la carte. Dans un champ de bataille, des ponts disparaissent, des brèches s’ouvrent dans les barrages et des immeubles sont réduits à des décombres à une vitesse plus rapide que celle qu’il faut pour indiquer ces changements sur les meilleures cartes 2.[TCO] »

Introduction

Depuis toujours, le renseignement et la géographie sont liés, de façon plus ou moins fructueuse, par le besoin/désir de faire la guerre. Le renseignement géographique est l’une des rares formes de renseignement dont la nature fondamentale est à la fois tactique et stratégique. La précision et la rigueur du renseignement géographique et son intégration aux phases de planification peuvent avoir d’importantes répercussions sur l’issue des opérations tactiques et stratégiques.

Pendant la Seconde Guerre mondiale comme jamais auparavant, il fallait déployer des efforts intenses pour recueillir du renseignement géographique et fournir des produits adéquats aux forces militaires3. La portée mondiale de la guerre a fait connaître à nombre de soldats de nouveaux terrains et de nouvelles conditions climatiques qui pouvaient différer considérablement de celles dont ils avaient l’habitude. La compréhension de ces nouveaux facteurs et la possession de l’équipement approprié étaient essentielles à la victoire, ou, à tout le moins, à la survie dans des climats et milieux hostiles.

Les entités géographiques où le combat se déroulait aux niveaux stratégique et tactique comptaient notamment les océans Atlantique et Pacifique, ce qui nécessitait des efforts considérables de planification et d’exécution aux deux niveaux. Pour les Britanniques, la forte dépendance aux ressources du Canada, des États-Unis et des Caraïbes était une considération stratégique essentielle puisque sans un approvisionnement constant en hommes et en matériel, la guerre aurait vraisemblablement été perdue. Les Allemands avaient fait la même constatation et savaient que toute interruption ou destruction des expéditions les aiderait à réaliser leur objectif stratégique de vaincre les Britanniques. Au niveau tactique, au cours de la bataille de l’Atlantique, les alliés ont eu recours à un amalgame de convois, d’escortes, de renseignement sur les transmissions et à une technologie en plein essor, telle que le radar aéroporté, pour combattre les navires de surface et les sous-marins allemands. Les Allemands utilisaient les sous-marins et le renseignement sur les transmissions pour pourchasser les convois. Au sommet de leur réussite, ils se sont rassemblés en meutes au milieu de l’Atlantique, hors de la portée des avions de patrouille à long rayon d’action, pour poursuivre les convois.

Dans le Pacifique, les Américains devaient élaborer une stratégie à long terme pour gagner la guerre contre le Japon. L’atoll Tarawa, aux îles Gilbert, et Iwo Jima, dans les îles volcaniques japonaises, étaient deux îles stratégiques clés, dont la conquête était nécessaire à l’invasion des îles nippones. Les îles Gilbert étaient considérées comme un élément essentiel de toute attaque sérieuse de l’empire japonais, puisqu’elles représentaient la base japonaise la plus proche des itinéraires de ravitaillement américains en partance de San Francisco. L’avantage précieux de commencer par les îles Gilbert était que les aéronefs quittant ces îles pouvaient couvrir la région samoane et dissuader les forces d’attaquer les îles Marshall voisines. Il s’agissait d’un élément important puisque seuls les gros aéronefs basés au sol procuraient une plateforme assez stable pour permettre une reconnaissance photographique aérienne de qualité. On a constaté plus tard que les États-Unis ne pouvaient pas tenter de saisir toute île défendue sans les photographies aériennes adéquates4.

Dans le présent article, nous examinerons brièvement certains environnements de combat et les défis particuliers qu’ils posent. Nous analyserons les moyens de recueillir de l’information géographique ainsi que les produits et les ressources connexes. Ensuite, l’invasion de la Normandie fera l’objet d’une étude de cas. Enfin, nous étudierons la pertinence du renseignement géographique du point de vue de son importance globale dans la planification militaire actuelle et prochaine.

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Vue aérienne des plages du débarquement de Tarawa, en novembre 1943

Facteurs géographiques et environnementaux

Dans le désert de l’Afrique du Nord, l’absence de routes, d’eau et de pétrole représentait un cauchemar tactique et logistique, mais il s’agissait là d’obstacles que les alliés avaient réussi à surmonter grâce à leur commandement aérien et maritime accru. La supériorité aérienne et maritime des alliés a nui lentement mais sûrement aux opérations des Allemands, principalement en restreignant le réapprovisionnement5. La progression de la Huitième armée à partir d’El Alamein, en 1942, est en grande partie attribuable aux études hydrogéologiques qui ont permis un approvisionnement adéquat en eau potable6. En revanche, le transport des ressources en eau constituait un défi de taille pour les Allemands puisqu’ils ne disposaient d’aucun camion-citerne ni d’aucune remorque-citerne. Ils devaient transporter l’eau dans des bidons de 20 litres, ce qui exerçait une pression supplémentaire sur l’alimentation en carburant et les services de transport, qui étaient déjà utilisés au maximum7.

Sur un autre front, les armées allemandes étaient également mal préparées à la rudesse des hivers russes. Le climat hivernal constituait un défi sur le front Est, alors que les mécanismes des armes et des véhicules gelaient en place et que même l’acier trempé craquait. Cependant, les chars soviétiques, particulièrement le T34, étaient plus efficaces dans la neige épaisse en raison de leurs chenilles larges et de leur garde au sol élevée. On les utilisait pour tracer les chemins pour les soldats soviétiques8.

Outre les défis que posaient les activités dans des conditions climatiques extrêmes, il était jugé important de bien saisir les enjeux de l’environnement physique. À Arnhem, les alliés semblent n’avoir pas bien saisi les difficultés de l’environnement riverain dans lequel ils opéraient puisque leur progression a été stoppée bien avant l’atteinte de leur objectif, soit le Rhin. Les routes élevées très étroites ne disposaient que de deux voies et étaient flanquées de profonds fossés de drainage. Les véhicules étaient des cibles faciles pour les forces allemandes expérimentées dissimulées dans les forêts avoisinantes, et leur destruction fréquente freinait toute progression sur les routes étroites. Les champs et les vergers étaient dotés de réseaux de drainage complexes, ce qui restreignait également considérablement le mouvement des véhicules et des troupes, tout comme les marais et marécages du secteur. Le projet de prendre les ponts à Arnhem exigeait une approche rapide de la part des forces blindées pour rejoindre un élément avancé aéroporté, mais celles-ci n’ont pas pu soutenir le rythme rapide voulu dans les routes étroites, car les forces allemandes avaient réussi à détruire les véhicules alliés. L’incapacité des forces alliées à respecter les délais requis et à renforcer l’élément aéroporté a contribué à l’échec de la prise des ponts à Arnhem9.

Les opérations maritimes et amphibies représentaient également un défi dans le Pacifique. Il semble que les Américains aient réalisé peu de reconnaissance physique à Tarawa avant leur attaque. La date de l’invasion avait été déterminée en fonction d’information sur les marées fournie par les capitaines britanniques qui connaissaient la région, ainsi que de cartes des marées élaborées initialement par la US Navy en 1841. Dans un contexte favorable, mais non optimal, on prévoyait de hautes marées de morte-eau le matin du 29 novembre 1944, ce qui devait recouvrir d’environ 1,5 mètre d’eau les récifs de corail. Puisque le tirant d’eau du bateau de débarquement nécessitait une profondeur de 1,2 mètre, on croyait que le 0,3 mètre d’eau supplémentaire constituerait une marge suffisante. Comme l’avait prédit un Américain qui vivait à cet endroit depuis quelque temps, il n’y a pas eu de marée de morte-eau, et les trois premières vagues de véhicules chenillés ont tout juste atteint le corail, alors que les vagues de véhicules subséquentes se sont retrouvées coincées sur le corail, de 450 à 900 mètres de la rive. Les Marines ont dû patauger jusqu’au rivage sans protection sous les tirs nourris des Japonais dont la position était bien fortifiée10.

Image de Michelle Keogh Glen, sur le site Flickr.com, no 3705641614

Vue aérienne de Tarawa et de son aérodrome

Bien que nous n’ayons abordé dans cette section qu’une sélection très limitée de facteurs géographiques et climatiques, l’importance d’un bon renseignement géographique ne doit manifestement pas être sous-estimée. Toutefois, la réussite ou l’échec d’une opération dépendra également des sources des produits de renseignement utilisés pour prendre des décisions tactiques et stratégiques.

Sources

Au cours de la Seconde Guerre mondiale, les organisations de renseignement civiles et militaires ont dû trimer dur pour satisfaire aux besoins croissants de planification et de renseignement de leurs forces terrestres, navales et aériennes11. La plupart des organisations du renseignement comportaient des sous-sections géographiques ou topographiques chargées de répondre à la demande insatiable de cartes, de photographies aériennes ou d’autres bribes d’information géographique ou géologique. Idéalement, les analystes de ces sous-sections possédaient une combinaison de connaissances géographiques et d’expérience militaire, ce qui leur permettait de comprendre ce que cherchaient les utilisateurs et de traduire les exigences et les résultats dans la langue du public visé. Malheureusement, ce bassin de personnel expérimenté était limité puisqu’on appelait souvent ses membres au front plutôt que de leur permettre d’offrir leurs services au pays12.

La reconnaissance tant aérienne que terrestre était indispensable à la marine et à l’armée de terre. Grâce à un nombre accru de ressources des alliés affectées à la reconnaissance aérienne, des sous-marins et des navires allemands ont été repérés et coulés au cours de la bataille de l’Atlantique. En Afrique, dans le Pacifique et sur le front de l’Est, les deux parties ont eu recours à la reconnaissance aérienne pour scruter le terrain et identifier les troupes et l’emplacement des forces ennemies. Les détachements de reconnaissance terrestre, avec des officiers du génie intégrés, allaient en reconnaissance sur les lieux pour repérer les moyens de défense de l’ennemi et trouver le meilleur terrain possible pour les chars et les autres véhicules lourds.

Les sous-marins de poche commandés par les détachements de pilotage de reconnaissance et d’attaque des plages des opérations interalliées conduisaient près des plages des volontaires spécialement formés, qui avaient pour tâche de nager jusqu’au rivage pour prélever des sédiments meubles et recueillir des échantillons de pierre, ainsi que de faire des observations afin de déterminer les obstacles aux déplacements sur la plage et aux sorties, tout cela dans le secret. À leur retour, les échantillons obtenus sur la plage étaient envoyés au Geological Survey of Great Britain aux fins d’analyse13. On a fait appel au Special Operations Executive (SOE) de l’armée britannique pour qu’il recueille de l’information géographique en plus de ses autres activités secrètes. Le repérage de rivages appropriés pour les débarquements amphibies sous des tirs ennemis était essentiel à l’invasion de l’Europe. Afin de contribuer à l’effort d’analyse des plages, le SOE a recueilli des cartes postales et des photos de vacances, et on a dépêché des hommes pour prélever des échantillons de sable et de pierre sur les plages de la côte Nord-ouest de la France. Le 6 juin 1944, on avait photographié plus de 200 plages et déterminé leur inclinaison14.

La photographie, et plus précisément la photographie aérienne, constituait l’un des outils les plus utiles et les plus polyvalents pour recueillir du renseignement géographique, puisqu’une seule image pouvait procurer une mine d’information à un éventail d’utilisateurs et d’analystes, qui n’avaient pas à se fier à la mémoire et aux notes d’un observateur. Les photos aériennes permettaient aux équipages de bombardiers de se familiariser avec leurs cibles et les aidaient ainsi à minimiser les dommages collatéraux 15, alors qu’on prenait des photographies obliques pour obtenir de l’information sur les obstacles naturels et artificiels des plages16. La photographie aérienne a également servi à évaluer les dommages des bombardements ainsi qu’à repérer et à identifier les programmes d’armes secrètes d’Hitler. En 1943, un Mosquito de la RAF a exposé le reste de sa pellicule au-dessus de la côte de la mer Baltique, à Peenemünde. Les interprètes ont détecté une arme inconnue, et les concepteurs de maquettes ont fabriqué un modèle à partir d’une photo en mesurant les ombres pour évaluer sa taille. On a estimé que les raids subséquents sur Peenemünde ont retardé de quatre à six mois les attaques des Allemands au moyen des armes de représailles sur le Royame-Uni17.

Un large éventail d’autres produits de renseignement était fourni par les attachés militaires, les émigrés et les espions, le renseignement stratégique et issu de rapports sur le terrain, d’échange d’information avec les alliés, d’ententes secrètes avec des libraires étrangers et de comptes rendus de voyageurs étrangers, notamment des hommes d’affaires, des mineurs et des ingénieurs. Beaucoup d’information provenait de sources ouvertes publiées ou achetées avant le début de la guerre, comme les cartes du British Ordnance Survey, les ressources de la Royal Geographical Society, les cartes et les mémoires publiés par la Commission géologique, les cartes de l’Amirauté et leurs équivalents chez les alliés 18. Les cartes et graphiques pris à l’ennemi fournissaient de l’information utile sur le nouveau territoire acquis et un aperçu de l’effectif et des intentions 19.

Produits

Les produits géographiques fournis aux planificateurs et aux opérateurs peuvent être divisés en quatre grandes catégories. Étant donné que la photographie aérienne produisait la plupart des données brutes utilisées par les analystes, on a fondé le Central Interpretation Unit au Royaume-Uni en 1940. En 1942, cette unité possédait plus de trois millions de photos couvrant la majeure partie de l’Europe 20. Un inconvénient majeur de la photographie aérienne était toutefois son incapacité de percer le camouflage ou le feuillage dense, particulièrement dans les jungles de l’Asie et du Pacifique. Elle ne pouvait pas non plus fournir les détails requis de l’hydrographie des plages, des conditions du sol ou des sorties des plages21.

Les rapports forment la première catégorie de produits. Les chercheurs s’associaient à des scientifiques de plusieurs domaines pour fournir des évaluations et des rapports généraux ou précis sur des régions d’intérêt, la topographie, les répercussions économiques des raids de bombardement, la politique, la culture et la société. Par exemple, les économistes évaluaient les dommages causés par les raids de bombardement et suggéraient de nouvelles cibles telles que les usines allemandes de combustible artificiel, dont la perte ralentissait à la fois la Luftwaffe et l’arme blindée allemande 22. Les hydrologistes et les géologues fournissaient également des estimations sur l’importance des inondations que causerait la destruction de barrages.

Le deuxième produit, la déception, correspond à un résultat peu probable, mais fructueux des sections du renseignement géographique. Les Royal Engineers avaient produit des cartes des déplacements (cartes de mobilité) pour des régions de l’Afrique du Nord, et on a « permis » la saisie de versions modifiées par l’Afrika Korps allemand. Cette pratique a réussi au moins une fois en dirigeant une formation de chars allemands vers un terrain impraticable. Autre exemple, on a délibérément fait de fausses annonces publiques d’endroits où des missiles allemands atterriraient en 1944, ce qui a permis de déplacer le point d’impact principal du centre-ville de Londres vers le comté rural d’Essex23.

Image de la Bibliothèque et Archives Canada, no enr. MIKAN 2836984.

Des planificateurs canadiens étudient un modèle en relief allemand de la tête de plage pendant les opérations de débarquement du jour J.

La troisième catégorie de produits consiste en des maquettes tridimensionnelles, qui étaient des outils utiles aux opérateurs et aux planificateurs, puisqu’elles permettaient d’avoir une compréhension tous azimuts du terrain 24. Des maquettes ont été laborieusement créées à partir de photos aériennes obliques et verticales et au moyen de plusieurs techniques de construction différentes. En 1942, on donnait la directive d’employer les maquettes de terrain dans la planification et le briefing des opérations majeures. Les assauts, auxquels participaient différentes nations et forces, étaient des opérations complexes nécessitant du renseignement détaillé et fiable qui pourrait être transféré efficacement aux intervenants dans la planification et l’exécution même de l’opération. Les invasions prévues en Sicile et en Normandie dominaient le travail des concepteurs de maquettes, qui fournissaient également des modèles pour les attaques aériennes de cibles civiles telles que des barrages, des usines et des raffineries de pétrole, ainsi que des cibles liées au commandement de l’Asie du Sud-Est.25

Pour la planification stratégique, les maquettes étaient fabriquées à petite échelle, avec peu de détails, mais leur échelle verticale amplifiait de trois à quatre fois l’échelle du plan. Les maquettes concernant les débarquements d’assaut par l’armée de terre, la marine et la force aérienne étaient d’un détail et d’une qualité exceptionnels, puisqu’elles étaient utilisées pour différents besoins de planification et par tous les types de forces. Des photos obliques basses des modèles détaillés ont été prises pour la reconnaissance des points de débarquement sous un éclairage artificiel afin d’imiter les conditions de luminosité variables26. Dans l’ensemble, et peut-être sans surprise, l’efficacité des maquettes du terrain et celle de la photographie aérienne ont été grandement améliorées lorsqu’on les a combinées à des fins de planification.27

Les cartes, qui représentent la quatrième catégorie de produits, ont été les produits les plus utilisés et distribués28. Bien qu’on ne puisse comparer objectivement leur valeur à celle d’autres produits tels que les rapports, la déception ou les maquettes, on peut certainement évaluer leur importance par leur volume. Par exemple, le 6 juin 1944, au cours du Jour J, quatre sapeurs (membres du génie de combat) ont débarqué avec dix tonnes de cartes. Au cours des trois mois suivants, les Britanniques et les Canadiens ont imprimé plus de trois millions de cartes, alors que les sapeurs de la US Army ont imprimé trois millions de cartes en juillet et août 1944 seulement29.

Des officiers du British Army Royal Engineers ont produit à distance des cartes d’approvisionnement en eau, qui ont guidé le forage de trous pour l’alimentation en eau sur le territoire continental européen des installations britanniques et alliées dans le cadre de l’infrastructure nécessaire pour faciliter la campagne mobile subséquente30. Les cartes topographiques présentaient de l’information sur le terrain, les installations, les réseaux de transport, tandis que les cartes spécialisées donnaient de l’information supplémentaire. Même si on s’appuyait habituellement sur des cartes aux relevés adéquats, on avait recours à la photographie aérienne pour des mises à jour rapides et on marquait sur les photos l’état des ponts ou des routes ou le mouvement des troupes ennemies avant la reproduction de masse.

En Allemagne, les géologues ont préparé une série de cartes à l’intention des états-majors de commandement pour l’opération Sea Lion, qui était basée sur les cartes britanniques d’un pouce (1/63 360) du Ordnance Survey publiées (et achetées) entre 1921 et 1936. Ces cartes, qui ont été produites aux échelles de 1/250 000, de 1/100 000 et de 1/50 000, montraient sur des feuillets séparés le terrain, les bâtiments, l’approvisionnement en eau, les cartes des déplacements31 pour le transport, les formes du relief côtier et les matériaux de construction32.

Fait plus méconnu, on utilisait les cartes spécialisées pour les fuites et les évasions. Après la Première Guerre mondiale, il y a eu un changement profond des perceptions des prisonniers de guerre (PG) en raison de l’information utile que les prisonniers qui avaient réussi à s’évader pouvaient rapporter, ainsi que de la portée à laquelle l’ennemi devait détourner des ressources précieuses pour les récupérer. Les Britanniques ont créé le service MI9 en décembre 1939 pour tirer pleinement profit de ce changement de perception. Le MI9 a facilité l’évasion et le retour des PG, et recueilli et diffusé de l’information concernant les techniques de fuite et d’évasion, de refus de communication avec l’ennemi et de maintien du moral des PG 33. Le MI9 a également instauré la philosophie de la fuite et de l’évasion dans tous les services et, ce faisant, il a produit et distribué des cartes sur papier de soie à cette fin 34. Des trousses d’évasion à l’intention des PG étaient dissimulées partout (des cartes aux jeux de société, en passant par les étuis à cigarettes). Elles n’étaient jamais livrées dans les colis de la Croix-Rouge, mais plutôt par les propres organisations de couverture du MI9 camouflées en organisations chargées du moral et du bien-être des PG35.

Attaques canadiennes, le jour J

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2e carte, La campagne de la victoire. Histoire officielle de la participation de l’Armée canadienne à la Seconde Guerre mondiale, volume III

Étude de cas – Normandie

L’invasion de l’Europe nécessitait une planification et des répétitions d’envergure pour exécuter la projection de la puissance militaire de la mer vers une côte hostile. Une coordination étroite et un horaire précis étaient essentiels entre toutes les composantes aériennes, maritimes et terrestres participantes. Les caractéristiques physiques des sites de débarquement ont été soigneusement étudiées au cours des phases de planification et d’exécution, y compris beaucoup de facteurs pouvant aisément passer inaperçus, mais tout de même essentiels ou cruciaux. Un de ces facteurs était la facilité à sortir d’une plage, ce qu’il fallait évaluer en termes d’inclinaison et de capacité de soutien du matériel de la plage, des caractéristiques essentielles pour les soldats et les véhicules. En outre, le terrain intérieur devait être suffisamment vaste pour permettre le positionnement logistique et la coordination des forces d’assaut. Les installations portuaires et les réseaux de transport étaient indispensables au mouvement rapide des troupes et du matériel hors des navires et à l’intérieur des terres.

Pour ce qui est de l’invasion principale, les alliés envisageaient à la fois la côte normande et la côte du Pas-de-Calais. Calais était plus près et elle disposait d’installations portuaires, s’ils pouvaient les atteindre avant qu’elles soient détruites. Par contre, Calais offrait trois voies d’approche aux Allemands. D’un autre côté, la Normandie répondait mieux aux exigences d’invasion. Elle était bordée à l’est de marécages et du fleuve Seine, et à l’ouest de l’océan Atlantique, ce qui ne laissait qu’une voie d’approche aux Allemands. Il y avait également un port à Cherbourg36.

Une fois qu’on a choisi la Normandie plutôt que Calais, la zone de débarquement a été sélectionnée. Le plan initial était de débarquer sur les plages de la péninsule du Cotentin avec l’objectif immédiat de saisir le port de Cherbourg, indispensable au réapprovisionnement en hommes et en matériel. La supériorité aérienne ainsi que la capacité d’utiliser les terrains d’aviation en France étaient également essentielles. L’évaluation de la géologie de la Normandie, plus particulièrement le caractère approprié du plateau du Calvados pour en faire des aérodromes temporaires, a été l’un des principaux facteurs menant au choix des plages près de Caen37.

Image du Musée canadien de la guerre no 19710261-4123

Jour venteux dans la région ciblée par les Britanniques, par C. Anthony Law

Une fois la zone d’invasion précise choisie, des éclaireurs amphibies ont recueilli de l’information hydrographique à proximité des plages potentielles, évalué les conditions des plages et de leurs sorties et analysé la nature du terrain derrière les plages. Ils ont réuni de l’information sur l’emplacement et les types d’obstacles sous-marins, les positions défensives ennemies, et, lorsque c’était possible, sur l’emplacement et la taille des réserves ennemies. Ces renseignements étaient essentiels à de nombreuses fins : les commandants des engins de débarquement devaient savoir exactement quelle partie de la plage utiliser pour débarquer les troupes et à quel type d’obstacle ils se heurteraient. Les sections de la logistique navale devaient être au fait du tonnage exact de matériel à charger, puisque l’assiette des navires de transport de cargaison variait selon les conditions des plages. Il était donc important de connaître précisément l’inclinaison sous-marine et la composition de la plage 38. Les commandants d’infanterie devaient également savoir à quels genres d’obstacles et de défenses ils feraient face, alors que les conducteurs de camions et de chars voulaient connaître les surfaces sur lesquelles ils rouleraient.

Pour répondre à ces besoins, la section de la géologie du Inter- Services Topographic Department pour l’opération Overlord a examiné les plages potentielles pour l’invasion pendant un an avant le Jour J et elle a formulé des prévisions quant aux conditions du sol pour des sites de terrain d’aviation possibles en Normandie39. Les plages de la Normandie ont été analysées en détail, non seulement à l’égard de la configuration et de la pente, mais aussi pour ce qui est de la présence de tourbe, d’argile, de sable et de galet40. Au cours des essais des véhicules et de l’équipement à la plage Brancaster, à Norfolk, dont la composition géologique était jugée similaire à celle de la Normandie, on a évalué les effets de la tourbe comme obstacle à la mobilité sur la plage en procédant au débarquement d’un grand nombre de véhicules dans diverses conditions sur différentes sections de la côte41.

Les planificateurs ont tiré profit de leur expérience du raid sur Dieppe en août 1942, de l’Afrique du Nord en novembre 1942, ainsi que de la Sicile et de l’Italie en 1943. Les géographes, géologues, officiers du génie et cartographes britanniques, canadiens et américains ont tous participé aux deux années de préparation42.

Les conditions météorologiques et océanographiques revêtaient également une importance cruciale pour l’invasion. Pour des raisons tactiques, il était important que le débarquement ait lieu au crépuscule et à marée basse, ce qui révélerait les obstacles de la plage et permettrait d’éviter l’immobilisation prolongée des engins de débarquement nécessaires au transport des renforts et des vivres. Il fallait une visibilité de cinq kilomètres pour assurer un appui-feu naval efficace, une couverture aérienne efficiente et des bombardements précis. On avait besoin d’une pleine lune pour renforcer les opérations aéroportées nocturnes de grande envergure prévues. Des eaux calmes permettraient de réduire le mal de mer, la désorganisation et les accidents, mais des vents légers aideraient à dissiper la fumée et le brouillard. On estimait que ces conditions météorologiques devraient durer au moins 36 heures pour donner suffisamment de temps pour débarquer les forces et le matériel43.

Les paramètres météorologiques d’une invasion réussie étaient fondés sur les limites opérationnelles de l’équipement à utiliser. Les météorologues s’étaient renseignés auprès des planificateurs pour savoir quelles conditions météorologiques devaient être réunies pour empêcher l’échec de l’invasion : phases de la lune favorables aux parachutages et aux atterrissages de planeurs, marées appropriées et brume et brouillard limités. Trois jours de météo favorable après l’invasion permettraient un premier réapprovisionnement. Au départ, le calendrier de l’invasion était concentré sur les mois d’avril ou de mai afin de tirer pleinement profit des conditions météorologiques tempérées estivales pour les opérations offensives, mais la date a été reportée pour des raisons logistiques, principalement afin d’accommoder l’arrivée d’engins de débarquement supplémentaires, ce qui faciliterait les débarquements44. La décision d’augmenter la taille de la force d’invasion, et le besoin de mener des opérations aériennes additionnelles ont également contribué au report de l’invasion.

Contrairement au cas de Tarawa, les météorologistes et les océanographes possédaient des données historiques considérables sur la Manche et ses ports, alors que des données actuelles étaient communiquées par radio des navires dans l’Atlantique Nord. Étant donné que les sous-marins allemands ne pouvaient plus circuler librement dans l’océan Atlantique au début de 1944, l’Allemagne ne possédait que des ressources limitées pour garder le haut commandement de l’armée allemande au fait des conditions météorologiques. Les prévisions de l’ensemble de la région étaient critiques, puisque la météo des zones de mise à l’eau et de débarquement se devait d’être acceptable. La fiabilité des prévisions constituait un défi puisque l’on ne pouvait s’y fier qu’environ deux jours à l’avance, et que, pour les équipages des navires, ce temps suffisait uniquement à l’embarquement des troupes. Les planificateurs avaient déterminé que l’invasion nécessitait au moins une journée de beau temps pour permettre deux assauts indispensables à l’aube et au crépuscule. Même si un front de tempête s’est installé à la date initiale prévue du 4 juin, les météorologues ont décelé une ouverture le 6 juin, avant un deuxième front qui limiterait considérablement la supériorité aérienne. Pour Eisenhower, c’était le moment ou jamais d’agir45. En raison de leurs ressources limitées, les Allemands n’ont pas décelé la fenêtre d’une journée et ont baissé leur garde défensive, croyant que l’invasion aurait lieu à Calais et que les alliés n’amorceraient pas cette invasion dans les conditions météorologiques du moment46.

Avant même le début de l’invasion, des cartes ont été remises à toutes les forces concernées (plus de 300 millions de cartes ont été imprimées tout au long de la campagne jusqu’au jour de la Victoire en Europe, en mai 1945). Une vaste gamme de cartes ont été produites à la fois pour l’assaut amphibie de départ et les opérations offensives successives. L’échelle des cartes allait de 1/5 000 à 1/2 millions, et on y présentait un large éventail de renseignements pour répondre aux besoins des différentes forces impliquées. Après Dunkerque, on a déterminé qu’il fallait des cartes de 1/100 000 ou moins pour satisfaire aux besoins de déplacement rapide des forces blindées47.

Carte des forces et des défenses allemandes, le 6 juin 1944

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1re carte, La campagne de la victoire. Histoire officielle de la participation de l’Armée canadienne à la Seconde Guerre mondiale, volume III

Les forces aériennes avaient recours à des échelles de 1/1 million et de 1/2 millions pour la navigation aérienne. Des cartes topographiques aériennes de 1/500 000 et de 1/250 000 ont également été produites pour permettre une navigation plus précise près d’un objectif. Des cartes d’objectif avec perspective oblique ont été préparées à l’intention du Bomber Command, tandis que des cartes de renseignements spéciaux ont été distribuées à l’état-major responsable des briefings et des opérations chargé du contrôle des forces aériennes48. Les unités aéroportées ont reçu des cartes à deux échelles, soit 1/25 000 et 1/12 500. Ces cartes, qui visaient les atterrissages de nuit et les zones de largage, étaient conçues et colorées pour montrer le terrain tel qu’il apparaissait en vol la nuit49.

Outre leurs cartes marines habituelles, on fournissait aux forces maritimes des cartes spéciales pour les approches des plages et l’appui-feu naval50. Des cartes des plages à une échelle de 1/5 000 présentaient de l’information utile telle que les obstacles sous-marins, la hauteur des falaises et la nature des matériaux de la plage. Les inclinaisons des plages étaient indiquées dans les marges des cartes d’assaut, qui étaient imprimées à une échelle de 1/12 50051.

En ce qui concerne l’armée de terre, on a produit des cartes présentant l’inclinaison et les obstacles des plages en fonction de l’information issue des missions de reconnaissance amphibie et aérienne. Des surimpressions tactiques sur des feuilles à grande échelle montraient toutes les caractéristiques des défenses allemandes, telles que les batteries, les casemates et les champs de mines. On fournissait également des cartes des déplacements qui montraient différentes caractéristiques du terrain pour appuyer le mouvement vers l’avant. Les commandants de l’armée de terre disposaient également de cartes illustrant les plans de ville et les routes de transit. Les cartes routières civiles, les répertoires toponymiques, les guides et les modèles en relief complétaient les produits de renseignement. Toutefois, les batteries d’artillerie ont été exposées à des données d’angle de site inadéquates attribuables à un manque de fiabilité du réglage de la hauteur et à une mauvaise représentation du relief dans les cartes françaises originales52.

À la suite du dégagement de la tête de plage, la reconnaissance photographique a continué de fournir du renseignement d’une valeur inestimable sur l’emplacement et les effectifs de la force ennemie, l’emplacement des objectifs relatifs au transport, l’évaluation des dommages causés par les bombardements et le choix des sites adéquats de franchissement de rivière53. Les forces aéroportées et blindées ont éprouvé des difficultés à pénétrer le bocage normand, auquel le personnel du renseignement n’avait pas réussi à accéder convenablement. Le bocage était constitué de petits champs clôturés, entourés de denses haies, ce qui a ralenti considérablement la progression des forces blindées, des véhicules et des hommes jusqu’à ce que l’on trouve un moyen pour repousser les haies54.

Les sections géographiques et topographiques ont continué de produire des cartes marines et pédologiques pour la Belgique, le Nord-Ouest de la France et l’Ouest de l’Allemagne, ainsi que des cartes des déplacements sur le terrain et des conditions potentielles des terrains d’aviation. On a recueilli des données sur le mouvement des véhicules pour vérifier l’exactitude des prévisions des cartes des déplacements. Le Rhin et la Meuse ont été étudiés et on a utilisé cette dernière pour s’entraîner puisqu’elle reflétait aussi fidèlement que possible les conditions auxquelles on s’attendait lors des franchissements d’assaut du Rhin55.

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Pont de Nimègue, en Hollande (en 1946), par Alex Colville

Conclusion

Manifestement, ne pas faire en sorte qu’un renseignement géographique adéquat soit disponible et pris en compte dans la planification des opérations militaires, du niveau stratégique au niveau tactique, pourra donner et donnera les résultats suivants : troupes qui se retrouvent sur un terrain impénétrable ou infranchissable, éléments d’assauts amphibies qui débarquent sur des plages infranchissables, véhicules coincés sur des récifs de corail ou éléments d’assauts aéroportés qui plongent dans l’eau. De même, ne pas tenir compte des climats hostiles ou ne pas s’y préparer entraînera d’importants défis en termes de survie qui détourneront des ressources indispensables de la mission principale, soit mener des opérations de combat.

Dans le Pacifique, la US Navy a mieux compris les réalités physiques de la distance que les Japonais. Ses innovations sur le plan des transporteurs et de la guerre amphibie, attribuables à la perte de ses croiseurs lourds et de ses cuirassés à Pearl Harbor, ont créé des forces qui pouvaient atteindre de grandes distances. En transportant des éléments terrestres et aériens indépendants, la force maritime pouvait avancer et saisir des bases pour les prochaines attaques. En outre, grâce aux navires de ravitaillement qui accompagnaient la flotte ou se rendaient jusqu’à elle, la US Navy pouvait demeurer en poste et en position d’attaque, contrairement aux Japonais, qui devaient retourner à l’archipel nippon aux fins de ravitaillement 56. Les deux forces devaient effectuer leur planification et établir leur calendrier des mois à l’avance, et les deux forces devaient préparer leurs batailles sur des milliers de kilomètres carrés d’océan57.

Bon nombre des conflits actuels se déroulent à étranger. L’évolution des machines de guerre continue d’exiger les améliorations correspondantes dans le renseignement géographique. Les satellites militaires et les véhicules aériens sans pilote (UAV) dotés de capteurs perfectionnés peuvent fournir du renseignement géographique à un niveau de détail que nous ne pouvions qu’imaginer il y a tout juste cinquante ans. Les satellites et les UAV sont capables de procurer aisément des extraits vidéo en temps réel aux commandants de première ligne et au personnel de quartiers généraux de l’autre côté de la planète. Quant aux soldats sur le terrain, ils peuvent profiter, au niveau tactique, de matériel d’aide à la reconnaissance tels que les dispositifs de vision nocturne et les systèmes de localisation GPS. Des missiles à guidage de précision peuvent être dirigés vers leurs cibles au moyen de caméras ou encore de GPS ou de lasers détenus par les soldats sur place.

Le renseignement géographique doit demeurer un élément essentiel de la planification militaire à tous les niveaux, de la décision tactique quant à la manière d’attaquer une position ennemie au choix de la façon de manœuvrer ses forces dans le champ de bataille au bon moment conformément à une stratégie globale visant à gagner une guerre. Cependant, il est tout aussi important que les planificateurs militaires soient en mesure de bien comprendre dans toute leur complexité les défis d’ordre géographique du terrain aux niveaux tactique, opérationnel et stratégique, ainsi que les facteurs climatiques de l’endroit où les opérations de combat sont prévues.

Image du Musée canadien de la guerre no 19710261-6377

Les ruines et les décombres peuvent gêner considérablement la progression sur le champ de bataille. Le Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders se dirige vers Caen, le 8 juillet 1944, peinture d’Orville Norman Fisher

Notes

  1. Harold A.Winters, Battling the Elements: Weather and Terrain in the Conduct of War, Londres, Johns Hopkins Press Ltd., 1998, p. 154. Citation du feld-maréchal Bernard Montgomery en 1949.
  2. Patrick O’Sullivan et Jesse W. Miller fils, The Geography of Warfare, New York, St. Martin’s Press, 1983, p 22.
  3. Ibid, chapitre 2.
  4. Winters, p. 221.
  5. Brigadier J.G. Smyth, « Ground: The Dictator of Tactics », dans Military Affairs, vol. 8 (1944), p. 174.
  6. Edward P.F. Rose, Geology and Warfare: Examples of the Influence of Terrain and Geologists on Military Operations, Bath, Royaume Uni, The Geological Society, 2000, p. 121-122.
  7. Major-général Alfred Toppe, Desert Warfare: German Experiences in World War II, Fort Leavenworth, Kansas, Combat Studies Institute, août 1991, p. 3 à 11.
  8. Allen F. Chew, Ph. D. « Fighting the Russians in Winter: Three Case Studies », dans The Leavenworth Papers No. 5, (décembre 1981), p 33-38. Les troupes allemandes, qui n’avaient pas reçu de vêtements d’hiver à la mi-décembre de 1941, en sont venues à voler des habits des cadavres. Le général H. Guderian avait perdu deux fois plus d’hommes en raison du gel que de l’action ennemie. Au 31 décembre 1941, l’armée allemande comptait 100 000 cas d’engelures, dont 14 000 avec amputation. Au printemps 1942, le nombre de victimes d’engelures s’élevait à plus de 250 000, dont 90 p. 100 étaient des cas de deuxième et de troisième degré. En outre, on a recensé des milliers de cas de pneumonie, de grippe et de pied des tranchées. La main d’œuvre décédée/manquante/ayant une incapacité permanente a atteint 625 000 hommes, dont seulement une partie a été remplacée.
  9. Winters, p. 141 à 162. On fait référence aux planificateurs qui ont omis de discuter de leurs plans avec les Néerlandais.
  10. Ibid, p. 221.
  11. Les exigences des pays en termes de renseignement variaient. Par exemple, au Japon, beaucoup de commandants méprisaient les officiers du renseignement, les Allemands entretenaient des rapports d’opposition avec leurs ressources du renseignement et les Soviétiques veillaient à ce que chaque individu, civil et militaire, fournisse du renseignement. Les alliés, même s’ils tiraient profit de leur personnel du renseignement, ne s’en sont pas prévalus dans la même mesure que les Soviétiques.
  12. Kirk H. Stone, « Geography’s Wartime Service », dans Annals of the Association of American Geographers, (mars 1979), p. 92.
  13. R.C. Williams fils « Amphibious Scouts and Raiders », dans Military Affairs, vol. 13 (1949) p. 150.
  14. Peter Chasseaud, « Mapping for D-day: the Allied Landings in Normandy, 6 June 1944 », dans The Cartographic Journal, vol. 38, no 2 (décembre 2001), p. 179; et O’Sullivan and Miller, p. 24.
  15. A.W. Pearson, « Allied Military Model Making during World War II », dans Cartography and Geographic Information Science, vol. 29, no 3 (2002), p. 241.
  16. Edward P.F. Rose, Jonathan C. Clatworthy et C. Paul Nathanail, « Specialist Maps Prepared by British Military Geologists for the D-Day Landings and Operations in Normandy, 1944 » dans Cartographic Journal, vol. 43, no 2 (juillet 2006), p. 124.
  17. Pearson, p. 236-237.
  18. Edward P.F. Rose et Dierk Wilig, « Specialist Maps Prepared by German Military Geologists for Operation Sealion: the Invasion of England Scheduled for September 1940 », dans Cartographic Journal, vol. 43, no 2 (juin 2004), p. 32.
  19. T.J. Barnes, « Geographical Intelligence: American Geographers and Research and Analysis in the Office of Strategic Services 1941-1945 », dans Journal of Historical Geography, vol. 32, numéro 1 (janvier 2006), p. 152 à 161.
  20. Pearson, p. 228.
  21. Williams, p. 150.
  22. Barnes, p. 154 à 157.
  23. O’Sullivan, p. 30.
  24. Consulter l’article de Pearson pour voir des photographies de maquettes.
  25. Pearson, p. 229 à 234.
  26. Ibid, p. 232 à 236.
  27. Ibid, p. 241.
  28. Pour voir des images et des exemples, veuillez consulter les deux articles suivants : Rose, Clatworthy et Nathanail, p. 117 à 143; et Rose et Wilig, p. 13-35.
  29. Chasseaud, p. 178.
  30. Ibid, p. 55 à 91.
  31. Les cartes des déplacements ou d’aptitude à la circulation étaient utilisées pour comparer la facilité de mouvement de véhicules sur différents terrains tels que des champs ou des marécages.
  32. Rose et Wilig, p. 16.
  33. Barbara A. Bond, « Silk Maps: the Story of MI9’s Excursion into the World of Cartography 1939-1945 », dans Cartographic Journal, vol. 21, no 2 (décembre 1984), p. 141.
  34. Ibid, p. 141-142.
  35. Ibid, p. 142.
  36. Williamson Murray, « Some Thoughts on War and Geography », dans Journal of Strategic Studies, vol. 22, nos 2-3, (1999), p. 204.
  37. Rose, Clatworthy et Nathanail, p. 118.
  38. Williams, p. 150.
  39. Rose, p. 124.
  40. Rose, Clatworthy et Nathanail, p. 125.
  41. Ibid, p. 124.
  42. Chasseaud, p. 177-178.
  43. Winters, p. 23.
  44. Ibid, p. 25.
  45. Ibid. Une autre condition favorable aurait été plusieurs journées de beau temps après l’invasion pour faciliter la mise en place des hommes et du matériel.
  46. Capitaine de frégate L. Brehm, « Weather: Operational Considerations on the Battlefield », rapport de recherche (20 mai 1991), p. 3-7.
  47. Chasseaud, p. 168 à 178.
  48. Ibid.
  49. Ibid.
  50. Ibid.
  51. Ibid.
  52. Ibid.
  53. Ibid, p. 180.
  54. O’Sullivan, p. 20.
  55. Rose, Clatworthy et Nathanail, p. 120.
  56. Murray, p. 209-210.
  57. Winters, p. 231.