LE COIN DU RÉDACTEUR EN CHEF

Voici le numéro de l’été 2020 de la Revue militaire canadienne. Celui-ci est un peu plus court et épuré que d’habitude, mais il n’en demeure pas moins « efficace et travaillé Â» en cette période de défis uniques sans précédent qui se posent à l’échelle mondiale.

La couverture de ce numéro a été réalisée par l’artiste néo-écossais Peter Robichaud et rend hommage au vénérable hélicoptère Sikorsky CH-124 Sea King, qui a été retiré de la flotte des Forces armées canadiennes à l’occasion d’une cérémonie officielle sur l’île de Vancouver après 55 années de service exceptionnel, soit de 1963 à 2018. Bien que ce guerrier infatigable ait fréquemment souffert de problèmes techniques, notamment en raison de son âge avancé, ceux-ci n’étaient pas particulièrement graves, et les responsables de la maintenance de la flotte canadienne sont parvenus à assurer un taux de fonctionnement global de 87 p. 100. En 2018, le Sea King a été officiellement — puis finalement — remplacé par le Sikorsky CH-148 Cyclone, un formidable et digne successeur de ce vieux vétéran distingué.

Le présent numéro est encore une fois éclectique. Les fiers membres de la Réserve sont à nouveau en vedette puisqu’ils continuent de fournir des services essentiels, tant au pays qu’à l’étranger. Dans ce contexte, et à la lumière de la situation actuellement incertaine et instable en matière de sécurité mondiale, qui est exacerbée dans une large mesure par la récente pandémie de COVID-19 toujours en cours, le major-général Rob Roy MacKenzie, chef — Réserves et appui de l’employeur (CRAE), et le colonel Howard Coombs, du bureau du CRAE, « prennent les choses en main Â» en présentant un regard neuf et une nouvelle vision concernant la Force de réserve du Canada.

Ensuite, le major Chris Young, officier de l’Arme blindée de longue date, « explore, à la lumière de son expérience personnelle, pourquoi les Nations Unies ont perdu l’initiative des efforts au Soudan du Sud et comment une mentalité dysfonctionnelle s’est développée Â». En outre, il exprime ses réflexions sur la façon dont la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud pourrait reprendre l’initiative des efforts et rétablir sa crédibilité. Le colonel Yannick Michaud, sapeur de combat, décrit l’importance et la relativité du renforcement des capacités des Forces armées canadiennes par la mise en place de partenariats avec des alliés établis. Il explore ce sujet sous différents aspects, notamment la question de savoir si les opérations de renforcement des capacités offrent des avantages à long terme ou ne constituent qu’une « mode Â», et examine les effets, tant positifs que négatifs, de ces opérations sur les efforts de préparation de plus grande envergure menés par le Canada.

Dans le cadre des efforts de coopération avec les alliés du Canada, le colonel Simon Poudrier, officier de logistique (Air), se penche sur le sujet très pertinent de l’intelligence artificielle (IA) et explique que celle-ci constitue un lien entre l’industrie commerciale et l’industrie de la défense. Son article, qui se fonde sur une perspective américaine, « met en lumière la nécessité immédiate pour les États-Unis d’évaluer les effets de leur stratégie économique agressive, de mobiliser davantage les gouvernements alliés et de les mettre à profit dans le contexte des liens entre l’industrie de la défense et l’IA. Â» Enfin, dans le dernier article de fond de ce numéro, le major Mark Sandner, officier de systèmes de combat aérien, explore l’utilisation opérationnelle croissante des systèmes aériens sans pilote durant les opérations militaires, qui constitue une priorité de défense énoncée dans Protection, Sécurité, Engagement, la plus récente politique de défense du Canada. L’auteur explore les conséquences potentielles de l’utilisation d’aéronefs téléguidés au cours des opérations de combat sur le personnel des Forces armées canadiennes et leurs familles et, plus particulièrement, les défis concomitants en matière de santé mentale, en se basant sur les effets déjà observés sur le personnel en service dans d’autres pays.

Le présent numéro ne contient qu’un seul article d’opinion, mais il s’agit d’un texte très convaincant et opportun. Le brigadier-général (à la retraite) James Cox, un expert reconnu dans le domaine du renseignement militaire, « fait valoir la nécessité d’instaurer et de maintenir, au sein du ministère de la Défense nationale et des Forces armées canadiennes, un rigoureux programme d’études sur le renseignement de défense. Â» Ensuite, le professeur Martin Shadwick, notre commentateur attitré sur les questions de la Défense, se penche sur la pandémie de COVID-19 et son incidence sur les Forces armées canadiennes et la politique de défense nationale en analysant plusieurs questions cruciales soulevées par la pandémie en ce qui concerne la voie à suivre pour nos forces armées. Enfin, nous terminons par un autre « tour du chapeau Â» (pour les amateurs de hockey!) de critiques de livres sur des sujets très disparates, qui, nous l’espérons, susciteront l’intérêt de nos lecteurs.

On Top and Tracking, de Peter J. Robichaud. La toile originale a été commandée par la 12^e Escadre Shearwater afin d’être offerte au commandant sortant en 2017. Elle représente un hélicoptère CH-124 Sea King en vol stationnaire au-dessus d’un sous-marin qui a été détecté et suivi par les opérateurs des capteurs du Sea King. Cette peinture revêt une signification particulière pour l’artiste Peter Robichaud, qui a mentionné ce qui suit : « Ce tableau me rappellera toujours Brenden MacDonald (BMac) — un ami, un pilote qualifié et un collègue, l’un des six membres d’équipage qui ont tragiquement perdu la vie à la suite de l’écrasement d’un CH-148 Cyclone au large des côtes grecques le 29 avril 2020. M. MacDonald a remporté un concours en proposant un nom pour cette toile (On Top and Tracking). À cette occasion, j’étais fier de lui offrir la toute première copie imprimée de mon Å“uvre. » [TCO].

Bonne lecture!

David L. Bashow
Rédacteur en chef
Revue militaire canadienne